24. Par hasard.
SUNOO.
Mais quel crétin !
Dire que je me suis tapé la honte tout à l'heure pour expliquer le malentendu à Seungmin est un euphémisme. Je ne peux pas croire que Heeseung ait dit ça. Ou peut-être si, c'est typiquement une réplique qu'il pourrait sortir. Je respecte beaucoup ce senior alors, et il a fallut que ce soit devant lui.
Heureusement que Seungmin a gardé son calme. À croire que c'est une particularité propre aux canidés. C'est sa nature proche de celle de Jake qui m'a interpellé à notre première rencontre. N'empêche, sa réaction était bizarre. Il s'est excusé avant d'inviter Heeseung à son tour. Je me demande si c'était pour ne pas le froisser.
On s'en fiche qu'il soit froissé.
— C'est ici.
Je soulève la tête, observant la devanture du restaurant. Sur l'enseigne, est inscrit 'Claire's corner copia' en grand.
Les ruelles de Chapel sont presque désertes en cette soirée. Inhabituel pour un coin aussi fréquenté. Mais au vu de la température et l'heure, je ne suis pas surpris. Ça me va. J'évite les zones bondés de base mais Seungmin affectionne ce restaurant.
Nous entrons tous les trois.
Je jette un regard curieux à Heeseung qui n'a rien dit jusque là, mais dont la présence se fait fortement sentir. Moi, avec le temps, je me suis habitué à son odeur et je ne me sens pas étouffer quand il fait exploser ses phéromones.
Ça ne doit pas être le cas de tout le monde. Je cible par là Seungmin qui, malgré les odeurs présentes, ne bronche pas.
Nous passons commande auprès d'un jeune homme. J'ai opté pour un smoothie parce que mon estomac ne me semble pas en forme. Après quoi, le châtain nous demande de lui accorder un peu de temps. Il semble connaître ce lieu ainsi que ceux qui y travaillent.
— Installez v—
Il s'exprime à peine — sûrement dans le but de nous inviter à nous assoir en attendant — lorsque Heeseung prend les devants. Il m'emmène en douceur à une table où il m'installe. Je le fusille du regard. Rien ne semble cependant l'ébranler. Il m'ignore royalement.
Il se pose à son tour à côté de moi, sans trop laisser d'espace entre nous.
— Qu'est-ce-que tu fiches à la fin ? Chuchoté-je pour ne pas me faire entendre par mon aîné.
— Je te protège.
Sa réponse me surprend. Il n'a pas hésité à le dire, et avec tant de spontanéité que s'en est déconcertant. Je plisse des yeux pour mieux l'observer. À la fois assuré et vigilent, il regarde devant lui comme s'il guettait le moindre signe de danger.
Son calme apparent peut prêter à confusion. Ses doigts tapotent contre la table d'un rythme lent et répétitif. Je ne sais pas quoi en penser. Heeseung s'est placé à côté de moi comme un rempart. Au fond, je sais que ça plaît à ma renarde.
Mais nous sommes en décalage sur ce terrain, elle et moi.
— Je n'ai pas besoin d'être protégé.
Il n'y a aucun danger autour. C'est plutôt lui qui exprime très clairement ne pas porter Seungmin dans son cœur. Et c'est pesant. Cet homme et son expertise dans la photographie sont importants pour moi.
Je sens le regard de Heeseung. Je ne connais rien à ses réflexions. Il ne réplique pas. Ses yeux ne dévoilent aucune information. Il paraît cependant tiraillé par quelque chose. Il me fixe avec attention, descend lentement son regard vers le bas.
Mes mains ? Mon ventre ? Je tapote ce dernier par réflexe. Puis le haut de mes cuisses. Je le regarde de nouveau.
Les mouvements de ses doigts s'arrêtent. L'intérieur du restaurant n'est pas trop bruyant, car il n'y a pas beaucoup de présence autour. Et notre table est éloignée, située tout au fond à côté de la baie vitrée.
Le bruit ne me parvient plus au fur et à mesure que notre échange visuel se prolonge. Des cristaux de verres. J'ai une soudaine envie de les prendre en photo. C'est purement dans un élan artistique. Ses yeux sont beaux et seraient intéressant à capturer derrière l'objectif.
Je tourne la tête en premier en mordant l'intérieur de ma joue pour réprimer l'envie. Depuis que ma renarde a choisit de se dévoiler à lui, je suis de moins en moins sur mes gardes quand il est là. D'habitude, la confiance de notre forme profonde est la plus difficile à obtenir.
Et la dernière étape pour une relation en construction.
Elle est capable de lire au delà de l'enveloppe corporelle, de sonder l'autre au plus profond de son âme. De ce fait, on ne peut pas lui mentir. C'est pour cela que si on est mal attentionné ou mauvais, elle le sait et peut rejeter l'autre avec violence.
Mais tout ça vient après. Après une rencontre et durant de longs moments passés aux côtés de quelqu'un, les formes animales apprennent à se connaître et s'apprivoiser.
J'ai l'impression que ça a été l'inverse pour ma part. Je ne saisit toujours pas pourquoi ma renarde s'est soudainement approché de lui sans crainte, au point de me pousser dans ses bras. C'est à n'y rien comprendre.
Or c'est la raison pour laquelle que je suis persuadé de pouvoir lui faire confiance. J'ai cherché à la contredire très souvent, sans succès. Elle ne craint rien venant de Heeseung. Il m'a vu transformé et elle s'est jeté dans ses bras. C'était suicidaire. Il aurait pu nous broyer.
Et d'ailleurs, je me demande à quoi ressemble son loup.
Je mord de nouveau l'intérieur de ma joue — je vais me faire saigner à ce rythme — et tourne un peu plus la tête sur le côté. J'aimerais bien contrôler mes pensées mais la curiosité est plus forte. Eh mais ! Ça me fait direct penser au loup de mes rêves. Et si c'était lui ?!
Sa queue est blanche, comme dans mon rêve. Tout-est-lié.
— J'espère que vous n'avez pas attendu trop longtemps.
Seungmin arrive avec mon smoothie et une tasse à café. Heeseung a préféré ne rien prendre. Je ne sais pas si c'est parce qu'il n'a pas faim, où si c'est à cause de la présence du châtain. Oh et puis, il peut rester le ventre vide s'il veut.
— Non, assuré-je à mon aîné.
Il m'adresse un faible sourire avant de s'installer face à nous. J'entends Heeseung grogner à côté. C'est l'odeur canine qui le gêne ou quoi ? Il n'a pas montré de signes d'affection avec Jake non plus. Je sais qu'entre les loups et les chiens, ce n'est pas la joie.
Jake m'en a parlé un jour.
Pourtant, ils fonctionnent pareillement avec leurs système d'alpha et autres. Sauf que de ce que j'ai pu voir dans la famille de mon meilleur ami, l'écart entre alpha et oméga n'est pas si net que ça. Il y a surtout de la cohésion et de l'entraide.
Je dis ça mais je n'ai jamais fréquenté une meute de loups. Je ne me base que sur les rumeurs.
Je secoue la tête. Je divague. J'en reviens à Heeseung dont le regard est plus dur que nécessaire. Je me saisis de mon smoothie, rebuté malgré moi dès que l'odeur me parvient. Je pensais pouvoir en prendre, à défaut du manque d'envie de manger mais, ça n'a pas l'air de passer non plus.
— Un soucis ? Me demande Heeseung.
Je secoue négativement la tête. Je prend sur moi et en boit quand même un peu. Ça va, je n'ai pas non plus envie de vomir. Mon estomac réclame d'être nourris. Il est en désaccord avec mon corps qui se sent un peu nauséeux d'un coup.
Je me dis que ça passera, et que c'est peut-être encore le manque de venum. Parce que oui, ce truc reste addictif et le sevrage n'est jamais sans conséquence. Je n'en abusais pas donc c'est supportable. Mais le changement d'humeur et les soucis avec l'alimentation se font sentir ces derniers jours.
Oncle Kurl m'a remis un comprimé — quand j'ai supposé des maux de ventre — qui m'a bien aidé. Jusqu'à maintenant. J'irai voir Jake demain, étant donné que je ne peux pas en parler à mes parents. Ni à mon oncle. Ils ne savent rien de ce que j'ai fais.
Je prend encore une gorgée de force.
Lorsque je redresse la tête, je remarque deux paires d'yeux braqués sur moi. Les regards attentifs, les bouches silencieuses, les sourcils qui se tordent au dessous des fronts. Je les fixe tour à tour, éberlué, avant qu'un rire nerveux ne me monte à la gorge.
— Quoi ?
Seungmin se replace d'un coup sur son siège, en silence. Il se fait foudroyer des yeux par Heeseung mais n'y prête aucune attention. D'ailleurs, mon toutou revient à moi en lorgnant mon gobelet.
— Je veux goûter.
Sans que je ne m'y attende, il me le prend des mains.
— Hé mais qu'est-ce que tu—... !
Encore un peu et mes yeux se font la malle de leurs orbites. Les lèvres entrouvertes, le choc exhale par là en un vent muet, échappant aux mots coincés dans ma gorge.
Il a bu avec ma paille. C'est un baiser indirect ça, nous sommes bien d'accord. Je ne peux pas le supporter. C'est un fou. En plus, il agit comme si de rien n'était. Mon visage se crispe sous le bug que subit mon corps.
Comment on peut faire une chose pareille ?
— C'est plutôt délicieux, s'exprime-t-il avec surprise.
Je suis dépité. Je plaque ma paume contre mon front, la laissant ensuite glisser entre mes cheveux d'un air dramatique.
— T'as qu'à le garder.
— Tu en veux encore ?
La demande innocente n'est pas la raison pour laquelle je sursaute. Mais bien parce qu'il présente le bout de la paille près de mes lèvres. J'esquive à temps en reculant.
— Tu as déjà bu avec ça !
Il incline la tête sur le côté, la mine entachée par l'incompréhension.
— Et ? Où est le problème ?
Non mais il le fait vraiment exprès où quoi ? Ce n'est pas possible. On ne va pas partager la même paille quand même ! Une seconde. Évidemment qu'il le fait exprès.
Soudain, un rire clair tranche le moment et nous extirpe de notre bulle. Bulle parce que je remarque à cet instant qu'on ne faisait plus attention aux autres, Heeseung et moi.
Je vois rarement Seungmin rire. Ses traits qui paraissent sévères aux premiers abords se détendent.
Cet homme m'étonne. Il a beau subir les foudres du noiraud, il ne bronche pas. Et en plus de ça, il arrive à s'esclaffer. Comme s'il n'était pas sans cesse rejeté par les phéromones de Heeseung.
— Veuillez m'excuser, nous dit-il en se calmant.
— Ne t'en fais pas Seungmin.
J'entends mon toutou pester un clébard dans sa barbe, qui n'échappe pas à mon ouïe fine.
— Heeseung !
Scandalisé, ma main part toute seule et s'abat contre son front. Puisqu'il ne sent pas la douleur, je n'ai aucun scrupule à me laisser aller. Non mais comment ose-t-il alors que le châtain l'a peut-être entendu. C'est même sûr.
Il a beau paraître calme avec sa tasse de café aux lèvres, je pari qu'il l'a entendu. Je foudroie le loup du regard qui se frotte le front.
— Aïe ! Qu'est-ce que tu es violent.
Venant de quelqu'un qui a chuté tout à l'heure sans avoir de séquelles, ce n'est pas ma petite tape qui lui fera quelque chose. Heeseung feint la moue, continuant de frotter son front comme s'il souffrait qu'un mal insoutenable.
Je ne peux pas m'empêcher de rouler des yeux. Il est parfois enfantin, qu'est-ce que c'est chiant. Une fois que Seungmin repose sa tasse, je saisis le moment.
— Désolé pour ça. Il réfléchit un peu de moitié ce soir.
— Fais attention à la façon dont tu parles de moi, lance le loup, outré.
Un sourire crispé se plaque sur mes lèvres. J'adresse un regard assassin au noiraud qui se contente de hausser le sourcil, me faisant bien comprendre que mes menaces visuels ne l'atteignent pas.
Il est difficile à vivre. J'ai eus tord de le laisser entrer dans ma vie, voilà. Il faut trouver un plan pour le pousser sous un camion ou lui effacer la mémoire. C'est plus radicale.
Plus sérieusement, à ce rythme, je vais perdre patience. Ma renarde glousse tout au fond, en réponse à ma frustration. Ce n'est pas le moment, je— J'ai besoin de vacances. Seungmin nous regarde à tour de rôle, donnant l'air de ne rien comprendre.
— Pourquoi t'excuser ?
Je me gratte nerveusement la nuque.
— C'est une bonne question. Pour une fois, appuie Heeseung.
Respire Sunoo, respire. Je regarde Seungmin. Il a quand même conscience que Heeseung ne l'aime pas n'est-ce pas ? Je pensais qu'il s'en était rendu compte. Parce qu'il est observateur et perspicace.
Pourtant, il renvoit l'impression de ne rien saisir de ce qui se trame. Le connaissant, malgré sa nature, il ne se serait pas écraser devant un loup en se sentant injustement agressé par ses phéromones.
Mais Seungmin n'a jamais été aussi maître de ses mouvements et ses mots. On remarque à sa posture la façon dont il est détendu. Il n'intervient juste pas trop dans la conversation.
— Si c'est pour la présence de ton petit ami, ne t'en fais pas. Ça ne me dérange pas.
Petit... quoi...
— Ce, ce n'est pas mon petit ami, voulus-je préciser.
Et là, contre toute attente, la surprise peint le visage du châtain.
Il nous zieute à tour de rôle, comme si ce que je venais de dire était invraisemblable. Mais qu'est-ce qui ne va pas avec cette soirée ? Mon aîné me donne vraiment l'impression de remettre sa vie en question.
Et c'est inquiétant. Il finit par hocher la tête.
— D'accord.
Rassurez-moi, il a comprit n'est-ce pas... ? Heeseung n'est pas mon petit ami. Je ne suis pas amoureux de lui. C'est l'inverse et je me suis pas encore posé pour réfléchir sur ses sentiments avec sérieux.
Soudain, je flaire une odeur. Elle provient de Heeseung. Je me tourne instinctivement et tombe sur la mine assurée d'un loup qui s'imagine plein de chose. Un regard niais et un sourire satisfait. La grimace déforme mon visage.
Je ne veux même pas savoir à quoi il pense.
— Bien Sunoo, et si tu me montrais ton travail ?
***
Seungmin a pu me transmettre des conseils sur mes photos durant les premières minutes.
Mais la suite a été compliqué. Heureusement qu'il n'a pas dit grand chose, à croire qu'il est resté insensible aux phéromones de Heeseung. Soit, ses conseils sont d'une aide précieuse.
— Merci pour ce dîner Sunoo, c'était excellent.
C'était catastrophique il voulait dire. Mais à ce niveau, je ne cherche plus à comprendre. Si le comportement de Heeseung n'a pas heurté le châtain alors, qu'est-ce que je peux dire moi ?
— Euh, ouais. De rien.
Je suis nerveux en disant ça. Il ajuste son écharpe autour de son cou, un fin sourire ornant ses lèvres. Avant qu'il ne parte, je me rappelle une question que j'étais censé lui poser.
— Pour ta scéance photo, tu ne m'as pas donné de date.
— Oh ça...
Son regard diverge vers la vitre. Je l'imite et croise la mine agacée du loup à travers. Il ne cache en rien son humeur et semble avoir rassemblé toute la patience du monde pour nous laisser seul. Il nous garde à l'œil.
Je crois que j'ai compris. Il est jaloux.
C'est pire. Seungmin revient à moi, les yeux rieurs.
— Il vaut mieux annuler.
— Mais, pourquoi ? Je suis prêt à le faire. Après m'avoir attendu autant de temps dans le froid, je te dois ça.
— Je sais. J'ai passé une excellente soirée avec vous deux tu sais ? Ça fait des années que je ne m'étais pas autant amusé.
Il aime qu'on le déteste c'est ça ? Seungmin est particulier. Mais, à ce point ? Nous ne traînons pas souvent ensemble, il est vrai que je ne le connais pas tant que ça au fond.
J'aurais nagé de surprises en surprises ce soir.
— D'accord mais, je ne comprends toujours pas.
Les pommettes rehaussées, ses yeux formant des arcs, il s'apprête à poser sa main au dessus de mon crâne comme il le fait parfois. Mais il s'arrête en plein élan et la range rapidement. Il a peur de Heeseung ? Question idiote, c'est évident.
— Je tiens à ma vie, disons, dit-il, un air théâtralement anéanti.
Je le savais. Tout ça c'est de la faute du toutou et sa jalousie mal placée. Seungmin efface vite sa mine triste lorsqu'il reprends.
— Et il faut dire que je respecte les jeunes couples et leur possessivité.
— Nous ne sommes pas en couple.
— Oh, alors je n'y comprends plus rien. Il se fait tard, portez vous bien.
C'est peine perdue, il ne me croit pas. Je le regarde s'en aller, l'air heureux. Passer des heures sous les foudres du loup l'a rendu euphorique, c'est incompréhensible. Je comptais retourner à l'intérieur mais Heeseung ne m'en laisse pas le temps.
Parce qu'il place son manteau sur mes épaules par derrière. Sa présence imposante dans mon dos est impossible à ignorer. Ses phéromones agressives se sont certes calmés, mais la face rigide et méfiante demeure. Je me sens coincé alors que ma renarde apprécie la proximité du loup.
— Rentrons.
J'enlève son manteau qui tombe, provoquant un léger froid entre nous. Le vent se lève, siffle doucement dans nos oreilles. Il est glacial, annonciateur de l'hiver. Les frissons parcourent ma nuque.
La noirceur de la nuit nous enveloppe. Plus de soleil, plus de rayons chaleureux, plus de rires. Je lui en veux d'avoir rendu le moment inconfortable et je veux qu'il comprenne.
— J'ai accepté qu'on se parle plus souvent, pas que tu deviennes envahissant.
Nous ne sommes pas engagés et il n'y avait aucune raison à sa jalousie. Je sais qu'il m'aime, mais de mon côté je ne pense pas ressentir la même chose. Je sais qu'il faut prendre une décision. J'ai toujours été vif dans ce type de situation, parce que j'ai toujours su si je voulais de quelqu'un ou pas.
Alors pourquoi je n'arrive pas à le dire ? Je ne t'aime pas. Il n'y aura jamais rien entre nous. C'est facile. Il suffit d'ouvrir la bouche, formuler à voix haute la pensée. Seul un souffle chaud et expulsé, formant une buée.
Heeseung ne cache pas sa surprise. Or quelques secondes après, son visage se ferme, je ne peux pas savoir à quoi il pense. Il se penche pour ramasser le vêtement en silence. C'est frustrant.
Quand ma propre forme profonde est en désaccord avec moi.
Parfois, ça me donne l'impression de ne plus rien contrôler. Heeseung remet le manteau sur mes épaules, de quoi me faire hausser les sourcils.
— J'agis normalement.
Je suis prêt à répliquer, poussé par mon impulsivité mais il m'arrête.
— Tu ne remarque même pas ton odeur qui change ?
Je déglutis. Mon cœur qui battait plus vite à cause de ma contrariété se calme peu à peu. Mon odeur... c'est quoi le rapport avec mon odeur ? Je ne comprends pas. Je ne sens rien de différent.
Il y a toujours la fine odeur de pluie et de feuilles mortes, au milieu de l'essence de cèdre et d'ambre. Et les seules failles de mon bien être, je le met sur le manque de venum.
Heeseung soupire.
— Je m'en doutais. Rentrons.
Il se saisit de ma main pour avancer mais je m'arrête, un hoquet m'échappant à cause d'une douleur, semblable à une aiguille qui perfore la peau au niveau de mon ventre.
— Attends !
Je commence à comprendre. Lentement mais sûrement. Et ça n'a pas de sens. Elles étaient censées se produire le vingt. Je n'arrêtais pas de vérifier la date, angoissant dessus chaque soir avant de dormir.
Je croyais disposer d'encore assez de temps avant ce jour fatidique.
Mais alors...
Je tente un pas mais une violente crampe me fait serrer les dents. Ok, ok, ça ne va pas aller. Ça ne va pas du tout. Mon esprit se teint en noir, peuplée de pensées négatives régurgitées par la peur. Cette douleur qui me hantait devient réelle.
Et je ne suis pas préparé. Je vais y passer. J'entends Heeseung pester un merde dans sa barbe. Le mot adéquat pour la situation. C'est la merde. Un sourire amer déforme mes lèvres, mes jambes ne me soutiennent plus.
L'univers veut vraiment me faire chier n'est-ce pas ? Encore une fois, mes chaleurs tombent par hasard au beau milieu d'une ruelle froide, l'endroit le plus charmant.
— Jake... appelle...
Sauf qu'il y a Heeseung à côté.
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Les chaleurs... nous y sommes...
.... pronostics ? 😇
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