26. Comprendre.
HEESEUNG.
C'est une sensation que je ne peux pas décrire.
Mes doigts en perçoivent encore les vibrations grisantes qui chatouillent ma paume, remontent en lenteur sans épargner un seul de mes nerfs à leurs passages. Me laissant, le souffle fluet, le sentiment d'avoir découvert la septième merveille du monde.
Pantelant, les rougeurs s'étalent sur le haut de ses joues. La couleur de ses iris vitreuses oscillent entre le brun et l'ambre. Cependant, la lueur demeure faible. Il bat des paupières, en difficulté respiratoire, le corps parcourus de soubresauts.
Je veux le toucher de partout. Je n'ai jamais vu une telle expression sur son visage. Une expression que je ne pensais d'ailleurs pas possible, lui qui maintenait jusque là un masque rude et hautain. Sunoo est magnifique, tel un diamant aux éclats opalescents qui aveuglent.
Je veux inscrire cette vision dans mon esprit, dans l'espoir de ne jamais l'oublier. La senteur fruitée saveur orange n'en est plus que délicieuse, éveillant mes sens à leur paroxysme. Nos phéromones s'entremêlent, valsent autour de nous comme deux amants qui s'enlacent pour l'éternité.
Je coule sous des vagues, euphorique, le cœur palpitant d'affection. Ce que je ressens est comparable à de hautes vagues qui ne cessent de grimper dans le vide, grandir et grossir, au point de m'engloutir. Elles redescendent ensuite, sans se presser.
Et elles délaissent derrière elles des sensations exquises.
Peu à peu, je reprend contact avec le monde réel. Sunoo expire bruyamment, tête baissée et ses bras reposant contre ma fourrure. Il lui faut de longues minutes afin de se remettre de ce que les marques nous ont provoqué. Après quoi, il m'assassine d'un regard obscur, hargneux.
Je pense qu'il est en colère.
Il t'avais prévenu de ne pas y toucher Heeseung.
Ah ouais ? J'ai du mal entendre. Aucune once de regrets ne me traverse. Or malgré mon indifférence, il me tient tête. Il décroche une droite rapide et violente. J'esquive son bras avec facilité, en remerciant ma réactivité. C'est sûr à présent, il m'en veut comme jamais.
Car la rage dans ses veines explose à cause de sa tentative ratée.
Il essaie de nouveau de me frapper au visage. Vu geste violent, il se pourrait que j'ai dépassé la limite. C'est la première fois qu'il est aussi décidé à m'atteindre. J'arrête facilement son poing — d'apparence si petit — dans le creux de ma main.
— Qu'est-ce qui t'as pris ?! Je t'avais dis de ne pas y toucher ! Me hurle-t-il.
Je démarre mal, si je ne peux même pas résister aux traces de morsures. Je baisse doucement son bras et supprime l'espace entre nos visages. Sous son nez, mes yeux s'agrandissent de choc. Je sais qu'ils sont toujours carmins. C'est une première.
— Désolé.
Rien à y faire, Sunoo claque sa langue contre son palais.
— Rien à foutre de ton excuse.
Sa réaction m'étonne. Je veux dire, pas sa colère. Mais son language. Je me rend compte qu'il est bien plus énervé que je ne le pensais. Est-ce que je viens de franchir une ligne qu'il ne fallait pas ? Je n'ai jamais pris ses regards froids au sérieux.
Actuellement, je me rend compte qu'il peut être plus terrifiant qu'il ne le laisse voir. La contrariété refaçonne ses traits à sa manière. Je ne le pensais pas capable d'être plus menaçant que ce qu'il montrait les autres fois. Jusqu'où est-il capable de faire hérisser les poils ? Il me fait perdre mes mots.
— Je le pense vraiment...
— Ça ne change rien, peste mon renard.
Je retiens un soupir, ma queue se retrace au bout de quelques secondes, le libérant de mon emprise. Sunoo descend en douceur. Et au moment où il touche le sol, il ne tarde pas à s'éloigner. Pas trop loin de moi, mais assez pour me montrer qu'il est vexé.
Mon humeur décline considérablement, emportant avec, les sensations électriques précédentes. Mes sourcils s'affaissent, mes épaules en font de même. Emmurés dans le mutisme, seul le vent sifflant se fait entendre, les flocons de neiges deviennent peu à peu plus abondants.
Sunoo referme son pull en réajustant ses vêtements. Lorsque nos regards se croisent, il m'éjecte et me tourne le dos. Mon alpha en prend un sacré coup. Je meurs d'envie de retrouver mon petit renard à moi que je pourrais serrer indéfiniment dans mes bras.
Sans attendre alors, je le suis en voyant qu'il avance. Je me déplace dans son ombre, sur ses talons. Sunoo m'aperçoit et bougonne. Le fait qu'il s'éloigne m'alerte. Alors qu'il atteint la baie vitrée, je le retiens par derrière.
— Lâche-moi, tranche-t-il d'une voix neutre.
Je sens qu'il est dans la retenue. Comme s'il se maintenait d'agir d'une certaine façon, qu'il garde dans l'ombre une partie de lui qu'il veut réprimer. Son corps entier se tend.
— Tu pars ?
Il ne répond pas. Mes bras l'entourent par les épaules. Mon visage s'enfouis contre sa nuque, je respire son odeur. Mon parfum préféré, il n'y a rien que je ne puisse aimer aussi fort que ça. Sur le bout des lèvres, les mots se forment et retombent dans ses oreilles.
Entre temps, ils provoquent la chair de poule le long de sa colonne vertébrale. Ça veut dire qu'il n'est pas encore lassé de moi ?
— Ne t'en va pas. Reste avec moi.
— Bouge. Faut qu'on rentre.
Mes bras retombent face à son rejet. Non Heeseung, il a dit on. Il ne rejette pas. C'est lui qui atteint l'intérieur en premier. Sa chaleur est réconfortante. J'en fais de même, fermant derrière moi. Puis, je me précipite vers lui pour que nous ne soyons pas trop éloignés. Il se dirige vers la cuisine. Je l'imite. Il se sert un verre d'eau, je l'attends à côté de l'îlot.
Tandis qu'il boit ses gorgées, je le regarde faire. Sunoo m'adresse une oeillade, le front orné de plis. Il s'arrête, la mine perplexe. Je continue de le fixer jusqu'à ce qu'il range le verre. Dès qu'il effectue à nouveau un pas, j'en fais de même. Il se déplace vers les escaliers alors je le suis. Je ne suis pas en paix en sachant que je l'ai froissé.
Il s'arrête, puis change de direction pour le salon. Je me répéterais si je disais avoir fait pareil. Il émet un soupire bruyant et finit par s'arrêter au milieu de la salle de séjour.
— Arrête de me suivre.
Mes jambes se figent sur place, à quelques centimètres de lui. Je n'aime vraiment pas le fait qu'il m'en veuille.
— Très bien. Je suppose que tu ne vas pas me lâcher jusqu'à ce que tu obtiennes ce que tu veux ?
— Pas... si tu me demandes de te laisser tranquille.
Surpris, il hausse les sourcils.
— Tu le ferais ? Chuchote le roux.
Je hoche la tête. Mais dans l'idéal, s'il pouvait ne pas le dire. Il s'attarde longuement sur moi, passant d'abord d'un regard ferme et insensible à mes excuses, à un jeune homme tiraillé et désarmé. Le fait qu'il me paraît mitigé à le faire me peine. Je n'ai pas envie d'être éloigné de lui.
— Arrête de faire cette tête... finit-il par soupirer, l'air d'être au bout de ses jours.
— Quelle tête ? Demandé-je, naturellement.
— Laisse tomber.
Soit, il balaye d'un revers de main le sujet et finit par faire un pas en ma direction. C'est mon alpha qui s'agite à la seconde, mes pupilles brillent, éclaboussées par l'espérance.
Il se stationne à ma hauteur. Malgré la différence de taille, il me regarde comme si nous étions au même niveau. Si beaucoup de prédateurs considèrent que les animaux en bas d'eux sur l'échelle de la chaîne alimentaire leur sont inférieurs, et bien, mon opinion diffère. Je préfère la façon dont Sunoo se positionne ; plutôt qu'il soit effrayé par moi.
Le voir aussi assuré tandis que ses chaleurs pourraient se déclencher à n'importe quel moment, sachant qu'on a aucune idée de comment on réagira, me fait comprendre que je suis un idiot qui risque de tout gâcher à la moindre erreur. Il faut que je me reprenne si je veux qu'il accepte ma présence à ses côtés, même quand ses phéromones viendront saturer mon esprit.
Ce n'est pas une partie de plaisir pour lui. Je suis celui qui apaisera les douleurs qui l'attendent. Sunoo prend beaucoup de temps pour parler. Le sachant impulsif, sa maîtrise me laisse ébahi. Toutefois, la raison pour laquelle il est aussi calme peut être expliqué par son mental abattue par le désespoir qui le ronge.
Je crois... qu'il a peur.
J'ai mis du temps à m'en rendre compte. Il suffit de mieux l'observer. Quand bien même il ne le montre pas avec clarté, ce n'est pas compliqué à deviner lorsqu'on creuse plus loin. Si j'ai bien suivis, ce sont les deuxièmes chaleurs complètes qu'il passe, la première lui ayant laissé un goût amer.
Je me suis tant habitué au mode de vie au sein de ma meute, au fait que les omégas ne traversent pas autant de difficulté durant leur période, que j'en oublis le monde qui m'entoure. Bien plus vil. Et au final, ses choix sont compréhensibles. Le venum peut se présenter comme un ultime salvateur.
Pouvoir contrôler sa nature, décupler sa force, la dissimuler ou la modifier pour se protéger, se défendre. Même au prix de s'empoisonner. Parfois, je me demande si nous pouvons n'en vouloir qu'aux studios SMR.
Qu'en est-il de nous, de nos tords en tant qu'humains, responsables des abus que n'importe quelle proie pourrait subir au détour d'une ruelle ?
L'un s'injectera ce poison pour effacer sa forme animale et paraître indétectable, l'autre pour se rendre plus agressif dans le but de pouvoir se défendre face à des prédateurs.
Ou empêcher ses chaleurs.
Or dans le cas des prédateurs qui s'en servent pour devenir plus puissant, la solution empire la réalité. Et le cycle reprend. L'écart de force s'agrandit.
Le venum est présenté par les médias sous forme de produit révolutionnaire. Alors, comment ne pas s'en remettre à lui lorsqu'on se sent en danger ? N'empêche, SMR s'enrichit sur le dos des victimes. Et ça me dégoûte.
— Ne m'ignore pas quand je te demande de ne pas faire quelque chose. Ce n'est, il s'arrête un moment en se mordant la lèvre comme s'il cherchait de meilleurs mots, avant de reprendre, je ne veux prendre aucun risque.
Par risque, j'imagine ce dont il veut parler. De l'accouplement. Si je pensais être capable de me contrôler — quoique j'ai quelques doutes à présent — que pourrais-je dire dans son cas ? Il n'est pas dans ma tête, il ne peut pas s'assurer que je me tienne tranquille.
Et pour l'instant, je ne lui ai montré qu'un moi déchaîné face à ses marques, qui était sur le point de céder à ses pulsions sur la terrasse. Il tourne la tête sur le côté, achevant son monologue, la mâchoire crispée. L'impression que ses derniers mots lui ont coûté de gros efforts.
— J'vaisrester.
J'aurais plaisanté sur son manque d'articulation si l'ambiance s'y prêtait. À la place, mon organe vital effectue un bond. Le flux de pensées se heurte à un mur, provoquant un bug tout là haut au système nerveux.
Par la suite, c'est une source chaleureuse qui se répand en moi et redémarre les rouages de mes réflexions multiples. Je dois rêver. La réalité m'est bien trop fantaisiste pour que j'y crois. La phrase de mon renard me fait l'effet d'une explosion à la fois douloureuse et plaisante.
Le sang afflue et colore mon visage. Celui de Sunoo est dans le même état. Un rose qui tend vers le rouge s'étale sur ses joues. C'est réel, il va rester. Ses mots ne sont pas quelconques. Ils sont bien plus précieux pour moi, gravés dans mon cœur et mon stock mémoire.
— Alors, me fait pas regretter.
Pour ma part, je lui fais confiance les yeux fermés.
— Oui. C'est promis.
Je lui présente mon petit doigts, comme j'avais pour habitude de le faire avec ma famille, Jay et Sunghoon. Il est un instant déstabilisé par mon geste. Dans l'attente d'une réaction de sa part, je me demande s'il me trouve bizarre.
Je regrette aussitôt. C'est que j'ai agis si naturellement en oubliant que c'est Sunoo. Mais non, il ne me trouvera pas bizarre. Enfin, je crois. Ce n'est pas son genre. Second bug lorsque son auriculaire s'enroule autour du mien.
C'est pour m'achever.
— J'espère que tu tiens tes promesses. Dans le cas contraire, on ne se parlera plus jamais.
Mes lèvres s'étirent. Évidemment que je compte me calmer. S'il m'avait menacé d'une autre façon, je ne l'aurai pas pris au sérieux. Cependant, le fait qu'il me prévient de la possibilité d'arrêter de se voir si je venais à briser cette promesse, m'effraie plus.
Sunoo a bien tenue la sienne. Et je le trouve si courageux. Je veux l'embrasser, le couvrir de baisers. Il est doté d'un mental plus rigide qu'on pouvais soupçonner.
— Ce n'est pas prêt d'arriver.
Et là, quelque chose d'incroyable se produit. C'est mon renard. Il me sourit. Peut-être pas autant que moi, ça n'en reste pas moins significatif. C'est une vision si chaleureuse.
— Tu es un peu trop sûr de toi à mon goût.
Je l'admire, lui et le changement qui s'opère lorsque ses lèvres s'élargissent avec tant de sincérité. Ses yeux forment deux croissants, il rayonne comme si au milieu de la rosée, un rayon solaire avait réussi à glisser entre les gouttes, formant un petit arc-en-ciel.
— J'hallucine... tu l'apprivoise.
Sunoo sursaute lorsqu'il entends Jay s'exprimer. On se retourne, croisant mon ami qui nous fixe sous le choc, un livre en main. Pour ma part, j'avais déjà senti sa présence. Je me suis contenté de l'ignorer.
— Mais qu'est-ce que— tu sors d'où ?!
— Euh, salut. Je ne voulais pas vous espionner, tente le noiraud de s'expliquer, suivit d'un rire nerveux.
À présent que j'y pense, j'avais quelque chose d'important à faire. L'idée germe dans mon esprit dès lors que mon meilleur ami apparaît dans mon champ de vision. Puisque cette chose a un rapport avec lui.
— ...partis faire les courses tous les deux. Ils ne devraient plus tarder d'ailleurs, informe ce dernier.
J'ai raté ce dont ils parlaient. Peu importe. Au même moment, la porte s'ouvre. C'est Sunghoon et Jake qui reviennent avec des sacs remplis. Je fais alors le lien avec les courses qui ont été évoqués tout à l'heure. Le visage de Jake s'illumine en apercevant mon renard.
— Sunoo !
Il s'élance et l'enferme dans une étreinte qui ne me rend plus aussi jaloux qu'avant. Je veux dire, avec le temps, je comprends le lien qui les unit. De plus, ma perception du golden retriever a changé. Du coup, je suis moins irrité de voir à quel point ils sont proches, tactiles même.
— Est-ce ça va ? Tu as l'air en forme. J'étais inquiet.
— Je n'en doute pas Jake. Je pète la forme, regarde, je tiens sur mes deux jambes. Haha.
— Ce n'est pas le moment de plaisanter, le gronde doucement le blond.
Cependant, il se fait complètement ignorer par son ami.
— Oh, qu'est-ce que t'as pris ? Ça sent bon.
Pendant qu'ils discutent, j'échange un regard significatif avec Sunghoon. Nous n'avons pas besoin de parler pour percevoir certains signes. Savoir que je suis devenu son alpha me facilite la communication. Je hoche la tête, lui faisant comprendre que j'ai la situation en main.
Mes yeux sont toujours rouges alors, ça doit en inquiéter plus d'un. J'ai le sentiment qu'à cause des chaleurs qui peuvent surgir à n'importe quel moment, mon alpha est alerte et s'apprête à tout type de danger qui pourrait affecter Sunoo. Je ne pense baisser ma garde que quand tout sera finit.
Sunghoon me signale qu'il a compris. Il est un peu plus rassuré.
— Je vais ranger les courses, dit-il ensuite à Jake en coupant court à notre échange visuel.
Je profite de ce moment pour revenir à Jay. Sauf qu'un détail m'interpelle, me frappe comme une lame fine qui perfore mes organes. L'expression qu'il arbore déclenche un étrange sentiment en moi. Sa tête baissée est une vision à laquelle je n'ai pas souvent été confronté.
Sa peine est si visible, que je me demande d'où elle provient. Mon inquiétude grimpe en flèche. Le savoir en détresse me secoue de l'intérieur. Parce que son bien être est important à mes yeux. Je le rejoins, une main contre son épaule.
— Est-ce qu'on peut parler, seuls à seuls ?
Les pupilles de Jay s'ouvrent en grand, surpris par ma demande. Il lâche quand même son livre en acceptant. C'est indéniable, quelque chose le tracasse. Et je me demande ce dont il peut s'agir.
***
Installé sur le fauteuil en cuir de mon bureau, j'attends.
Les murs s'imprègnent de l'ambiance austère. La faible luminosité provient de la lampe qui grésille. Les stores sont fermés. Ils l'étaient pour que la lumière de l'extérieure ne me parvienne pas, au moment où j'étais retenu ici. La brise chahute à travers les tuyaux, brisant le silence solennel des lieux.
Mes doigts entremêlés soutiennent mon menton. Jay est plus qu'étrange, une certaine gêne se dégage de la façon dont il s'assoit en face. Je le scanne des yeux limite.
— Tu as trouvé quelque chose ? Cédé-je.
— Il n'y a rien ici, me fournit-il en vitesse. Je pars pour Oslo dans quelques jours.
Quoi de mieux que notre terre d'origine pour enterrer les secrets. Qu'est-ce que ma mère manigance ? Elle a connaissance de choses qui m'échappent. Et je ne peux pas lui poser la question directement. Nous nous sommes lancés dans une sorte de guerre froide.
Quoique, guerre est un terme bien fort. Et moi qui me croyait éloigné de tout ce qui se rapportait à la place d'Alpha.
Sunoo... tout pour lui, parce que je ne supporterai pas qu'il devienne un pantin entre les mains de Kang. Qu'il se fasse pister par les membres de la meute à cause de son lien aux deux affaires les plus délicates. Parce que ma mère le tient dans sa ligne de mire.
Je sais qu'il existe parmi nous, des institutions encore plus sombres que la faction de Sunghoon, qui ne dépendent même pas de ma mère. Rentrer en profondeur de ces organisations qui datent de l'époque impériale ferait ressurgir des histoires qu'on aurait préféré ne jamais savoir.
Je me dois de devenir plus puissant. Non pas en termes de force, mais au sein de la hiérarchie de notre système politique. En tant qu'Alpha. Une fois sur ce trône, personne ne peut aisément atteindre mon renard sans se briser quelques membres. Et j'irai encore plus loin s'il le faut.
Mes mains se détachent, mon regard se perd sur les lignes dans ma paume. C'est la première fois que je ressens une telle soif de pouvoir. Elle grandit sans cesse. Rien ne me paraît assez. Et à lui qui s'est assoupie durant toutes ces années, encore moins.
— Très bien... soufflé-je sur le bout de mes lèvres.
Je me laisse aller contre le dosseret, tandis que Jay se lève.
— Si tu n'as rien d'autres à dire... commence-t-il.
— Qu'est-ce qui te tracasse ?
Son silence me répond. Ses épaules se tendent, il a réagit aussitôt, à peine ma question murmurée. Jay est de nature à fixer les autres droit dans les yeux, sans jamais flancher une seconde. Le fait qu'il m'évite, signifie que j'avais raison.
— Quoi ? Rien rien, ça va.
— Tu mens Jay.
Après tant d'années, il pense que je ne l'aurai pas remarqué ? Il sait pourtant que nous sommes incapables de nous mentir. Il se gratte doucement la nuque, osant enfin me confronter. Ce que je vois dans ses yeux me perturbe. Ce faible éclat qui fait écho à son chagrin. Un rapport avec son chat ? Ou moi ? Je n'arrive pas à savoir.
La nostalgie exhale de son regard. Ce dernier est singulier et particulièrement poignant. Il est rare que Jay soit triste. La majorité du temps, il est bruyant et énergique. Sa transparence l'empêche de dissimuler ses émotions au mieux. Ce qui fait qu'il est si aisé de noter un changement dans son comportement.
Mais encore faudrait-il que je devine la cause de son humeur.
— Je me disais juste que... tu aurais pu confier ça à Hoon'.
Mon sourcil s'arque.
— Pourquoi ?
Je lui en demande trop c'est ça ? S'il a eut des problèmes, j'en prendrai la responsabilité puisqu'il est sous ma tutelle à présent.
— Je ne sais pas, je veux dire, votre, hmm.
Il s'arrête en plein chemin les yeux rivés au le sol, ses épaules retombant, avant de souffler à nouveau.
— Tu es son alpha.
— Je ne suis pas sûr de comprendre.
Je suis encore plus dérouté qu'au début. Il se frotte le bras par gêne. Et je sens qu'il se contient, ou alors qu'il ne trouve pas la façon adéquate de me parler.
— Tu es son alpha, donc les choses changent non ?
J'en ai conscience. Le fait est qu'il n'y a pas eut de réel impact, ni de changement brusque. Du moins, pas avec Sunghoon. Pas grand chose n'a bougé au final. C'est ça qui l'inquiète ? Que ça change entre nous ? Je comptais répondre, lorsqu'il poursuit.
— Du coup, tu devrais lui confier ce type de missions.
Je m'attarde sur la façon dont il se tient. Il se touche de nouveau le bas de la nuque.
— Celui dont j'ai besoin c'est toi, lui confié-je.
Ça n'aurait pas de sens que je demande ça à Sunghoon. Il n'y a personne de mieux placé pour retrouver ce document autre que Jay. Puisqu'il se trouve dans sa faction.
— Tu peux facilement avoir accès aux archives de ta famille.
Jay se braque. J'aimerais savoir à quoi il pense.
— Sunghoon aussi peut le faire, s'il demande à son père.
— Je préfère que ce soit toi.
De plus, Sunghoon est déjà occupé avec SMR. Et pour ma part, je compte creuser plus à propos de ma mère. J'ai une idée sur la personne idéale à contacter.
— Pourquoi moi ?
— Je ne sais pas où tu veux en venir Jay.
— Je, commence-t-il, la frustration coulant dans ses veines qui ressortent lorsqu'il serre les poings. Parce qu'il s'agit de Sunoo. Et, tu ne confis rien en rapport avec lui à n'importe qui.
— Tu l'a dis. Tu fais partie de ma meute. Je ne vois donc pas le problème.
C'est un fait que je ne prendrai jamais un tel risque. Ce n'est pas pour rien que je ne m'appuie que sur mes deux meilleurs amis. Il déglutit, me fixe d'un air ahuri, comme si je lui avais annoncé une nouvelle hallucinante. Ses yeux s'écarquillent progressivement.
— Enfin, je compte sur toi, ajouté-je.
Vu que Jay semble complètement ailleurs, je déplace mes documents sur l'économie et autres dans un tiroir. Les partiels sont pour bientôt, et il y a les chaleurs de Sunoo. Je dois m'organiser comme il faut, car détestant être pris au dépourvu.
— Je suis vraiment... de la meute ?
Le noiraud est toujours dans son état transi. Quelle question.
— Bien sûr.
D'un coup, ses vagues déprimantes se retirent peu à peu. Ça veut dire qu'il va mieux ? C'est ce que ses phéromones me communiquent. Ce n'est pas vrai, en a-t-il douté une seconde ?
— Ne me dit pas que...
À voir sa mine, si, c'est bien ce à quoi je pense.
— Jay... soupiré-je.
— Hé c'est de ta faute aussi ! Tu ne l'a pas dit explicitement.
— Nous n'en avons pas besoin. C'était évident.
— Ouais bon ça va ok ? J'ai cru que... bref, laisse.
Bon, après tout, c'est Jay, il est paumé. On parle de l'homme qui se balade avec de la vaisselle dans son sac. À quoi je m'attendais ? Plus sérieusement, j'ai du mal à croire qu'il ait douté. Tant mieux s'il se ressaisit.
Je n'ai pas le temps d'en placer une que ma porte se fait ' défoncer ' par un sauvageons. J'avais déjà senti sa présence, au moment même où il a pénétré l'appartement. S'il y a bien quelqu'un d'indiscret, c'est un super prédateur. Les odeurs sont trop fortes pour passer inaperçu.
Encore plus quand on s'appelle Ni-ki.
— Park Jay ! Hurle-t-il en avançant.
Je grogne lorsqu'il fait claquer la porte de nouveau. Il y a trop de monde chez moi, et ça risque de me mettre sur les nerfs à force. Ni-ki fonce droit sur mon meilleur ami, qui d'ailleurs panique un peu avant de reculer. Ça m'ennuie déjà, je ferme les yeux, dans un soupir las.
— Depuis quand tu te tape un voyage avec Jungwon ?!
Oh. Mes paupières se rétractent d'elles même. Une lueur éclate au fond de mes rétines à cause de cette croustillante information. Je suis intéressé d'un coup. Alors comme ça, Jay comptait retourner en Corée avec son chat. Cette histoire devient sérieuse. Je délaisse mon ordinateur que je venais de déverrouiller dans la foulée.
— Ah, euh, il te l'a dis...
Jay se fait agresser du regard par un tigre furieux. Toute sa possessivité explose au grand jour. Je ne l'assume peut-être pas mais il me fait penser à moi, le jour où j'ai appris que Sarang avait un petit ami.
— Espèce d'enfoiré ! Tu croyais fricoter avec lui sans que je ne sache ?
D'après Lysandre, j'aurai eus une réaction disproportionnée, bien pire que la sienne. C'est ma grande sœur alors hors de question qu'elle sorte avec un sale type briseur de cœur qui se la raconte avec sa bécane ? Alors oui, j'ai collé ma sœur au lycée tous les jours en faisant de la vie de ce connard, un enfer.
— Ouh là du calme le chaton. J'ai beaucoup de respect pour ton cousin. Je ne vais rien faire d'inapproprié avec lui.
Bien sûr Jay, on te crois.
— Me parle pas de respect quand c'est pour être seul avec lui, dans un autre pays ! S'écrit Ni-ki, scandalisé. J'vais te faire la peau.
Honnêtement, ils se battraient ici que je ne lèverai pas le petit doigt. Ça pourrait être divertissant.
— Je ne te savais pas aussi pervers Jay, ne pu-je m'empêcher de commenter.
Ce dernier m'envoie ses ondes meurtrières.
— Tu crois que c'est le moment d'aggraver ma situation toi ?!
— C'est par ici que ça se passe mon gars, lui signale le tigre sauvage, ramenant son attention sur l'essentiel. Compte pas sur moi pour vous laisser partir seuls ! Je viens aussi !
Après avoir mit le feu à la mèche, je décide tout simplement de sortir. J'ai envie de retrouver mon petit renard. Il me manque déjà. Être trop éloigné de lui me crève le cœur. J'atterris dans mon salon ou l'ambiance ne tarit pas non plus. Le chat s'est ajouté au trio et s'accapare l'attention de mon renard.
J'avais complétement oublié que ce petit démon avait le don de m'éclipser par sa présence. Je regrette d'un coup qu'il soit là.
— Tu es trop mignon Won-Won ! Ça te dirait d'être mon model un de ces quatres ?
Que... quoi ? Non ? Hors de question ? La seule personne que Sunoo doit photographier c'est moi ? Pourquoi il ne me demande pas à moi ? Je suis photogénique et je sais poser. Je commence à broyer du noir et à maudire dans ma barbe. J'aime pas ce qui se passe. Moi aussi je veux être son model.
Le chat qui devait répondre, rit nerveusement et se blottit contre Sunoo. Il— il le colle en plus. Son visage, il est plongé dans son cou. Le cou de mon renard rien qu'à moi. Je me fais consumer par les flammes de la jalousie. Elles me réduisent en cendres et ne laissent qu'un vieux tas de carcasse abandonné et renié de tous.
— Euh Sunoo je crois qu'on a un problème.
— Hein ? Fait mon adorable roux favoris.
Ni-ki est dans le même état à côté de moi. Il irradie de jalousie. Quelqu'un qui me comprends.
— Dis à ta saleté de renard de lâcher mon cousin.
Pardon ? Je retire ma pensée.
— Répète un peu ?
— T'as bien entendu, grogne ce fou.
— C'est ton chat de gouttière qui le colle abrutis.
— Abrutis mais niveau relation foireuses, t'en est où ?
Nos sourires crispés se font face. On s'affronte, nos regards noircis lançant des éclairs.
— Tu ne voudrais pas savoir. Tu risques d'être surpris.
— Vas-y, lâche toi, J'aurais de quoi me foutre de ta gueule. Je me faisais chier en plus.
— Pas étonnant vu que tu n'as personne toi, sale môme.
— Fais gaffe, je pourrais te surprendre aussi.
— Mais c'est qu'il pousse des moustaches le chaton. Range tes griffes, tu vas te blesser.
— Bah alors l'enculé, on se sent menacé ? Faudrait pas que je te dépasse en taille aussi.
— Pense à remplir ton crâne d'abord, et là on en reparle.
— Sale merde. Lâche ton renard, il veut pas de toi.
— Parce que ton chihuahua veut de toi peut-être ?
— Ils recommencent... entendé-je quelqu'un murmurer quelque part.
Peu m'importe qui c'est, je suis trop loin. Malgré l'écart d'âge considérable entre Ni-ki et moi, il n'en reste pas moins le seul qui me confronte avec autant d'agressivité sans craindre des représailles.
Le fait qu'il soit jeune n'empêche pas qu'il demeure un tigre. Malheureusement ou heureusement, il est du même tempérament que mon alpha. Ce qui donne... ça.
Tout dépend de la situation. La dernière fois qu'on s'est associé, en accord avec nos formes animales respectives, nous avions faillit renverser ma mère de son poste et prendre le contrôle de la meute. Nous devions avoir une dizaine d'années environs. Il a été jugé que notre complicité était plus dangereuse qu'autre chose.
Et il est vrai que Ni-ki a été la première personne en qui je me suis le plus reconnu.
Peut-être parce que nous avions tous les deux des épaules frêles pour une trop grande puissance. Une force qui dépassait l'entendement d'un enfant. Il est clair que je ne lui dirai jamais tout ça. La vérité n'en demeure pas moins, quelque part, je me suis senti moins seul en le rencontrant.
Mieux, je me suis définitivement senti complet avec Sunoo.
Tandis que Jay tentait de calmer ces deux là, Jungwon paniquait de son côté. Heureusement, la présence rassurante de Sunoo le protégeait des phéromones étouffantes des deux supers prédateurs. L'hybride renard lorgnait Heeseung avec dédain. Cet homme, il pouvait paraître gamin parfois. Mais au fond, le jeune homme étouffait ses rires. Car d'un côté, la scène était hilarante à voir.
Son loup... pouvait-il vraiment lui faire confiance ?
Jake pour sa part, était sourd aux piques que se lançaient ces deux là. De toutes les façons, Ni-ki était insupportable. Il n'avait aucune envie de s'attarder sur lui. Du moins, il s'en convainquait.
Et en retrait, la silhouette aux cheveux ébène dont la présence était souvent oubliée. Dans son coin, il y a Sunghoon qui repensait malgré lui et la dernière réplique de Heeseung, une pointe de douleur dans la poitrine.
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Tout d'abord, HEESEUNG+ NI-KI = DUO CHAOTIQUE (je les aimes jpp 😭🤍)
Heeseung qui commence à comprendre ce que les chaleurs impliquent pour bébé renard... (🥺 C'est pas une partie de fête pour lui)
Sunoo qui doute mais fait un grand ( rocambolesque) pas 😇 plus qu'à voir comment les fameuses chaleurs vont se passer hehe.
Jay-ssi enfin rassuré 😡 tu fais partie du gang le sang 🔥
Par contre... on en parle... Ni-ki... Jake... Sunghoon 👀 saga never ending 😇☺️😈
BREF ENCORE UN (OU DEUX) CHAPITRES ET ON FINIT AVEC L'ARC 2. Je voulais poster le suivant mercredi (noël) mais avec mon taff surprise demain (oui un réveillon 😑) j'ai pris du retard. J'essaierai de publier dans la semaine 🤍 à bientôt !
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