5
Le silence persista dans la pièce. Un silence plus lourd que les précédents, saturé de regrets et de vérités non dites. Chacun d'eux, figé dans ses pensées, mesurait la portée de leurs décisions. Hylk. Ce nom qui autrefois résonnait comme un cri de ralliement entre eux, un emblème de leur amitié indéfectible, était désormais une cicatrice douloureuse qui ne cessait de les brûler.
C'était Kerstine, celle qui avait proposé cette idée folle de reformer Hylk, qui rompit à nouveau le silence. Elle se leva lentement, fixant ses trois anciens amis, cherchant dans leurs regards la force dont elle avait elle-même besoin.
« Si on veut que ça marche... », commença-t-elle d'une voix légèrement tremblante, « il faut qu'on se parle. Vraiment. Pas comme avant, pas comme ces derniers mois. »
Lola la regardait, encore incertaine, encore blessée. Ses yeux cherchaient désespérément une raison de croire en cette réconciliation, mais son cœur, brisé à tant de reprises, hésitait. Pourtant, elle savait que fuir ne les avait jamais aidés. Elle prit une inspiration et acquiesça.
« - Très bien. Mais on doit tous être honnêtes. Pas de mensonges, pas de secrets cette fois. »
Yannick, resta impassible. Il n'était jamais celui qui parlait le plus. Ses yeux fixaient un point invisible dans la pièce, comme s'il cherchait à s'échapper mentalement de ce qui se préparait. Hugo, quant à lui, jouait nerveusement avec ses doigts, luttant contre une vague de culpabilité qu'il peinait à contenir. Il savait que beaucoup des problèmes qu'ils affrontaient aujourd'hui trouvaient leur source en lui.
« Ok... on commence par quoi ? » murmura-t-il, presque sur le ton d'une excuse.
Kerstine posa son regard sur chacun d'eux, cherchant la meilleure manière d'aborder ce qui était devenu leur propre champ de bataille émotionnel.
« On commence par... cette nuit. »
Pause.
« - Hugo... cette nuit-là... Paola t'a drogué, c'est vrai ? »
Le silence retomba encore une fois, mais cette fois, il n'y avait plus d'échappatoire. Hugo ferma les yeux, tentant de retenir les images floues et brumeuses de cette soirée. La sensation étrange qui l'avait envahi, puis... le vide. Ce réveil dans un lit inconnu, aux côtés de Paola, sans le moindre souvenir clair de ce qui s'était passé.
« Pourquoi tu ne m'as jamais dit la vérité ? » demanda Lola, une lueur de désespoir dans la voix.
« Parce que j'avais honte. Honte de ne pas avoir pu me défendre, honte d'avoir laissé tout ça arriver. »
Kerstine, qui jusque-là était restée en retrait, regardait Lola, sa meilleure amie, traverser cette mer de douleur. Elle savait à quel point Hugo souffrait de cette situation, mais elle savait aussi à quel point Lola avait été détruite. C'était un champ de ruines émotionnel, et chacun d'eux essayait de survivre parmi les débris.
Yannick, jusque-là resté silencieux, décroisa enfin les bras.
« - On peut blâmer Paola autant qu'on veut, mais ça ne change rien à ce qu'on est devenus, » grogna-t-il, la voix froide. « On s'est tous fait du mal. Nous, Hugo, avec Kerstine.... »
Il baissa les yeux, honteux de la manière dont il avait traité celle qu'il aimait. Il avait frappé Kerstine, la seule personne qui l'avait vraiment aimé, qui avait cru en lui malgré tout. C'était un poids qui l'étouffait, et le dire à voix haute ne faisait que rendre ce fardeau plus réel.
« - Je suis un monstre... » murmura-t-il.
Kerstine s'approcha de lui doucement, une main hésitante posée sur son bras. « T'es pas un monstre, Yann. Mais on est tous brisés. Et si on continue à rester dans nos rôles de bourreaux et de victimes, on finira par tous se détruire. On ressemble un peu aux harceleurs des films américains.»
Le silence s'étira encore une fois, mais cette fois, il n'était plus hostile. Il était empreint d'une fatigue commune, d'une lassitude qui les réunissait.
« Alors, on le fait ou pas, ce truc ? » lança Lola, ses yeux encore humides, mais déterminés. « Hylk. On essaie de reconstruire ce qu'on a détruit ? »
Un à un, ils échangèrent des regards. Le doute était toujours là, mais une minuscule lueur de rédemption s'était allumée dans leurs cœurs. Peut-être que cette seconde chance, aussi fragile soit-elle, pourrait enfin les libérer.
Yannick hocha la tête, suivi de Hugo. Enfin, Kerstine, la première à avoir eu cette idée, leva les yeux, déterminée.
« - Alors, on commence demain. Mais cette fois... on fait tout différemment. »
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