Les ombres ( suite du spécial 500 votes)

Ou l'histoire d'un amour invisible:

[le, petit, passage citronné est signalé par ce signe: /!\ /!\ /!\, comme ça si ce n'est pas votre truc vous pouvez passer ;) ]

Clayton était inquiet.

Cela faisait presque une dizaine de minutes que l'Opéra avait commencé, enfin qu'un homme parlait en continu, et Sean n'était toujours pas arrivé. Il essaya de rationaliser en se disant que le train avait peut être été bloqué plus longtemps que prévu mais une part de son esprit ne pouvait s'empêcher de se dire que son amant était peut être simplement perdu quelque part dans la capitale.

La ville était immense et elle pullulait de chemins divers. Or même si plusieurs d'entre eux permettaient d'arriver jusqu'ici cela laissait tout de même beaucoup trop de moyens de se tromper et de filer vers une destination inconnue. Heureusement Sean avait sur lui le numéro de téléphone de son oncle, s'il s'était trompé de chemin il aurait sans doute la présence d'esprit de trouver un endroit où téléphoner pour indiquer sa position.

Clayton effleura sa montre du regard puis accorda une œillade à la scène.

L'Opéra allait sans doute bientôt commencer et il ne savait que faire. Il jeta un dernier coup d'œil à l'homme qui parlait et se décida finalement à sortir de la loge pour aller attendre sur les marches devant le bâtiment.

Ainsi il n'aurait pas l'impression de profiter du spectacle sans se soucier de l'absence de son amoureux.

Quelques instants plus tard il était dehors et se laissa tomber devant une colonne sur laquelle il appuya son dos. Il sortit un paquet de cigarettes de la poche de sa veste et alluma un des petits cylindres en observant les passants.

Ils étaient une poignée, peut être une vingtaine, mais aucun n'avait le visage qu'il cherchait. Ces sept là étaient des femmes et ces trois autres des enfants. Celui-ci était trop vieux et celui là trop laid. Ces deux ci auraient pu être lui mais l'un était trop grand et l'autre avait les cheveux trop sombres, et puis qu'aurait donc fait Sean avec un autre garçon lui qui ne connaissait personne à Londres ? Cet autre avait le même air un peu perdu qu'il aurait sans doute arboré mais il avait hélas l'âge d'être père et son voisin, qui le doubla d'un pas rapide, tenait à son bras une femme. Sean lui n'aurait jamais fait cela, il préférait bien trop être celui qui tenait le bras et posait la tête contre l'épaule que le contraire.

Un bus déversa un flot de voyageurs et il retint son souffle. Peut être venait-il de la gare ? Mais parmi les nouveaux venus seule une femme entre deux âges s'avança vers l'entrée de l'Opéra. Elle ne semblait nullement inquiète de son retard.

Il tira sur sa cigarette en songeant que cela serait quand même bien pratique si les têtes pensantes de ce monde décidaient de se pencher sérieusement sur un moyen de communiquer efficacement dans ce genre de situation.

En inventant une sorte de téléphone miniature ou bien de machine à télégramme portable, n'importe quoi permettant à deux personnes se donnant rendez-vous de prévenir en cas de problème ou de retard.

Clayton porta de nombreuses fois sa cigarette à ses lèvres puis jeta le mégot d'une pichenette avant de se lever. Au loin une horloge sonna le quart d'heure et il sentit son cœur se serrer. Toujours pas de Sean. Peut être devrait-il se rendre à la gare pour s'enquérir de l'arrivée de son train ? À moins qu'il ne rentre de suite chez son oncle pour s'assurer qu'aucun coup de fil n'avait été passé ? Mais si Sean arrivait entre temps celui-ci s'inquiéterait et cela ne les avanceraient pas.

Finalement il se rassit contre la rambarde de marbre et alluma une deuxième cigarette en décidant que si Sean n'était pas arrivé lorsqu'elle serait terminée alors il partirait.

Il hésita un instant entre la fumer rapidement , pour réduire cette effroyable attente, ou bien prendre son temps et être certain de ne pas le rater à quelques secondes et se décida finalement pour une solution entre les deux.

Il n'eut le temps que de la porter trois fois à sa bouche lorsqu'un jeune homme surgit de l'intérieur de l'Opéra.

Celui-ci avait le bon âge et des traits gracieusement efféminés, la bonne taille et des cheveux juste assez clairs pour qu'on les nomme châtains, l'air perdu et terriblement essoufflé. Mais surtout celui-ci avait un visage qui s'illumina lorsqu'il croisa son regard et une bouche qui se redressa en un sourire radieux.

Lorsqu'il était descendu du train presque un mois plus tôt une jeune femme l'avait précédé. Il l'avait vu sauter sur le quai et pousser un petit cri de joie. Elle avait fait quelques pas puis avait posé sa valise et avait sauté dans les bras d'un homme qui l'avait tendrement embrassé. Ils s'étaient tenus dans les bras durant de longues minutes, leurs visages presque collés et leurs lèvres se murmurant de tendres paroles de retrouvailles.

Il aurait aimé faire cela avec Sean mais il y avait bien trop de monde autour d'eux. Et même si l'endroit avait été désert jamais le jeune homme n'aurait accepté cela hors d'une pièce close aux rideaux tirés.
Alors il cala simplement sa cigarette entre ses lèvres et se leva de la manière la plus nonchalante qu'il pu.

Il monta trois marches, Sean en descendit deux et ils s'immobilisèrent, l'un en face de l'autre et un sourire un peu crispé sur le visage. Ils n'avaient jamais vraiment été séparés alors ne savaient pas très bien quel script il fallait jouer lors des retrouvailles.

Ils restèrent ainsi quelques instants puis Clayton porta sa main au visage de son amoureux et essuya du pouce une trace rouge au coin de sa bouche avant de lui jeter un regard mi-interloqué mi-inquiet.

En voyant cela le jeune homme s'essuya vivement avec la manche de sa chemise, laissant une trace colorée sur le coton.

Clayton observa le visage du garçon en face de lui devenir aussi rouge que la tâche sur son habit et sentit que s'il ne faisait rien il resterait ainsi, la tête tournée vers le sol et les yeux honteux durant tout le reste de la soirée.

Alors il observa rapidement autour et se pencha en avant en se haussant sur la pointe des pieds et approcha son visage de l'oreille de Sean à laquelle il glissa une innocente question. Se faisant il huma également son cou et, à travers la sueur et la lessive, perçu quelque chose qui ressemblait étrangement à un parfum capiteux de femme.

Alors il réitéra sa question. Devait-il s'inquiéter d'une rivale ? Avant de relever doucement le visage de son amoureux qui bégaya de ne pas l'embrasser. Clayton aurait aimé le faire, juste pour voir sa réaction et aussi celle de l'homme qui montait les marches à quelques pas d'eux. Mais cela aurait sans nul doute fait trébucher, voir tomber, de stupeur ce pauvre passant et puis Sean lui en aurait certainement beaucoup trop voulu.

Il lâcha donc le menton de l'adolescent et le questionna sur la suite de la soirée bien qu'il pouvait déjà deviner que celui-ci n'avait sans doute plus envie, quelque soit la raison, d'aller à l'Opéra. Il lui donna en raison en marmonnant qu'il aurait aimé aller se promener et en sautant sur la même marche que lui, ainsi il faisait une tête de moins que Clayton, avant de saisir le bras de son amoureux et de le passer autour de ses épaules.

 Clayton aurait préféré pouvoir le tenir par la main mais à moins de l'habiller d'une robe, ce qu'il refuserait sans aucun doute, cela était impossible et il ne pouvait pas non plus lui proposer son bras, il trouvait cela beaucoup trop féminin. Et puis ils devaient prêter attention aux gens, à leurs murmures et leurs regards. Certes ils étaient à Londres et personne ne les connaissaient ici mais dans leur village ce genre de nouvelle se rependait aussi vite que le contenu d'une carafe que l'on renverse.

Le jeune garçon ne se souvenait que trop bien de la sinistre affaire qui avait agité un village voisin il y avait une année de cela. Un soir une femme rentrait chez elle après une après-midi chez des amies mais elle avait eut le malheur d'avoir hâté son retour à cause d'un mal de ventre.

Alors qu'elle franchissait le seuil de la porte elle entendit des gémissements en provenance de la chambre conjugale et s'approcha donc, bien décidée à sortir l'impudente traînée qui abusait des charmes de son mari de la maison. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle découvrit son mari, vêtu de sa chemise mais sans aucun pantalon ni sous-vêtements, à genoux sur le parquet le visage profondément enfoui dans l'entrejambe du livreur de lait dont le corps était si arqué que seules ses épaules et ses fesses touchaient le matelas.

La pauvre en fut si bouleversée qu'elle tourna de l'œil et s'écroula sur le sol, attirant par la même l'attention des deux amants. Lorsqu'elle se réveilla elle trouva les deux hommes gisant sur le lit, l'un avec une plaie béante à la place du ventre et l'autre avec les poignets horriblement tailladés. Personne ne savait comment ils en étaient arrivés là et d'ailleurs personne ne chercha à savoir. On les enterra en dehors du cimetière, hors de question que ce genre de pêcheurs bénéficient d'une place près de la maison de Dieu, et on continua longtemps de murmurer sur cette histoire. On disait maintenant, lorsqu'on soupçonnait ce genre de vice chez quelqu'un, qu'il était un livreur de lait et on regardait d'une manière plus qu'étrange les membres de cette admirable profession.

Cela avait entraîné durant un temps quelques dérives et au collège beaucoup de garçons avaient mis un point d'honneur à dresser une liste de caractéristiques permettant pour sûr de démasquer ces odieux livreurs.

Durant des mois aucun garçon n'avait osé en regarder un autre plus de quelques secondes et, dans les vestiaires de criquet, tout le monde avait les yeux rivés sur le mur.Durant cette période, cela s'était un peu calmé maintenant, Clayton s'était senti très mal et avait tremblé de peur chaque fois qu'il était près de son amant.

Car si quelqu'un venait à soupçonner, de par son comportement, que lui aussi aimait enfouir son visage dans l'entrejambe d'un garçon sans porter de pantalon ni de sous-vêtement alors sa vie, et celle de Sean, deviendraient un enfer. Surtout celle de Sean d'ailleurs car si lui savait se défendre à coups de poings lorsqu'il le fallait son amant, lui, ne semblait capable de réagir aux agressions qu'en adoptant une attitude prostrée, ce qui encourageait bien des tortionnaires.

C'est pourquoi il ne s'autorisait jamais à tenir la main de son amoureux ni même à lui proposer son bras mais qu'il acceptait d'entourer ses épaules comme il le faisait maintenant. Parce que cela n'était pas un comportement suspect et que beaucoup de garçons de leur âge le faisaient.Il revint à la réalité lorsque Sean orienta ses pas vers la droite alors que le chemin le plus joli pour aller jusqu'à chez son oncle nécessitait de se faufiler vers la gauche dans une petite ruelle. Il réorienta leur trajectoire et, alors qu'ils s'aventuraient sur les pavés, salua une femme entrain d'éteindre son linge sur un fil tendu entre deux immeubles avant d'attraper au vol une pince qui venait de tomber et la lui renvoya.

Une fois cela fait il regarda son amoureux et lui murmura doucement, pour ne pas attirer l'attention des enfants jouant aux billes autour d'eux, qu'elle était vraiment très charmante, n'est-ce pas ? Avec ses hanches marquées par un pantalon de costume marine et sa poitrine mystérieusement cachée par un chemisé à manches courtes mais col haut agrémenté d'un large nœud.

Ses paroles provoquèrent un nouveau fard chez le jeune homme qui bégaya une courte réponse dont il ne comprit que le mot loge ce qui le fit pouffer de rire. C'était un peu cruel mais il aimait le voir ainsi, les joues couvertes du rouge de la gêne, et à vrai dire il se demandait parfois s'il se lasserait un jour de cela. Mais pour le rassurer, et être sûr qu'il ne lui tiendrait pas rigueur de son comportement, il lui glissa au pavillon de l'oreille qu'il plaisantait et que, si jamais explication il voulait le donner, alors elle serait sans doute aucun la bonne.

 Ces paroles parurent déclencher quelque chose en Sean car, alors qu'ils contournaient une fontaine et doublaient une petite vieille revenant des courses, il commença un récit beaucoup plus structuré et compréhensible. Certes il se perdit beaucoup, quatre fois pour être exact, mais il finit par mettre le point final à son histoire et sentit avec horreur l'étreinte de son amant se desserrer autour de ses épaules.

Clayton se tenait désormais trois pas derrière Sean et avait le visage étrangement tourné vers le côté. Ils étaient alors sur un petit pont enjambant un ruisseau si minuscule qu'on aurait sans doute pu le passer en un bond. Autour d'eux les immeubles avaient rapetissé et certains étaient même pourvus de petits jardinets. On aurait pu se croire dans une petite ville de campagne et cela était assez étrange, comme s'ils avaient parcouru plusieurs dizaines de kilomètres en quelques foulées.

Le ciel était éclatant de rouge, de rose et d'orange, où étaient donc partis les nuages de l'après-midi ?, et le soleil de cette fin de journée projetait des ombres longues, sombres mais étrangement rassurantes. Et sur le sol pavé de pierres, les silhouettes noires des deux amants étaient réunies, soudées au niveau de la tête comme dans un baiser.

Clayton pencha la tête et ses lèvres d'ombre se pressèrent contre la joue d'ombre de Sean. Il déplaça sa main, la vraie, celle faite de chair, et l'autre, celle faite de noirceur, effleura la cuisse de son amoureux. C'était un peu expérimental, c'était un peu imprécis mais cela lui apporta un réconfort immense.

Sean voulut faire un pas en avant mais il secoua la tête et lui indiqua d'un geste de rester à sa place. Ce qu'ils venaient de créer était fragile, éphémère, un simple déplacement pouvait le briser et rien ne pouvait dire si refaire un pas en arrière permettrait de le recréer.

Il laissa ensuite son ombre glisser sa main dans les cheveux sombres, si différents mais si beaux, de l'ombre de son amant et imagina que ses doigts s'enroulaient autour des mèches. Son ombre caressa son bras et il lui murmura qu'il ne lui en voulait pas puis sa main effleura sa joue et ses lèvres murmurèrent qu'il était juste jaloux.

En face de lui, ou plutôt de trois-quarts, le garçon avait compris son manège et ses yeux s'émerveillaient de voir leurs ombres s'enlacer ainsi. Clayton l'observa et laissa une nouvelle fois ses lèvres d'ombres se joindre à celles de l'ombre de son amant et en face de lui Sean frissonna, comme s'il avait réellement ressenti le baiser.

Ils bougèrent lentement, comme deux mimes en équilibre sur un fil de soie, et leurs ombres se rapprochèrent et se frôlèrent. Des mains noires glissèrent sur des visages sombres sans aucuns traits, des lèvres à peine dessinées se posèrent sur des nuques frêles, des doigts crochetèrent des vêtements dont on ne voyait que les contours.

Et le soleil descendit, de pas grand-chose, de trois fois rien, mais il rompit la magie et soudainement l'ombre du pont avala celle des amants, il ne resta que du noir.

Il y eut un instant de flottement étrange qui rappela à Clayton leur premier baiser. Cela avait était spontané et merveilleux, comme ce qu'ils venaient de vivre, mais s'en était suivit un instant, une poignée de seconde, de latence et de gêne, puis la main de Sean avait filé vers son visage, y laissant une trace rouge et brûlante.

En ce moment, c'était pareil. Leurs yeux semblaient comme reliés par une force les poussant à ne pas se quitter du regard et ils ne disaient rien. Le jeune homme remarqua que la bouche, magnifique songea t-il par ailleurs, de son amant était entrouverte et qu'elle laissait échapper une respiration haletante. Il avait tellement envie d'avancer, de gober les trois pavés les séparant et le souffle s'extirpant de ces lèvres d'un seul mouvement. Le désir se glissa dans son ventre, se noua à ses entrailles, épousa les formes de ses organes et ne fit plus qu'un avec lui mais il le tempéra, ils étaient en pleins milieux du monde, il devait attendre qu'ils soient seuls.

Alors, sagement, il prit la main de Sean et lui interdit en un regard, amoureusement autoritaire, de la déloger. Il était tard, les rues étaient vides, les gens, à l'abri derrière leurs fenêtres et les murs de leurs maisons, ne pouvaient voir cette aberration, un garçon entrelaçant ses doigts avec ceux d'un autre garçon.

Clayton guida, lentement, son petit ami à travers les ruelles qui devenaient de plus en plus noires à mesures qu'ils avançaient. Il n'aimait pas le Londres qui fascinait tout les gens, même son amant. Il n'aimait pas la capitale grouillante de monde et de bruit. Mais il avait apprit à aimer la ville que peut de voyageur voyait. Celle faite de petites rues et de square. Celle faite de petits ponts et de passages secrets. Celle qui avait des allures de villages et de campagnes.

Alors il n'emmena pas Sean voir ce que tout le monde se pressait pour voir, il lui montra le reste, ce qu'il avait découvert en un mois de promenade nocturne et de déambulation dans le presque jour. Une fontaine sculpté, un chat roux dormant toujours à la même place, bougeait-il seulement ?, un pommier au milieu d'une place, une aberration dans la ville, un magasin de vêtement, fermé bien avant la guerre, et ses mannequins encore habillé des habits du début du siècle, un mur couvert de dessin et une église minuscule, blottie entre deux maisons plus grande qu'elle.

Son amoureux avait sortie ses crayons, il ne dessinait pas bien et son trait était maladroit, mais Clayton ne disait rien, au début aussi ses poèmes ne ressemblait à rien, mais aujourd'hui il sonnait à son oreille aussi mélodieux que ceux qu'ils étudiaient en classe. Et puis il y avait quelque chose, dans la courbe de ses yeux ou de sa bouche, qui le fascinait lorsqu'il l'observait entrain de couvrir ces pages blanches de traits disgracieux. Un éclat, un sentiment peut être, que Clayton avait mit longtemps à identifier car il lui semblait bien qu'il en était dépourvu, la passion.

C'était sans doute quelque chose qu'il aurait du envier, lui jalouser peut être, à Sean, cette passion qui semblait animé chacun des mots qu'il écrivait, chacun des dessins qu'il griffonnait, mais pourtant cela n'avait le cas. Si lui-même avait eut en lui un telle engouement, sans doute n'aurait-il pas pu contempler avec autant d'émerveillement le visage de son amoureux et cela lui aurait sans doute beaucoup manquait. Oui, il préférait de loin observer cet éclat plutôt que le ressentir dans sa chair.

Le soleil tomba et noya le monde dans la lueur pâle et triste des réverbères.

Ce n'était pas l'heure de rentrer car ils n'avaient pas de couvre feu à respecter mais Clayton avait envie d'embrasser Sean, il avait même envie de faire un peu plus que cela, car il savait qu'ensuite le visage de son amant revêtirais cet éclat qu'il aimait tant. Et puis n'étaient qu'à deux pas de chez son oncle alors il attira le jeune homme jusqu'à la boutique et lui fit monter la volée de marche extérieur qui menait jusqu'à sa petite chambre chichement meublé.

A l'intérieur l'obscurité les avala, et, alors qu'ils se trouvaient assez prêt pour se toucher, ils parvenaient à peine à distinguer les contours du visage de l'autre. Cela fit sourire Clayton, ainsi ils ressemblaient aux ombres sur le pont, et, pour accentuer cette ressemblance, il se pencha et happa les lèvres de Sean.

Cela faisait si longtemps.

D'ordinaire ils trouvaient toujours une occasion, au moins, de s'embrasser dans la journée. C'était chaste, souvent, juste un effleurement rapide sur le chemin de l'école ou celui du retour mais, parfois, c'était plus que cela.

Et cette nuit, c'était une nuit à être plus que cela.

Il sentit la langue de Sean s'insinuer entre ses lèvres et l'accueilli avec plaisirs tout comme il accepta les dents qui mordait ses lèvres. Un jour, un garçon de sa classe, avait raconté qu'il avait embrassé une fille et il avait dit que cela avait été très doux, qu'il avait tendrement caressé sa bouche de la sienne, et que cela leur avait procuré un plaisir intense que rien ne pouvait surpasser. Comme il le plaignait, et la fille aussi, d'ailleurs, de penser que cela était embrassé et que rien ne pouvait être meilleur. Car lui savait que cela n'était qu'un piète ersatz et que la douceur n'avait d'égale que les dents agressives, les langues combatives et les lèvres impatientes.

Sean ne savait pas se contenir lors d'un baiser, c'était pour cela qu'il n'aimait pas l'embrasser lorsqu'il savait qu'il ne pourrait pas prendre tout son temps. Et cela avait surpris Clayton, Sean, son Sean si mesuré, si timide, si prompt à baisser le regard et à tendre la joue, se transformait de manière surprenante lorsque leurs lèvres se joignaient.

Clayton poussa son amant vers le lit mais celui-ci lui compliqua la tâche car, au lieu de reculer, il se rapprocha encore de lui, entremêlant son corps avec le sien, mais il finit par gagner et le fit tomber sur les draps. Mais deux bras l'attrapèrent bien vite et le plaquèrent contre le corps auxquelles ils appartenaient. Deux jambes entourèrent ses hanches et une bouche affamée ravagea de nouveau la sienne.

Comment pouvait-il faire cela ? Sean était bloqué en dessous de lui et pourtant, pour une rare fois, c'était lui qui dirigeait leur étreinte. C'était étrangement grisant, il aurait voulu se laisser guider par cette nouveauté mais hélas il voulait lui aussi en expérimenter une.

/!\ /!\ /!\

Doucement, bien qu'avec un peu de force, il se dégagea de l'étreinte de son amant et se laissa glisser sur le sol, à genoux. Il faufila sa main sous la chemise de Sean et remonta le long de son torse avant de pincer doucement l'un des boutons de chair, ce qui, étrangement, ne fit émettre aucun son à mon amoureux. Il releva la tête, il l'avait enfoui dans l'estomac de son amour juste avant, pour se rendre compte que celui-ci avait bâillonne sa bouche avec son poing. Mécontent il tortura longuement les morceaux de chairs jusqu'à ce que, enfin, des gémissements, adorables parce que retenu trop longtemps, finissent par filtrer.

D'une main habituée il ouvrit le gilet de costume ainsi que la chemise et embrassa, tendrement, il n'était pas un mufle, le torse maltraité de son amoureux. Il cajola les tétons douloureux de sa langue et sentit une caresse dans ses cheveux tandis qu'il redescendait vers le pantalon de son amant.

Clayton n'avait jamais fait cela, Sean non plus d'ailleurs, d'ordinaire ils se contentaient de se toucher, de frotter longuement leurs corps l'un contre l'autre et se s'embrasser jusqu'à ce que leurs lèvres en deviennent gonflées. Mais ce soir là il avait envie d'essayer autre chose, un autre type de baiser, quelque chose qui le mettrait définitivement dans la catégorie des livreurs de lait, même s'il ne doutait pas d'en être un.

Il fit glisser le pantalon, puis le sous-vêtement, à terre et les envoya un peu plus loin, quelque part vers le pied du lit, puis releva les yeux. Sean avait l'air extraordinairement gêné ainsi, et ses deux mains cachés désormais son visage, mais cela ne le rendait que plus adorable. En cet instant Clayton aurait voulu savoir dessiner, ou bien posséder un appareil photo, mais il du se contenter de graver dans sa mémoire l'image de son amant, allongé au bord du lit, la chemise et le gilet ouvert, nu et dur en dessous de la ceinture.

Il laissa sa bouche courir sur les cuisses et cette fois Sean gémit sans se retenir. Il aimait la peau de son amant. Certes elle n'avait pas le goût fleuri de celle enduite de lotion des femmes mais après tout il n'avait jamais trouvé aucun plaisir à lécher un savon alors cela ne lui aurait certainement pas plus. Elle sentait la sueur du voyage et autre chose, une senteur qui ne portait aucun nom si ce n'est celui du garçon en dessous de lui.

Clayton abandonna les cuisses pour le sexe qu'il lécha avec application, cela semblait plaire à Sean et lui aimait plutôt cela. Il le fit glisser entre ses lèvres et l'enfonça comme il put aussi loin qu'il lui sembla possible. Ce n'était pas désagréable, c'était même étrangement bon, et comme, une approbation, son propre membre se tendit dans son pantalon.

Il laissa ses mains remonter, ses doigts taquinèrent de nouveau les tétons et les hanches de Sean se ruèrent vers le haut, enfonçant le sexe dure un peu plus profond dans la bouche de l'autre garçon qui accueilli cette intrusion comme il pu.

Il aurait voulu rester là très longtemps, et d'ailleurs peut être cela fut-il le cas, mais il sentit soudainement les mains de Sean agripper de nouveau ses cheveux et ses hanches se convulsaient pour échapper à sa bouche. Mais c'était trop tard et un instant, un mouvement de gorge plutôt, suffit pour qu'il retombe en hurlant sur le martelât et qu'une substance chaude emplisse la bouche de Clayton.

Le jeune homme avala en tentant de déterminer s'il aimait cela et finalement, malgré l'amertume de la chose, décida que c'était une chose merveilleuse. Il s'apprêtait à replonger vers le pénis qu'il venait de quitter mais une main l'en empêcha et il croisa le regard empli de peur et de pleur de Sean. Il pensait avoir commis une erreur, cela se voyait dans ses yeux et dans les tremblements de ses membres, à moins que cela ne fut du à un contre coup de l'orgasme ? Pour le rassurer Clayton lapa son sexe, mou, pour le débarrasser de toute trace laiteuse puis il remonta et les poussa sur le lit.

Il était minuscule, conçu pour une seule personne, mais en se collant l'un contre l'autre ils prévenaient à tenir. La main de Sean se glissa dans son pantalon et il se suffit que de quelques mouvements pour le faire venir.

/!\ /!\ /!\

Il embrassa tendrement la bouche son petit ami puis lui murmura à l'oreille qu'il avait quelque chose pour lui qui allait drôlement lui plaire. Dans la nuit de la chambre le rire de Sean tinta en retour puis une voix lui demanda nonchalamment si cela allait plus lui plaire que la première surprise qu'il lui avait offert.

Cette réplique valu un coup sur le crâne de son auteur qui fut asséné par un objet recouvert de papier journal. Comme cela, au premier coup d'œil, cela ressemblait beaucoup à un livre et, d'ailleurs, une fois déballer cela y ressemblait toujours.

Clayton lui expliqua qu'il l'avait trouvé chez un libraire très jeune et sans doute, si ce n'est certainement, comme eux. Il était écrit en français et relaté la vie, une partie du moins, d'un homme qui avait le même genre de scandaleuse attirance qu'eux**

. D'après le libraire cette centaine de pages avaient fait un véritable scandale en France et c'était un ouvrage rare mais que, grand homme qu'il était, il acceptait de lui céder pour une somme très modique car il était sûr que ce genre d'ouvrage serrait très instructif pour lui.

Fasciné Sean l'ouvrit et parcouru avec lenteur la première page. Clayton avait lui-même essayé de la lire mais, hélas, les langues n'avaient jamais été son fort et il n'avait comprit que peu de mot. Mais son amant, lui, semblait parfaitement comprendre la teneur de cette feuille car ses joues rosirent délicatement comme s'il venait de lire quelque chose de parfaitement inconvenant.

Il dévora ainsi trois pages puis plaqua vivement ses lèvres contre celle de son amant avant de baisser la tête et de murmurer qu'il aimerait bien y aller, tu sais, en France, pour étudier. Enfin après, après le lycée, bien sûr, mais il aimerait bien.

Clayton le regarda, pas tant surprit que ça, leur village avait toujours était trop petit pour Sean, il avait toujours su qu'un jour il partirait pour étudier. Alors une grande ville anglaise ou bien la France, quelle différence ? Et puis tout cela était bien loin, presque que, quoi ?, quatre ans ? Oui c'était cela, presque quatre ans. Cela avait le temps de se mettre en place.

Et puis, murmura t-il en retour, même s'il partait cela ne serait pas bien grave, ils s'écriraient alors des lettres. La tête de Sean oscilla doucement, oui, des lettres, l'idée lui plaisait bien.

** Clayton parle ici du Livre Blanc de Jean Cocteau, un célèbre réalisateur français, qui a publié cette autobiographie de manière anonyme au début des années 30.  Il y parle de son homosexualité, de la manière dont il l'a découverte, de ses expériences etc... Bref un livre splendide mais malheureusement très rare et donc presque introuvable. 

Hey!

Tout un chapitre de romance...est-ce trop? Je me suis vraiment posé la question parce que je suis le premier à être vite lassé de ce genre de chose...donc dites moi! :)

Concernant le lemon, est-ce qu'il est mieux intégré dans l'histoire que celui du chapitre de Noël?

Sinon encore merci à AthenaetJacquotte pour son dessin et à vous également car entre le moment où j'ai annoncé le chapitre spécial 500 vote et maintenant nous sommes monté à 702 votes :0

202 votes en plus. Wahou. Juste merci! *^-^*

Le 28 avril nous reprendrons le cours normal de l'histoire!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top