12. Défis moi.











SUNOO.





J'ai eu beaucoup de mal à comprendre à quoi cette suite faisait référence.

Après que Heeseung se soit écarté, je me suis redressé. Il avait ce sourire mystérieux collé sur ses lippes qui me donnait une étrange sensation. Il m'a demandé de le suivre, ce que j'ai fais sans manquer de déglutir, pensant avoir déclenché quelque chose que je ne pourrais pas contrôler.

Nous avons pris les escaliers, ma main accrochée à la rambarde métallique. Les marches en bois associées à cette dernière donnent un côté industriel qui m'a plu. Et donc, je suis resté focalisé sur le style de décoration que j'aime bien, pour me distraire.

Et puis, qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ?

Je me prenais la tête pour rien. Il a poussé la porte bleu métallique d'une chambre qui porte son odeur, ajoutant sur un ton grave, un « entre ». J'ai obéis sans m'en rendre compte.

Et voilà. Welcome back au présent. Je me prends la tête pour rien. C'est juste sa chambre. Après tous les efforts que j'ai fournis pour squatter gratuitement chez lui, je ne vais pas commencer à me plaindre.

Sauf que, c'est sa chambre. Pourquoi m'y a-t-il emmené ?

Elle est vaste, balançant entre le bleu et le blanc albâtre. Minimaliste, ne contenant que le strict nécessaire. Si on veut mon avis, c'est trop académique pour moi. Ça manque un peu de bordel par ci et là.

— C'était sympa de me faire visiter ta chambre. Bon, elle n'est pas à mon goût mais tant que ça te plaît, c'est l'essentiel.

J'affiche un beau sourire pour lui montrer que même s'il a des goûts discutables, je respecte son avis.

— Bon et bah, je redescends.

Un rire nerveux m'échappe et je lui tourne le dos. À peine ma main frôle le poignet que sa voix gronde comme le tonnerre.

— Où comptes-tu aller ?

C'est n'importe quoi, pourquoi je suis figé d'un coup ? Il n'est pas censé faire peur ! C'est un loup, tout ce qu'il y a de plus doux n'est-ce pas ? Durant ces derniers jours, il n'a cessé de renvoyer l'image d'un adolescent un peu naïf et trop altruiste. À moins qu'il n'ait fait semblant, ce qui serait quand même un plot twist énorme.

Je ne cesse de me répéter qu'il est inoffensif. Peut-être même qu'il est tout mignon et innocent au fond.

— Euh, en bas ? 'fin, pas que la visite m'ennuie mais, j'ai, euh, sommeil.

Je joue la carte de la manipulation en feignant de bailler. Ça devrait marcher puisqu'il m'a cru jusque là. Mais bizarrement, Heeseung garde cet air un peu inquiétant au visage avant de se rapprocher. Je me le répète de nouveau comme un mantra. Il est inoffensif.

Mais alors, d'où vient cette pression ? Et son odeur qui se renforce au point de me tenir au cou.

— Je t'ai emmené ici pour que tu te reposes pour la nuit.

Je cligne des yeux. C'est une blague n'est-ce pas ? Je le regarde, puis je regarde l'unique lit de la pièce. Et je le regarde de nouveau. Ses pupilles grises, translucides, me font comprendre qu'il n'y a aucune once de plaisanterie.

Dos au mur, je chuchote.

— Il n'y a qu'un lit...

Heeseung sourit. Un sourire de façade qui se veut innocent. Or j'ai plus l'impression qu'il cache un rictus démoniaque.

— J'espère que cela ne te dérange pas.

Pourquoi j'ai l'impression que ça l'amuse ?

C'est un jeu c'est ça ? Si c'est le cas, il m'a eut. Parce que je n'aime pas perdre. Mes sourcils se creusent et je ravale ma salive, ainsi que mes projets de fuite. Je me décolle de la porte, pour remarquer que j'y étais depuis tout ce temps adossé.

Je soutiens son regard, bombant presque le torse pour lui prouver que je n'ai pas peur. Il y a un éclat de surprise bref, du fait de son sourcil arqué, avant que son sourire en coin ne s'accentue. Comme si le défier fait tout l'effet contraire. C'est-à-dire, l'excite.

Je dois avouer que j'ai toujours bien aimé les jeux. Mais je n'arrive pas à croire que je sois tombé dans mon propre piège. Il m'a eut avec ses airs innocents. J'ai cru qu'il ne serait qu'une énième de mes victimes, malléable selon mes humeurs.

J'ai l'impression que les rennes m'échappent. Une bataille silencieuse nous divise. Soutenant au mieux son regard, je rétorque :

— Non, ça me va.

— C'est parfait, conclut-il aussitôt. Tiens, ta couverture.

Il me glisse un drap épais qui porte son odeur et me plaît malgré moi. Je fais tout pour ne pas lui montrer ce détail. Je crois que Heeseung est devenu plus observateur qu'au début. Peut-être parce que j'ai un peu trop baissé ma garde.

Je dois me ressaisir. J'attends qu'il recule sans couper court à notre contact visuel mais, il ne fait rien. Ça accroît le léger stress qui se faufile parmi mes émotions pour se hisser au sommet. Et plus les minutes défilent, plus il devient compliqué de soutenir son regard.

C'est comme s'il gagnait un peu plus en pouvoir et je me demande s'il a toujours été comme ça en vrai. Je veux dire, cette aura un peu... dominatrice. Je n'y suis pas vraiment habitué, je n'ai presque jamais côtoyé de supers prédateurs, encore moins des loups ancestraux.

Et donc, je ne comprends pas trop ce qui se passe.

Il y a cette espèce de désir de le confronter, jusqu'à le pousser dans ses retranchements. Déjà que j'ai un égo mal placé (et encore, qu'on soit heureux que je le reconnaisse), sa présence a l'air d'accentuer ce trait de caractère de ma personne. C'est plutôt troublant. D'après Jake, les alpha sont du genre à prendre l'ascendant sur les omégas, qui sont des sortes d'esclaves.

C'est comme ça je les vois en tout cas. Parce qu'ils se laissent faire, aiment en particulier qu'on prenne le dessus. Il paraît même que leur nature est fait de telle sorte qu'ils s'inclinent de façon automatique dès qu'un alpha impose ses phéromones dans une démonstration de force.

C'est un peu le même principe avec les prédateurs et les proie. Encore je trouve normal de ne pas chercher à me soumettre — je ne suis pas un loup après tout — mais Heeseung commence à alourdir l'atmosphère de ses phéromones et, je commence à apprécier le fait de lui tenir tête.

Comme quelque chose qui gronde en moi, frétille de plaisir, les sens affolés.

Soudain, je cligne des yeux. Je crois qu'il a volontairement stoppé la diffusion de son son odeur, bien que je sente encore de façon nette les effluves boisées. Lui aussi papillonne des yeux comme s'il se réveillait d'une transe. Je détourne les yeux, me raclant la gorge. Il s'écarte enfin pour me laisser passer.

Ce n'est qu'un pressentiment mais, quelque chose ne va pas ?

Même ma part animale n'a pas de réponses à me fournir. C'est comme si j'étais si happé, comme si Heeseung faisait appel à— non, je secoue la tête pour chasser ces idées. C'est ridicule. Je commence à me glisser sur son matelas en me demandant où il compte dormir.

Soudain, il revient vers moi après avoir éteint la lumière.

Il y a une lampe à côté qui diffuse une lumière tamisée et douce pour mes rétines. Mais ce qui me turlupine sur le champ, c'est le fait qu'il revienne en arrière alors que je m'apprête à me coucher. D'un coup, je me sens presque de nouveau agressé par l'odeur de cèdre.

Elle pénètre mes poumons et rend ma forme animale agitée.

Je suis de nouveau happé en le suivant du regard. Heeseung commence à retirer son haut. C'est beaucoup trop là, stop ! J'ai pas prévu de mater un striptease.

— Qu'est-ce que tu fais ? Dis-je d'une voix sèche.

Il me lance un coup d'œil qui me fait définitivement penser qu'il n'est pas dans son état normal. Paupières à moitié closes, il paraît me lorgner avec une certaine nonchalance, et à la fois intimidante.

— Je me couche, c'est mon lit.

D'accord frère, j'avais compris.

Sa voix est un peu plus grave. Je me demande si c'est vraiment le Heeseung des autres jours. Or au lieu de m'inquiéter pour ce détail, c'est la façon dont il me parle qui me titille au point de m'agacer. Et je ne comprends pas pourquoi je suis agacé. En fait, je ne comprends plus rien.

— Et si je ne veux pas me coucher avec toi ? Lui demandé-je avec la même insolence dont il fait preuve.

— Tu dormiras par terre.

Je grogne presque en lui montrant mon mécontentement mais il semble ne pas s'en soucier avant de finir torse nu. Au lieu de détourner le regard, ce dernier se braque précisément sur ses muscles. Aucune zone de son corps ne m'échappe.

Je ne me considère pas prude de nature. Et c'est assez normal que je me rince l'œil mais, c'est toujours bizarre. Je dévore chaque centimètre de sa peau des yeux. Et lorsqu'il se rapproche au bord du lit tout en se penchant un peu, je soulève la tête pour croiser ces iris cendres et un sourire fier trôner sur ses lèvres.

C'est, comment dire, comme si son regard me demandait en silence si j'appréciais la vue. Alors je soutiens le contact visuel établi, lui retournant une réponse positive. Mes oreilles animales sont droites entre mes mèches noires. Comme d'habitude, elles sont sorties sans que je ne m'en rende compte.

Je crois que Heeseung aime ma réponse. Ses phéromones se renforcent et s'en devient presque étouffant. Pour autant, je ne suis pas gêné. Il finit par s'allonger près de moi en utilisant sa propre couverture. C'est déjà bien qu'on en ait une chacune. Mais toujours est-il qu'on dort dans le même lit.

Je ne pensais pas que ce serait aussi déstabilisant.

Il ferme les yeux avant moi. Je reste longtemps à le fixer et me demander ce qui nous prend. Enfin, ce qui lui prends surtout. C'est lui qui provoque tout ça en moi. Cette envie de le défier. Je crois qu'il serait peut-être temps d'en apprendre un peu plus sur sa nature.

Qui est-ce que je peux soudoyer pour me donner des informations ?

J'y penserai demain je me dis. J'éteins la lampe à côté et me positionne de façon confortable afin d'accueillir le sommeil, tout en gardant un espace considérable entre nous. Et dire que j'étais censé le déstabiliser le plus possible. Je ne sais plus qui tient les commandes du jeu.

Ce qui est sûr, il me touche, je déraille sans doute. N'y pense plus Sunoo, peut-être qu'il avait juste un pic d'hormone de virilité.

***

J'avais soif, je crois.

Enfin, je ne sais plus. Je regarde ce verre à moitié pleine entre mes doigts en me demandant comment j'ai fais pour atterrir dans sa cuisine. Suis-je devenu une sorte de somnambule comme Jeongin ? Je pose le verre sur le comptoir et décide de monter.

Je me sens amorphe, sans doute mon corps encore tiraillé par la fatigue. Pour une fois que je peux me reposer, autant saisir cette chance et dormir le plus possible. C'est quand même étrange, je ne me rappelle pas être descendu. Le salon est plongé dans la pénombre.

Mon ventre se contorsionne et une source chaleureuse se déferle dans mes membres. Je prend les escaliers en sentant des frissons chatouiller mon échine. Il y a un courant d'air qui vient caresser ma nuque ; ainsi que la sensation d'avoir entendu une voix dissimulé dans cette bourrasque chaude.

Je me masse la nuque par réflexe et déglutis. Il commence à faire de plus en plus chaud, au fur et à mesure que mes pas avalent les marches. Mes doigts se crispent contre mon estomac qui brûle sous l'acide.

Arrivé devant la porte j'hésite un moment avant d'ouvrir.

Des perles de sueurs rampent depuis mon front jusque dans ma nuque. J'ai la chair de poule alors que la température ne fait qu'augmenter. Mes mains deviennent moites et hésitantes. Je fais plier mes orteils, avec la sensation que mes pieds deviennent frêle au point d'avoir de la difficulté à me porter.

Cette chaleur me bouffe. Je décide quand même d'ouvrir la porte. Peut-être que c'est la montée de température qui m'a fait donné soif. Je pousse la surface en bois, pénétrant l'intérieur de la pièce plongée dans une demi obscurité. J'ai du mal à m'y habituer et, de ce fait, à répéter le lit.

Mais surtout, quelque chose me frappe en plein fouet.

Cette chose n'est autre qu'une senteur épicé, brûlante et si prenante que j'ai l'impression d'avoir de la lave qui coule dans mes veines. La chaleur emmagasiné dans mon corps se décuple et me donne le tournis. La porte se referme derrière moi par je ne sais quelle magie et mes jambes tremblantes me lâchent.

Les notes épicées deviennent de plus en plus forte.

Et un premier soupir m'échappe. D'une note plus aiguë que la normale. Adossé contre la mur, je fais plier mes jambes à force d'avoir cette sensation dérangeante entre ces dernières. Elle est un peu inconfortable et brûlante. Je me tortille inconsciemment en ne sentant rien d'autres que l'atmosphère chargé de cette odeur d'épice.

Elle a le même effet que l'alcool.

Elle a le don de me rendre mou, de brouiller mon esprit. Et bientôt j'ai du mal à avoir des pensées claires. C'est comme si elle forçait à m'endormir. Et je l'aurais sans doute fait si je n'avais pas commencé à me sentir humide entre mes jambes.

C'est le signe d'alerte qui provoque ma panique.

Ça faisait des années que je n'avais pas eus cette sensation. Elle est particulièrement déstabilisante. C'est le fait qu'elle soit plaisante qui me trouble. Ma sueur abonde, et de nouvelles sensations parviennent de cette zone. Celle entre mes cuisses.

Dans les vapes, je tente d'y glisser ma main mais un grognement guttural provenant des entrailles de la terre m'en empêche. Mon cœur cogne violemment et je halète malgré moi.

C'est à ce moment que je me pétrifie en observant, dans le noir, deux billes luire.

Deux billes d'un rouge carmin.

Si intenses qu'elles paraissent me dévorer. Il y a quelqu'un. À présent que je peux mieux voir dans l'ombre, il y a une silhouette assise sur une chaise qui me fait face. Je ne me rappelle pas avoir vu de chaise en entrant dans cette chambre plus tôt, mais ce détail m'échappe bien vite.

Au fur et à mesure que je le regarde, ses traits s'éclaircissent.

Il est positionné de façon nonchalante. Le bras, sur l'accoudoir de la chaise, qui soutient son visage. Ses paupières sont à moitiés fermées, ne dévoilant qu'une partie des pupilles carmins. Quelques mèches paresseuses reposent contre son front.

Il a les jambes écartées, et me fixe de façon si hautaine, sans que ça ne me blesse. C'est comme si je n'étais qu'un insecte à ses yeux. C'est ça, un véritable insecte insignifiant qu'il pourrait écraser de sa main puissante.

...et c'est Heeseung.

Heeseung et des couleurs d'yeux inhabituels. Mais c'est un Heeseung si différent, pleinement puissant dont les phéromones alourdissent la pression. Au point où mes jambes ne puissent plus me porter.

Je soupire et couine de nouveau.

Au frottement de mes cuisses, une sensation visqueuse entre elles attire mon attention. Je ne veux pas comprendre ce qui se passe. Mes battements cardiaques, loin de s'affoler comme de coutume, sont bien trop lents. Le rythme retentit plus fort dans mes oreilles. Je ne rate aucun son, de la façon dont mon sang est pompé. 

Je ne suis définitivement plus maître de mon corps.

Et ce, grâce à la volonté de Heeseung. Il me dépossède de tout contrôle que j'avais.

Et...

Je me surprends à aimer ça...

Il grogne d'un coup, comme s'il avait entendu mes pensées. Le bruit est si terrifiant que je hoquette en sentant mes oreilles animales frémir.

C'EST LÀ QUE je me redresse en sursaut au même moment dans ce lit, le corps couvert de sueur. Mon torse se soulève et s'abaisse à un rythme irrégulier tandis que la peur me prend aux tripes. Les yeux écarquillés, la première chose qui me vient à l'esprit c'est de vérifier dans mon boxer.

Je soupire de soulagement en voyant que tout est intact. Il ne manque rien. Et c'est bien sec. Un autre soupire d'aise m'échappe, je plonge mes doigts dans mes cheveux en me sentant instantanément rassuré.

Dans le silence de la nuit, un souffle léger vient titiller mes oreilles.

Je me rappelle alors que je ne dors pas seul. Je pivote la tête en trouvant Heeseung profondément endormi à côté et une respiration calme. Je regarde autour de moi. Je crois que j'ai du rêver. Enfin, pas complétement.

Je repense aux yeux carmins.

Je comprends mieux ce qui s'est passé.

Évidemment que ça devait arriver. Puisqu'il a vu le mien...

...tôt où tard, j'allais croiser sa forme profonde.

Ou comme ils l'appellent chez eux, l'alpha.

Ma tête s'échoue entre mes mains. J'en ai encore des frissons de cette rencontre inattendue. Elle m'a semblé brève mais en même temps, j'ai l'impression qu'elle a duré des heures. Que j'étais resté dans cet état léthargique pendant trop longtemps.

Je garde des traces de ce moment et ça me fait tout bizarre.

Je ne pensais pas que son loup serait comme ça.

C'est pire lorsque mes yeux s'écarquillent de stupeur en me rendant compte d'un détail. Je force mes souvenirs et le visage de Heeseung apparaît un peu plus clairement dans ma tête. Je tente de retrouver la dernière chose que j'ai vu avant de me réveiller.

C'était un sourire. Un sourire presque mesquin, mais pas anodin.

La réalisation me frappe durement.

Il sait, pour ce que je me fais.

***

J'ai vraiment honte.

Et c'est la première fois que j'en ressens en agissant comme un voleur. Pour nourrir le stéréotype, c'est un peu truc de base de renard, tromper etc. Alors je ne devrais pas avoir honte d'avoir fuis. C'est surtout parce que je ne voulais pas croiser Heeseung au réveil.

Du coup, je me suis barré aux premières lueurs du jour.

Je ne comprends pas pourquoi je me sens aussi mal.

J'ai eus énormément de mal à partir. Comme s'il me retenait avec des chaînes invisibles pendant qu'il dormait encore. J'avais l'impression de mourir en quittant l'appartement. Alors j'y suis retourné pour piquer un de ses pulls. Ça m'a un peu rassuré lorsque je suis partie pour de bon.

Et me voilà à déambuler dans les couloirs de la fac avec son odeur qui m'enveloppe. Mais honnêtement, je m'en fous des regards que je me coltine au passage. La majorité est curieuse, perplexe. Et certains se contentent de me fuir en vitesse. Ce sont surtout des proies qui se sentent agressés par l'odeur de loup.

Au moins, aucun ours ne me colle.

On me fuit comme la peste et ça ne peut que me plaire. Je plonge les mains dans les poches de ce pull, la capuche rabattue sur ma tête. Le mal être persiste un peu tout au fond, la culpabilité d'avoir laissé Heeseung seul. Je ne devrais pas penser à ça, mais au fait que son loup sache pour moi !

C'était évident, je l'ai dit. On ne peut rien cacher à nos formes profondes. Est-ce que ça veut dire que Heeseung aussi le sait ? Aucune idée. J'ai eus l'impression que l'être que j'ai croisé hier était totalement dissocié de Heeseung. Comme s'il était une entité profondément endormie dont le maître du corps ne connait pas encore l'existence.

Je me dirige vers la bibliothèque pour mieux fouiller les ouvrages. La dernière fois, j'avais posé des questions à propos des hybrides et la dame m'avait dit qu'elle me trouverait des œuvres anciennes qui enseignent ce genre de chose.

— Bonjour.

Elle fronce aussitôt le nez en remontant son foulard.

— Euh, bonjour.

On pourrait croire qu'elle trouve que je sens mauvais si elle n'avait pas rougit. Bon, ce loup fait décidément des ravages.

— Tu es là pour les piles je suppose ! Voilà, je t'en ai préparé une bien garnis. Vas-y, prend les et file vite.

Je vois qu'elle est pressée de se débarrasser de moi. Je hoche la tête en m'emparant des bouquins.

— Merci.

Je me dirige au fond de la bibliothèque et m'assois à une table. Je commence alors à feuilleter les pages mais je ne trouve pas grand chose, à part des histoires à dormir debout. Ce que je veux c'est comprendre ce qui s'est passé hier.

C'est pour ne plus être pris de cours si ça arrivait encore.

Mais je commence à m'ennuyer. Ce n'est pas comme si j'aimais lire de base. Je grimace quand je tombe sur une description trop méthodique sur la reproduction. Ils veulent faire vomir les gens avec ça où quoi ? Faire l'amour c'est bien plus sexy. Ça, ce truc là, c'est comme disséquer un rat de laboratoire.

Je pousse un bruyant soupire et comptait me lever lorsque je me cogne contre quelqu'un.

— Oups, dis-je à la place d'un désolé.

Après, il ne peut pas regarder où il va aussi ? Je roule des yeux, déjà agacé. L'homme se redresse. Je reconnais de suite Sunghoon. Le même type louche qui tourne un peu trop autour de mon meilleur ami. C'est peut-être le bon moment pour le menacer.

Loup ou pas loup, s'il blesse Jake, je le découpe en morceau et le fait bouillir dans une soupe de sorcière et on dînera avec, à côté de verres de vin.

— C'est ici que tu te trouvais ?

Sa question m'étonne un peu. Il me cherchait ? Je papillonne des yeux tandis qu'il réorganise les documents qui sont tombés de ses mains. Je ne l'ai pas aidé à les ramasser. Heureusement qu'il se débrouille.

Mais un détail attire mon attention, ses gestes sont pressés.

— Tu me cherchais peut-être ?

Il finit de ranger ses documents qui attisent maintenant ma curiosité. Malheureusement pour moi, il les remet dans un classeur.

— En effet. C'est bien que tu sois ici.

Bizarre comme réponse. Mais puisqu'il est là, autant qu'il se rende utile ! Sans tourner autour du pot, je lui demande.

— Tu sais quoi des loups ancestraux ?

Sunghoon s'arrête. C'est comme si j'avais posé la question qu'il ne fallait pas. J'espère tout de même qu'il me donnera une réponse.

— Pourquoi une telle question ?

— Euh, je suis curieux. Et passionné des animaux. J'adore les loups.

T'es pas crédible mon pote. Je soupire.

— Bon, c'est parce que ton ami est bizarre et que j'ai besoin de réponses.

Soudain l'expression faciale de Sunghoon s'aggrave. J'ai toujours trouvé qu'il avait un côté robotique qui se superpose parfaitement au caractère de Jake. Ils ont tous les deux ce côté sérieux et studieux, remplis de mœurs et de valeurs inviolables.

Au final, ce n'est plus étonnant qu'ils traînent ensemble.

Parce qu'ils le font, c'est évident.

Mais tout de suite, je lis une petite panique au fond de ses prunelles. Il n'est pas arrivé à la cacher, c'est qu'il y a quelque chose de grave. Sunghoon relâche son classeur et se rapproche. Mais je ne ressens pas vraiment la peur. C'est comme si le pull de Heeseung était une barrière protectrice.

La preuve, Sunghoon fronce le nez tout en affichant une grimace. Or il ne recule pas. Il n'avance plus non plus.

— Que s'est-il passé exactement entre vous deux hier ? Finit-il par lancer.

Il veut des précision. D'abord hésitant, je finis par tout dévoiler.

— Hier, il était un peu... je réfléchis au mot parfait qui pourrait décrire son comportement... un peu cru ?

Sunghoon hausse les sourcils de surprise.

— Cru ? Répète l'homme.

Je hoche la tête.

— J'sais pas ! C'est comme s'il me provoquait.

— Et qu'à tu fais... ? Murmure Sunghoon comme s'il craignait ma réponse.

Est-ce que j'ai dis quelque chose de grave ? Parce que je commence à m'inquiéter aussi à cause de son expression.

— Bah, on s'est un peu défié. Je crois ? Je l'ai senti comme ça.

Sunghoon devient blème.

— C'est une habitude des loups ? Je redemande.

Heeseung m'a vite cerné hier et a deviné que j'étais plutôt joueur. Alors, il s'est amusé à me déstabiliser. Mais le fait est que ce n'est pas une chose que le Heeseung de d'habitude ferait en temps normal. Je veux dire, il avait vraiment l'air différent.

Et puis, sa forme animale que j'ai croisé. Était-ce une coïncidence ? J'ai vu trop de séries policières.

— Je veux connaître votre système. Il n'y a rien dans les bouquins, Insisté-je, curieux de savoir.

Sunghoon pousse un léger soupire. Il revêt sa face stoïque qui empêche quiconque de deviner ses pensées.

— En quelques sortes.

— Ce n'est pas une réponse claire ça—

— Dis-moi Sunoo, tu affirmes lui avoir tenu tête ?

J'opine du chef. Je n'allais pas me soumettre aussi. Juste parce qu'il s'est mit à imposer ses phéromones dominatrices.

— Tu ne pouvais pas être au courant, reprends Sunghoon en réarrangeant les manches de sa veste. Il aurait fallut que ne réagisse pas.

— Comment ça...

— Un loup comme Heeseung, ancestrale comme tu le nomme, gagne en force parce que tu le défis.

Je... pardon ? Ébahi, je fixe Sunghoon qui fait quelques pas en avant sans trop s'approcher. Je me sens d'un coup étrange, et voilà que mon estomac se contorsionne de nouveau, suivit de cette sensation de brûlure dans mon ventre.

— Plus tu lui tiens tête, et plus il aura envie de te dominer.

Elle est cependant douce et diffuse une délicieuse chaleur dans mes veines. Et ce n'est pas la présence de Sunghoon qui la provoque mais ses mots. C'est comme si je revivais les moments d'hier et ça chamboule mes hormones.

— C'est ce qu'il voulait clairement provoquer hier.

Je cligne des yeux, confus.

— Comment tu peux savoir toi... ? Et puis, dans vos trucs d'Alpha, euh, vous n'aimez pas plutôt les gens soumis ?

Les gens esclaves. Sunghoon semble vouloir tout m'expliquer et franchement, je l'en remercie. Je suis moins perdu. Il secoue la tête.

— Les loups ancestraux sont un peu à part.

Mais j'ai l'impression qu'il garde caché une énorme partie de l'information.

— Ah bah... chouette alors hein. Youpi.

Donc, moi qui croyait prendre Heeseung à son propre jeu, était en fait en train de le séduire, en quelques sortes. Alors dans ce cas, si je fais semblant de me soumettre à lui, peut-être qu'il se pourrait se désintéresser de moi ?

(Il se pourrait que je n'ai toujours pas totalement abandonné l'idée de m'en débarrasser).

— Ça pourrait fonctionner.

Je cligne des yeux en fixant Sunghoon. Comment ça ? Est-ce qu'il a lu dans mes pensées ?

— Pardon ?

— C'est assez prévisible comme pensée alors j'ai deviné. Tu veux te soumettre à lui.

Après un petit moment de silence, je réponds.

— Donc, ça pourrait marcher ?

Il secoue la tête.

— Tu as trop d'ego. Ta nature prendra forcément le dessus.

Je le prends pour un compliment, il n'a pas tord. J'hallucine. On dirait que la nature a tout préparé pour ne me laisser aucune échappatoire.

— En attendant, il vaut mieux que tu restes le plus loin possible de lui. Du moins, pour l'instant. Je ne sais pas comment tu as réussi à lui échapper mais c'est une bonne nouvelle. Ça nous facilite la tâche.

Je le sonde du regard. Depuis quand il est de mon côté ? C'est louche. Et de quoi il parle ?

— Tu parles comme si j'avais échappé à quelque chose de grave.

— Crois-moi que ça l'est.

Son ton sérieux me fait comprendre qu'il ne plaisante pas. Mais à part ça, je n'ai pas d'autres informations. Un rire nerveux m'échappe alors.

— C'est si dangereux que ça de l'avoir défié ? Qu'est-ce que ça change ? Avec ou sans, il continuera à me suivre, dis-je dans l'évidence.

— Comment tu te sens ?

J'ai envie de lui.

Hein— Quoi ?! Mes pupilles s'écarquillent. Je n'ai pas contrôlé ma pensée. Elle est venue instantanément. Sunghoon paraît bien plus informé que moi sur mon propre corps.

— C'est lui qui provoque tes envies. Même à cette distance, il arrive à les contrôler.

Je suis profondément retourné. Je pense encore à hier. Ce que la forme profonde de Heeseung m'a fait, les délicieuses sensations dans mon ventre, mon entrecuisse humide et mon corps amorphe.

— Je, tout ça pour lui avoir... tenu tête ?

Est-ce que ça va être comme ça à chaque fois que je vais le contredire ? Mais du coup, pourquoi ce n'était pas arrivé avant ? Pourquoi maintenant ?

— Quoi ? Non, pas à cause de ça. Ce n'est qu'un détail. Sunoo, reste à tout prix éloigné de lui. Peu importe tes envies, c'est l'influence de l'alpha, pas les tiennes.

Mon cœur bat à tout rompre, quand Sunghoon conclut :

Heeseung est en rut
















____________________

On va encore dire que je coupe le chapitre de façon sadique 😂

ANYWAY, on en apprend beaucoup hein. Notre alpha est là 👏🏽un conseil pour mon fils renard... Scotch tes fesses...

👀 Si vous avez bien remarqué, depuis le début, Heeseung était attiré par Sunoo pour son cran. Sachez que ce détail a son importance hehe 😋

😔 Heeseung c'est ça tu fais donc, c'est ça tu aimes. Maso quoi.

Breeeeeef un personnage arrive bientôt, peut-être dans deux ou trois chapitres comme ça. 😏vous savez qui c'est. Il va tout chambouler.

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