05. Hésitation.
SUNOO.
Je n'entends que des bips.
Au loin, je vois un tunnel avec une lumière blanche. Suis-je au paradis ? Non, est-ce que je vais au paradis ? J'en ai aucune idée. Juste que mes paupières sont si lourdes que j'ai du mal à les garder ouvertes. Je crois entendre quelqu'un m'appeler. Une personne qui me dit de ne pas partir.
Je crois que je dramatise.
Non, je suis en plein bad trip.
Mon corps refuse de m'obéir et bouger, comme dopé d'une substance qui me rend tout mou. Je sens à peine mes membres à vrai dire. Et je me demande si je ne suis pas en train de flotter.
***
Encore ces affreux bips.
Parfois, j'entends des bruits sous forme de brouillon, et d'autres fois non. Je me demande pourquoi je n'arrive pas à bouger. Ça me demande un effort de monstre. Mais je sens quelque chose. Une odeur particulière et rassurante. Elle m'apaise et me convainc de dormir.
Une minute, je dors déjà non ?
Je suis où ? Peut-être à mi chemin du ciel et la terre, perdu dans un entre-deux. D'un coup, mon monde s'assombrit. Je me sens alors redescendre. Tout en douceur, mon dos rencontre une surface molle. Autour de moi, c'est un tapis de fleurs. Enfin, des milliers de fleurs assemblées à un même endroit.
Pendant une seconde, je me demande si j'ai vraiment atterri au paradis.
Il n'y a que ça à perte de vue. Je n'arrive pas à reconnaître le type de fleurs, quand bien même je sens les pétales sous ma paume. Elles sont violettes, d'autres bordeaux. Elles s'étendent sur une surface que je juge à l'infini. Il y a une douce odeur qui plane. J'ai l'impression de m'entendre respirer. Qu'ici, les échos résonnent au delà, que chaque son est amplifié, que chaque sensation est accrue.
Perdu, je sens mon cœur battre.
Pas d'un rythme affolé. Ce n'est pas de la peur que je ressens face à cet endroit étrange. Je sens mon cœur emballé. Mes émotions se décuplent. Si les émotions sont régulées par une machine, quelqu'un a du presser le bouton à son maximum.
D'un coup, je me redresse.
Je me sens léger. À ce moment, je me rend compte de deux choses. Je suis pieds nues. Les fleurs sont comme du coton sous la paume de mes pieds. J'ai l'impression que les fleurs ne se froissent pas à mon passage. Ce qui me paraît étrange parce que je les écrase en avançant.
Deuxième chose, je suis dans une forêt.
Autour de moi, je semble enfin remarquer les troncs aux formes étranges. D'habitude, les branches ont une allure craquelée, un peu effrayante. Ici, elles me donnent l'air de s'être courbé avec sensualité. Comme des mains dotés d'amour qui auraient façonné chaque arbre de la plus délicate des façons. Ils portent aussi des feuilles violettes et bordeaux.
Je prend une feuille violette au sol qui a la forme d'un cœur.
Je me rend compte qu'il y en deux. Une feuille bordeau collée en dessous de la violette. Je n'ai aucune idée de ce que tout ça veut dire. Ma paume se pose contre le tronc d'un arbre. Ce lieu provoque en moi une sensation étrange. Je me sens apaisé d'un côté. C'est une espèce de sentiment de frôler un lieu mystique qui vibre à des énergies différentes, beaucoup trop hautes pour les humains.
Je ne sais pas comment l'expliquer.
Je suis poussé par une force à marcher à travers la forêt jusqu'à ce que je ressente la présence de quelqu'un d'autres. Quelque chose approche. C'est comme si les branches des arbres se baissaient pour la laisser passer. Et sur mon chemin, je vois une forme blanche approcher.
Elle est grande, énorme.
Des poils qui paraissent flotter, des pattes, des griffes... un loup.
Un loup géant et tout blanc. Je devrais être effrayé et pourtant, mon corps est figé, il est apaisé. Dans ma tête c'est le chaos, l'incompréhension. Le loup s'approche. Ses yeux sont de cendres. Il incline le devant de son corps et ferme les yeux. Il y a quelque chose sur son front mais je peine à le retenir.
Lorsqu'il s'installe, les pattes repliées, je le rejoins.
Ma main entre en contact de sa fourrure qui est soyeuse. Mon front se colle à son museau.
Je me sens complet, en parfaite union.
Mais ce qui semblait être un rêve, le paradis, peu importe, se métamorphose en une scène monstrueuse. J'entends une voix, puis un grognement. J'ouvre les yeux et me retrouve d'un coup projeté dans une forêt cauchemardesque. Les branches prennent des formes terrifiantes.
Je reconnais ce lieu...
Cette forêt. Je me revois gambader, jouer au plus dur. Un grognement se fait entendre. Je suis pétrifié en premier lieu. Je ferme les yeux mais rien à y faire. Je prend alors conscience de ce qui se passe.
Le cauchemar que je faisais plus jeune est le même qui se reproduit.
Lorsque j'ouvre les yeux, j'aperçois deux billes dans la pénombre. Une forme ténébreuse et massive. Avant même qu'un hurlement m'échappe en entendant la masse se rapprocher pour m'avaler, je me réveille en sursaut.
Ce soir là, j'étais persuadé de ma mort imminente. C'est à ce moment que je me suis calmé.
Moi, le petit renard effronté qui aimait toujours affronter plus fort que lui.
***
Je regarde avec dégoût le plateau.
J'examine cette mixture infecte qu'il y a dans mon plat. Au bout de quelques secondes je pousse le plateau.
— Non, Kim Sunoo, vous devez vous nourrir.
Je toise mon infirmière et lui tiens tête mais elle ne semble pas prête à baisser les armes.
— Il est hors de question que je mette cette chose dans mon corps, mademoiselle Samira.
Elle affiche un sourire en coin et m'approche.
— Cette chose s'appelle de la nourriture jeune homme.
— Non, de la nourriture c'est un bon tacos aux délices à faire vibrer les papilles, des pâtes, de la pizza, commencé-je avec les yeux remplis d'étoiles. Ça... c'est comparable à du vomi de lézard et encore, je suis sympa.
— Un peu de respect pour monsieur Alfonso du deuxième étage ! C'est un... un très beau lézard je trouve.
Je plisse des yeux pour comprendre ce regard mystérieux. Elle me regarde un instant avant de reprendre :
— S'il-te-plait, nourris toi.
— Jamais.
— Je n'ai jamais vu un patient aussi capricieux !
— Je ne suis pas capricieux, je—
— Sunoo !
Je suis d'un coup heureux lorsque je vois mon meilleur ami arriver.
— Jake !
Je l'avais déjà vu hier. À vrai dire c'est la première personne que j'ai vu en me réveillant. Je suis emballé en voyant le sourire chaleureux qu'il me lance, sans penser au fait qu'il sourit rarement. J'ai du l'inquiéter. Je m'en veux un peu.
— Comment tu te sens ?
— Toujours aussi bien que la veille, dis-je en souriant. En plus...
— En plus ?
Je lui fais signe d'approcher. Il se penche vers moi, les sourcils froncés. Je lui chuchote dans les oreilles.
— J'ai une cicatrice.
Jake se fige avant de me dévisager et secouer la tête de façon désespérée.
— Quel enfant...
Il peut juger s'il veut.
Il m'analyse en silence. J'espère qu'il ne va pas remarquer la légère angoisse qui a un rapport avec mon cauchemar. Ça faisait des années que je n'y avais plus pensé et voilà qu'il revient, tout droit sorti de sa tombe. Je soupire.
— Tes constantes sont bonnes.
— Merci, monsieur le médecin en herbe mais je crois que tu vas vexer Samira.
Mon golden retriever favoris remarque enfin mon infirmière et se confond en excuse.
— Oh, euh, désolé, je, en fait—
Jake qui devient nerveux, ça aussi c'est étrange.
— Ne t'en fais pas Jake. Je vous laisse mais ne me l'épuise pas trop. Sinon il devient aigri et c'est un vrai soucis.
Mais n'importe quoi. Je roule des yeux pendant qu'elle s'en va. Je me suis toujours bien senti dans les hôpitaux. C'est principalement du au fait que j'y allais souvent. J'étais un enfant compliqué, et au plus grand malheur de mes parents, bagarreur.
En parlant de bagarre...
— Jake, je l'appelle, presque solennel.
Je suis heureux d'avoir toute son attention.
— Tu peux me dire ce qui s'est passé ?
Le châtain ouvre la bouche, puis la referme avant de jetter quelques coups d'œil sur le côté, comme il le fait d'habitude lorsqu'il est nerveux.
— Tu ne vas pas vraiment... apprécier.
Mes sourcils se creusent.
— Le garçon qui s'est fait tabassé par eux va bien ?!
Je pars du principe que si je me retrouve à l'hôpital, c'est qu'il a eut le temps de prévenir quelqu'un. Jake paraît déboussolé.
— Tu veux parler du chat ?
— Oui.
— Il était passé le soir même avec Jay, mais tu étais encore inconscient. Tu sais, il s'en veut beaucoup parce qu'il s'est évanoui avant d'avoir eut le temps de prévenir qui que ce soit.
Je digère ses informations en y allant pas à pas. Il faut dire que réfléchir là me demande un peu plus d'effort. Alors, le garçon n'a pas eu le temps de prévenir qui que ce soit. Dans ce cas, si je suis encore là, c'est bien que quelqu'un d'autres a du me retrouver.
Soudain, un prénom inconnu entre dans l'équation.
— Jay ?
— Oui. C'est un ami de Lee Heeseung.
Lee Heeseung.
Ça me dit quelque cho—
À peine je pousse dans mes pensées que je m'arrête d'un coup, le visage crispé. Mon regard qui jusque là fixait le vide parce que je réfléchissais, croise celui de Jake. Je lui demande en silence si ce n'est pas ce que je pense.
Mais l'expression de mon ami est définitive.
— C'est lui qui t'as sauvé Sunoo.
***
Je ne sais pas pourquoi cette idée me dérange.
Je veux dire, le fait que ce soit lui spécialement qui soit venu ce soir.
Je n'arrête pas de me tourner dans tous les sens, dans ce lit d'hôpital qui commence à me gêner. Ça va faire quelques jours que je suis ici et je devrais bientôt sortir. Mes parents sont passés et les nouvelles ne sont pas très prometteuses.
Peu importe le contexte, je reste impliqué dans une bagarre.
Et quand bien même mon père a tenté de se montrer délicat, je sentais sa colère et sa déception. Je n'aime pas décevoir mes parents comme ça. L'un des étudiants, Joshua je crois, est gravement blessé. Mais il n'y aura pas de sanction officielle parce que les combats entre hybrides lorsqu'ils sont sous forme animale échappent à la loi.
Je dois aussi faire une sorte de déposition.
Et dans tout ce brouillon de pensées, je reviens à une unique personne.
Lee Heeseung.
Ce nom me paraît tellement familier. Enfin, il s'agit surtout du nom de famille. Lee. Je suis persuadé de l'avoir déjà entendu autre part, et pas dans cette université en tout cas.
C'est lui qui t'as sauvé Sunoo.
Pourquoi il ferait ça ? C'est juste un super prédateur qui s'amuse à terroriser les plus faibles. Il n'a fait que se jouer en provoquant ma peur. C'est un sadique qui aime utiliser sa force en croyant qu'il aurait pu obtenir n'importe quoi de moi.
Et puis, ça se trouve, il me sauve pour que j'ai une dette envers lui.
Il est encore plus fourbe que je ne le pensais. Jusqu'où va la perversité de ces hybrides ?
Ça fait des heures que je suis allongé dans cette position à me poser la question. Jake dit qu'il n'a plus remis les pieds ici. Il paraît qu'il y aura une réunion dans le cabinet du directeur avec tout le monde pour élucider l'affaire.
J'ai pas hâte de le revoir.
Petit menteur.
Je ferme les yeux et me donne une tape sur la joue pour cesser les pensées parasites.
Je ne l'aime pas de toute façon.
— Arrête de réfléchir... tu réfléchis trop.
J'entends ma porte s'ouvrir.
— Allez jeune homme, c'est l'heure du bain.
— Ok.
Une seconde. Le bain ?
Je cligne des yeux en fixant l'infirmière qui vient d'entrer. Mon cœur se met à tambouriner.
— V-Vous avez dit quoi... ?
— Un soucis Sunoo ?
Une seconde. Elle me parle de douche. Les autres jours j'étais trop shooté par les médicaments pour la faire seul. Est-ce que ça veut dire qu'on m'a lavé ? Et si on m'a lavé, est-ce que ça veut dire qu'ils... qu'ils l'ont vu ?
Je commence à psychoter.
Qui m'a examiné ? Analysé ? Lorsqu'ils ont fait des analyses, est-ce qu'ils l'ont vu ? Qui est au courant ? Depuis quand ? J'entends d'un coup les bips s'affoler.
— ...Calme toi ! Hé !
Ma respiration s'accélère.
Ce n'est pas possible. Il faut que je vois mon père, ma mère. Ils doivent m'emmener. On va me tuer ici. Ils vont me charcuter. Rien qu'à l'idée qu'on m'ait vu m'effraie. Tout mais pas ça.
— P...a...papa...
— Bon sang !
Pourquoi cette pièce rétrécit ? Et pourquoi tout s'assombrit avant que la lumière ne se rallume ? Ce petit jeu dure un long moment. La voix de Samira me parvient à peine. C'est comme des échos lointains lorsque je me sens de nouveau sombrer.
Je tombe peu à peu parmi les ombres, avec la peur au ventre à l'idée qu'on découvre cette chose.
***
Je fixe le mur, le vide, angoissé, attendant avec patience.
Je suis d'un coup soulagé lorsque j'aperçois ma mère passer le pas de la porte.
— Mon garçon.
Je souris en me redressant. Elle s'approche et me fait un câlin, un câlin que j'ai tant désiré. Je me sens bien ainsi, dans ses bras. J'autorise qu'on dise que je suis un fils à maman. Rien à voir avec mon père avec qui je me sens en constante rivalité.
Ma mère dit que c'est parce que je suis un mâle et lui aussi.
Que j'ai un caractère de fer et donc, je suis à chaque fois tenté de contester son autorité. Je ne sais même pas pourquoi je pense à tout ça. Je veux distraire ce fichue cerveau et ne plus penser à la raison pour laquelle j'angoisse.
— Comment tu te sens ?
D'une voix étouffée, je lui réponds, mon visage enfouis dans son cou.
— J'veux partir d'ici.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as eus une hausse de tension il paraît.
Ma mère se détache de moi puis prend place sur le siège avant de prendre mon visage en coupe. Je tiens ses mains contre mes joues.
— Je dois partir. Ils... ils ont fait des analyses maman.
— Calme-toi mon garçon, regarde-moi, tu es en sécurité d'accord ?
Je secoue la tête, loin d'être rassuré. Au contraire ; Samira qui me semblait être la plus douce des infirmières est devenue une personne dont je me méfie.
— Tu ne comprends pas. Ils vont savoir pour...
Ma mère prend quelques secondes avant de comprendre où je veux en venir.
— Sunoo. Oh non, mon bébé.
Je grimace malgré moi à ce surnom. J'ai dis que j'étais un fils à maman ? La honte. Je le retire. C'était une pensée dans un état de faiblesse. Je le met sous le compte des médicaments qu'on m'administre.
— Ne t'en fais pas. Il n'y a eut aucun examen de ce type.
— Comment tu peux le savoir ? Tu n'étais pas là.
— Je ne te mentirai jamais.
Pas faux.
— Peu importe. Je veux partir d'ici.
Elle soupire en m'adressant un sourire presque triste. Elle sait de quoi je parle. De mon secret. De cette peur à l'idée que le monde le découvre un jour.
— D'accord Sunoo. Je ferai tout pour que tu rentres le plus vite possible.
Je ne suis pas aussi courageux que ça au final.
***
Un mois, c'est long.
Je feuillette les pages de ce livre en cette journée d'automne. En fait, l'hiver s'approche peu à peu. En attendant, c'est les pertes de feuilles oranges qui colorent le monde. Une écharpe au cou, je regarde à travers la fenêtre de mon dortoir. J'y passe tout mon temps depuis un moment. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Et je n'ai aucune envie de rentrer chez moi, peu importe les appels incessants de ma mère.
Je fixe mes boîtes de calmants qui m'aident à passer les nuits.
J'ai tout le temps froid. Et rien n'arrive à faire partir cette sensation. Ce n'est pas que contre ma peau. C'est à l'intérieur. Ça me saoule.
Peu de temps après ma sortie à l'hôpital, je suis passé au cabinet du directeur. Je croyais que nous serions tous dans la même salle. Mais Heeseung n'était pas là. J'aurais du me sentir plus détendu. Je me suis senti heureux. Je crois. Ou peut-être pas. J'en sais rien.
Enfin, ces joueurs seront punis.
Quand j'ai osé demandé la raison de l'absence du loup à Jake, il m'a informé que ce dernier était assigné à leur résidence pour un long moment. Il paraît qu'il a faillit tuer l'un des ours. Donc un mois — et une semaine bientôt — se sont écoulés depuis. Pas de trace de Heeseung. Ni de ses amis.
D'ailleurs, Jake travaille beaucoup pour les partiels qui approchent.
Je préfère le laisser en paix et passer des nuits blanches dans mon dortoir. Je n'ai plus refais ce cauchemar. J'ai angoissé par moment à cause de ce qui s'est passé à l'hôpital. Je n'arrive plus à trouver un sommeil complet et reposant. À chaque réveil, je me sens plus épuisé que la veille.
Je me dis que c'est peut-être la saison.
Mais les renards ne sont pas si impactés que ça par les saisons. Mon humeur est aussi morose que le ciel gris. C'est comme si tout était devenu fade. Et ça fait quelques jours que l'idée commence à germer, grandir de plus en plus dans mon esprit.
Non Sunoo, non.
Une partie de mon esprit me dit que c'est une grosse erreur. Mais je peux toujours essayer ? Ça se trouve, Sunghoon a raison. Lorsque j'étais encore hospitalisé, j'ai reçu sa visite. Assez étrange pour le coup.
Depuis, notre discussion me hante.
— Je suis conscient du fait que tu ne l'apprécie pas.
Ma tête se colle contre la vitre froide. Une pluie fine se déverse sur l'université.
— Vous êtes pareils. Vous profitez de votre force pour écraser les autres.
— Je ne suis pas là pour le défendre.
— Bien sûr que si. C'est ton ami. Et si tu penses que je me sentirai redevable envers lui soi-disant pour m'avoir sauvé, tu te trompe. Je ne lui ai rien demandé.
Je revois le moi d'un passé pas trop lointain dans ma tête.
C'est comme si j'étais toujours sur ce lit d'hôpital avec en face, Park Sunghoon. Nous ne nous étions jamais adressé la parole jusque là. Il m'a toujours semblé de ceux qui n'en ont pas grand chose à faire des autres. Qui sont perchés dans leur monde où seuls leurs objectifs sont leurs priorités.
Alors, ça m'a surpris qu'il vienne discuter de son ami avec moi.
Je ne vois pas quel intérêt il aurait à ce que ma vision concernant Heeseung change. N'ai-je pas eut raison ? Ce loup me poursuit par pur désir de se divertir. Je ne veux pas lui faire ce plaisir.
— Heeseung est... particulier.
Je soupire contre la vitre. Et dire que la suite de son monologue m'a tourmenté, est loin d'être une blague.
— Il est né avec une nature impulsive et protectrice. Accouplé à son loup dominateur et possessif, il est compliqué pour lui de nouer des relations sociaux... normaux, sans rencontrer des difficultés de compréhension, avec l'acceptable et l'inacceptable.
Je suis le premier conscient que pour nous les hybrides, la nature de notre part animal influe sur notre personnalité. Et le mot prédateur ne va pas sans dominance. Pour autant, ce n'est pas pour cette raison qu'on laisse tout passer non ?
— Je ne te demande pas de laisser passer ou te rapprocher de lui. Mais de comprendre ce que signifie Alpha chez les loups et son influence. Mais de toutes les façons, je tenais à te prévenir personnellement qu'il n'aura plus à t'embêter. Bon rétablissement.
Je connais ces termes.
Ces séparations dans les meutes. Jake m'en avait déjà un peu parlé parce que sa meute s'organise aussi de cette façon. Si je retiens bien, les Alpha c'est ceux qui dirigent, et les Omega, ceux qui se soumettent ? Je trouve ça un peu débile. Raison pour laquelle je n'ai jamais cherché plus loin.
Nous les renards n'avons pas vraiment de système.
Et j'aime cette liberté au sein de ma famille. Sunghoon a raison, je ne comprends pas. Et est-ce que j'ai envie de comprendre ?
Le temps est passé.
Et je me suis mis à réfléchir. Ma mère dit que je devrais quand même remercier celui qui m'a sauvé. Mon père est catégorique et pense que je ne devais plus jamais m'approche d'un super prédateur. Pour lui, l'affaire est close.
Je suis en train de reconsidérer les arguments.
L'idée que ce loup soit aussi manipulateur pour me sauver rien que dans l'optique que je me sente redevable et qu'il puisse m'exiger quelque chose, n'est peut-être que le fruit de mon imagination.
Du coup, j'envisage un petit merci ?
Un merci et je ne le revois plus. Je ne lui fait pas confiance.
Je soupire et ouvre mon ordinateur. Sur la barre de recherche, je tape son nom complet, Lee Heeseung. Je n'attends pas longtemps avant que les réponses ne parviennent. Mes yeux s'écarquillent de surprise. Il y a d'abord un lien qui mène vers un article qui parle de leur famille.
Les parents sont affichés. Ensuite quatre enfants. Heeseung étant le plus jeune.
— Les Lee sont une famille de loups ancestraux qui provient de la Norvège.
Wow, pour être impressionné, je le suis.
Mais c'est quoi loup ancestral ? C'est différent de loup ou c'est juste une appellation comme ça ? Je tape sur la barre de recherche mais je ne trouve pas grand chose. Je reviens à la réalité.
Soit, les Lee restent une famille aisée qui gèrent des hôtels de luxe.
Ça y est, je crois comprendre d'où j'ai entendu ce nom de famille.
Mon oncle Kurl en discutait une fois dans son bureau avec un de ses amis, associés, j'en sais rien. Je devais être en première année à cette époque. Ils paraissaient se disputer à propos d'un sujet.
Enfin bon, des trucs d'hommes d'affaires je suppose.
Je ferme mon ordinateur. Et la première pensée qui me traverse me laisse perplexe.
Je veux qu'il soit là.
Depuis quand je veux qu'il soit là ? C'est n'importe quoi ! Je dois laver ce cerveau. Au moment même où je me redresse, on frappe à ma porte. Je pense à Jake en ouvrant, d'humeur à sortir un peu pour aller dîner.
— Coucou, petit renard.
Je me fige de surprise en reconnaissant cette odeur de cèdre entêtant, une belle veste grise et une montre au poignet de ce visage qui s'est mis à me hanter.
Lee Heeseung. Il est là, devant moi, sourire jusqu'aux oreilles.
_____________
Terriblement anxieuse à propos de ce chapitre. 😭
C'est un peu un chapitre de transition même s'il y a pas mal d'infos, d'indices par-ci et là. Les prochains seront plus mouvementés !
So, je vais fuir Wattpad jusqu'à dimanche prochain mdrr-
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