XVII 🪻 Dans toute son horreur

XVII

Dans toute son horreur

Grand océan, archipel pirate

Trajet avait été d'un silence mortel. Mais aussi très bref. Elle avait mis du temps à convaincre Théon de changer d'avis. Les mages de sang ne commençaient pas par cette voix mais par l'eau. Il n'était plus très bon dans cette matière mais cela suffisait amplement. Elle priait pour que l'ennemi n'aie pas le temps d'attaquer.

Ses pieds tombèrent sur le sol chaud, le ciel était dégagé, les problèmes allaient s'amplifier.

– Montre leur qui tu es, ma belle.

Le roi des pirates ajouta à ses mots une main franche sur son épaule. Il attendait ce moment depuis si longtemps.

– Je ferai honneur à votre confiance.

– Oh, tu l'as déjà fait quand tu t'es relevé de ce premier coup. La tête de cet amiral...

Il riait de bon cœur. Elle esquissa un petit sourire avant de se tourner vers l'île elle-même. Elle avait une sacrée trotte à faire maintenant. Le mage sombre était de retour...

Celui qui terrorisait Météore, glaçait le sang de Yvir. La personne qu'il ne fallait pas déranger au risque de terrible représailles. L'amiral ...... l'avait réveillé. Elle aurait pu le tuer pour avoir ordonné de l'éliminer. Non pas que c'était ses paroles mais plutôt le fait qu'il l'ait fait tuer plus exactement.

La mort l'angoissait, la mort des autres. La sienne, elle s'en fichait, elle ne pouvait pas mourir. Même vidée de son sang, au fond de l'océan sans air dans les poumons, une balle dans la poitrine, la tête coupée, au bout d'une corde, embrochée de mille piques, rien ne pouvait faire disparaître la vie éternelle qui brulait en elle et la hantait. Le fond du problème était ailleurs. Peu importe ce qu'il se passait, elle restait debout. Peu importe les douleurs. Les coups qu'elle avait reçus la faisaient souffrir physiquement, c'était insoutenables mais vite oublié face à cette réalité qui la percutait à chaque fois.

Quand il n'y avait plus personne, il y aurait toujours elle.

Debout, au milieu d'un monde dépourvu d'humanité, de personnes avec qui rire, chanter, pleurer, parler et danser. Elle finirait inexorablement seule. C'était son sombre destin, la solitude. Alors, elle avait commencé à en faire des crises d'angoisses. Elle se tenait à toujours bien rendre sa magie impuissante, qu'est-ce qu'il se passerait si elle avait accès à ses pouvoirs démesurés ? Hyacinthe se définissait comme un monstre, la personne qui stoppait la pendule et finissait ainsi par éteindre l'humanité du le monde entier.

L'amiral n'avait qu'à se plaindre à son pays, ceux qui avaient créé ce monstre. S'ils n'avaient pas attaqué et tuer son père, il n'aurait pas eu à sacrifié sa vie pour elle. La jeune femme ne croyait pas dans le destin, dans les prophéties, les événements inéluctable. Non rien de tout cela n'existait pour elle. Chacun tressait son propre chemin, sa propre destinée.

Il allait regretter de l'avoir fait tuer, l'avoir réveillé.

Les pas se suivaient, presser. Mais les bruits des autres la suivaient. C'était presque des résonnances à ses pas. Derrière elle, son plus vieil ami et sa petite sœur de cœur. Personne ne se plaignait de ses pas rapide et c'était mieux pour tout le monde. Théon les avait quittés en courant à peine le pied posé sur le sol ferme. Faveur réfléchissait encore et encore, elle tentait d'y trouver une réponse. Il savait ce qu'il avait à faire. Hyacinthe l'aurait suivi s'il n'y avait pas eu ses maudites plaies. Peut-être qu'elle devrait demander finalement à Le Roux de les cautériser. Remède douloureux mais efficace dans son cas.

– Et, on va où comme ça ? Demanda la jeune capitaine.

– On ? Elle fit surprise.

– Oui, je vous accompagne.

– Pas en mer.

– On verra plus tard, donc, tu vas où comme ça ?

– Où je veux.

Elle était peut-être un peu trop froide avec la jeune capitaine au grand tricorne bleu foncé. Mais son humeur était au plus mal, on jouait avec ses nerfs.

– J'ai bien compris que tu vas contre-attaquer, et je veux être de la partie.

– Hors de question ! Elle la coupa.

Elle avait tanné son père toute la journée, il l'avait tout de même emmenée aux pourparlers. La petite fille y avait disparu pour donner place au capitaine, sa prestance était impressionnante quand elle le voulait, elle irait loin. Puis ils étaient rentrés et avec la fillette en quête de grandes aventures était de retour. Son caprice était de participer à cette bataille mortelle. Enfin, on pouvait dire qu'au moins elle avait de l'ambition leur petite Faveur. Ça venait de son père, Météore, le roi des pirates. Ce dernier lui avait dit de voir avec Hyacinthe. Le Roux, en revanche, était un choix acceptable, voir même indispensable bien qu'il soit rattaché aux pirates du Trésor, navire de Faveur. Il savait comment elle fonctionnait mais Faveur... Non, elle n'avait connu que la Hyacinthe souriante et joyeuse, parfois un peu sérieuse. La serveuse qui prenait soin d'elle depuis son arrivée à l'âge de onze ans.

La fille du roi des pirates était inconsciente du danger qui leur courait après. Une flotte entière d'une vingtaine de navires de guerre au minimum. Des navires de guerres ! Il devait y en avoir derrière aussi. Il fallait plus que des artefacts pour affronter seul tel adversaire.

La bataille navale était engagée déjà. Oh, elle détestait ça, c'était comme ça qu'on finissait noyer au fond de l'océan entouré de corps inerte et de débris, qu'on perdait tout dans la piraterie. Ça et la corde autour du cou. Faveur ne comprenait pas le danger, ou simplement elle voulait y foncer, comme Yvir faisait. Mais elle n'était plus juste un simple visage, elle était la fille du roi des pirates, raison pour laquelle ni Météore ni elle ne devait s'engager frontalement.

Le Roux restait en retrait. Sa place était assurée et il savait que rien ne stopperait la brune dans sa lancée. C'était la mieux placée pour remballer Faveur.

– Mais pourquoi ? On sera plus fort à trois pour écraser ses vermines ! J'ai mes armes remplies de magie et je sais m'en servir.

Visiblement, elle n'avait pas changé d'un pouce. Quand Faveur décidait d'une chose, elle n'en démordait pas jusqu'à arriver à ses fins. Elle la connaissait suffisamment pour savoir que la fillette continuerait et pour se mettre volontairement en danger, à nouveau. Sauf qu'elles étaient deux à ce jeu et elle possédait l'avantage de la surprise, bien que Faveur se fût vite remise de l'avoir vue se faire transpercer.

D'ailleurs, il lui fallait changer de vêtements. Une chance de Théon soit présente, il devait se douter de ce qui allait s'y passer. Normalement il devait la retenir, la tempéré. Mais il avait surtout géré ses blessures par le sang pour qu'elle se reforme. Si leur soigneur stupide savait ça... Enfin lui au moins était occupé à faire son travail et ne pas lui casser les pieds !

– J'ai dit non.

– Vous ne pouvez pas vous attaquer à deux à ses navires. Certes vous êtes fort mais il vous faut un navire...

Le regard d'or de Hyacinthe se planta dans les pupilles de Faveur, lui glaçant le sang. Elle déglutit. S'en était fini d'elle.

– Ce sera un carnage, tu es certaine de vouloir assister à ça ? Un mage de vie, c'est un mage de mort. Mon sillage ne laisse que des corps sans vie. Il n'y aura que le désespoir au bout du conte. Tu veux voir ça ?

– Et Le Roux... Il sait ?

– Je la connais depuis toujours, il ne faut pas la titiller là où ça fait mal. C'est de famille, son père était pareil, il voulait la paix et refusait l'injustice. C'est leur côté raisonnable qui nous a empêché de tous disparaître. Je sais à quoi m'attendre.

Faveur continua de la suivre en réfléchissant.

– Il te faut un navire et j'en ai justement un... Et j'ai un bon équipage qui n'attend que de se lancer.

– Ils encerclent le golf, pas un navire de peu quitte les eaux de l'île sans finir en lambeaux.

– Yvir est revenu entier.

– Parce que c'est Yvir, il maitrise l'art des batailles navales, pas moi. Moi c'est le massacre de masse.

– Un claquement de doigts... Souffla Faveur.

Elle avait raison d'y songer. Ses doigts fins pouvaient si facilement tout réduire en poussière. Mais elle n'avait pas encore dépassé le stage de mage pour celui des maîtres mais ce n'était pas si simple d'apprendre la suite seul sans livre, son professeur était décédé, son propre père, et cette magie n'était pas transcrite sur quelconque livre, c'est une sécurité pour ne pas que n'importe qui se retrouve aussi puissant. Le maître jugeai ses élèves pour voir s'il était apte à cela et qu'ils ne détruiraient pas le monde.

– Et tu comptes y aller comment ?

– Tu verras.

De toute façon, elle les suivrait avec ou sans accord. Mais devoir se préoccuper en plus de Faveur. Enfin peut-être que cela lui apporterait quelque chose d'assister à ce que la piraterie, non Saphar, avait engendré de pire. Parce que c'était eux qui l'avaient rendue comme elle était même si ce n'était pas volontaire.

Hyacinthe continua d'avancer. Ils avaient déjà perdu beaucoup de temps. Le rouquin était silencieux et suivait à ses côtés la cadence. Il évitait de parler de ses erreurs plaies, qu'elle-même voulait oublier. Elle espérait toujours que la princesse des pirates détourne suffisamment son attention pour ne pas qu'elle remarque. Ses plaies ne saignaient plus grâce à Théon, mais c'était toujours à vif et ses mouvements le lui faisait sentir. Cela ne passait pas inaperçus à aux yeux bleu gris de Faveur malgré tout le mal qu'elle se donnait pour paraître normale.

– Je ne sais pas où tu veux aller mais tu devrais aller voir ... pour au moins qu'il te soigne.

– Ça ira, je ne risque pas de mourir.

Elle pouvait la sentir lever les yeux au ciel. Au moins, ils n'étaient plus très loin. Le Roux comme elle, vérifiait l'absence de navire de ce côté. À quoi cela pouvait servir de tenir une telle zone remplie de falaises.

– Faveur, intervint soudainement Le Roux.

– Oui ? Fit son capitaine.

– En tant que ton second, je me dois de t'avertir que ce qui va suivre si tu nous accompagnes va être hautement dangereux.

– Je le sais très bien, ce n'est pas la première fois que j'attaque Saphar.

– Non, ce sera différent, tu es précieuse, encore plus qu'avant.

– Je ne me laisserais pas capturer !

– Tu peux venir mais tu restes toujours proche ou au moins à ma vue ou ton père me tuera, d'accord ?

Elle approuva enfin le compromis. Le Roux avait su trouver le terrain d'entente et elle m'en remerciait car Faveur aurait fini par les suivre clandestinement, c'était bien sa marque de fabrique après tout.

Elle se stoppa, ils n'étaient là où personne ne venait, de l'autre côté de la petite chaîne de volcan depuis bien longtemps éteint pour passer du côté des falaises de l'île, là où personne n'allait pas principe où sans grande raison. Faveur regard la vue du dessus d'une falaise, complètement bouchée.

– Incroyablement, je ne connaissais pas encore se coin. C'est la zone interdite non ?

– Si on veut... Personne pour dire ne vient plus ici, fit Hyacinthe. C'est une sorte de loi tacite depuis le début de l'archipel.

La jeune femme se tourna alors vers son ami. Et tendit sa main.

– Puis-je prendre votre main ?

Comprennent son insinuation, il s'exécuta sans attendre de peur qu'elle change d'avis. Bien qu'elle recommençât ce petit jeu entre eux. Mais ils s'étaient rapprochés ou plutôt avaient franchi un premier cap. Il tenait aussi à ce petit jeu entre eux. Les choses devenaient plus délicates devant l'entrée de cette fameuse grotte. Lui-même avait le ventre qui se retournait, il en avait tellement entendu parler, il en avait rêvé mais les choses étaient différentes.

Il n'y avait plus que Hyacinthe, son parrain était disparu. Le Roux comptait bien la soutenir.

– Qu'est-ce qu'il y a là derrière ?

– Mon passé...

S'y rendre signifiait ne plus pouvoir retourner en arrière. Endosser définitivement ce rôle.

Le Roux resserra un peu plus sa main dans la sienne. Il n'était plus question de reculer, il lui donnait sa force et son soutien. Ce sera difficile pour lui, elle avait soigneusement évité de parler de ce qu'il restait. Elle s'était contentée de balayer d'un revers de main ce qu'il s'était passé. Il ne savait pas tout mais il savait l'essentiel. Il n'y avait pas besoin de mots avec lui pour qu'il la comprenne et l'inverse était si vrai.

– Mon futur... Elle marmonna.

Hyacinthe reprit sa marche de plus belle, la tête haute et pleine de résolutions.

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Demain :

Ainsi devint ...

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À demain 9h pour la découvrir la suite ❣️

Bizzz
Anarsis ❣️

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