XXIV

Entourée de ses proches

Grand océan, archipel pirate, Cap Fortune

Yvir traînait des pieds. Faveur avait gagné en demandant à son second de choisir s'il était mieux de jeter l'ancre au port ou à l'écart. La seconde option étant la plus judicieuse, il avait pris le parti de son capitaine et le blond devait les suivre à pied.

– On doit rester discret, répéta Faveur.

Elle avait même pris le temps de passer des vêtements plus simples, laissant son tricorne de côté et sa grande veste. Mais même vêtue si simplement on oubliait qu'elle n'avait pas encore ses dix-sept ans.

Ils traversaient le marché rempli de monde de cette ville portuaire. Bon endroit pour récupérer des informations d'après Faveur. Mais aussi pour se fondre dans la masse.

– On doit aller où ?

– On a encore du temps.

Le Roux se stoppa net, ses yeux étaient fixés sur cette petite échoppe. Il plissa le regard.

– Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda son capitaine.

– Regarde...

Il dirigea sa tête en murmurant.

– Tu le vois ?...

– Non. Qu'est-ce qu'il y a ?

– L'orange qui vole...

Elle fronça les sourcils et puis son visage s'illumina en voyant enfin le fruit qui avait quitté son étalage et se trouvait un chemin sans que personne ne le remarque.

– Suis bien du regard.

L'agrume traversa la foule jusqu'à une main à peine tendue, elle sortit de la cape et l'attrapa au vol. La silhouette était recouverte mais passait inaperçue. D'autres aliments suivirent le mouvement.

– Elle ne change pas, soupira Yvir.

– Il faudrait un miracle, ajouta Le Roux. Allons-nous installer.

C'était dans une taverne des plus banales où il lui avait donné rendez-vous. Il était placé un chapeau dans ses cheveux pour cacher leurs couleurs. Elle n'aurait pas difficile à le retrouver. Au moins, elle répondait présente à sa demande. Même encapuchonnée et au milieu d'une foule, elle était reconnaissable pour lui. Il suffisait de voir sa façon d'être. Le Roux était au bar pendant que Faveur et Yvir buvait à une table. Le blond était plus joyeux qu'à leur arrivée.

– Une bière de Merlit, fit la voix sous le capuchon.

– On ne sert pas les femmes seules.

Un couteau sorti de nulle part se planta à côté de la main de l'homme.

– Une bière de Merlit ! Tout de suite !

Le tavernier prit sur lui et se dépêcha d'aller chercher la boisson. La tête encapuchonnée se tourna vers lui.

– Quoi ? Tu veux un portrait ?

– Non merci, il pouffa.

La bière arriva devant elle et elle passa ses pieds dans la main de l'homme.

– Tu vois, ce n'est pas si compliqué.

– Ce n'est pas raisonnable pour une jeune fille.

Elle haussa les épaules et remit son attention sur Le Roux.

– Qu'est-ce qui t'amène ici toi ?

– Moi ? Je suis de passage...

– C'est marrant ça, moi aussi, elle sourit.

Ce sourire en coin qui ne disait rien de bon.

– Je cherche quelqu'un, un homme aux cheveux rougeoyant, elle développa. Et toi ?

– Je vais retrouver une jeune femme disparue fabuleuse que j'aime beaucoup.

– Quel chanceuse ! Elle le sait ?

– On s'est même marié.

Elle grimaçait et marmonna qu'il n'y avait que les idiots pour croire au mariage.

– Ton avis m'indiffère sur la question.

– Et donc tu as besoin de mes talents ?

– Pour récupérer ma femme ? Oui.

– Et tu sais où la trouver ?

– J'ai eu l'aide de mon capitaine.

– Tu es devenu marins ?

Personne ne semblait faire attention à leur conversation mais il préférait rester discret. Il se pencha vers elle et souffla :

– Second de la fille de Météore.

– Il a eu des gosses lui ?!

– S'il te plaît...

Elle soupira lourdement et but une nouvelle gorgée.

– Toujours aussi rabat-joie.

– Tu peux parler. Bon, tu nous accompagnes ?

– C'est à voir... J'aimerais rencontrer les autres avant de donner ma réponse...

La convaincre fut d'une aisance redoutable. Elle était tout de même venue dans l'unique but de les aider. C'était dangereux pour elle aussi mais il ne doutait pas que son amie y parviendrait facilement. Ils trinquèrent à leur alliance. Il jeta un coup d'œil à Faveur dans un coin de la salle.

– Donc, c'est elle ton capitaine ? Souffla son amie.

Il se contenta d'acquiescer et de lui faire signe de le suivre. Ils quittèrent côte à côte les lieux pour se rendre au point de rendez-vous en dehors de la petite ville. Faveur accompagnée de Yvir les rejoignit rapidement. Elle dévisagea leur soutien sans vergogne avec un air mauvais.

– Donc. C'est une femme ?

Le Roux approuva d'un mouvement de tête. Faveur s'approcha d'elle pour voir son visage, étant donné qu'elle était un rien plus petite que l'inconnue. Cette dernière, ne bougea pas et l'observa de ses yeux vert brillant de magie.

– Qui es-tu ma jolie ?

– Pour ton bien, il vaut mieux que vous ne le sachiez pas...

Yvir s'approcha pour calmer Faveur qui était dans tous ses états depuis les dernières nouvelles. Elle ne sentait pas cette histoire et il y avait de quoi. Il posa ses mains sur ses épaules. A son tour, il découvrit le visage de la jeune femme avec peu d'étonnement. Très vite un petit rire passa entre ses lèvres avec un grand sourire confiant.

– Je ne la sens pas !

– Tout ira bien.

– Tu la connais c'est ça ?

Il y avait une pointe de jalousie dans la voix de la jeune fille. Yvir avait connu beaucoup d'autres avant elle.

– Oui, comme ton père et le mien.

– Zadig la connaît ?

– Oh que oui...

– Mais vous ne voulez vraiment rien me dire.

– Arrête de t'inquiéter Faveur, cette fille va nous aider à faire sortir Hyacinthe de son trou. C'est le plus important.

– Je n'ai pas encore accepté. J'observe la situation dans son ensemble puis ensuite je choisis d'agir ou non... Bon, est-ce que vous savez où cette fille se trouve. Sans vous décourager, Saphar est immense.

– Donc tu n'as pas une idée d'où elle serait. Toi qui vois tout.

– Je ne suis pas Nébuleuse, ça ne se fait pas en claquant des doigts.

– De quoi vous parlez Le Roux ? Demanda la rouquine.

– Notre amie...

– Alliée de circonstances à la limite.

– Bref, elle pourra nous aider à confirmer sa localisation.

– Avec suffisamment d'éléments précis, elle ajouta.

– Justement, se reprit la capitaine. J'ai des informations, je sais où elle est...

Visiblement la nouvelle n'enchantait pas la jeune fille qui reprit son air sérieux. Elle sortit son éternel carnet, et en retira une page soigneusement pliée. Elle ouvrit la petite carte qu'elle étala sur le sol. Les plans approximatifs d'un bâtiment militaire y figuraient. Elle aurait dû prier pour ne pas y retourner. Peut-être même brûlé cette carte, de toute façon elle ne devait plus être à jour.

– Voici ce que Saphar nomme "la prison pour pirate". En réalité, après de longues investigations, il apparaît que seule ma mère, épouse d'un grand pirate, y a été enfermé. Enfin il est fort probable que quelques-uns y ont fini aussi mais les informations sont floues et je ne suis pas certain qu'ils soient des pirates, ou alors ils débutaient, ou encore ils ont été confondus avec les contrebandiers et mercenaires... Rien de très sérieux.

L'inconnue croisa les bras en l'observant expliquer rapidement la structure, les entrées et sorties.

– Et, concernant Hyacinthe, tu sais où elle est ?

– Je n'ai pas grand-chose sur les geôles, on suppose qu'elle a été envoyée la, puisque la sécurité y a été renforcée.

– Pardon ?!? Tu sais ce que ce bâtiment habite selon moi ? S'emporta la jeune femme.

– Bien sûr que je sais que c'est une façade. C'est évident... Figure toi que j'y suis déjà entrée et son gardien se souvient très bien de moi, elle sourit fièrement. A l'époque quelqu'un y drainait la vie de ma mère, ce qui signifie la présence du mage de vie qui en est à l'origine. Louri m'a confirmé que le plus haut "soigneur" de Saphar passe beaucoup de temps dans cette forteresse. C'est donc dans cette idée que nous sommes venu directement près de Molra. Les gens parlent et mes soupçons sont confirmés que notre homme est bien ici.

– Tu es sûr qu'elle est là ?

– Vérifie. Mademoiselle le super mage.

– Non, je te crois, ma jolie... Il faut faire profil bas pour l'instant.

Yvir passa un bras autour des épaules de Faveur pour la coller contre lui. Son bonheur était communicatif.

– Ça c'est ma femme ! Il fit fièrement.

Le Roux leva les yeux au ciel alors qu'un sourire se dessinait dans l'ombre de la capuche du mage. Celle-ci redressa le dos sans quitter la rouquine du regard.

– Tu as trouvé un bon capitaine. Elle a de qui tenir...

– C'est une véritable mine de trésors, continua le grand blond qui s'assis dans l'herbe en emportant Faveur.

– Toi non plus tu ne changeras jamais... répliqua la fille de Météore.

Il lui vola un baisser avant de la laisser enfin exposer tout ce qu'il y avait à savoir. En réalité, elle ne savait pas grand-chose. Il leur faudrait rentrer dans le bâtiment en faisant attention aux nombreux tours de garde probablement. Les choses devaient avoir changé ou ils étaient définitivement stupides. Ensuite, ils leur faillaient soit trouver directement les cellules, soit le gardien en chef et ses documents pour avoir l'exactitude de l'emplacement de Hyacinthe. En espérant qu'elle soit bien présente sur les lieux. Mais elle n'était visiblement pas inquiète, Faveur savait que si ce fameux mage de vie était présent, sa sœur de cœur y était aussi. Il devait certainement profiter pour lui extirper de la vie. Sur que c'était un véritable filon perpétuel.

– Et pour sortir ? Fit la mage.

– La grande porte, va falloir courir.

- Donc votre plan est... Totalement approximatif ?...

– On aura Le Roux en renfort si ça tourna mal, expliqua Yvir.

– C'est un mage de feu très fort, compléta Faveur. Il ne reste plus qu'à savoir si toi tu nous suis. Et en quoi on peut te faire confiance et tu vas nous aider.

Elle restait méfiante envers l'inconnue.

– Ne t'inquiète pas Faveur, si mon père adore cette fille c'est bien parce qu'elle est aussi tarée que lui. Ce n'est pas un plan d'attaque sans suite qui la rebuter.

– On verra une fois arrivée.

Ils mangèrent sur le bateau et prirent la mer avec le début d'équipage de Faveur. Ils longèrent les côtes et évitèrent les bateaux grâce à l'œil avisé de cette fille. Elle était brune sous sa capuche et passait son temps à la proue en fixant la mer. Faveur s'en méfiait toujours mais devait admettre que ses capacités étaient impressionnantes. Mais c'était bien le premier mage à qui elle n'irait pas grappiller un quelconque artefact. Elle ne l'appréciait pas. Yvir disait qu'elles avaient pourtant beaucoup en commun. C'est vrai que c'était une voleuse elle aussi. Mais y avait-il autre chose ?

Le lendemain soir, ils arriveraient près de Molra. Ils étaient proche et Faveur ne tenait plus en place. Elle quitta de la nuit le lit qu'elle partageait avec Yvir. Son beau pirate était endormi profondément comme toujours avant une grande bataille. Rien ne semblait déstabiliser cet homme.

Vêtue d'une chemise trop grande et d'un pantalon, elle entreprit de faire le tour des pont supérieur et inférieur de son magnifique galion. Tel une statue, leur invité était toujours à la proue.

– Personne ne va nous attaquer en pleine nuit.

– Dans le Nord, on profite beaucoup plus de la nuit, elles sont plus longues en hivers et courtes en été. Se cacher dans le noir pour surprendre et tenir effrayer la population...

– On va se fondre dans la masse demain, la dernière fois je suis entré sous prétexte de visite à un prisonnier.

– Et ils t'ont laissé passer ? Elle pouffa de surprise.

– Bien sûr, je suis irrésistible.

– Et ensuite ?

– J'ai coupé les jambes de celui qui m'a pris mon enfance. Je croyais qu'il avait tué ma mère.

– Juste couper les jambes ?

– Oui, je voulais le tuer puis je me suis dit que c'était trop facile. Alors j'ai changé mes plans.

– Tu as raison. Tuer ne résout que temporairement les problèmes. Ce type, je l'ai vu, il a de fausses jambes. Il boîte constamment du coup.

– Bon à savoir, elle sourit avant de comprendre. Tu as vu la prison ?

Elle lui tendit des feuilles griffonnées que Faveur prit. Dessus était tracé les plans plus précis de la bâtisse, mais aussi inscrit tout ce qu'il y avait à savoir dessus. Elle les parcouru en diagonale. Cela ne faisait pas si longtemps qu'elle était passé mais comme de fait les choses avaient bien changé.

– Ça semble plus facile que je l'aurais cru. Enfin en apparence.

– C'est un immense piège qui vous est destinée.

– Ils veulent nous attraper c'est clair.

– Même Le Roux ne pourra pas s'en sortir avec sa magie de feu. Il est donc juste de le garder en renfort.

– Tu vas nous aider alors ?

– Je pense... Ce sera ta deuxième incursion dans une prison si je comprends bien ?

– Oui, j'aurais voulu ne pas y retourner et en même temps, j'ai un compte à régler pour ma mère.

– Racontes.

Faveur hésita avant de lui confier ce qu'il était arrivé avant de finalement lui donner les grandes lignes.

– Yvir a raison, on se ressemble toute les deux. Enfin pas complètement non plus.

– Tu fais quoi dans la vie toi ?

– Moi ? Elle fit surprise. Moi je suis une voleuse, j'ai l'habitude de m'introduire dans des lieux... Peux accueillant ?

– Comme cette prison ?

– Pire qu'elle. Il est clair que personne ne s'attend à me voir.

Le piège était bien ficelé pour les attraper, elle se demanda quel genre de pouvoir elle avait et surtout qu'est-ce qui arrêtait une fille pareille ?

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On est le 24 déjà. On a très bien avancer et comme vous le voyez, il y a encore quelques chapitres à venir !

Plus beaucoup malheureusement mais je continuerai de vous en poster tout les jours avant de passer à la suite. Me petit cadeau des fêtes.🥳

Mais on a pas encore terminé, on est qu'à la moitié des volumes. Donc ! À votre avis QUI sera à la tête le tome 5 ?

Demain :

Par sa puissance inégalée...

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À demain 9h pour la découvrir la suite ❣️

Passer un bon réveillon 💕
Bizzz
Anarsis ❣️