1.

Avertissements : homophobie et pensées suicidaires.


L'amour arrache les masques sans lesquels nous craignons de ne pouvoir vivre et derrière lesquels nous savons que nous sommes incapables de le faire - James Baldwin

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Froid.

C'était la seule pensée qui était capable de passer à travers le bruit blanc constant de mélancolie tournant encore et encore dans sa tête.

Alors c'est comme ça que ça va être.

Il rigola amèrement, mais ça sonna plus comme un soupir de défaite, d'abandon. Il leva sa main et la fit tournoyer d'une façon moqueuse, un petit drapeau blanc s'agitant de façon invisible à travers l'air frais de l'automne.

Ses chaussures sales foulèrent le sol sous lui, les feuilles craquant ; au loin, il pouvait entre le bruit des voitures, allant et venant d'endroits beaucoup plus important que là où il allait.

Froid. Noir. Vide.

La petite route de campagne, en particulier, était toutes ces choses, tout comme ce qu'il ressentait. Il n'y avait pas de lumières, juste la route noire, des arbres et des poteaux téléphoniques. Quelques mètres devant lui se trouvait un pont surplombant une rivière à fort courant. C'était tout.

C'était là où il allait.

***

Louis Tomlinson avait dix-huit ans, en dernière année au lycée. Il était dans le programme d'encadrement de son lycée et il avait trois bourses, et encore plus à venir pour l'université. Il avait une mère et un beau-père, ainsi qu'une armée de petites sœurs et un petit frère.

Il était le quarterback star et le co-capitaine de l'équipe de football, ils avaient été au championnat d'état deux fois lors des quatre années où il avait joué, et ils l'avaient même gagné une fois. Il était arrêt-court dans l'équipe de baseball, le meilleur même, et il avait été mis dans l'équipe première lors de sa première année au lycée.

Il était populaire et talentueux athlétiquement. Il accordait de l'importance à ses notes, tous des A et des B (et un C en mathématiques, mais c'était sa faiblesse). Il était véritablement adoré par ses camarades et ses professeurs, et il portait un nom que tout le monde connaissait dans sa petite ville.

Il était drôle, hilarant même, si être élu clown de la classe trois ans de suite était quelque chose à quoi se fier (il le serait probablement encore cette année s'il allait jusqu'au bout). Il avait, également, été élu le sportif ayant le plus de chance de devenir pro pendant trois années de suite, ainsi qu'une partie du couple le plus mignon de l'année, avec une fille différente à chaque fois.

Alors Louis Tomlinson était beaucoup de choses. Aimé, admiré, talentueux.

Mais par-dessus tout, Louis Tomlinson avait honte.

Vivre dans une petite ville signifiait que tout le monde connaissait tout le monde. Ça signifiait que tout le monde était soudé, ça signifiait que la communauté était importante.

Ça signifiait qu'il y avait peu de diversité, ce qui voulait donc dire qu'il y avait plus de conservatisme que de libéralisme.

Les enfants étaient élevés en allant à l'église et n'avaient jamais vraiment l'opportunité de laisser libre cours à leurs propres pensées et croyances. Elles étaient simplement transmises d'une génération à l'autre, peu de changement et tellement peu d'acceptation pour la 'nouveauté' et la différence.

Alors Louis avait entendu où les gens comme lui allaient. Il l'avait entendu tellement de fois qu'il s'était construit des murs autour de lui pour se protéger – grands et se dressant devant lui, sans fenêtres ni portes. Seuls les mots durs rebondissant de mur en mur.

Il ne l'avait pas seulement entendu, non, il l'avait vu, l'avait ressenti. Il observait le peu de tolérance se déployer quotidiennement, il voyait la haine, le dégoût. Il sentait la brûlure s'installer profondément dans son âme à chaque fois que ça arrivait, pas à lui mais aux autres, parce qu'ils étaient lui.

Ils l'étaient.

Il savait que regarder les garçons, penser aux garçons, aimer les garçons – bon dieu, aimer les garçons autant que lui – n'était pas acceptable selon les termes de l'endroit où il vivait, selon les termes de la petite communauté dans laquelle il vivait, selon les croyances et les valeurs entravées de générations qui étaient surannées.

Cependant, il y avait des personnes courageuses. Des gamins qui avaient, sans aucune honte, fait leur coming-out et avaient été eux-mêmes, affirmant fièrement leurs croyances, ayant trouvé le courage, inconnu à Louis, pour assumer leur homosexualité et faire face aux moqueries et à la haine que cette ville offrait à toute chose ou toute personne qui étaient différentes.

Louis se demandait comment ils faisaient. Comment ils pouvaient sortir de leurs lits et faire face aux paroles et aux coups. Comment ils pouvaient toujours y avoir de l'espoir brillant dans leurs yeux, même après que des professeurs aient détourné leur regard de ce qu'il se passait dans les couloirs du lycée. Comment ils faisaient pour ne pas s'effondrer quand des commentaires grossiers et enfantins étaient faits par, non seulement, des adolescents immatures mais également des adultes.

Souvent, Louis ne savait pas s'il avait plus honte d'être gay ou de ne pas réussir à être aussi courageux que les autres.

Il savait juste que c'était là, un poids lourd sur ses épaules, comme des briques dans son cœur. C'était le mépris qui allait l'enfoncer dans l'eau glaciale. C'était le lâche vivant dans une coquille, admiré pour son extérieur, qui n'allait pas être capable de remonter à la surface ; à bout de souffle.

Il était en train de se noyer et personne ne le savait.

***

Ça occupait ses pensées depuis un moment, maintenant. Des mois, vraiment.

Le pont. L'eau. L'eau froide et sombre. Les rochers – irréguliers – et les rapides – le courant fort.

Sauter.

Ça occupait ses pensées depuis le mois de juin.

Juin quand l'air était plus humide que frais. Le soleil était une boule lumineuse et brûlante dans le ciel et Louis était misérable en pleine chaleur. Les allergies étaient aussi répandues que des enfants en vacances et les bourdons, et il y avait des pissenlits. Tellement de pissenlits.

Il y eut un garçon en juin.

Un garçon à la chaleur couleur pêche et à la peau de miel. Le soleil se couchait tard en été, le ciel toujours maculé de nuages, de rose et d'orange, d'amour, de chaleur et de tant de chagrin. Bon dieu, ce garçon était tout ce à quoi Louis arrivait à penser.

Avec son doux amour d'été, ses caresses aussi douces qu'une nectarine.

Tant de rêves éveillés, gaspillés, à courir pieds nus dans ses yeux verts comme de l'herbe, dans le courage de la taille d'un cantaloup qu'il portait dans sa poitrine.

C'était le même garçon qu'en mai, en avril, en mars – et ainsi de suite jusqu'au dernier Halloween, alors que le prochain était dans quelques semaines.

Il était grand. De longs cheveux bruns bouclés qui tombaient sur ses magnifiques épaules larges. Il avait des yeux verts – ils brillaient – et une peau bronzée par le soleil de l'été. Quand il souriait, ses joues laissaient apparaître des fossettes et quand il rigolait, son rire sortait hors de lui comme du bonheur.

Bonheur.

Comme le sourire d'un enfant à qui il manque des dents, comme lécher du miel de sur ses doigts. Des balançoires, des morceaux de pomme, des forteresses en couvertures.

Louis était allé à l'épicerie des agriculteurs pour acheter des tomates pour sa mère. Le garçon qu'il observait travaillait ici.

Le garçon, avec ses cheveux retenus en arrière par un foulard à l'imprimé floral, portait également un tee-shirt blanc bouffant qui tombait bas sur son torse, ses manches roulées jusqu'à ses épaules, des tâches de saleté partout dessus. La bouche de Louis était devenue sèche à force de fantasmer sur le fait de lécher la sueur sur ses clavicules et son cou. Il s'était demandé si, pendant l'été, sa peau avait un goût différent, plus sucré, peut-être, plus chaud.

(Il se souvint avoir rougi, puis regarder autour de lui pour s'assurer que personne ne pouvait lire dans ses pensées. Il aimait tellement les garçons, il avait toujours peur que quelqu'un le remarque.)

Le garçon souriait, passant les achats d'une femme avec sa fille à côté d'elle. Louis avait vaguement pu entendre la faible voix du garçon de là où il était toujours en train de regarder dans la caisse de tomates.

Louis se souvint de la femme demandant si le garçon pouvait choisir une pastèque pour elle, parce qu'elle ne savait pas comment dire lesquelles étaient bonnes.

Le garçon avait souri radieusement et hoché de la tête. Bien sûr que ça ne l'avait pas dérangé pas. Il n'y avait rien chez ce garçon qui n'était pas générosité, amour et serviabilité.

Louis se souvint de la sensation semblable à une pointe de chaleur partout dans son corps, quand il avait vu le garçon dans ce short en jeans délavé qui était retroussé sur ses cuisses. Les baskets blanches à ses pieds avaient des lacets rose pâle.

Le garçon avait ramené deux pastèques à la femme, il en avait posé une sur le petit comptoir. Puis, il s'était mis – bon dieu, Louis s'en souvenait tellement clairement – à genoux devant la petite fille avec la seconde pastèque toujours dans ses mains, pour leur montrer comment voir si elle était 'extraordinairement au-dessus du niveau' ou non.

« Vous voyez celle-ci ? » avait demandé le garçon, mordant ses lèvres framboise alors qu'il levait son regard vers la femme avant de le tourner à nouveau vers la petite fille, « Elle n'est pas très bonne. »

Son nez s'était plissé en le disant.

« Celle-ci, cependant, » il s'était redressé et avait échangé les pastèques, s'agenouillant à nouveau et la tendant devant lui, « elle va être délicieuse. »

« Voici pourquoi ; vous voyez cet endroit jute là ? La belle tâche jaune ? C'est son point de contact avec le sol. Plus la tâche est jaune, plus elle sera sucrée et mûre. Aussi, vous entendez ça, » le garçon avait toqué sur la pastèque, « ça sonne bien, hein ? Un beau son ferme. Moins ça sonne creux, plus la pastèque sera juteuse. »

La petite fille avait souri, hochant de la tête. Elle avait tapé sur la pastèque comme si elle avait compris tout ce que le garçon lui avait dit.

Le cœur de Louis avait fondu, ce jour-là. Il blâmait le soleil et l'horrible chaleur de l'été.

Le garçon avait ensuite fini de passer leurs achats, donnant gratuitement une sucette au fruit à la petite fille, puis il les avait laissé partir avec un sourire.

Louis les avait entendues quand elles étaient passés près de lui :

« Je l'aime bien, maman. Je veux être comme lui quand je serai grande ! »
La mère avait grimacé, « Non, tu ne veux pas, chérie. C'est un pédé. »
Le visage de la petite fille s'était froncé de confusion, trop jeune pour savoir ce que ce mot signifiait, pour savoir à quel point il prenait, profondément et à tort, racine dans la haine – l'ignorance.
La petite fille avait répondu, « Oh. »

Le sang de Louis bouillit à nouveau, ses poings fermés. Bon dieu, rien que le fait de repenser à ce jour-là le rendait foutrement furieux.

Il se souvint de ses mains tremblantes alors qu'il avait fini de choisir les tomates pour sa mère. Il se souvint de ses dents serrées, sa respiration saccadée, en essayant de s'empêcher de presser chaque tomate jusqu'à ce qu'elles éclatent dans ses poings fulminants.

Il se souvint du garçon alors qu'il passait à la caisse.

Son sourire et toute sa douceur. Le rougissement léger et timide qui était apparu sur ses joues. Tellement beau. Il avait cligné ses grands yeux de biche, mordu sa lèvre puis il avait dit avec l'enthousiasme le plus tendre, « Coucou, Lou. »

Et Louis se souvint de lui-même. Rigide, tremblant. Son cœur battant fortement. Il avait posé ses achats avec tellement de raideur. « Euh, hé. »

(Il se souvint du sourire du garçon défaillant, ses sourcils se fronçant.

Il se souvint de ses lèvres. Chaudes, humides. Le placard. Être collé contre lui.

Il se souvint avoir souhaiter qu'il puisse être suffisant.)

« Est-ce que t'as réussi à tout trouver ? » avait-il demandé, tellement doucement. Il était si doux avec tout, avec tout le monde, comme s'il savait que le cœur humain était une chose fragile.

Intelligent.

« Ouais, » avait-il répondu, déglutissant et détournant son regard. Ses mains s'étaient crispées.

Quand il avait à nouveau tourné son regard vers lui, le garçon était occupé à mettre ses achats dans un sachet, lui donnant le montant à payer. Il mordait l'intérieur de sa joue, ses sourcils froncés. Aucun sourire.

Louis avait glissé l'argent sur le comptoir pour qu'il puisse le prendre.

***

(Louis s'était tellement détesté ce jour-là.

Louis avait, également, détesté tout le monde dans cette foutu ville ce jour-là.

Tout le monde sauf lui, le garçon.

Harry.)

***

Quand il lui avait rendu sa monnaie, leurs doigts s'étaient effleurés et Louis avait tressailli à ce simple contact.


(Son cœur battait plus vite, rien qu'en repensant à ce moment.)

Il avait soupiré, sa mâchoire crispée. Il avait mis la monnaie dans sa poche, ainsi que ses 'je suis désolé,' 'je n'ai jamais cessé de penser à toi' et 'je crois que je t'aime,' puis il avait pris son sachet, tournant ses talons avec les joues rouges.

« Bonne journée, Lou, » avait-il doucement entendu derrière lui, triste et hésitant, venant pleinement d'un cœur brisé qui était trop résistant pour guérir, même avec tout le temps du monde.

Louis n'avait pas répondu. Il avait un sanglot coincé dans sa gorge.

La seule preuve de cette journée était le trou dans le mur de la chambre de Louis, où son poing avait rencontré le plâtre sec.

Son corps avait été submergé. Tremblant. Tremblant. Il commença à trembler à nouveau, rien qu'en y repensant. A quel point les gens étaient foutrement cruel. A quel point il était faible. A quel point il était un lâche.

Ce fut en juin que Louis commença à penser qu'il n'avait plus vraiment envie de vivre.

***

La chute de Louis Tomlinson avait commencé la nuit d'Halloween, l'année précédente :

Des cheveux bouclés. Des yeux verts. Harry Styles.

Ce fut lors de l'Halloween de son avant-dernière année au lycée, ils avaient tous les deux été à la fête de Nick-le-riche. Louis était habillé comme un biker, tout comme son meilleur ami, Zayn, et un de ses co-équipiers, Liam, qui étaient – quelque part ce soir-là. Il se souvint vaguement de deux filles ayant attiré leur attention.

Il se souvint également du mépris et l'amertume qu'il avait ressentis contre lui-même, énervé qu'il ne puisse pas simplement aimer également les filles.

Mais ensuite, il l'avait vu, Harry, et toutes ces pensées avaient soudainement disparu.

Harry était déguisé en Minnie Mouse. Des oreilles noires de souris, une chemise rose avec des pois blancs, un nœud assorti dans ses cheveux et un jeans noir beaucoup trop serré.

Et ça avait été déroutant à ce moment-là, parce que Louis connaissait Harry, il l'avait vu tous les jours au lycée, et il n'avait jamais eu l'impression de... l'apprécier ?

Louis se souvenait de quand Harry avait emménagé dans la petite ville lors de leur dernière année au primaire. Il se souvenait que toutes les filles avaient été obsédé par ses cheveux bouclés et ses fossettes.

Cependant, Harry était un pauvre type. On se moquait toujours de lui parce qu'il était maladroit, surtout en EPS. Il était ce gamin qui jouait au wall-ball tout seul, se couchait dans l'herbe pendant les récréations et fixait le ciel. Ce gamin qui parlait tout seul, sortait tout seul mais qui était quand même tellement heureux.

Louis se souvenait avoir fait un projet de science avec lui au collège. A cette époque, il s'était fait un grand ami, un irlandais qui s'appelait Niall et qui était une explosion de bruits et de rires.

Louis se souvenait que, quand ils avaient été mis ensemble, il avait été inquiet, peut-être même un peu flippé, parce que Harry était juste un peu trop bizarre. D'autant plus que Louis se souvenait s'être senti intimidé.

Intimidé parce que d'ici la fin du projet, il avait découvert que Harry était extrêmement intelligent. Intelligent, complètement lui-même et heureux, mais jamais tapageur à ce sujet. Non, il était quelqu'un qui pourrait posséder le monde mais ne jamais s'en vanter. Si incroyablement humble.

Il était comme une fleur, quelque chose de pudique mais plein de vie. Quelque chose de beau, quelque chose qui demandait à être regardé, mais le faisait tellement discrètement. Elle éclorait avec toutes ces couleurs, ces pétales et cette beauté, mais elle ne crierait pas sur les gens pour leur dire à quel point elle était belle, non, à la place elle les laisserait la remarquer.

Après ce projet, Louis souriait à Harry dans les couloirs, lui disait parfois 'salut', mais ce fut l'ampleur que tout ça avait pris. Il avait un peu admiré Harry, il s'était senti peut-être même inspiré par lui, mais il n'y avait jamais vraiment beaucoup réfléchi – consciemment, du moins.

Mais à cet instant, il n'avait jamais ressenti une envie aussi écrasante de connaître quelqu'un, de toucher quelqu'un.

Bien sûr, il se souvenait avoir apprécié le physique de Harry, comme il l'avait fait pour tous les adolescents qui étaient devenus incroyablement attirants au fil des années, mais c'était tout. Il n'y avait jamais eu de béguin secret ou quoi, pas que Louis en ait eu conscience.

Donc, tout à coup, à dix-sept ans et à une fête pour Halloween où Harry fut la seule chose qu'il avait réussi à voir dans la pièce bondée de monde, ce fut bizarre.

Bizarre à cause de toutes les fortes émotions qu'il ressentit envers lui – comme s'il était tout ce que Louis avait toujours voulu. Toujours eu besoin.

Ce soir-là, quand sa main avait cogné celle de Harry lorsqu'ils voulurent attraper le dernier jus de raisin, Louis avait rigolé et se souvint avoir pensé, qui boit du jus de raisin à une fête avec d'alcool ?

Il avait été le chauffeur désigné pour cette soirée, choisi par Liam et Zayn, mais quand même, qui d'autre.

Harry Styles. Voilà qui.

Le beau et irrésistible Harry, pour qui Louis venait juste de se rendre compte qu'il pourrait avoir de profonds sentiments.

« Tu peux le prendre, » avait dit Louis d'une voix tellement douce, peut-être même un peu timide.

Les yeux de Harry brillèrent. Adoration, espoir, bonheur. « On peut le partager, » avait-il dit comme un enfant.

Louis avait souri, son ventre rempli de papillons qui semblaient rester coincés dans sa gorge en voulant sortir. Mais regarder ces yeux verts lui avait fait oublier comment parler correctement, comment fonctionner correctement. Tout ce à quoi il avait pu penser était le fait que, évidemment, Harry dirait quelque chose comme ça, proposerait de partager un jus, genre, bon Dieu, il donnait, donnait, donnait mais ne prenait jamais rien en retour.

Harry avait semblé comprendre, avait semblé savoir ce que Louis pensait ou ressentait – quelque chose. Il avait eu une intuition ridicule, une perception ridicule. Louis avait presque eu l'impression que Harry pouvait voir directement à travers son âme.

Et si ça avait été le cas, alors Louis était heureux. Parce que, à ce moment-là, Harry avait vu tout ce que Louis était et avait quand même décidé d'agripper sa veste en cuir et le tirer hors de la cuisine.

***

Ils avaient fini par aller à l'étage, s'appuyant contre le mur du couloir pour parler – flirtant beaucoup. Ils avaient commencé à parler sur un des canapés, mais c'était trop bruyant et sombre, et plein de monde n'arrêtait de venir le voir pour essayer d'engager la conversation, alors que tout ce qu'il avait voulu était parler avec Harry.

Harry qui avait observé poliment toute interaction forcée ou rejetée, n'intervenant jamais et ne se fâchant pas. Tellement patient.

Mais, Louis avait fini par regarder Harry et soupirer – frustré – et ce dernier s'était simplement levé et lui avait dit de le suivre.

Louis se souvint à quel point ça avait été plus calme à l'étage, seules quelques personnes marchant maladroitement et rigolant, entrant et sortant des pièces. Typique.

Il se souvint de la voix basse de Harry, la façon dont elle sortait de lui comme de la mélasse faite-maison, épaisse et sirupeuse. Louis avait envie de boire toutes ses paroles.

« Pourquoi Minnie et pas Mickey ? » avait demandé Louis pendant une courte accalmie lors de leur longue conversation, commencée depuis de deux heures. Il avait tendu une main pour tirer sur une des longues boucles de Harry en parlant, son corps chaud et vivant alors qu'il s'était autorisé à l'enrouler autour de son doigt.

Harry avait souri. « Si j'étais Mickey alors je chercherais une Minnie. »

Ça avait pris un moment à Louis pour capter ce que Harry avait voulu dire.

« Oh – oh, t'es, » avait-il dit avant de déglutir, il se souvint avoir, ensuite, lâché la boucle de Harry et l'avoir observé se remettre en place, « d'accord. »

Harry avait souri en haussant un sourcil, curieux. Louis pensait qu'il s'était peut-être même penché vers lui. « Est-ce que ça te dérange, Louis ? »

Le corps de Louis avait été chaud, partout, quand il avait fermement secoué sa tête, n'établissant aucun contact visuel avec Harry. Celui-ci était tellement beau ce soir-là, beaucoup trop beau. De près, il avait découvert que Harry avait du fard à paupière blanc pailleté et un peu de mascara. Ça l'avait foutrement tué. Il n'y avait eu aucun moyen qu'il puisse le regarder et répondre facilement non, parce que Harry était tellement beau et Louis n'avait pas voulu faire quelque chose de stupide pour foutre en l'air cette soirée – comme l'embrasser.

Evidemment que ça ne le dérageait pas que Harry soit gay. Louis avait eu envie de lui dire qu'il était idiot sur le moment. Ce qu'il l'avait dérangé – et qui le dérangeait toujours – était la facilité avec laquelle Harry l'avait dit. Comme s'ils ne vivaient pas dans une petite ville conservatrice pleine de dévots étroits d'esprit qui donnaient tout leur argent en trop à leurs églises.

La main de Harry avait légèrement touché la sienne, ses doigts glissant sur le bras de Louis de haut en bas, lentement, doucement. Louis avait senti son corps devenir docile, son cœur loupant un battement.

Harry avait finalement agrippé ses doigts, les serrant, puis il avait murmuré, « Bien, je suis content. »

Quand Louis avait à nouveau trouvé le courage de regarder Harry dans les yeux, son souffle s'était coupé.

Tout était devenu silencieux autour de lui alors qu'il fixait les yeux de Harry. Grands, confiants et ouverts, brave et courageux, tout ce que Louis voulait être.

Harry s'était penché vers lui, Louis en était sûr cette fois-ci ; son haleine avait l'odeur du raisin et son souffle était chaud contre son visage. Il avait chuchoté, caressant la main de Louis en faisant de lents cercles. « J'ai vraiment envie de t'embrasser là. »

Le cœur de Louis s'était arrêté. Il s'était arrêté et tous les murs qu'il avait construits pour préserver son secret s'étaient effondrés. Ces murs pour cacher ses pensées, ses sentiments et ses envies envers les garçons. Un désordre de vulnérabilité en miette avait été tout ce qu'il en restait et chaque coup d'œil rapide, chaque rêverie inconsciente, chaque branlette nocturne s'étaient répandus partout autour de lui.

Il se souvint avoir haussé des épaules et hoché de la tête, ses yeux écarquillés.

Quand Harry s'était penché en avant, levant sa main vers la joue de Louis et laissant échapper une expiration contre son visage, la réalité avait frappé Louis.

Il s'était rapidement dégagé, regardant autour de lui pour voir si quelque avait pu remarquer quelque chose. Bon dieu, il avait eu tellement peur et avait été tellement bouleversé à ce moment-là. Il se souvint de son cœur battant tellement rapidement contre ses côtes que ça avait fait un toc, toc, toc résonnant à travers son corps.

Il se souvint du visage de Harry, son air confus et blessé.

Louis avait dégluti la boule de la taille d'une prune bloquée dans sa gorge, sa lèvre inférieure tremblant. Il avait murmuré :

« Pas ici. »

Alors Harry l'avait poussé dans le placard du couloir. Louis se souvint distinctement avoir tiré sur la corde au-dessus de leurs têtes pour laisser une légère lumière inonder l'espace étroit, il se souvint du gloussement de Harry lorsqu'il avait pris une des écharpes, qui était pendue à l'intérieur du placard et l'avait attaché autour de la poignée de porte, puis enroulé autour de la barre de penderie. Il se souvint avoir grogner quand Harry avait fait un nœud à l'écharpe. Ça avait été une serrure de fortune merdique pour garder ce secret entre eux.

Louis avait souhaité plus que tout au monde que ça n'ait pas besoin d'être un secret.

***

Le premier baiser de Louis avec un garçon se passa comme ça :

Des rires nerveux et à bout de souffle remplissaient l'air autour d'eux, les oreilles de souris de Harry glissaient de sur sa tête, le nœud rose de travers dans ses boucles. Louis ne savait pas comment il fit ça, mais son bras tremblant s'enroula autour de la taille de Harry et il le tira vers lui.

Harry, cependant, tel le garçon maladroit qu'il était, trébucha dans le petit espace les séparant et tomba sur Louis. Ses mains s'écrasèrent contre le petit torse musclé de Louis, un petit 'oups' sortant de ses lèvres.

« Salut, » souffla Louis, ses yeux regardant le joli visage rougi de Harry.

Harry gémit, de façon aigue et calme. Ses dents s'enfoncèrent dans sa lèvre inférieure alors que son regard était fixé au sourire en coin de Louis. Sa légère domination de la situation s'évapora au moment où la main de Louis se posa sur sa hanche.

« Embrasse-moi ? » murmura Harry, désireux et adorable.

« J'pensais que c'était toi qui allais m'embrasser, chéri. »

Louis bougea sa deuxième main jusqu'à la joue de Harry, où il retraça sa pommette avec un pouce tremblant, repoussant l'une des longues boucles du garçon derrière son oreille.

Harry laissa échapper un rire tremblant, « Ferme tes yeux, » dit-il.

Louis suivit son instruction, fermant ses yeux et raffermissant sa hanche, ayant peur qu'il s'enfuie et ne revienne jamais.

Quand quelque chose de doux et pulpeux toucha les lèvres de Louis, il sursauta, tellement nerveux. Mais Harry fut insistent, il ne recula pas mais se rapprocha, à la place.

Les lèvres de Louis s'ouvrirent en tremblant contre celles de Harry, un sentiment tellement irréel et puissant parcourut tout son corps, faisant louper un battement à son cœur. Sa seule réponse fut de tirer Harry encore plus près de lui, laissant sa bouche exprimer ses émotions par un léger souffle.

La paume chaude de Harry se posa sur le cou de Louis, son autre main restant sur son torse. Louis se demanda s'il pouvait sentir son cœur essayer d'atteindre sa main à travers sa poitrine.

Ils se séparèrent, juste légèrement, leurs yeux toujours fermés. Ils léchèrent tous les deux leurs lèvres, savourant le moment, le goût de l'autre.

Louis sentit une vague de désir. Un désir et un besoin chauds et désespérés.

Il tira fermement Harry contre lui. Ce dernier haleta, ses cils noirs papillonnant, puis il se pencha à nouveau en avant.

Ce fut intense. Ce fut beau. Ce fut une fanfare de respirations calmes et de baisers humides. Une vague de désir déferlante. C'était tout ce qu'ils voulaient vraiment.
Désespérément.

Vivre dans une petite ville conservatrice était sans aucun doute difficile, sans aucun doute douloureux, et ils se trouvaient dans ce foutu placard en train exprimer leur passion avec des mouvements humides, lents et sauvages.

La tête de Louis ne fit rien d'autre que tourner avec la pensée constante qu'il embrassait, enfin, un garçon. Il embrassait Harry. Et putain, c'étaient toutes les meilleures sensations qu'il ait déjà connues en une seule.

Un bonheur écrasant.

Ses mains tremblaient toujours alors qu'il prenait en coupe la mâchoire de Harry et léchait l'intérieur de sa bouche, gémissant. Tellement doucement. Tellement avide.

Les bras de Harry s'enroulèrent autour de Louis, aucun espace permis entre eux. Une était sur son épaule, l'autre autour de sa taille, et ils frottèrent si lentement, si subtilement leurs hanches ensemble, alors que le baiser devenait obscène.

Obscène avec leurs langues glissant ensemble, avec leurs têtes s'inclinant au même moment, leur respiration chaude et humide. Leurs cils papillonnant d'extase.

« Oh, » haleta Harry dans sa bouche. « Louis. »

Louis grogna, son sexe durcissant tellement vite. Son prénom n'avait jamais sonné aussi beau que quand Harry le souffla.

Il roula ses hanches contre celles de Harry, sa main tremblante se baissant pour peloter le petit cul parfait de Harry. Il resserra sa prise, baignant dans la sensation des hanches de Harry basculant involontairement contre les siennes, et il gémit.

Le tremblement nerveux de Louis en devint un plein de désir. Il n'avait jamais connu cette sensation de se noyer dans quelqu'un d'autre.

Et bon dieu, il en avait baisé des filles. Il les avait baisées si parfaitement dans un effort d'atteindre un orgasme aussi bon que quand il se branlait devant du porno gay, dans un effort de sentir une connexion, une sorte de passion, un
sens.

Ça avait toujours été en fermant les yeux et en imaginant des garçons et des hommes sexy. C'était la seule façon dont il avait réussi à jouir avec une fille.

Mais ça, ce frottement de collégien avec le beau Harry Styles, c'était foutrement
céleste.

Il suça la langue de Harry, se sentant obscène et en feu partout. Il serra la fesse de Harry, brusquement, et celui-ci répondit en tirant ses cheveux et en gémissant contre ses lèvres gonflées.

Louis se recula, déposant de façon désordonnée des baisers le long de la gorge de Harry, jusqu'à la base où il mordit la peau.

Harry haleta, son souffle devant irrégulier. Les lèvres de Louis étaient brutes et sa langue était apaisante alors qu'il aspirait bien l'endroit où se trouvait la morsure pour y faire un suçon profond, sombre et marquant une appartenance.

Louis dessina une ligne de baiser jusqu'à la bouche de Harry où leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau dans un baiser désordonné et effréné. Louis maintint la tête de Harry en place avec une main dans sa nuque alors qu'il clamait réellement sa bouche, l'explorait et la mordillait, des gémissements et halètement obscènes en sortant.

Ça lui demanda toute sa volonté, et plus encore, pour se reculer.

« Bon dieu, Harry, » gémit-il, la voix pleine de désir et d'envie, « est-ce que je peux te toucher ? S'il te plaît ? »

Harry geignit et hocha frénétiquement de la tête, puis il prit la main de Louis dans la sienne et prit en coupe son entrejambe. Il se frotta contre sa main avec des mouvements obscènes, mordant ses lèvres alors qu'il regardait Louis dans les yeux.

Ce fut une preuve suffisante que Harry était plus à l'aise avec l'idée que tout ceci se passait avec un garçon, assez à l'aise pour abandonner toute sa domination et être en demande d'affection, acceptant entièrement tout ce que Louis avait envie de lui faire ou de faire avec lui.

Les doigts de Louis recommencèrent à trembler alors qu'il ouvrait le bouton du jeans de Harry. Celui-ci, tel un précieux garçon plein d'envie, prit l'initiative de baisser son jeans et son sous-vêtement sur ses cuisses et laisser son sexe rebondir librement.

Louis resta en admiration devant, il tremblait de désir et d'envie. Son premier sexe masculin, fut tout ce à quoi il put penser.

Il était grand et se courbait vers son ventre, le joli bout rose apparaissant furtivement de la peau en excès au sommet. La bouche de Louis bava.

« Bon Dieu, Harry, » murmura Louis. À présent, le seul contact entre eux était la main de Louis sur la hanche de Harry alors qu'il fixait l'érection de ce dernier, « T'es magnifique. »

Le sexe de Harry tressauta à cette déclaration, des gouttes de liquide pré-séminal sortant. Louis était hypnotisé, il pensait qu'il n'y avait pas moyen que la vue devant lui soit autre chose que divine.

Avec un tremblement anxieux dans sa main, Louis la tendit et enroula ses doigts autour du sexe de Harry.

Il n'y eut aucune brûlure lui disant que ce qu'il faisait était mal, était un pêché. Seulement le faible gémissement rauque de Harry qui sonna comme une prière et la chaleur de son sexe pulsant dans sa main.

Louis se laissa aller dans le moment, il agrippa le sexe de Harry et laissa le bout de ses doigts mémoriser la sensation, la façon dont il palpitait sous ses caresses. Son pouce passa doucement sur le bout rose, étalant le liquide pré-séminal, s'accrochant à la peau.

Harry gémit et se laissa tomber en avant, son front s'appuyant contre celui de Louis, et ils regardèrent, tous les deux, fixement entre leurs corps.


Magnifique.

Louis baissa doucement sa main, observant la peau être tirée vers le bas et révéler complètement le gland, dans toute sa gloire brillante de liquide pré-séminal.

Il grogna et fit remonter son poing, laissant ses mouvements être lents mais réguliers. Il découvrit que le prépuce agissait presque comme du lubrifiant, ne glissant pas difficilement quand il bougeait le long de l'érection avec son poing. Bon Dieu, Louis adorait ça.

Harry haleta doucement et appuya sa propre main contre l'entrejambe bien visible de Louis. Ça fit reculer ce dernier, le faisant sortir de sa fascination pour le sexe de Harry.

« Faisons – en même temps – ensemble, » geignit Harry, laissant échapper un gémissement grave, rauque et parfait.

Louis hocha de la tête et laissa Harry défaire son jeans et le baisser, ainsi que son boxer. Son propre sexe rebondit librement et il regarda le visage de Harry pour voir sa réaction, voulant vraiment être satisfaisant à cet instant.

Harry mordit sa lèvre pour retenir un gémissement, avant de caresser doucement le sexe épais de Louis avec le dos de sa main, le regardant tressauter, ayant désespérément besoin d'être correctement touché.

Louis pensa que, s'il n'était pas collé à un mur, il se serait définitivement écroulé sous l'intense plaisir qu'il ressentit à ce simple contact.

Il garda son rythme sur le sexe de Harry constant, ferme, mais il s'autorisa à regarder la première main, qui n'était pas la sienne ou celle d'une fille, s'enrouler autour de son sexe.


Putain.

Louis eut presque peur de jouir dès que Harry caresserait son sexe. La main de Harry était grande, si clairement celle d'un garçon. De longs doigts épais, doux mais pas de la même façon que la caresse d'une fille.

Cependant, Harry tenait son sexe comme s'il était sacré, si foutrement doux que ça tua Louis, sa respiration devenant irrégulière.

« Bon Dieu, » murmura Harry, plus pour lui-même qu'autre chose. Louis leva ses yeux pour regarder son visage, son expression faciale, et il vit qu'il mordait sa lèvre et fixait son sexe, son fard à paupières brillant. « Je veux que tu me baiser avec cette queue un jour. »

Louis laissa échapper un puissant gémissement, ses sourcils se fronçant et sa bouche s'ouvrant. Il donna un coup de bassin involontaire dans la main de Harry, ses hanches frissonnant.

Harry jeta un coup d'œil au visage de Louis et vit qu'il le regardait déjà. Il fixa ses yeux avant de passer son pouce sur le liquide pré-séminal débordant puis il l'amena à sa bouche pour le sucer.

« Jésus Christ, » jura Louis, sa prise se resserrant autour du sexe de Harry. Il tira ce dernier encore plus près de lui avec sa main se trouvant sur sa hanche, laissant leurs sexes se coller ensemble et glisser l'un contre l'autre alors qu'il se penchait en avant pour mordre la lèvre de Harry, « t'es foutrement 
pécheur, » haleta-t-il.

Harry gémit dans la bouche de Louis, bougeant ses hanches pour que leurs sexes se frottent l'un contre l'autre. Il embrassa désespérément Louis et baissa une de ses mains entre leurs corps pour l'enrouler autour de leurs deux érections, les laissant glisser ensemble dans son poing.

Le sexe de Harry était lourd et tressautait contre le sien, tous les deux lubrifiés grâce au liquide pré-séminal de l'autre alors qu'ils allaient et venaient frénétiquement dans la main chaude et ferme de Harry.

Louis glissa la main qu'il avait sur la hanche de Harry jusqu'à ses fesses, les sentant nues sous sa paume. Il resserra sa main, laissant la chair déborder dans sa paume. Sa peau était incroyablement douce, ses fesses semblaient si charnues et bondissantes, et il avait juste envie de les peloter et les toucher éternellement.

Il se pencha en avant et embrassa passionnément Harry, avec plus de langue et de souffles mélangés que de lèvres se touchant et de finesse. Il haleta contre la bouche ouverte de Harry et posa également sa deuxième main sur ses fesses, serrant les deux en même temps, les écartant un peu et jouant avec la chair charnue.

Il ne réfléchit même pas lorsqu'il écarta une de ses mains et claqua sa fesse, sentant la peau être secouée avec son autre paume, il était trop occupé à être focalisé sur la sensation de la peau de Harry, la sensation de sa main et de son sexe touchant le sien.

Il ne se rendit pas compte de ce qu'il était en train de faire jusqu'à ce que ça soit fait et que Harry halète contre sa bouche, bougeant brutalement ses hanches et faisant accélérer les mouvements de son sexe dans sa propre main, également toujours enroulé autour de celui sensible de Louis.

Louis grogna, sa tête bascula en avant et il regarda à nouveau entre eux. Il fut émerveillé par à quel point Harry était mouillé, du liquide pré-séminal se répandant partout et les imprégnant tous les deux avec le fluide collant et translucide.

« Putain, » murmura-t-il, serrant encore plus durement les fesses de Harry, puis il le tira brutalement encore plus près de lui, si c'était même possible, observant le liquide sortir du gland bombé de Harry, créant un foutu bordel excitant entre eux.

Harry couina, cambra son dos, ses fesses étant ainsi encore plus fermement pressées dans les paumes de Louis, et il commença à bouger rapidement son poing autour d'eux.

« Bon Dieu, » grogna Louis, lâchant une des fesses de Harry pour passer ses doigts sur le bout rose de Harry, « regarde-toi. »

Il emmena ses doigts mouillés aux lèvres rouges et gonflés de Harry, étalant le liquide pré-séminal dessus pour donner l'impression qu'il avait du gloss pour aller avec le reste de son maquillage.

Il ne réfléchit pas à deux fois avant de pousser ses doigts dans la bouche boudeuse de Harry, sentant les gémissements du garçon vibrer autour d'eux.

« Si foutrement mouillé, » murmura Louis, baissant à nouveau son regard entre eux, « mouillé comme une fille, hein ? »

A cela, le rythme de Harry faiblit et Louis observa le sexe de celui-ci palpiter de façon incroyable, se répandait partout sur eux deux.

Louis sentit les lèvres enveloppées autour de ses doigts s'ouvrir docilement, et il releva ses yeux pour voir le visage froncé de Harry alors que son orgasme le submergeait ; ses sourcils formaient une ligne et ses yeux étaient plissés, son torse se soulevant rapidement alors que son sperme se déversait.

Ce fut le visage de Harry, le gémissement étouffé qui resta coincé dans sa gorge, qui firent jouir Louis. Il se déversa partout sur le sexe et le poing de Harry, un orgasme aveuglant s'enveloppant autour de lui alors que ses hanches se frottèrent sporadiquement contre celles de Harry dans le contrecoup.

Ils s'affalèrent l'un contre l'autre, haletant silencieusement alors qu'ils appréciaient la béatitude venant de l'orgasme le plus puissant qu'ils n'avaient jamais eu, enfermés dans un placard qui deviendrait beaucoup trop petit pour les secrets qu'il gardait.


Donc, ce fut un peu plus que le premier baiser de Louis avec un garçon, ce soir-là.

***

Louis pouvait entendre l'eau ruisseler à présent. Elle semblait froide. La silhouette du pont se profilait au loin, sombre, il sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale.

Il venait ici depuis deux ou trois mois, maintenant. D'habitude après minuit, ou si la journée au lycée avait été assez rude, il venait pendant la pause de midi. C'était une petite route pavée qui coupait la route principale et menait aux terres agricoles et aux montagnes. La petite route finissait par devenir en terre et se séparait en deux, il y avait quelques maisons dans la forêt et les petites collines. La seule raison pour laquelle un tel pont se trouvait ici était parce que le comté avait voulu développer les terres et s'étendre, mais l'homme à qui elles appartenaient ne se contenterait pas du prix proposé pour le rachat et, donc, il n'y avait plus vraiment de bonne raison pour expliquer pourquoi l'ancien petit pont avait été remplacé.

A moins que s'asseoir en haut des larges barrières et envisager le suicide était considéré comme une bonne raison.

Louis soupira, agrippant la grille. Tout était en béton, en acier et en fer. Terrifiant.

La rivière était bien plus bas, coincée dans une gorge pleine de verdure. Il supposait qu'il était chanceux de vivre entre des montagnes et une vallée.

Ses mains étaient douloureusement froides lorsqu'il les retira de la barre, les enfonçant dans la poche de son sweat-shirt.

A l'intérieur se trouvait une écharpe. L'écharpe qui avait servi à enfermer quelque chose qu'il souhaitait avoir le courage d'expérimenter tous les jours.

Parce que Harry lui avait donné son numéro après qu'ils soient sortis furtivement du placard. Pour l'amour de dieu, Louis lui avait donné sa stupide veste en cuir alors qu'ils marchaient vers le A&W en bas de la rue pour partager un milkshake et des frites. Ils étaient, ensuite, retournés au pick-up de Louis, qui se trouvait au bord de la route, et ils s'étaient installés dans la cabine et avaient parlé, rigolé et flirté, assis un peu trop près l'un de l'autre.

Après environ une heure, peut-être Liam avait envoyé un message à Louis pour lui demander où il était, disant que le coup d'un soir de Zayn lui avait vomi dessus et qu'ils étaient tous les deux défoncés et prêts à partir.

Louis avait soupiré, montrant le message à Harry qui avait simplement souri avec compréhension.

Il avait pris le téléphone de Louis et avait entré son numéro dedans. Il avait mis un smiley à côté de son prénom et s'était ajouté aux favoris de Louis.

« Je ne le dirai à personne, » avait-il dit après avoir rendu le téléphone à Louis, posant sa main au-dessus de la sienne, « tu devrais quand même m'appeler. »

Son sourire avait été tellement doux et franc, tellement adorable. Louis n'avait pas pu faire autre chose que lui sourire en retour et il avait sentir son cœur louper un battement dans sa poitrine.

Il avait commencé à retirer la veste que Louis lui avait prêtée, mais ce dernier avait secoué sa tête et avait dit, « Garde-la, tu vas en avoir besoin. »

Harry avait souri si tendrement, comme s'il n'arrivait pas à croire que Louis lui avait dit ça. Il avait rougi et avait gardé son regard baissé pendant un moment, puis il avait gloussé tout doucement. Il s'était, ensuite, penché en avant pour embrasser tendrement la joue de Louis, laissant ses lèvres souriantes s'attarder un peu trop longtemps avant de se reculer.

« Bye, Lou, » avait-il murmuré, sortant du pick-up, « j'espère te reparler bientôt. »

Et il avait fermé la porte rouillée du pick-up de Louis et s'était éloigné.

Ça avait pris cinq grosses minutes à Louis pour se reprendre avant de répondre à Liam et lui faire savoir qu'il était déjà à son pick-up.

Cependant, Louis ne l'avait jamais appelé. Tout ce à quoi il avait pu penser était à quel point Harry ne semblait pas être le genre de personne qui voudrait attendre pour montrer son amour, le genre de personne qui voudrait cacher quelque chose qui était une partie si profonde de lui-même.

Louis n'avait jamais appelé parce qu'il avait l'impression qu'il ne pourrait jamais donner assez à Harry, qu'il ne serait jamais suffisant pour lui, qu'il ne l'aimerait jamais de la façon dont il le méritait.

Il en était tellement sûr qu'il n'avait même pas eu envie d'essayer. Harry méritait le meilleur, peu importe pour quoi, et Louis savait que ce n'était simplement pas lui.

Et donc, l'écharpe était tout ce qu'il avait. L'écharpe qu'ils avaient aussi utilisée pour s'essuyer après, gloussant dans leur état post-orgasme. L'écharpe à laquelle Harry avait haussé un sourcil avant de la plier et la mettre dans la poche arrière du jeans de Louis pour qu'il la garde, comme s'il avait peut-être su, tout de suite, que Louis n'allait pas essayer de faire quelque chose de leur soirée, et il avait eu envie qu'il se souvienne de leur moment ensemble.

C'était une écharpe pour le printemps, un tissu léger qui ne s'étirait pas, une couleur crème avec des fleurs artistiques, les tâches de sperme ajoutant quelque chose de nouveau. C'était définitivement un rappel.

Un rappel qui tenait fermement dans son poing, se sentant presque pathétique. Parce qu'à cet instant, le moment semblait presque romantique. Une sorte de romance dramatique.

Comme si c'était un amour interdit, comme s'il était Roméo et Harry était Juliette.

Et ce n'était pas ça. Ça n'était foutrement pas ça. Il n'y avait rien de mignon ou impressionnant à propos du fait de tenir la chose qui avait enfermé des secrets pendant une heure. Rien d'agréable à être un trop gros lâche pour aimer quelqu'un. Rien de beau ou romantique à propos du fait de s'agripper à quelque chose comme si c'était votre seule raison de vivre quand vous vous trouviez en haut d'un pont.

Il grimpa à l'échelle de fortune en acier jusqu'à ce qu'il soit sur le bord du pont. Il s'assit, ses jambes pendant dans le vide.

Il tremblait.

Il tremblait tellement, sa respiration rapide. Il y avait une douleur engourdissant et anesthésiant tout son corps, le consumant, l'avalant entièrement.

Il n'y avait pas de larmes, pas de sanglots, pas de colère. Juste des tremblements, juste un engourdissement pur, une honte pure, un sentiment de douleur qui était ancré si profondément dans son âme.

Sa respiration était courte, sa poitrine se soulevant rapidement. Il n'y avait aucun calme ici. Sa tête continuait juste de lui envoyer des flashs de toute la honte qu'il ressentait, de toutes les paroles crachées par les gens au sujet des personne comme lui, toutes les fois où il avait ri pour cacher à quel point ça l'affectait, toutes les fois où il avait essayé de renier sa propre sexualité.

Il avait pleuré en essayant de s'exciter en pensant à des filles, il avait pleuré en regardant des pornos avec des femmes avec une grosse poitrine, il avait pleuré en regardant du porno lesbien. Il avait sangloté jusqu'à l'épuisement une nuit, en regardant un porno hétéro et en se rendant compte qu'il regardait seulement l'homme et pas la femme.

Genre, bon Dieu. Il était gay. Il était gay et il le comprenait bien. Mais ça devenait difficile de le cacher, encore plus difficile de le nier. Il était une personne trop ouverte pour cacher quelque chose comme sa sexualité profondément en lui.

Il était aussi désespéré. Il l'avait goûté – Harry – avait embrassé sa bouche, touché son sexe, putain, et tout ce qu'il voulait était plus. Il voulait étreinte le garçon, le tenir dans ses bras, l'embrasser, lui faire l'amour. Il voulait l'aimer et ne pas avoir honte de lui-même.

Il voulait l'aimer et ne pas avoir l'impression que c'était mal, que les sentiments et les envies qu'il avait étaient des péchés.

Parce que Louis avait besoin d'être approuvé, d'être accepté. C'était un défaut qui le contrôlait, ainsi que ses pensées.

Il ne pensait juste pas qu'il pouvait encore le supporter, il était honnêtement surpris que ça ait été le cas jusqu'à présent. Il pensait réellement qu'il était sur le point de pousser Harry contre les cassiers du lycée pour l'embrasser comme si sa vie en dépendait, il pensait qu'il allait commettre un meurtre la prochaine fois que quelqu'un mentionnait le fait qu'il pensait que Harry pourrait être un pédé parce qu'il appréciait les choses féminines.

Il avait peur qu'un garçon, qui serait assez courageux pour aimer Harry devant le monde entier, arrive et il serait juste obligé de s'asseoir et regarder.

Il pensait que, si ça devait arriver, il ferait une crise de nerfs.

Une crise de nerfs comme celle qu'il avait à cet instant, en haut d'un pont.

Et le putain de truc, c'était que d'ici, en regardant en bas, il se rendit compte encore une fois qu'il n'était vraiment pas assez courageux pour sauter. Il ne l'était foutrement pas. Et il s'en rendait compte à chaque fois qu'il était venu ces derniers mois.

Cependant, il espérait que, s'il restait assis au bord assez longtemps avec sa douleur et sa fatigue, ça le ferait tomber.

Parce qu'il n'avait pas envie de vivre – pas ici, pas maintenant, pas comme ça – mais les dix-huit dernières années de sa vie avaient été passées à apprendre comment se maintenir en vie, et laisser tomber ces instincts le mettait dans une telle crise de panique, lui donnait l'impression de ne plus avoir le contrôle, l'effrayait.

Il resta assis sur le pont pendant une autre heure, jusqu'à ce que son corps soit gelé et le vent brûle ses joues.

Il redescendit et rentra chez lui à pied.

***

Louis se sentait comme une poule mouillée, vide. Il allait en cours, retrouvait ses co-équipiers, souriait un peu trop en retard pour certaines choses et ne rigolait pas.

Sa tête semblait au ralentit, comme si elle traînait au sol. Tout ce à quoi il pouvait penser était à toutes ces fois où il était monté sur le pont, au fait qu'il y avait été parce qu'il voulait se tuer et, maintenant, il était de retour au lycée.

Comme si la vie continuait.

Aucun changement dans sa routine, aucun changement du tout. Juste un cœur plus lourd.

Il ne savait pas pourquoi il pensait toujours que les choses allaient changer ensuite, mais c'était le cas. Il pensait que, peut-être un jour, il irait sur le pont, regarderait en bas et aurait un changement de perspective, de cœur. Comme s'il allait soudainement avoir une prise de conscience et sa vie allait totalement changer.

Rien.

Au contraire, toutes ces excursions l'avaient juste épuisé. Elles lui avaient donné l'impression qu'il n'était pas complètement là, un mauvais genre de brume.

Ça le faisait se sentir coupable.

Toujours coupable.

La semaine suivante se passa de cette façon, avec ces pensées et ces sentiments, des jours passant simplement à un autre, sa tête et son corps déconnectés. Sa personnalité hyper-vigilante était réduite à rien d'autre qu'un mal de tête martelant et de petits sourires.

Dans son cours de maths, l'un de ses co-équipiers lui demanda finalement ce qu'il se passait, fort et avec plus d'arrogance et de confusion qu'une réelle inquiétude.

Louis releva sa tête de ses bras, son regard balayant la pièce et rencontrant celui de Harry qui était fixé sur lui, ses sourcils froncés et une étincelle sincère et profonde dans ses yeux.

Louis détourna rapidement ses yeux, rougissant. S'il ne se sentait pas autant à côté de la plaque, il aurait paniqué et pensé que quelqu'un avait sûrement remarqué.

« J'me sens juste pas très bien, c'est tout, » marmonna-t-il.

« Rétablis-toi bien, mec, » son co-équipier lui donna une tape dans le dos, « on a un gros match jeudi et il y a la fête de Nick ce vendredi ! »

Louis laissa échapper un faible rire, reposant sa tête dans ses bras et ignorant les consignes pour les devoirs.

Il laissa ses yeux se tourner à nouveau vers Harry, seulement pour le voir se lever. Il marcha jusqu'au bureau du professeur et lui tendit son devoir, recevant un regard étonné de sa part parce qu'il avait déjà fini.

Louis cligna doucement ses yeux, il put entendre la voix profonde de Harry mais il ne réussit pas à discerner un seul mot. Tout ce qu'il savait était que le professeur souriait et Harry rangeait des livres sur une étagère pour lui.

Toujours donner mais ne jamais rien recevoir en retour.

***

Il remonta sur le pont ce weekend-là vers dix-huit heures, il grimpa en haut et observa la rivière couler. Il n'avait toujours aucune intention de sauter mais s'il tombait, ça ne le dérangerait certainement pas.

Il s'assit au bord pendant au moins deux heures, laissant les larmes couler silencieusement le long de ses joues. Il pensa à sa mère, à ses petites sœurs et son petit frère. Il pensa à Zayn. A Harry. Il pensa à tout le monde à part lui-même.

Il ne savait pas vraiment si ça le blessait plus ou moins.

Ensuite, il redescendit, marcha jusqu'à son pick-up qui était garé sur le côté de la route en contre-bas, et il rentra chez lui.

***

La semaine suivante menant à Halloween fut étouffante.

Louis retrouva sa personnalité hyper-vigilante et sa tête n'était plus aussi embrouillée que les semaines précédentes, mais il n'était pas comme à son habitude et c'était clairement évident.

Lundi commença bien. Il retrouva Zayn et le reste de ses co-équipiers à l'endroit où ils se regroupaient normalement avant le début des cours, et il accepta les bruyants 'Tommo !' lancés dans sa direction quand il les rejoignit.

Il apprécia l'air frais de l'automne et l'odeur familière de la fumée de cigarette de Zayn, écoutant à moitié ses amis et étant à moitié reconnaissant qu'ils n'aient pas eu un entraînement de football tôt ce matin.

Il fut tiré hors de sa splendeur du petit matin quand un des garçons demanda en quoi il allait se déguiser pour Halloween et la fête de Nick.

Louis sentit son corps être parcouru par une chaleur au souvenir de la fête de l'année précédente. Il haussa ses épaules en guise de réponse et il essaya de ne pas trop penser à l'an dernier – il pensait que ça aiderait.

« Peut-être que je vais m'habiller comme une fille, » plaisanta Josh, donnant un coup de coude à Aiden qui éclata de rire à côté de lui.

« J'suis presque sûr que Styles réserve ça pour toute l'année, » dit Liam, faisant rire le reste du groupe. Louis serra ses poings et détourna son regard, sa matinée était ruinée.

Il souhaitait être courageux.

Au moins assez courageux pour frapper Liam au visage et lui dire d'aller se faire foutre.

« Ooh, » ricana Aiden, « on devrait tout y aller comme une bande de tapettes. »

Louis sentit tout se briser en lui et il se demanda si l'un d'entre eux l'avait entendu.

Il cracha sur le sol – du sang dans sa bouche à force de mordre fortement sa joue – puis il s'éloigna, ignorant les cris derrière lui demandant où il allait.

Il finit par donner un coup de poing dans un cassier du gymnase et se péter assez méchamment les jointures.

Zayn le vit parce qu'il l'avait suivi et il força Louis à passer sa première heure à l'infirmerie pour se calmer. Louis ne put pas s'empêcher de remarquer le regard que Zayn lui lança, comme s'il savait quelque chose.

Louis mordit à nouveau l'intérieur de sa joue et il garda toutes ses émotions refoulées en lui.

Mardi il y eut un entraînement tôt le matin. Louis se sentit lent et fatigué, comme la plupart des garçons à cette heure-ci, mais ils gérèrent.

Louis s'était en quelque sorte habitué à ne plus faire attention à certain vocabulaire pendant qu'il était sur le terrain, des mots comme 'pédé' et 'tapette', et les occasionnels commentaires sexistes tel que 'arrête de faire ça comme une fille'.

Aujourd'hui, il semblait se focaliser dessus, il continuait d'entendre ses co-équipiers crier 'arrêtez d'être une bande de pédés et bosser plus dur,' même le coach leur criait d'intensifier leur entraînement avec des insultes homophobes.

Louis bouillonnait. Il bouillonnait foutrement.

C'était comme si tout le temps qu'il avait passé à apprendre à ne plus entendre ces mots sur le terrain avait été vain et, à présent, sa tête en était inondée. Il était tellement en colère qu'il avait l'impression de ne plus réussir à respirer.

Il ne se rendit pas compte de son agressivité jusqu'à ce qu'il fût sur le point de faire une passe et finit par planter la balle directement dans le sol, tournant autour et retirant brusquement son casque.

« C'est quoi ce bordel, Tomlinson ? » cria son coach.

Le sang de Louis bouillit et il jeta son casque par terre, ses mains venant tirer ses cheveux.

Il était en train de perdre la tête.

« On dirait que Tommo a quelque chose coincé dans le cul, » entendit-il maronner un des garçons, en faisant ricaner deux ou trois.

« Ferme ta putain de gueule, » cracha-t-il entre ses dents, ses poings se fermant alors qu'il jetait un regard noir au garçon.

Tout le monde se calma, regardant Louis avec confusion.

Le coach leur dit finalement de retourner dans les vestiaires et de prendre leur douche. Il demanda à parler à Louis mais ce dernier refusa, disant qu'il avait besoin de s'éclaircir les idées.

A la place de se doucher dans les vestiaires avec les autres garçons, il conduit jusqu'à chez lui. Il se tint en dessous de l'eau brûlante jusqu'à ce que sa rage ait disparu et se soit transformé en de la honte pure. Il retourna au lycée à l'heure pour son premier cours, seulement pour entendre plus d'insultes qui le démangèrent en dessous de sa peau.

Mercredi fut la journée d'étude de Louis et il sécherait bien mais il devait aller à l'entraînement ensuite (il le louperait bien aussi, mais il y avait un gros match le lendemain et il était le meilleur quarterback de l'équipe).

Pour la majeure partie, ce fut une bonne journée. C'était agréable et calme ; assis à la bibliothèque, il finit un devoir sur un livre et s'avança sur ses devoir de chimie. Zayn passa le voir et il resta avec lui pendant une heure, griffonnant dans les marges de ses cours et lui offrant une conversation tranquille. Il lui demanda ce qu'il s'était passé l'autre jour et Louis haussa ses épaules malgré le regard qu'il reçut.

Le truc, c'était que Zayn était le meilleur ami de Louis, il l'était depuis sa naissance. Ils vivaient l'un à côté de l'autre, alors c'était fondamentalement une sorte de loi universelle qu'ils soient bons amis. La plupart du temps, Louis avait l'impression que Zayn était la seule personne saine dans sa vie. C'était comme s'il était la seule personne qui voyait à travers la façade de la vie conservatrice contradictoire qui s'était installé autour d'eux. Zayn était intelligent, Zayn était authentique, Zayn était le seul qui ne se livrait pas aux commentaires et aux comportements dégueulasses et ignorants.

Zayn et Louis partageaient tout. Il était la raison pour laquelle Louis se sentait honteux et coupable, également, parce qu'il ne partageait pas complètement tout avec lui. C'était la peur de le perdre qui rendait ça impossible.

Après que Zayn fut parti, Louis regarda les gribouillis que Zayn lui avait laissé et il soupira. Il posa sa tête sur la table et passa l'heure avant le déjeuner à dormir.

Louis réussit à se glisser à l'intérieur de la cafétéria et à en ressortir avec une pomme et une bouteille d'eau, décidant que ce serait mieux pour sa santé mentale de rester à la bibliothèque et ne pas avoir à subir l'ignorance de ses co-équipiers.

Louis s'assit et regarda les autres élèves qui traînaient à la bibliothèque pendant le déjeuner tout en mangeant, parfaitement conscient que Harry était l'une de ces personnes. Il essaya de son mieux de ne pas le fixer trop souvent, mais c'était difficile quand il pouvait sentir le regard du garçon et de son ami irlandais sur lui.

Il alla aux toilettes après avoir fini sa pomme et, quand il revint, il y avait un sandwich fait-maison aux épinards et aux tomates à côté de son sac, ainsi qu'un petit sac hermétique avec des tranches de patates douces et de sucre roux. Un post-it avec une écriture arrondie et un petit smiley disait :

un beau joueur de football comme toi a besoin de beaucoup manger, j'espère que ça te plaira :-)

Une chose qui était bien à propos d'une petite ville était que de la nourriture faite-maison n'était pas rare et il y avait peu d'inquiétude à avoir sur le fait qu'elle puisse être dangereuse. Alors Louis la mangea, avec un petit sourire et les joues rouges, jetant des coups d'œil vers Harry qui était tout aussi rouge et Niall qui avait l'air beaucoup trop content de lui.

Alors mercredi n'avait pas vraiment été une si mauvaise journée.

Jeudi fut un éclair d'esprit d'équipe. Vivre dans une petite ville signifiait que le football était important, que les matchs à domicile étaient de vrais événements que tout le monde attendait et auxquels ils venaient tous, les écoles fermaient pour profiter de la journée et montrer sa fierté.

Après trois ans de tout cela, Louis avait à la tête à cause de l'hymne de l'école et des chants de fierté, et à être agité dans tous les sens par un groupe de garçons baraqués.

C'étaient les jours comme ceux-là où certaines des pires choses étaient dites et faites.

Des jours où tout le monde était piqué à l'adrénaline, l'espoir et l'égo. Des jours où les professeurs faisaient peu d'effort pour maintenir de la discipline parce que les joueurs ne pouvaient pas avoir de problèmes avant un match, des jours où c'était facile de repérer qui avait un mauvais esprit.

Harry n'était pas l'une de ces personnes, très honnêtement, il en était même l'opposé.

Il portait une jupe de pom-pom girl ('avec un legging, bien sûr,' l'imagina dire Louis), un gros pull qui semblait confortable et il avait ses propres pompons.

Les pom-pom girls adoraient Harry, et Louis se demandait souvent si elles étaient au courant de sa sexualité, puisque Niall sortait avec l'une d'entre elles et Harry était choyé par tout le groupe.

Louis savait que là où les filles avaient souvent un plus grand cœur, elles pouvaient tout autant être vicieuses. Louis avait entendu autant de filles que de garçons dire des choses horribles dans leur minable lycée, pourtant – la plupart des pom-pom girls semblaient si gentilles et il n'y avait aucun doute sur le fait qu'elles appréciaient Harry.

Cependant, il pensait que c'était impossible de ne pas l'aimer, avec son grand cœur et son grand sourire, rugissant d'audace pour être lui-même.

« Styles, espèce de p'tit pédé. Tu t'habilles comme une fille en espérant qu'un gars voudra bien t'baiser ? »

« Oh, dégage Mark. Pour autant que tu saches, c'est un vrai tombeur, » dit Jesy, accrochant son bras à celui de Harry. Certaines des autres pom-pom girls soupirèrent et roulèrent leurs yeux, très habituées à ce genre de commentaires adressés à Harry même s'il n'avait jamais, de ce Louis en savait, montré qu'il n'était pas à cent pour-cent hétéro.

Mark roula ses yeux. « D'accord. Il porte même vos vêtements, » dit-il, effleurant la jupe de Harry.

« Les vêtements n'ont pas de genre, » dit doucement Harry, lissant sa jupe. Niall le tapa dans le dos comme un signe de fierté.

« Quoi ? »

« Les vêtements n'ont pas de genre, » dit-il plus fort, cependant son ton resta doux.

Josh rigola de façon moqueuse, « Ouais, d'accord, espèce de tapette, pourquoi tu crois qu'aucun de nous ne porte ces vêtements à froufrous, alors ? »

Harry s'éclaircit doucement la gorge, apparemment insensible alors qu'il baladait son regard entre les deux garçons. « Les jupes sont très souvent portées par des hommes en dehors des cultures occidentales. »

Le cœur de Louis grossit de cinq tailles, en regardant Harry, son courage noble. Sa posture était toujours si ouverte, tout à son sujet était toujours si ouvert, comme si, si les deux garçons s'excusaient à cet instant d'être de vrais connards, il l'accepterait avec un sourire et une étreinte, comme s'il n'y avait aucune amertume ou mépris dans son cœur.

Les deux garçons restèrent immobiles, regardant Harry mais ne disant rien. Finalement, bien que n'étant pas une excuse, ils dirent, « Peu importe, p'tit pédé. »

Louis se demanda si ça blessa plus lui ou Harry à ce stade.

Vendredi fut le summum de la semaine. Horrible.

Surtout parce qu'ils avaient gagné le match, ce qui signifiait des 'on leur a montré à ces tapettes' pouvait être entendu toutes les deux secondes. Ça signifiait arrogance et égo et Louis étant félicité avec des mots qu'il ne préférait ne pas entendre.

Il avait bien joué la vieille, il mit toute son agressivité pour jouer au mieux, mais ça l'avait laissé avec le sentiment d'être vidé.

Harry était au lycée avec le sourire aux lèvres et les joues rouges, il était en toute honnêteté la plus belle chose sur Terre, et Louis n'essaya même pas de cacher son désir. Il le fixa sans retenue et mordit sa lèvre, bloquant la conversation de ses camarades alors qu'ils se trouvaient dans le couloir avant le début des cours.

Il fit encore plus rougir Harry et, tandis qu'il était un peu fier de lui à ce sujet, ça le tua également. Tout ce à quoi il pouvait penser était que, s'il était plus courageux, il pourrait être celui qui aimerait ce garçon.

(Louis imaginait souvent toutes les différentes façons dont il pourrait faire rougir Harry. En jouant avec ses doigts, en chuchotant dans son oreille. En embrassant sa joue, son cou, ses cuisses.)

Il soupira, clignant doucement ses yeux et mordant sa lèvre. Si quelqu'un lui prêtait attention, ça serait plus qu'évident qu'il était en train de reluquer Harry, ou plutôt rêvassait ouvertement sur lui.

Ce fut seulement quand Harry sourit timidement, lui faisant un petit signe de la main, que Louis fut sorti de sa trance. Il fut encore plus troublé, regardant le sol d'un air renfrogné alors qu'il essayait de se reprendre.

Cependant, il lui rendit son sourire après un moment, le saluant tout aussi timidement de la main. Le moment semblait tellement privé, comme s'ils étaient les deux seules personnes dans le couloir, dans le lycée, dans le monde. Comme si tout le reste était peu pertinent par rapport à l'océan de sentiments partagés entre eux.

Ils n'étaient pas seuls, cependant, et il y avait toujours un moyen de lui rappeler.

« A qui tu fais signe – oh, » les sourcils d'Aiden se froncèrent, « pourquoi tu souris à cette tapette ? Il portait une putain de jupe hier, t'as vu ? »

Sa première interaction positive avec Harry en un an et elle venait d'être ruinée.

Louis regarda à nouveau Harry et le vit en train de sourire, ses joues d'un doux rose, ses yeux baissés vers là où il jouait avec ses mains. Niall, qui était avec sa petite-amie, le remarqua et il lança un regard à Louis, souriant et donnant un coup de coude à Harry, le faisant seulement encore plus rougir.

Louis ne voulait pas que ce sourire disparaisse.

« D'accord, » répondit-il à Aiden, faisant seulement froncer encore plus ses sourcils ainsi que ceux de Liam.

« J'suis presque sûr que c'est un pédé, mec. »

Louis secoua sa tête, désapprouvant. « Nan, » dit-il, « Styles est cool. »

Josh le regarda comme s'il était fou. « T'es sûr ? »

« Ouais, » dit-il, « c'est un mec sympa. »

Josh et Aiden jetèrent tous les deux un coup d'œil vers Harry, avant de regarder à nouveau Louis. « D'accord. »

Louis se sentit bien, sachant qu'il les avait arrêtés de continuer à s'en prendre à Harry, mais il se sentit encore plus vide et très, très triste. Il souhaitait pouvoir simplement leur crier de fermer leurs gueules, de se sortir les doigts du cul. Il souhaitait pouvoir aller embrasser Harry comme si sa vie en dépendait en leur faisant un doigt d'honneur.

Le reste de la journée se passa avec Louis tournant sa tête à chaque fois qu'un de ses co-équipiers persécutait un autre gamin, sa migraine aussi puissante que sa rage.

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