09. Discussion.
SUNOO.
J'entends le chant des oiseaux.
Et une sensation chaleureuse contre ma peau. Mes paupières s'ouvrent lentement, croisant en premier ma fenêtre qui laisse passer les rayons du soleil. L'ouverture donne sur la pelouse et quelques arbres qui bordent les allées. Avoir une telle vision en émergeant du sommeil ne peut que rendre heureux.
On dirait le printemps.
J'aimerais qu'on soit déjà au printemps. Je déteste l'automne et l'hiver parce que j'ai si froid. Je remonte la couverture sur mon visage, souhaitant m'enfoncer un peu plus dans mon lit. On doit être lundi. J'ai des cours auxquels je n'assisterais pas. Je ne me sens pas d'attaque à entamer une journée dans un amphithéâtre, usant mon cerveau pour les réflexions les plus laborieuses.
Je vais peut-être peindre aujourd'hui. Avec le soleil que j'ai vu, il doit faire beau pour une journée d'automne. Je me vois bien dans l'herbe, près de la source d'une rivière avec mon tableau, mes pinceaux et mes tubes de peinture. L'odeur d'une toile vierge et la sensation sous la paume me manquent.
C'est tout aussi agréable que le parfum de cèdre dont mes draps sont imprégnés. C'est comme si j'étais à un feu de joie avec mes parents, Yeonjun, Giselle et oncle Kurl. Les soirs d'été sous la lune à jouer du ukulélé à côté du feu qui crépite. C'est exactement à quoi me fait penser cette odeur. J'inspire plus fortement et soupire d'aise.
Puis, je me rend compte que l'odeur de cèdre et des douces effluves que je renifle depuis tout à l'heure ne peuvent pas provenir de moi.
Oh non.
Je me redresse d'un coup de mon lit, croisant aussitôt, une silhouette installée sur la chaise de mon bureau, une tasse fumante en main.
— Bonjour, bien dormi ? Me dit-il.
Bouche-bée, je manque de crier.
— Qu'est-ce que tu... tu fous quoi dans ma chambre ?!
Venant à peine de quitter mon sommeil, j'ai l'impression que mes neurones me demandent un moment, idée de se connecter entre elles.
J'ai Lee Heeseung sur ma chaise qui sirote ce qui me paraît être un café. Son dos est droit, ses gestes gracieux et une mine imperturbable. Lorsqu'il rouvre les yeux, je croise ses pupilles grises bien plus claires sous la lumière du jour.
Seigneur, à quel moment je l'ai invité ?
— Tiens. Jake est passé déposer ça ce matin.
Heeseung ne tient pas rigueur du fait de ne pas avoir répondu à sa question. Encore moins sur le fait qu'il n'ait pas répondu à la mienne. Il pointe une direction sur la table, de sa main au poignet orné par sa montre.
C'est un cappuccino. Jake m'en rapporte parfois quand il peut.
Ce n'est pas possible. Il faut que je réfléchisse au pourquoi j'ai ce type dans mon dortoir.
— Un soucis ? Me demande-t-il.
Je le fixe en retour. Hier nous étions sortis. Puis nous nous sommes rendus dans un restaurant italien. J'ai bu et là— oh non. Mes yeux s'écarquillent. Je n'arrive pas à y croire. C'est comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Est-ce la raison pour laquelle je ne me sens plus aussi affolé en sa présence ?
Ma main se plaque contre mon torse et resserre mon vêtement à cet endroit tandis que je baisse la tête.
Qu'est-ce que tu as fais... ?
Je peux sentir sa présence tout au fond de mon esprit. Elle m'ignore. Je ne sens plus d'agitation, ni de méfiance. J'aperçois juste un pelage roux qui flâne dans l'herbe et profite d'une sieste sous l'ombrage d'un arbre au sein d'un temps ensoleillé.
Un soupir m'échappe pendant que je reçois l'information.
Je redresse mon regard.
— Tu l'as vu.
— Vu qui ? Me demande mon invité non désiré.
Au fur et à mesure que notre échange visuel s'intensifie, les souvenirs de la veille me reviennent. Mais Heeseung a l'air surpris. Peut-être qu'il ne s'est pas rendu compte de ce qui se passait hier nuit. Je décide de ne rien lui dire pour l'instant.
Il a rencontré ma part animale. Et cette dernière ne lui a pas sauté au cou comme je le pensais. Il semblerait même qu'elle ait choisi de ne plus craindre ce loup. Je suis dépité. Et un peu perdu. Est-ce que ça veut dire que je peux avoir confiance en Heeseung ?
Non, pas jusque là.
Tu lui fais vraiment confiance ?
Mais alors, c'est qu'il n'est pas un danger pour moi.
Absolument.
— Tu te sens bien ? Tu m'as l'air plus reposé en tout cas. Tu devrais manger.
Je le regarde pousser vers moi un sac qui contient des œufs Bénédicte. C'est un plat savoureux que j'adore. Il déballe le plastique et sors un plat en porcelaine avant de me servir. L'odeur embaume dès lors la pièce et ouvre mon appétit.
— C'est encore chaud, me dit-il en me le tendant.
Une seconde.
— Comment tu as fais pour sortir une assiette de nul part ? Tu es magicien c'est ça ?
Ma remarque le fait doucement sourire.
— J'ai simplement demandé à mon ami Jay de m'apporter des couverts. Il paraît que tu manges peu le matin.
C'est une de mes habitudes oui. Je me demande comment il sait. Jake ? De plus, à quel moment il demande à son ami de lui ramener une assiette ? Je la prend malgré tout. Mon ventre gargouille, me signale la faim qui le ronge. Sous le regard de Heeseung, je décide de prendre quelques bouchées avec la cuillère qu'il me tend.
Elle est en argent, avec d'exquis motifs. C'est pareil pour l'assiette d'ailleurs. Elle est en porcelaine avec des dessins de fleurs et des bordures en or. Je repense aussitôt à sa famille et son train de vie. Nous ne sommes pas du même monde, il est clair.
Après avoir dévoré la moitié de mon plat, je le regarde. Il hausse les sourcils, toujours en sirotant son café. Nous sommes étrangement calmes tous les deux. C'est en partie à cause de ma part animale qui semble l'avoir accepté. Rien avoir avec moi qui continue de me méfier.
— J'ai une question.
— Vas-y, m'encourage-t-il à la seconde.
Je reste le plus sérieux possible.
— J'aimerais que tu me réponde honnêtement.
— Je ne mentirai jamais. Tu as ma parole.
Mes sourcils se creusent. Je me retiens de pouffer d'amusement.
— Que vaut la parole d'un loup ?
Heeseung comprends le sérieux de la situation. Il fronce les sourcils à son tour et dépose sa tasse. Nous sommes presque dans la même position. Moi en tailleur sur mon lit, et lui sur ma chaise.
— Je vois. Nous sommes régis par des codes et des valeurs qui nous tiennent à cœur et que nous respectons. Je n'ai qu'une parole. Tu pourras le vérifier par toi-même.
Son discours me paraît un peu naïf. Il est vrai que les loups sont connus pour être justes et droits. Cependant, ils restent des supers prédateurs. Ce sont les individus de leur espèce qui font les règles. Je doute alors de son intégrité. Pourquoi serait-il différent des autres ?
— Tu penses être capable d'assurer que tu es bon et loyal ? Tout ça parce que vous écrivez deux trois codes sur une tablette, les autres suivront aveuglément ?
Je me suis un peu renseigné sur eux.
— Non... tu as raison, dit-il, défaitiste. Je ne peux pas te le garantir... Il y a des bonnes et des mauvaises personnes partout. Mais je ne suis pas comme ça.
— C'est facile de dire ça.
— Je n'ai pas d'autres moyens pour te le prouver pour l'instant, m'avoue-t-il.
Et d'après ma forme animale, il ne serait pas un danger. Je pousse un soupir en ayant l'impression d'être au centre d'une balance. Je devrais pencher soit pour l'un ou l'autre côté. C'est une décision énorme. Mon père m'a toujours défendu d'approcher les prédateurs à cause de leur dangerosité. Je réfléchis.
— Je veux bien croire que tu me dira la vérité, finis-je par lâcher.
Je croise à nouveau ses pupilles. L'effet que ça me fait m'irrite.
— Je le serai, m'assure mon vis-à-vis.
— Qu'est-ce que tu veux vraiment ?
Il doit bien avoir une motivation derrière le fait qu'il me suive de partout, et me sauve.
— Être proche de toi.
Un blanc s'installe. Mes pupilles s'élargissent. La tension se relâche aussitôt. Sa réponse provoque ma stupéfaction. Alors, il ne plaisante pas quand il fait ce genre d'allusion ?! Je perds mes moyens.
Je peux répondre à n'importe quelle demande, contrer les intérêts qu'il aurait à me poursuivre. Mais ça, je, je ne suis pas préparé à ça !
— Tu as dis que tu ne mentirais pas !
Pendant que je m'agite en m'écriant, lui garde son calme, inclinant de façon légère sa tête sur le côté. C'est quoi ce scénario ?
— Je ne mens pas.
Alors... il veut vraiment... mais depuis quand je suis devenu pudique en ce qui concerne ce genre de choses ? C'est ça qui m'énerve. Il est dans ma tête, il me déstabilise, il me rend nerveux ! C'est insupportable, j'ai l'impression de perdre mes moyens.
— Proche... comment... ?
— Comme deux êtres amoureux le sont.
Deuxième bug.
Je n'ai pas assez de vocabulaire pour décrire ce que je ressens. Je suis tenté de presser mon cœur qui vient de s'affoler, rien que pour l'arrêter de battre inutilement. Ma part animale me sourit en coin depuis son havre de paix sous l'arbre. Tout le monde me trahis.
Et Heeseung dans tout ça paraît être en total maîtrise. Comment peut-il être aussi calme après tout ce qu'il vient de dire ?
— C'est hors de question ? Lâché-je dans l'évidence, suivi d'un rire nerveux.
— Je sais ! Pour ça, il faut que tu tombes amoureux de moi.
— Tu dis ça comme si c'était facile.
— Je ne crois pas en effet. Tu as l'air de me détester.
— Je ne te—
Si Sunoo, si.
Ok je ne vais pas nier. Enfin, ce n'est pas vraiment que je le déteste ! Je n'ai juste pas confiance. Calmons nous. Je dois prendre cette situation avec la tête froide.
— L'amour ne vient pas sur commande, tu devrais le savoir.
D'ailleurs, j'aurais dû le remarquer plus tôt mais, Heeseung donne cette impression de réfléchir comme un enfant. Dans le sens où ses pensées sont simplistes, un peu utopique. Je ne sais pas si devrait trouver ça peinant ou touchant.
Dans un monde tel que le nôtre, on ne peut plus se permettre de rêver.
Il n'y a que les enfants qui le font. Puis ils grandissent et ça vire au cauchemar. Je ne peux pas croire qu'un prédateur comme lui puisse avoir des motivations dénués de tout vice. Il dit qu'il m'aime ? Où il veut juste se servir de moi ?
Lorsque les formes animales de deux être se révèlent et se rencontrent, ils ne peuvent ni se mentir, ni rien se cacher, parce qu'ils regardent l'âme, ils regardent le cœur, ils entendent nos pensées les plus profondes, ils se sondent.
La mienne n'a cessé de le détailler hier soir et ça me surprend qu'elle lui ait sauté au cou en si peu de temps. Et on dira que les renards sont les plus méfiants n'est-ce pas ? Je l'entends glousser au fond de moi. Si ma forme animale pense que Heeseung est sincère, c'est qu'elle a raison.
Je ne veux pas y croire. Et pourtant, j'ai beau chercher des failles, je ne trouve pas grand chose.
Même moi je ne me considérerai pas comme quelqu'un de si fiable que ça. Certains diront que je suis mauvais parce que j'utilise la violence sous couvert de la justice. Qu'il n'y a que mes intérêts qui m'importent.
Ils n'ont pas tord.
Mais je ne vois pas comment on peut régler les choses de façon pacifique dans un système corrompu où ceux qui sont censé nous protéger encouragent le mal dans l'ombre. On se fait justice soi-même dans ces circonstances. Pour moi, ce genre de personnes qui prônent la paix se voilent la face tout simplement.
Je ne me sens pas si héroïque que ça cependant parce que j'ai aidé ce chat. C'est parce que je déteste les prédateurs qui se sont toujours cru supérieurs aux autres espèces.
Mais alors lui... Quel genre d'espèce est-il ? Même sans être futé ou observateur, il arrive qu'on décèle la sincérité de quelqu'un rien qu'en le fixant longuement. Il est juste, transparent.
Ça me rappelle ma discussion avec Park Sunghoon. J'ai d'un coup envie d'en savoir plus ? Je reste intrigué malgré moi. Parce que j'ai quand même le corps d'un adulte devant moi.
Et pourtant, il a ce côté un peu... innocent.
— Je sais, me dit-il avec un sourire.
Je ne suis pas amoureux n'est-ce pas ? Non je ne le suis pas.
— Pourquoi moi... finis-je par me lamenter en chuchotant assez bas.
Je sais que je suis beau et qu'il est compliqué de me résister mais ce n'est pas impossible non plus. Je l'observe de nouveau pendant qu'il est occupé à boire son café. Il croise mon regard et me sourit. Et je détourne le mien, la peau brûlante.
Satané rougeurs.
***
Je traîne dans la bibliothèque.
J'ai du tirer un trait temporaire sur ma journée idéale qui consistait à aller peindre avec mon chevalet. Parce que tout de suite après le départ de Heeseung, je me suis rendu compte d'un détail qui ne m'avait pas sauté aux yeux.
La raison pour laquelle ma part animale s'est manifesté hier n'est pas anodine. C'est en me mettant face au miroir que j'ai fini par comprendre. Du coup, me voilà à attendre une personne. Pour tuer le temps d'attente, je traîne entre les étagères. Et je préfère mettre ce temps à profit en me mettant à jour sur la lycanthropie.
Mais ce que je lis dans la plus part des ouvrages sont basiques et facile d'accès même sur le net. Ce que je veux, c'est des informations sur les loups ancestraux. Je n'arrête pas d'éplucher ce rayon en passant de déception en déception.
Puis, d'un coup, j'aperçois sa présence. Il est là. Je jette des coups d'œil discrets pour vérifier si nous sommes seuls. Normalement, personne ne se trouve dans les parages à cette heure et nous avons déjà fait nos transactions en toute discrétion.
Après m'être assuré de n'avoir aucune autre présence non désirée, je le rejoins derrière une étagère.
— Ça faisait longtemps, me lance-t-il.
Il est adossé contre le bois, des cheveux noirs en broussailles. Il porte une veste en cuir et des bottes de rangers. Je ne veux même pas savoir comment il a fait pour pénétrer l'enceinte sans se faire prendre.
— J'espère que tu n'as pas été repéré.
— Voyons Sunoo, tu me prends pour un débutant ?
Pas vraiment. Ça fait des années que nous avons commencé à nous voir et il s'est toujours montré efficace. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de rester sur mes gardes car il s'agit de mon jardin secret. Je suis terrifié à l'idée qu'un jour, on le découvre.
Ceci placé entre de mauvaises mains pourrait me mettre en danger. Je ne vais pas le nier, malgré toute la volonté du monde, je reste faible. Et je n'ai pas envie de vivre dans une constante terreur, à craindre la moindre ombre dans mon dos. Si j'ai commencé à me battre très jeune et m'imposer, c'est pour jouir d'une certaine liberté.
Le fait qu'on me l'a retire m'effraie. Raison pour laquelle je ne peux pas juste laisser Heeseung entrer dans mon quotidien comme ça. Ce serait lui permettre l'accès à certaines parties de ma vie. On m'en demande trop.
Et puis merde, pourquoi je pense encore à lui ?! J'ai du faire ça toutes les heures depuis le début de cette journée !
Stupide cerveau.
Le froissement du plastique me ramène à la réalité. Kai retire de sa banane le paquet que je convoite tant. Il a toujours ses gants en cuir qui recouvrent ses mains. Je ne me rappelle pas d'une seule fois où il a du l'enlever. Il m'adresse son sourire en coin rectangulaire.
— J'ai vraiment douillé pour l'avoir.
— Raconte pas n'importe quoi, c'est facile pour toi de te procurer ce genre de truc, dis-je en lui prenant le paquet des mains.
— Hé ! Ça reste illégal mec.
Je peste dans ma barbe. Depuis quand il se soucie de l'illégalité lui ? C'est l'hôpital qui se fous de la charité. Ça me fait rouler des yeux.
— Depuis quand tu te soucis de la moralité ? Toutes tes activités ne respectent aucune loi.
— Attention, tu vas me vexer et tu n'auras plus ta dose mensuelle chaton.
Je lui adresse un regard glacial, irrité par ce surnom débile.
— Ouh là, ça sort les griffes. Désolé !
Kai lève les deux mains en signe de paix. Il me désespère. Je vérifie l'intérieur du sachet. Les seringues m'ont l'air comme d'habitude. La fiole à la substance violette y est aussi. Tout à l'air en place.
Je fouille dans ma poche et retire quelques billets de cent dollars. C'est que ce produit nécessiteux reste cher. Encore plus lorsqu'on se le procure de façon illégale.
— C'est de l'extorsion de fric, dis-je en le payant.
— Vous les renards vous êtes tellement radin.
Je le regarde compter. Il aime bien s'assurer d'avoir été bien payé. S'il croit que je vais le voler, ça ne risque pas. Nous sommes dans un partenariat où chacun est gagnant. Mais j'ai plus besoin de lui que lui n'a besoin de moi. C'est mon fournisseur, le seul en qui j'ai un minimum confiance.
C'est dur de trouver des gens comme lui qui seront capable de garder ma vie secrète sans en profiter. Mais lui, en revanche, a plusieurs clients. Bien plus riches même. Rien ne lui coûte d'arrêter de me fournir. De plus, c'est avec l'argent mensuel de mon oncle Kurl que je paye. Si mes parents le savaient, ils seraient scandalisés.
Si mon oncle venait à l'apprendre, j'ai peur qu'il soit déçu. C'est lui qui m'a offerte cette place prestigieuse dans cette université de renom. Il croit en mes capacités et je veux tout faire pour lui prouver que je peux réussir.
— C'est bon, le compte y est.
J'allais partir sans répondre mais Kai m'arrête en me retenant par le bras.
— Au fait, vas-y doucement quand tu te l'injecte. Tu cours toujours un risque en prenant ça.
C'est bon, il m'a saoulé. De quoi il se mêle ? Je repousse sa main avec violence.
— Si j'avais demandé un baby-sitter, un avis ou encore un médecin, je te l'aurai indiqué Kai. Maintenant mêle toi de tes affaires. T'as ton fric non ? Dégage.
Je le rejette avec froideur et m'éloigne. Il ne manquerait plus qu'il se permette de me donner des conseils. Je range le paquet de telle sorte qu'il soit bien caché sous ma veste. Plus j'avance et plus je croise du monde.
Je prend le chemin le plus simple qui mène à mon dortoir. Je bloque derrière moi. Mon téléphone vibre. Jake apparaît en aperçu. Je met en veille pour ne pas être dérangé. Je me débarrasse des vêtements supplémentaires, puis de ceux que j'ai en dessous, ne gardant que le débardeur et le boxer.
Je déballe le paquet et retire la seringue et la fiole. Je fais couler le liquide à l'intérieur du tube. Je regarde l'aiguille qui suinte. Je ne suis pas une petite nature mais ce truc me donne la sensation que mes organes se font hacher à l'intérieur.
Juste quelques minutes de souffrance Sunoo.
J'inspire. Puis d'un geste sec, je plante la seringue dans ma jambe.
Un cri muet m'échappe.
Je mord ma lèvre, mes dents se plantant si profondément dans ma chair qu'un goût métallique se propage dans ma bouche. Ma jambe me lance, plus tremble, incapable de me soutenir plus longtemps.
Je m'étale au sol et retire la seringue avant de me blesser. La douleur se décuple dans les muscles. Mes membres sont paralysés. Aucun son ne sort de bouche. Tout est silencieux, si douloureux.
Et l'étape que je hais le plus arrive. C'est le froid.
Quand le froid se propage dans mon corps, quand ma part animale pleure et saigne parce que je lui fais du mal. Comme toujours, elle se débat pour chercher un refuge, de quoi se consoler. Habituellement elle ne trouve rien et je finis figé dans une position pendant de longues minutes.
Et ça finit par passer.
Mais aujourd'hui, elle s'agite tellement que mes bras se mettent à bouger. Je tâtonne le sol à l'aveugle, à la recherche de quelque chose. Mes capacités visuelles commencent à décliner. Elle me presse, je serre des dents pour ne pas hurler.
Et puis je touche un tissu doux et moelleux. Je le tire vers moi. C'est peut-être une veste, une couverture, j'en sais rien. Je sais juste que l'odeur de cèdre et de bois brûlé embaume la pièce d'un coup, me recouvre de la tête au pieds.
Un soupir à moitié satisfait m'échappe avant que tout ne devienne noir pour de bon.
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Fini le love, un peu d'intrigue ! Assez mystérieux comme chapitre hmm.
Après Yeonjun, voici Kai ✨
😍 Heeseung trop chou >>>>
Heeseung : 😍
Sunoo : 💀
C'est tellement réel...
En attendant mon fils que fais-tu avec cette seringue 😔🤔
J'espère que vous avez apprécié ce chapitre. Je suis à la fois stressée et excitée (parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire).
À dimanche prochain !
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