23. Petit ami.







SUNOO.




Oncle Kurl m'a bien remonté les bretelles.

Je ne me rappelle pas m'être levé si tôt depuis des mois. Ça caille, c'est un mois de décembre ça. Les frissons m'assaillent en continue. Les partiels ne sont que pour début février. N'empêche, j'ai manqué tant de cours que je file droit à la catastrophe.

Alors manteau, bonnet, bottes et écharpe. C'est important l'écharpe en cette saison

Entre les devoirs non rendud et les projets sur lesquels je me suis absenté, le savon qu'on m'a passé était mérité. Même si oncle Kurl aurait pu être plus sympa. Ce n'est pas de ma faute si j'étais déconcentré. Mais celle d'un loup.

Je souffle devant mon miroir et recouvre au mieux mon cou. Heureusement que personne n'a découvert les traces de morsures. J'aurais été confiné chez moi pour le reste de l'année. Enfin, je crois. J'exagère ?

Je tente d'imaginer la réaction de mes parents. L'image en tête me fait grimacer. Non, j'exagère pas. J'ai des frissons rien qu'en y pensant. Je passe un coup de peigne dans mes cheveux, nouvellement roux. Une folie de ce week-end. Jake et moi voulions sauter le pas.

Surtout moi. Ce sale traitre s'est défilé au dernier moment. Dans tous les cas, me voilà tout beau avec ma nouvelle coiffure. Ils ont coupé les mèches qui m'allaient jusqu'au bas de ma nuque.

J'aime bien ma nouvelle tête. Et la coloration qui va avec. Je m'éloigne du miroir et vérifie mon porte-monnaie.

N'hésite pas à me demander quoi que ce soit.

La voix de mon oncle résonne encore dans ma tête. D'accord mais je n'aime pas trop l'embêter. Je ne m'habitue toujours pas au fait d'étudier, avoir de l'argent à disposition sans devoir bosser. Depuis qu'il a tout prit à sa charge, je ne me soucie plus de rien côté financier.

Mais lui demander... mamie n'aime pas oncle Kurl pour je ne sais quelle raison. Alors, elle fourre des billets dans les poches de mon sac qu'elle gagne en vendant ses gâteaux, lorsque j'ai le dos tourné.

Je ne peux quand même pas accepter indéfiniment. C'est son argent. Les vieilles dames sont douées. Elle a encore réussie à les glisser dans mon porte-monnaie, malgré ma vigilance.

Je remet ce dernier dans ma poche.

Ça me fait bizarre de sillonner les couloirs de l'école des beaux-arts. Sentir l'odeur de peinture, du bois provenant des amphithéâtres mêlé à celle du cappuccino. J'ai finis le mien tout à l'heure, il m'a réchauffé. Tout le monde semble en avoir besoin en ce lundi matin.

Certains s'écartent en me croisant. Ce sont surtout des proie. L'odeur de loup les effraient. J'ai finis par m'habituer aux regards insistants. D'autres têtes curieuses me dévisagent comme si j'étais un extraterrestre. Pas surprenant.

J'ignore et m'installe tout en haut de la salle, loin de l'estrade. Les étudiants débarquent. L'odeur des autres espèces qui agressent dès les premières heures est plus que désagréable. On fait avec.

Malheureusement, avec ce temps, les grandes fenêtres sont fermées. De forme rectangulaire, à l'horizontale et faites de verre, elles laissent passer la lumière du jour.

Cette dernière est faible aujourd'hui, car le ciel est couvert et le brouillard sévit. Je sors de quoi noter avant d'étaler une petite nappe Vichy sur laquelle je vais, et bien, dormir.

C'est beau les résolutions. Mais encore faudrait-il que je les tienne. J'étais motivé plutôt pourtant. J'aurais tenu quelques heures. Un exploit, à noter. Et donc, je me cale entre mes bras croisés et ferme les yeux, poussant un soupir de bien être.

— Tu ne prends pas note ?

La seconde d'après, un frisson chatouille mon échine. Le genre de frissons procuré par un vent venu des enfers. Je suis figé, le visage déformé par la grimace.

Ne me dites pas que...

Je relève doucement la tête. Si. Si, si. C'est bien lui. Heeseung et un sourire aux lèvres.

— Qu'est-ce que... tu fais là...

— Bonjour à toi aussi, lance-t-il avec entrain.

Je rêve. Je passe un coup d'œil rapide sur sa silhouette. Il est bien habillé, comme d'habitude. Je sens que cet hiver on aura droit à toutes sortes de manteaux. Il porte sa montre de toujours. Je relève les yeux, quittant son torse.

Non mais pourquoi je regarde là bas aussi.

Ses yeux globuleux me fixent. L'odeur de cèdre m'enveloppe et vient titiller mes narines. C'est doux. Je ne sais pas si c'est à cause du froid mais ses pupilles ont presque l'air transparent et créent un contraste saisissant avec ses cheveux noirs. Ah tiens, il ne les a plus en violet. Ça tendait sur de l'auburn en plus. Je trouvais ça jolie.

Cependant, le noir lui va encore mieux.

Les mèches de devant encadrent la moitié de son visage. C'est moi ou il est plus pâle ? Je plisse des yeux. Hum. Le contour de ses yeux est terne. En vrai, ça donne un style rock. C'est nouveau. Ça lui va.

Je suis habitué à croiser mes propres cernes après les nuits blanches. Et son visage y ressemble un peu. Je me mords la lèvre par réflexe. Je ne sais pas quoi penser de ça.

Je hausse le sourcil en remarquant qu'il est toujours perplexe.

— Quoi ?

Heeseung cligne des yeux.

— Hm. Tes cheveux.

Ah. C'est le premier qui les remarque. Je tourne la tête, masquant ma gêne avant de demander.

— ...T'aime ?

Je l'entends déglutir. Il tend la main. Je le laisse faire. Elle s'arrête près de mes cheveux. Je lance un regard en coin sans bouger. D'un petit mouvement de tête, il comprend. Il me touche les cheveux. C'est une sensation bizarre, mais pas désagréable.

— Ça te va, dit-il avec assurance.

Je sens dans sa voix toute sa sincérité. Un mince sourire déforme mes lèvres. Mais je le cache aussi vite et me racle la gorge.

— Cool.

Bon, maintenant qu'il est là — il s'est surtout incrusté dans mon cours — je range ma nappe.

— Qu'est-ce que tu fais là d'abord ?

Soudain, Heeseung rit nerveusement et enroule sa mèche rebelle autour de son doigt comme pour se distraire. Il regarde sur le côté pour éviter le mien.

— Moi ? Je me suis perdu.

Je suis blasé.

— Et tu penses que je vais te croire.

— Je ne mens pas.

Non, c'est qu'il ne fait aucun effort pour mentir surtout. Je renifle à des kilomètres la vieille excuse dépourvue de toute crédibilité.

— Tu crois.

Soudain, il pose ses mains contre la table. Sa posture est droite. Elle l'a toujours été maintenant que j'y pense. Rien avoir avec moi qui me tient n'importe comment. J'ai senti les torticolis passer.

— De toutes les façons, à cette heure, mes cours ont déjà débuté. Et c'est à l'autre bout de la fac. Autant que je reste là.

Pour quelqu'un qui rate ses cours, il est plutôt de bonne humeur.

— Avoue que tu l'as fait exprès.

— Absolument pas.

Son visage dit le contraire. Enfin bon, espérons qu'il se tienne tranquille.

— Pas un mot. C'est sérieux la photographie.

— T'inquiète ! Reçu cinq sur cinq.

***

" T'inquiète. " Tu parles ! J'avais de quoi m'inquiéter.

J'ai cru qu'on allait se faire chasser de l'amphi'. Bon au moins ce n'est pas arrivé. Par contre, j'ai pas pu dormir comme je l'espérais. J'ai été presque forcé de prendre des notes. Le bon côté c'est que j'ai rattrapé mon retard. Pas entièrement. Juste un peu.

J'ai réussi à le chasser pour les cours suivants. Qu'est-ce qu'il est collant. En plus, il attire l'attention avec sa taille et sa carrure. J'aime bien être discret. Quelques louves m'ont mal dévisagé. Comme si elles étaient effrayantes. Ça m'a fait rouler des yeux, frappé par l'ennui.

— C'est pas elles qu'on a mordu déjà !

Je m'arrête.

Non. J'ai pas dis ça. Des étudiants me fixent étrangement, me confirmant que j'ai crié. Ça m'arrive à force d'être investi dans mes pensées. J'oublie que je suis dehors et que je ne peux pas me parler à moi-même. Je passe pour un fou. Je change vite de direction.

Bon, j'en étais où déjà ? Heeseung.

Ah non, ne pensons pas à lui.

Il est quinze heures. Le temps a filé comme s'il était pressé de rencontrer la nuit. Je ne vois pas Jake aujourd'hui. Ni personne. Le lundi, tout le monde est chargé donc... Je traîne dans le Green et m'assois à côté d'un marronnier qui a perdu ses feuilles. Quelques unes reposent à côté de la racine. Je frissonne lorsque le vent se lève.

J'attends avec impatiente les premiers flocons. J'adore la neige.

Je sors mon appareil. Je dois me rattraper pour cet hiver et j'ai un projet à mener. Voir le monde à travers mon précieux, qu'est-ce que ça m'avait manqué. Capturer un bout de la nature sur du papier, c'est fascinant. Ma passion m'emmène jusque près d'un buisson.

Je me baisse pour prendre une noisette abandonnée en photo. Mon père qui m'a toujours répété de me tenir éloigné des prédateurs au risque de me faire manger. Si je croise un rongeur, il risque de me fuir, parce que je suis plus haut classé dans la chaîne alimentaire.

Sauf qu'une fois, un écureuil m'a approché et posé une question banale sans vriller. Je n'aurais jamais osé avec un loup moi. Enfin bon, je divague. Je secoue ma tête pour mieux me concentrer sur ce que j'ai—

— On se retrouve !

— HA !

Je crie et tombe sur le côté. Je viens de voir un truc affreux, c'était horrible ! On aurait dit un fantôme. Je me retourne.

Ah. C'est Heeseung. En voyant ma tête, il plisse des yeux.

— Je me sens vexé. Je suis moche ?

C'était juste Heeseung bon sang, qu'est-ce qui ne va pas avec lui ? Je me calme.

— Qu'est-ce qui t'as pris de débarquer comme ça ?!

Il passe de la surprise à l'amusement.

— Je te cherchais.

Hein ? Bon, je me relève en nettoyant mes vêtements auxquels les brins d'herbe se sont accrochés. Il suit mon mouvement sans perdre de son air euphorique. Je vérifie que mon appareil n'ait rien. Il est intact. Mince, maintenant que j'y pense, j'aurais du le casser. Heeseung est riche non ? Je l'aurai arnaqué pour obtenir le dernier model en vente.

Tu es trop vicieux Sunoo...

Ça reste un bon plan.

— Ça va ? Tu fais une tête... inquiétante, s'enquit le loup à côté.

Zut. Je reprends mes esprits.

— Alors ?

Alors ? Répète Heeseung, visiblement largué.

J'y crois pas.

— Pourquoi tu me cherchais ?

Quelle excuse va-t-il sortir cette fois-ci ? Il s'est perdu ? Il passait par hasard par là ? Il a vu une coccinelle et l'a suivit, ce qui l'a du coup mené ici ? Ah non, ça c'est Jungwon. Heeseung incline la tête sur le côté.

— Tu me manquais.

Il me faut une seconde. Plusieurs minutes. Je n'ai pas les mots. Une sensation de brûlure ravage mon visage. Un rire nerveux me monte à la gorge.

— Qu... quoi ? Tu es sérieux... ?

Il s'étonne, avant de hocher la tête. Nous nous fixons durant de longues secondes où ma tête se vide. Et soudain, je frotte mes mains contre mes joues pour chasser les pensées parasites qui débarquent, provoquées par ma renarde.

Ce n'est pas possible, il faut que je me calme. Voilà, prend un grand bol d'air. Je penche la tête vers l'arrière et met du désordre dans mes cheveux. Une fois sûr d'être calmé, je peux reprendre.

— On n'est pas en couple, tu sais ?

— Pas encore oui, répond Heeseung avec assurance.

Exactement, pas encore— non c'est pas ce que je voulais dire !

Au secours, qu'est-ce qui m'arrive ? Je secoue vivement la tête. Reprend tes esprits ! Je ravale ma salive. J'allais dire quelque chose mais il supprime l'espace entre nous en s'approchant.

— Tu prenais des photos ? Dit-il, le regard curieux.

Regard surtout rivé sur mon appareil. Ses pupilles brillent. Il a l'air intéressé. C'est la première fois que j'ai droit à ça. Jake me félicite souvent c'est vrai mais, je n'ai pas l'habitude de partager ma passion. Peu s'intéressent à ma filière.

— Euh, ouais.

— Je peux voir ?

Je hoche la tête et fait défiler les images.

À cet instant, tout a changé. Le loup m'a suivit dans tout le green, me posant des tas de questions. Il est resté dans mon ombre tandis que je prenais d'autres clichés. Et si au début, ça m'a déstabilisé, j'ai finis par m'y faire.

Lorsque ma main tremble, il les recouvre des siennes en se tenant en arrière. J'avoue que ça m'aide à rester immobile. Même si nous sommes pratiquement collés et que, encore une fois, c'est une drôle de sensation. Mon souffle s'accorde au sien. Et lui me suit lorsque je change de position.

Dans la journée, le soleil a été un peu visible. À présent qu'il est seize heures, il disparait déjà. Ça me tenait à cœur de prendre une photo en jouant sur les rayons crépusculaires et sa lumière. Heeseung est une aide que je ne peux pas forcément ignorer.

Et le résultat après mes efforts me satisfait.

— C'est magnifique... me souffle-t-il à l'oreille.

Mon visage s'embrase. Parce que c'est mon art qu'il complimente et ça compte pour moi, énormément même. Donc, je n'arrive pas à rester indifférent. C'est encore plus que me complimenter moi. Quand il s'agit de mes photos, c'est toujours différent.

— Tu le penses vraiment ? Demandé-je tout bas.

Même si j'ai déjà finis, il reste calé dans mon dos. Ses mains relâchent les miennes et encerclent ma taille. Il pose son menton sur mon épaule.

— Oui. Tu es doué.

Wow. Ça me fait plaisir de l'entendre. Je ne peux pas m'empêcher de sourire.

— Et le dernier ? C'était assez clair ?

Même si je ne le vois pas, je sens qu'il hoche la tête à cause du mouvement de son menton.

— Plus que parfait Sunoo, m'assure le loup.

D'accord d'accord, j'ai le cœur qui palpite là. Je regarde à nouveau l'image. Je voulais un rendu excellent. Je pourrais me dire que son avis est biaisé parce qu'il m'aime mais, je n'ai pas l'impression qu'il ment. C'est tout le contraire.

Merci, marmonné-je dans ma barbe.

Le mot me brûle la langue. C'est sorti sans que je ne m'en rende compte. Je regrette un peu mais c'est trop tard.

— Pardon ?

Pinçant mes lèvres, je dévie le regard ailleurs.

— T'as bien entendu.

— Non, s'il-te-plait, répète le.

J'étouffe presque avec un rien lorsqu'il me serre un peu plus fort. À cet instant je me rend compte que nous sommes trop proches. Voilà voilà, il n'y a quasiment pas d'espace, son nez effleure mon cou. Bientôt, c'est son souffle chaleureux qui me percute.

La sensation de ses lèvres sur ma peau suffit à m'alerter.

— Hé— ho, nous sommes en public !

Je suis figé. Pas par peur. Heeseung ne bouge pas lui aussi. Et moi, j'ai un tambour à la place d'un cœur. Je sens le sien comme s'il était greffé dans ma poitrine. C'est quand même fou.

Ma respiration est laborieuse, les fourmillements sur le bout des doigts à cause du froid diffèrent de ceux au creux de mon ventre. Son souffle est plus reposant, il est brûlant et mon corps apprécie, à cause du froid. Cette position est réconfortante. Et la sensation de paix lutte avec la gêne.

Parce que je ne suis pas si démonstratif de base, ou juste câlin. Sauf ces rares fois et je me sens vraiment à l'aise, au point d'apprécier des étreintes douillettes. Je n'ai pas spécialement envie de le pousser, ni mettre une longue distance entre nous. Il s'accroche à moi comme un koala.

Pendant un moment, l'idée qu'il me morde encore me crispe. Cependant, je comprends qu'il ne le fera pas lorsque je ne sens que ses lèvres. Alors c'est un peu dérangeant aussi mais pas tant que ça. Dans la mesure où c'est inhabituel et je ne sais pas comment réagir.

Mon corps le fait à ma place après. Je n'avais pas l'habitude avec les personnes que j'ai fréquenté par le passé. Ce n'était jamais rien de sérieux, rien qui ne durait dans le temps. Ce n'était pas basé sur le sexe, ce n'étaient pas des relations abusives. C'étaient juste des couples lambdas, quelques baisers, des caresses rapides sans jamais aller plus loin.

Des trucs légers. Les renards ne sont pas les plus chaleureux. J'ai le droit à un loup collant et, est-ce que ça me dérange ? Tant que ce n'est pas tous les jours. Mais si c'est de temps en temps, quand il fait froid, ça passe. Je crois.

C'est le silence. Il pionce ?

— J'te préviens, t'as pas intérêt à baver.

Ma petite pique secoue Heeseung aussitôt.

— Je ne bave pas. Je ne dors même pas.

— Hmm.

Je laisse mon appareil à côté.

— Ça veut dire quoi ce bruit suspicieux ?

Mon sourire s'élargit.

— Rien, dis-je, feignant un air détaché.

— Comment ça rien ?

Il en faut si peu pour piquer sa curiosité lui ? Heeseung comptait se déplacer mais je ne sais pas comment on se débrouille pour tomber. Nous nous sommes hissé plus tôt au dessus d'une pente. Ses bras m'entourent aussitôt ! On roule en boule sur les feuilles mortes qui craquèlent sous notre poids.

Il n'a pas hésité à me cacher sous mon corps. Mon rythme cardiaque s'affole lorsqu'il se cogne contre le pieds d'un arbre. Atterrissant au dessus de lui, je me redresse en vitesse.

— T'as rien ?

Avant même qu'il ne réponde, j'enchaîne.

— T'as un truc de cassé ? Bouge pas, ça risque d'aggraver le—

Mais le fou se met à rire. J'hallucine en le voyant ricaner comme s'il ne venait pas d'avoir un accident. C'est la douleur qui le fait délirer ? Je fronce les sourcils.

— Heeseung, ce n'est pas drôle, dis-je d'une voix dure.

Il s'arrête aussitôt, penaud.

— Oh, non, ce n'est pas ça.

Alors c'est quoi alors ? Moi je suis inquiet et il rit. Il se redresse à son tour. J'ai peur d'entendre un os craquer mais il ne grince même pas. Aucune trace de douleur sur son visage.

— Hey, je n'ai pas mal.

— Regarde ça, dis-je en pointant le tronc du doigt. C'est dangereux ! Ce n'est pas drôle.

Malgré le fait que je sois remonté — je ne sais même pas pourquoi ça m'énerver, l'adrénaline ? — il demeure calme. Il tient mon visage en coupe, le bout de ses doigts se plongeant dans mes cheveux.

— Tu as raison, ça ne l'est pas.

Mon cœur bondit mais je l'ignore. Ses yeux sont aimants, chaleureux, si clairs.

— Oui, appuyé-je de nouveau. Pas drôle.

Il hoche la tête comme pour me signaler qu'il a entendu. Et compris.

— Mon adorable renard.

Ha. Haha. Hahaha. Ça danse la Macarena dans ma poitrine. Ça picote au niveau de mes joues. C'est le froid. Oui voilà, le froid. Rien d'autres.

— Essaies pas de me prendre par les sentiments, dis-je, outré pour rendre l'atmosphère moins romantique.

— Jamais je ne ferai pas.

Pourtant, un rictus orne ses lèvres. Il le fait exprès ? Bien sûr qu'il le fait exprès.

— Je ne suis pas adorable, grogné-je.

Ça ne va pas le faire par contre, je n'ai rien d'adorable d'accord ? Je me préfère grincheux et ça me convient. Le loup incline légèrement la tête sur le côté.

— Tu préfères que je dise renarde ? Tu penses quoi de ça ? La plus belle des renardes.

Un frisson de dégoût me traverse. Les yeux plissés, je lui réponds avec tact.

— Plus jamais.

Il ne me dégoûte pas lui-même. Plutôt la phrase. Franchement, la plus belle des renardes, c'est horrible. Ouais. Non.

Soudain, il explose de rire. Je marmonne des malédictions tout bas. Mais j'avoue que son rire est contagieux. Je pince mes lèvres pour me retenir. Peu à peu, il se calme tandis que je croise les bras. Une fois le silence revenu — faiblement troublé par des grignotages en fond — je reprend.

— Tu n'as vraiment pas mal ?

Le souffle de Heeseung se tasse. Il secoue la tête. Je sais qu'il est solide mais bon, ça reste une sacrée chute quand je regarde le sommet de la pente. Et puis, les feuilles s'accrochent à nos manteaux maintenant. Et nous sommes couverts de poussières.

— Tu veux vérifier ? Me demande-t-il.

J'affiche un air agacé lorsqu'il soulève sa chemise, m'adressant un regard malicieux.

— Bats les pattes, pesté-je en donnant une tape sur ses doigts.

Il fait mine de bouder. Je roule des yeux. À ce moment, je remarque un truc qui contribue à ma crise cardiaque. Je suis... je suis...

J'étais assis sur ses jambes depuis tout ce temps !

Sur ses... non, je rêve n'est-ce pas ? Les yeux ronds, je ne me suis jamais levé aussi vite. Comment j'ai fais pour ne pas remarquer ça ? Cette position, elle est, arg !

Heeseung n'a pas l'air offusqué. Époussetant ses vêtements, il repositionne son bonnet. Il n'a rien remarqué, si j'agis comme si de rien n'était, j'évite ses commentaires.

Je fais alors comme lui. Le silence s'installe sans être pesant. Juste étrange. Je m'assure de n'avoir aucune feuille sur mes vêtements. De toutes les façons, je rentre bientôt.

Dans la foulée, mon ventre grogne. On se doute bien qu'un bruit pareil n'est pas passé inaperçu aux oreilles de mon loup.

— Je connais un excellent restaurant.

Je ne rate pas l'invitation masquée. J'allais répondre quand des pas s'approchent.

— Kim Sunoo ? Te voilà enfin.

J'ai à peine le temps de voir qui c'est, que Heeseung se place en avant, comme s'il se servait de bouclier pour me protéger du nouvel arrivant. Je me dis que je reconnais cette voix et je me hisse sur la pointe de mes pieds pour savoir qui c'est.

Au bord de la route, un jeune homme se tient dans son manteau jaune moutarde. Cheveux châtains, un visage rectangulaire et des lunettes de vues. C'est mon aîné, en troisième année dans la même école que moi. J'avais complétement oublié, j'étais censé le rencontrer cet après-midi.

Au lieu de ça, j'ai passé tout ce temps avec Heeseung sans m'en rendre compte. Les heures se sont écoulées. Le ciel s'assombrit déjà. Je me sens un peu mal parce que je l'ai laissé en plan ; c'est moi qui l'avait sollicité de base. Je voulais son avis sur mon travail. Il est doué, et surtout occupé.

— Seungmin, je, toutes mes excuses. Je, je cherche des raisons mais je n'en ai pas, j'ai merdé. Désolé, dis-je en soufflant. J'ai oublié.

Je passe devant Heeseung et l'ignore sans m'en rendre compte. Seungmin le fixe un moment mais ne s'attarde pas sur lui. Il garde les mains dans ses poches.

— Je remarque.

— Vraiment désolé. Dis-moi comment me faire pardonner.

C'est normal qu'il soit contrarié. Il a du m'attendre pendant des heures. C'est un étudiant pour qui j'ai vraiment beaucoup de respect. Je vois dans ses yeux qu'il est vexé, mais qu'il tente de ne pas s'emporter non plus. Je n'ai pas sa maîtrise. Je m'enfonce.

— Eh bien, et si nous dînions ce soir ? Et tu me montrera ce fameux travail.

Mes yeux s'écarquillent.

— Tu veux toujours m'aider... ?

— Bien sûr Sunoo. Essayons de faire en sorte que cette situation ne se reproduise plus ? Et tu me devras un service en retour.

Rien que ça ? Il mérite.

— Tout ce que tu veux !

— Très bien. J'aimerais t'avoir comme model prochainement.

— Je le ferai, dis-je avec un sourire rassuré.

— Une minute.

La bulle éclate. Pendant une seconde, j'oubliais la présence de mon toutou collant. Je comptais les présenter mais à voir le regard de Heeseung, je déglutis. Qu'est-ce qu'il a ? Ses sourcils sont froncés. On dirait que quelque chose le contrarie fortement.

Il s'avance avant de se mettre à côté de moi et entourer ma taille de son bras.

Mais qu'est-ce qu'il fait ? Devant Seungmin en plus ! Et en parlant de ce dernier, il se fait dévisager par les yeux glacials de Heeseung. Je ne comprends plus rien. Pourquoi il devient aussi hostile ? Est-ce qu'il connait mon aîné ? Il n'a pas l'air de l'apprécier. C'est pire. Il fait exploser ses phéromones.

Heeseung donne l'impression d'étouffer ses grognements au fond de sa gorge. Il s'apprête à parler. Son ton est plus grave que d'habitude, menaçant et aiguisé.

— Je peux savoir en quel honneur tu dînes seul à seul avec mon petit ami ?

Pardon... ?












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Vous n'avez pas remarqué un truc avec ce chapitre ? N'est-il pas particulier ? Pensez-y. 😊

Sinon la douceur svp !! 🤭❄️📷 J'espère que vous avez apprécié, que vous avez fondu, hurlé, tapé dans un coussin comme moi.

Seungmin est dans la foule 👀💅🏽

Vous sentez cette odeur ? Ouais, ça pue la jEaLoUsY ✨ *tousse* PETIT AMI HEIN, ÇA VA CHAUFFER AU CHAP SUIVANT- 🏃🏽‍♀️💨

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