Des mois avaient passé depuis cette journée où ils avaient décidé de réapprendre à se connaître. Le parc derrière le lycée avait vu leurs visages se tendre, leurs cœurs se briser une nouvelle fois, mais aussi leurs sourires revenir, timides mais sincères. Ce n'était pas facile, il y avait des moments de recul, de colère, de silence. Mais petit à petit, quelque chose d'étrange s'était installé entre eux : une forme de paix.

Ils ne parlaient plus beaucoup de ce qu'ils avaient traversé. L'anniversaire de Paola, cette fameuse nuit, restait un souvenir sombre qu'aucun d'eux n'osait évoquer. Paola, avec son départ, avait emporté avec elle leurs pires moments, mais elle leur avait aussi laissé une opportunité de recommencer.

Kerstine, elle, avait retrouvé un peu de sérénité. Elle se rendait parfois dans ce même parc, seule, pour réfléchir. Il y avait encore des cicatrices, mais les blessures n'étaient plus béantes. Elle s'était rapprochée de Yannick, doucement, prudemment, et il avait appris à parler, à écouter, sans violence. Le chemin était long, mais ils marchaient côte à côte.

Hugo, quant à lui, s'était éloigné du groupe. Il avait décidé de déménager dans une autre ville, à la recherche d'une nouvelle vie, loin des ombres de cette histoire. Avant de partir, il avait pris soin de parler à chacun, de leur demander pardon une dernière fois. À Lola, il avait avoué que ses sentiments pour elle étaient toujours présents, mais qu'il comprenait que ce qu'ils avaient partagé ne pourrait jamais revenir. Elle l'avait pardonné, mais pas dans l'espoir de renouer une relation amoureuse. C'était un pardon pour tourner la page, pour leur permettre à tous les deux d'avancer.

Quant à Lola, elle aussi avait changé. Elle avait trouvé une nouvelle force en elle, celle de ne plus se laisser définir par les trahisons du passé. Elle continuait à voir Kerstine régulièrement, et elles avaient même repris certaines de leurs anciennes habitudes, comme aller au café près du lycée, là où elles passaient des heures à discuter. Leur amitié n'était plus aussi insouciante, mais elle avait gagné en profondeur, en authenticité.

Hylk n'existait plus. Ce nom, autrefois synonyme de complicité, était désormais un symbole de ce qu'ils avaient perdu. Mais il était aussi un rappel : ils avaient survécu à la tempête, et même si tout n'était pas parfait, ils avaient réussi à se retrouver, différemment. Ils n'étaient plus les mêmes adolescents naïfs qui pensaient que rien ne pourrait les séparer. Ils étaient devenus des adultes avec des cicatrices, mais des adultes qui savaient que parfois, se reconstruire est plus précieux que de tout effacer.

Et dans le silence de cette nouvelle vie, chacun à sa manière avait compris que l'essentiel n'était pas de tout réparer, mais de continuer à avancer, même avec les morceaux brisés encore visibles.