I 🪻 Une fille de pirate...

I

Une fille de pirate...

Cap Fortune, bar La Grande Voile.

Cette nuit était agitée. Son corps transpirait et remuait dans tous les sens. Elle cherchait à récupérer l'air, elle se débattait.

– Non ! Papa ! Elle cria en se redressant net.

Ses yeux passèrent au crible sa petite chambre qui était une dépendance de la taverne. Elle souffla et chassa les images de sa tête. La sensation de l'eau qui remplissait ses poumons, de couler à pic, le bleu suffoqua qui l'englobait près à en finir avec elle. Pourtant cela continuait, encore et encore. Les cadavres l'entouraient au milieu des eaux et passaient. Les visages étaient nets et finissaient sur celui de son père.

Elle passa une main sur son front et prit un verre d'eau posée sur sa table de nuit. Elle le vida d'un coup et se replaça dans son lit. Quand elle fermait les yeux à nouveau, le cauchemar revenait.

Hyacinthe maudits Zadig d'autant insisté pour qu'elle suive ses amis. Quelle tête de pioche celui-là.

Elle tenta une autre position mais rien n'y faisait. Maintenant c'était la déesse de mer qui lui prenait la tête. Ils avaient pour objectif d'aller la trouver et c'était bien la première fois qu'elle était curieuse de voir si Faveur et compagnie y parviendrait. Peu importe la fiabilité d'une information, c'était une divinité et elle faisait comme bon lui chantait.

Après avoir entièrement retourné son lit, elle balança les couvertures sur le côté et se leva. Il y en avait marre. Cette histoire tournait en boucle dans sa tête. Elle enfila son éternelle jupe rose avec sa chemise blanche et un corset par-dessus. Ses bottes au pied et une torche dans la main, elle sortit en fermant derrière elle comme toujours.

Ce n'était pas très courant mais avec la taverne qui sait qui pouvait entrer dans le vouloir chez elle.

Elle marcha un petit moment pour passer de l'autre côté de l'île qui n'avait pas de secret pour elle. Hyacinthe était ici depuis bien trop longtemps pour ne pas avoir explorer tout ce qu'elle pouvait malgré qu'elle ne fût pas non plus la personne la plus agile pour ses choses-là. Néanmoins, elle ne risquait assurément pas de se perdre.

La forêt passer, ses pas la menaient à cette crypte couverte immense qui ressemblait à une grotte. Un navire était amarré sur le quai dont il était impossible d'attester de la solidité. Il y avait aussi des vieilles caisses et tonneaux abandonnés. La poussière, les toiles d'araignées, les mauvaises herbes, tout attestait que cela faisait bien longtemps que personne n'était venu y passer. En même temps, combien de personnes connaissaient cet endroit ? Ou qui s'en souvenait ?

Non, personne ne s'en approchait, c'était un accord tacite. Mais personne ne savait la raison. Personne ne devait découvrir la caravelle entreposée hors de l'eau. Il n'y avait qu'elle qui venait et ce n'était pas du tout régulier. La dernière fois remontait à une éternité. Elle s'assit sur les marches qui descendait au quai. Ses yeux fixaient la coque de bois brune dont la couleur partait.

Sa main se posa sur une petite pierre. Elle cela activa la magie et tous les éclairages s'illuminèrent de petites flammes flottantes alors qu'il n'y avait pas de bougies. Si Faveur avait vu ça...

Les larmes venaient à ses yeux alors que son cœur se serait à nouveau. Le chagrin était toujours aussi présent et puissant.

– Merde quoi !

Sa voix résonnait presque. Elle cria à nouveau des insultes, elle lâcha sa colère, sa frustration, sa détresse.

Plus elle continuait plus ses pleurs se tarirent. Mais le mal ne partirait jamais, c'était trop tard. Les corps qui l'entouraient dans ses songes ne reviendraient pas, ils étaient restés à la mer.

– Ils m'énervent ! Elle pesta à nouveau en se levant.

À grandes enjambées, elle fit le tour de la crypte pour atteindre le lieu de vie. Ici, elle n'y avait plus mis les pieds. Depuis encore plus longtemps que l'entrée. Cet endroit était aussi mort qu'abandonné. Une vieille planque de pirates...

Elle trouva assez facilement ce qu'elle cherchait. Un vieux sac en tissu gris qui avait vécu beaucoup. Un sourire triste se dessina sur ses lèvres et une larme coula sur le tissu. Tout cela... Cette vie... Elle en avait la gorge serrée à nouveau.

Il y avait aussi ce coffre, avec une jacinthe de dessiner dessus. Ses doigts effleurèrent la peinture. Sa mère avait toujours été une artiste. Elle était très douée.

La serrure était ouverte, il ne lui fut pas très difficile d'ouvrir le coffre en bois. Lui aussi, elle ne l'avait pas touché depuis une éternité. En fait, elle y avait rageusement enfui tout son passé ce jour-là. Les étoffes froissées étaient mélangées avec des livres, des objets diverses qui attestaient de ses voyages. Chacun lui rappelait un souvenir précieux.

Elle fouilla à l'intérieur. Dire qu'on la trouvait ordonnée, cela la faisait rire, il ne voyait pas plus loin. Ses doigts agrippèrent enfin le jupon, elle tira et il vint à sortir. Ce n'était pas très long, il devait à peine arriver à ses genoux. Le rose était proche de celui de sa jupe mais celle-ci était plus bouffante et sa taille plus courte serait plus pratique pour voyage.

Cette idée la terrifiait et l'obnubilait à ne pas en dormir. Mais un œil se la caravelle et ses peurs disparaissaient mais pas sa tristesse. Surtout quand elle se disait que cette jupe était à sa mère et que la dernière fois qu'elle avait pris la mer c'était avec son père. Si on oubliait la pitoyable tentative de Yvir quelques années plus tôt,

Elle se changea et plaça devant un miroir. Il lui fallut frotter la poussière pour s'y regarder. Le temps pouvait si vite passer. Vingt-et-un an... Surtout quand ses yeux tombaient sur un vieux portrait de leur famille fait par sa mère.

– Vous me manquez tous... Je ressemble un peu plus à papa aujourd'hui...

Les larmes roulaient à nouveau sur ses joues. Jamais elle ne semblait vouloir se taire. Sa peine ne semblait pas pouvoir s'éteindre.

– Je... Je vais aller voir Nébuleuse. Enfin si on la trouve.

Elle n'était pas une rêveuse, mais réaliste. Il était temps. Affronter ses peurs pour avancer et définitivement tourner la page. Elle n'était qu'une serveuse dans un bar sur une île de pirate. Des gars à l'esprit échauffé, elle en avait fait taire. Ce n'était pas une flaque d'eau qui allait lui faire peur.

Ou pas.

Elle remplit son sac de ce qui lui semblait utile. Ses mouvements étaient interrompus à chaque fois, elle s'arrêtait sur les objets un par un. Les souvenirs étaient si vifs. Elle avait l'impression d'emporter avec elle son père et leur famille.

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Alors qu'est-ce qui peut bien motivé Hyacinthe à partir en mer avec les autres ?

Prêt à retrouver tout le monde ?

Demain :

Qui avait peur...

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À demain 9h pour la découvrir la suite ❣️

Bizzz
Anarsis ❣️

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