1.2
Un mois. Un mois que je passe mon après-midi tous les jours avec le musicien, et que je retrouve mon sourire à chaque fois. Que je découvre au final, la vie, et le bonheur qui s'ensuit avec. Que malgré les coups reçus le soir avec Baekbom, je continue de me lever tous les matins. Et que surtout, mon frère semble me laisser tranquille à chaque fois que je quitte la maison.
Oui, c'est peut-être ça le plus important, le fait que je ne suis pas suivi les rares fois où il ne travaille pas, et que je m'éclipse dehors, prendre l'air. Au final, Baekbom semble avoir compris que j'ai besoin de sortir, pour ne pas devenir fou. Et il ne s'y oppose finalement pas, sachant pertinemment qu'il me tient en cage et que je ne suis pas capable de m'envoler de mes propres ailes. De plus, mes sorties quotidiennes rassurent catégoriquement les voisins, ils pensent que j'ai une vie, une vraie. Ils ont même demandé à Baekbom quelles études je faisais.
Mon frère. Au final, il n'a pas l'air de vouloir suivre les règles essentielles de la vie, négligeant sa santé malgré les rares recommandations ou conseils que j'ai pu prononcer discrètement. Pourtant je le sais, je l'entends encore tousser jusqu'à cracher son sang, mais il s'en fiche éperdument. Même si j'essaye de trouver de quel mal il est atteint, que j'achète des médicaments et que je prépare des infusions, il rejette tout jusqu'à la plus petite gélule. Et la seule façon pour moi de tenir, c'est de me rassurer à peine en essayant d'intégrer que, bien qu'il tousse fréquemment, il crache rarement du sang.
Et au final, c'est avec l'idée d'être presque heureux que je me réveille tous les matins, comme aujourd'hui où l'odeur de petits pains grillés au four me déloge de mon lit pour descendre jusqu'à la cuisine. Et c'est avec surprise que je vois une assiette disposée à mon attention sur le comptoir, une étiquette laissée dessus où y est déposée la fine écrite de mon frère, « À manger vite, sirop d'érable obligé. ». Et tandis qu'un large sourire se dessine sur mon visage et que de douces larmes brouillent ma vue, mes pieds m'amènent jusqu'à l'assiette, faisant découvrir à ma vue un grand verre de jus de fruits fraîchement pressés datant de ce matin. Le cœur battant d'amour, mes mains tremblantes viennent se poser sur l'étiquette, la ramenant jusqu'à mon visage pour laisser une larme couler dessus.
*
Le sourire du musicien s'étire sur ses lèvres et m'éblouis légèrement tel un petit soleil, me faisant plisser les yeux et sourire à mon tour, son rire léger et grave nous accompagnant dans l'air agréablement. Puis, tandis que sa guitare fixée dans son dos m'emplit sa vue, ses pas résonnant sur les pavés tandis que les miens le suivent plus timidement, ma main s'avance d'elle-même pour se glisser dans la sienne, faisant battre mon cœur un peu plus fort.
Aussitôt, les grands yeux pétillants de Chanyeol se posent sur moi tandis que son sourire se fait plus doux, maintenant habitué à ce que nous nous tenions par la main régulièrement ou que nous nous enlacions soudainement, poussés par une envie subite. Pourtant, je ne peux cacher qu'à chaque fois de légères rougeurs apparaissent sur mes pommettes, me faisant détourner la tête courtement afin de le cacher. Mais le musicien n'a pas l'air de s'en soucier et rit toujours avec légèreté comme pour me débarrasser de toute gêne ou d'un surplus de timidité.
– Qu'est-ce que tu prendras cette fois ? demande-t-il soudain en me ramenant contre lui, gardant sa main dans la mienne.
– C'est moi qui paye, je lance en fronçant les sourcils, habitué également à ce que Chanyeol essaye de payer souvent à ma place, et tu as dit qu'on prenait à emporter aujourd'hui.
Un sourire s'étire à nouveau sur ses lèvres tandis que je garde mon air un peu buté, le faisant sourire encore plus lorsqu'il le remarque.
– Oui c'est vrai, doublement vrai même, rit-il légèrement, tirant la porte et me lâchant pour me faire signe d'entrer, après vous Baekhyun.
Je lève les yeux au ciel et entre dans « notre » café maintenant habituel, laissant le musicien me rejoindre au comptoir tandis que nos yeux parcourent déjà les noms des différentes boissons chaudes inscrits au-dessus dudit comptoir.
– Qu'est-ce que tu prendras ? me demande-t-il presque directement, ses yeux ne quittant pas les différents noms.
– Chocolat chaud, je lance sans hésitation, n'ayant pas envie d'un café aujourd'hui – car oui ça y est je m'y suis mit.
Aussitôt le regard de Chanyeol se braque sur moi tandis qu'un fin sourire amusé et légèrement narquois s'étire sur ses lèvres à mon attention, me faisant froncer les sourcils directement.
– Quoi ? je lance en fronçant le nez.
– Non rien, sourit-il en fronçant le nez à son tour, mais lui d'un mouvement purement taquin.
– T'as un problème ? je lâche en plissant les yeux, le faisant se marrer doucement.
– Mon problème c'est toi, souffle-t-il doucement en venant déposer un léger baiser sur ma tempe, glissant sa main dans mon dos avant de se redresser.
Rougissant légèrement, je laisse mes yeux se plisser cette fois d'un doux bonheur, un sourire illustrant cette agréable émotion se dessinant sur mon visage, tandis que ma tête se pose contre l'épaule et la clavicule du musicien. Alors doucement, la main de ce dernier se glisse dans le creux de mon dos, son bras venant s'enrouler légèrement autour tandis que sa paume s'échoue sur ma taille. Puis une serveuse vient vers nous en souriant, nous jetant un coup d'œil amusé et attendri ? au passage et me faisant faiblement rouspéter tout bas.
– Bonjour, nous prendrons un chocolat chaud et un café liégeois à emporter s'il vous plaît, lance Chanyeol avec cette joie piquante quotidienne, me faisant lever les yeux vers lui et sourire doucement.
Mes yeux parcourent son visage rayonnant avec délice, faisant battre mon cœur chaleureusement tandis que j'entends les doigts de sa main libre tapoter un rythme irrégulier sur le plateau du comptoir, puis qu'il ne tourne la tête vers moi et n'affiche courtement des yeux ronds en voyant que mon regard est déjà posé sur son visage, avant de sourire avec légèreté. Puis doucement, son bras remonte jusqu'à l'arrière de mon crâne où sa main vient me l'empoigner avec douceur en plongeant dans ma chevelure, rapprochant ainsi mon visage du sien pour me déposer un léger baiser sur le front. Rougissant instantanément tandis qu'il se détache doucement afin de recevoir nos commandes, je sens mon cœur partir en cavale dans ma poitrine tandis que mes yeux se précipitent pour chercher mon porte-monnaie du regard et compter l'argent dans ma main, avant de tendre la somme exacte à la serveuse et d'entendre vaguement le musicien la remercier, signe qu'il est temps de partir.
Nos cafés en mains, Chanyeol se retourne vers moi tandis que je m'avance pour lui ouvrir la porte, le faisant sourire avant de passer devant moi, et que je ne referme derrière nous. Puis je rejoins le musicien sur les pavés, recevant mon café qu'il me tend en souriant gentiment, avant que nous ne nous mettons à marcher vers l'une des grandes allées.
– On a de la chance aujourd'hui, lance-t-il en humant l'air courtement, il fait beau et ça pue pas trop.
Un sourire vient étirer mes lèvres tandis que Chanyeol baisse les yeux vers moi, avant de me désigner les enseignes autour de nous et de m'interroger du regard.
– Une petite faim ?
Je secoue aussitôt de la tête en lui faisant les gros yeux, le faisant éclater de rire tandis qu'un léger sourire amusé s'étire sur mes lèvres au son de sa voix si grave retentissant dans l'air si joyeusement.
– T'abuses, je lance pourtant, en ramenant mon mug de café contre moi, arrête de toujours vouloir tout acheter, une boisson ça me suffit et tu le sais.
– Faut bien que je te nourrisse, pouffe-t-il doucement, t'es tellement pas épais...
Mes yeux s'écarquillent et se braquent sur le visage du musicien, surpris et limite choqué par sa remarque.
– C'est pas parce que tu mets des vêtements larges et beaucoup d'épaisseurs que je n'ai pas remarqué que t'es tout frêle, sourit Chanyeol en me lançant un clin d'œil.
Mes joues rougissent tandis que mon esprit s'affole, sachant pertinemment que je suis maigre et que cela ne devrait pas se voir.
– Alors, qu'est-ce que tu veux aujourd'hui ? reprend-t-il tout sourire.
Mes sourcils se froncent tandis que je tire une grimace boudeuse, faisant rire le musicien directement.
– Grossis un peu, me taquine-t-il en venant me pincer la joue affectueusement, à chaque fois j'ai peur de te faire mal rien qu'en te prenant par la main...
Son regard se fait plus doux tandis que je me sens confus, détournant le regard et baissant la tête vers le sol, plus pensif que vexé.
– Eh, Baek, lance-t-il soudain doucement en m'attrapant par la tête, la ramenant contre son torse malgré que l'on marche.
– Comment tu m'as appelé ? je sursaute directement, une lueur de frayeur dans les yeux.
Chanyeol me lâche en fronçant les sourcils, n'ayant pas l'air de comprendre ma subite légère panique.
– Baek ?
– J'aime pas, je souffle directement en détournant le regard, ayant l'impression d'entendre la voix de mon frère m'interpeller, ou même me faisant penser à lui en raison de son prénom composé en partie par la même sonorité.
– Oh, vraiment ? s'étonne le musicien, Excuse-moi, j'ai l'habitude qu'on me surnomme Chan ou Yeol, alors j'ai tendance à faire un peu pareil pour les autres...
– C'est pas contre toi, je lance rapidement, mais j'aime pas.
Chanyeol pouffe soudain en me lançant un regard moqueur, me faisant le regarder d'un air interrogateur.
– Toi alors, sourit-il en riant doucement, tu as un de ces francs-parler.
Mes yeux s'écarquillent tandis que le musicien détourne le regard, gardant son sourire aux lèvres.
– J'aime bien, au moins avec toi je sais que je n'ai pas besoin de prendre des gants quand je parle, lance-t-il d'un air amusé, et ça me plaît. Je ne supporte pas les menteurs ni les gens qui tournent autour du pot, ou qui sont tout le temps indécis.
Un léger sourire vient s'étirer sur mes lèvres à mon tour, mon regard se fixant devant moi tandis que nous arrivons bientôt au parc où Chanyeol aime m'emmener de temps à autres, me rassurant légèrement car j'ai bien envie de me poser tranquille dans un coin et de boire mon chocolat chaud.
– Y avait pas mal de monde aujourd'hui, tu trouves pas ? lance-t-il soudain tandis que nous entrons dans le parc, me faisant entamer la discussion l'air de rien.
Et c'est ainsi que le musicien réussi finalement comme à chaque fois à me faire parler, me retirant doucement ma carapace tandis que nous rentrons dans notre bulle rien qu'à nous deux.
*
Le musicien éclate de rire tandis que mes yeux se plissent d'amusement sans le quitter du regard, un large sourire étiré sur mes lèvres, ne pouvant résister à sa bonne humeur contagieuse. Puis sans prévenir, il me pousse légèrement afin que je me rétame dans l'herbe, riant plus encore en voyant ma mine mi-surprise mi-confuse.
– Ah ouais, c'est à ça que tu veux jouer ? je lance en le fusillant du regard, le regardant me pointer du doigt en se pliant en deux de rire.
Vif comme l'éclair, mes mains attrapent les jambes de Chanyeol et les balayent, le faisant se ramasser plus pitoyablement que moi encore, et heureusement que nos cafés vides et sa guitare sont sur la banc.
– Voilà à quoi ça sert d'avoir des longues jambes ! je raille directement tandis qu'il se redresse avec une expression de surprise et d'amusement mêlés.
Son rire cueille aussitôt mes oreilles et étire un sourire sur mes lèvres, me faisant renifler en fronçant le nez afin de ne pas trop montrer mon amusement non plus. Puis soudain, le musicien m'attrape et s'ensuit de légères roulades dans l'herbe, chacun essayant de prendre le dessus sur l'autre.
– Et c'est à ça que servent réellement des grandes jambes, lance-t-il soudain en me coinçant sous lui, me bloquant également avec ses jambes de part et d'autre des miennes, alors, tu ne dis plus rien Baekhyun ?
Fronçant le nez d'agacement et ne m'avouant pas vaincu, je tente de le repousser avec mes mains, le faisant bloquer soudainement mes bras en calant ses coudes dans l'herbe autour de mes biceps.
– Pff, se moque Chanyeol, son regard planté dans le mien, je t'avais dit de manger pour grossir un peu. Qu'est-ce que tu veux faire avec cette force de moineau ?
Soudain, je glisse légèrement et le pousse en même temps, retournant la situation et échangeant les positions, le renversant sur le dos tandis que je me retrouve allongé sur lui.
– Tu disais ? je reprends moqueusement en le bloquant entre mes bras comme lui plus tôt.
Le regard amusé du musicien rencontre plus franchement le mien, nos visages assez près l'un de l'autre pour distinguer chaque éclat de couleur dans les iris de l'autre, tandis que nos souffles tapent mutuellement sur nos visages.
– Ok ok, lance-t-il doucement, je m'avoue vaincu.
Amusé, je me redresse légèrement mais Chanyeol me ramène soudain contre lui, plaçant ses grandes mains dans mon dos et m'attirant contre son visage. Surpris, je le regarde fermer les yeux tandis que nos fronts se rencontrent, un léger sourire ornant ses lèvres. Alors, le rose aux joues et le cœur battant, j'ose profiter du fait qu'il ait les yeux fermés pour dévier légèrement la portée de mon regard, détaillant chaque traits de son visage avec douceur.
Puis sans prévenir, ses grandes mains remontent jusqu'au haut de mon dos pour masser légèrement mes omoplates, avant de redescendre jusqu'au bas de ma veste et se poser dans le creux de mes reins. Une onde de chaleur m'envahit aussitôt tandis que les battements de mon cœur s'accélèrent, me sentant faiblement rougir tandis que mes yeux se posent sur ses lèvres toujours étirées en un doux sourire. Et sans prévenir, les yeux du musicien s'ouvrent en grand tandis que je sursaute, le faisant rire courtement avant de nous faire basculer sur le côté, me retrouvant emprisonné sous ses grands bras et sa grande taille.
– J'aime beaucoup quand t'as l'air fier de toi comme ça, sourit-il en pouffant légèrement, me faisant faiblement écarquiller les yeux, t'as l'air d'un gosse qui vient de remporter le premier prix à chaque fois.
L'idée de protester et de renchérir traverse mon esprit mais une légère douleur se fait ressentir en même temps, l'une des jambes de Chanyeol écrasant un peu mon mollet meurtri d'où quelques hématomes le rendent plus sensible actuellement.
– Ah, je souffle doucement, remontant le regard dans le sien, attends tu me fait mal...
Les yeux du musicien s'écarquillent tandis qu'il se redresse directement, tournant sur le côté pour se positionner sur le flanc, cherchant l'éventuel endroit du regard où je pourrais avoir mal. Rougissant directement en voyant son inquiétude, je l'attrape par le col et l'attire contre moi, cachant mon visage dans le creux de son cou tandis que ses mains viennent directement s'enrouler autour de moi. Puis un léger rire quitte sa gorge, me faisant loucher sur sa belle pomme d'Adam qui tressaute devant mes yeux, me donnant envie de l'attraper pour la coincer entre mes dents.
– Je me sens bien avec toi Chanyeol, je souffle doucement en fermant les yeux, laissant ma tête reposer contre lui, tandis qu'il se laisse lentement tomber sur le dos.
– Ah oui ? s'étonne Chanyeol en passant ses mains dans mon dos, me ramenant contre lui.
– Oui... je réponds dans un murmure, aimant entendre sa voix résonner aussi près de moi et faire vibrer l'atmosphère.
Un léger silence s'installe tandis que les grandes paumes du musicien caressent délicatement et chaleureusement mon dos, faisant battre avec bonheur mon cœur dans ma poitrine.
– Moi aussi je me sens bien avec toi Baekhyun... souffle-t-il à voix basse, son timbre grave et rauque me faisant légèrement frémir.
Puis lentement, Chanyeol baisse la tête et enroule l'un de ses bras autour de ma tête, se penchant pour venir m'embrasser le cou de trois délicats baisers chaleureux, avant de poser sa joue contre mon front. Et mon corps s'embrase autant que mes joues tournent au rouge pivoine, mon cœur tressautant de bonheur et de douceur tandis qu'un agréable sentiment indescriptible remonte de mon bas-ventre pour se disperser à travers tout mon être.
*
Mes pieds foulent le seuil de l'entrée et un air d'une des mélodies de cet après-midi me résonne dans la tête, me faisant refermer la porte derrière moi en chantonnant faiblement. Puis, je vais jusqu'à la cuisine où j'emmène les deux sacs de courses que j'ai eu le temps de faire après avoir quitté le musicien, les déposant sur la table avant de retourner dans l'entrée déposer ma veste. Rangeant les courses tranquillement, je jette un œil à l'heure toutes les cinq minutes afin de m'assurer que je suis dans les temps, me faisant penser au repas que je vais préparer ce soir.
Puis, après avoir vidé les sacs et les avoir rangé avec les autres dans un placard, je m'affaire à préparer directement le dîner de ce soir, faisant simple et pourtant de manière appliquée ; riz, bœuf et légumes, tout baignant légèrement dans une sauce bouillon dont je sais que Baekbom raffole – même s'il ne le dit jamais. Sachant qu'il reste des fruits et que j'ai eu le temps d'acheter un ananas – fruit que nous convoitons à chaque fois depuis petits tous les deux, et que de toutes façons, mon frère aura sûrement déjà assez avec le plat principal.
Et lorsque le concerné débarque à la maison, j'ai tout juste le temps de finir de ranger la vaisselle propre et de poser la dernière assiette dans le placard, qu'un brusque bruit sourd retentit d'ailleurs dans l'entrée tandis que la porte claque violemment. Surpris, et également inquiet comme effrayé, je me précipite dans l'entrée avant de me reculer, laissant Baekbom se redresser d'un coup maladroitement et se retenir au mur, me jetant un regard vaseux, les lèvres entrouvertes.
– Baekhyun, lance-t-il d'une voix traînante et absente, t'es là...
– É-Évidemment que je suis l-là... je balbutie, écarquillant les yeux en voyant mon frère se redresser de toute sa hauteur et tituber jusqu'à moi.
Soudain, les mains de Baekbom se plaquent sur mes joues en les claquant légèrement au passage sous la force de son geste mal maîtrisé, tandis qu'il place maladroitement son visage face au mien afin de planter son regard dans le mien.
– Baekhyun, fais-moi à manger, j'ai faim, lâche-t-il sur un ton pâteux, son haleine puant l'alcool et me faisant froncer le nez rapidement.
Choqué, car mon frère ne revient jamais aussi soûl à la maison, préférant d'ailleurs se bourrer la gueule chez nous, je flanche soudain sous son poids qu'il lâche totalement sur moi, essayant de le redresser correctement.
– Baekbom, t'es trop soûl, j'articule entre ma mâchoire crispée, ne pouvant nier que bien que Baekbom est bien musclé, son poids n'est pas à mettre de côté.
Serrant les dents, je glisse ma tête sous son bras et le soutient en le conduisant jusqu'au salon, mais mon frère pousse soudain pour faire demi-tour, me faisant manquer de le lâcher.
– Nan pas le salon, proteste-t-il en fermant les yeux, n'arrivant pas à en garder un ouvert convenablement, j'veux... dormir dans ma chambre...
Prenant sur moi, je l'aide alors à monter les marches en allant à la vitesse d'un escargot handicapé, jurant mentalement de tous les noms contre le c*n qui a entraîné Baekbom avec lui au bar. Et trois siècles plus tard, nous atteignons enfin le palier, me faisant grogner en essayant de redresser mon frère tandis que nous nous dirigeons lentement – mais un peu plus vite que dans les escaliers heureusement, jusqu'à sa chambre.
– Naan ! hurle-t-il soudain pour me stopper, me faisant brutalement sursauter tandis qu'il essaye de bloquer sa porte pour ne pas que je l'ouvre en plaquant l'une de ses mains dessus.
– Quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas Baekbom ? j'ose râler, en ayant déjà plein les pieds de devoir supporter un mec bourré comme un coing.
– J'veux dormir dans ta chambre, répond Baekbom en se tournant pour me regarder d'un seuil œil à moitié ouvert, dodelinant dangereusement de la tête vers l'avant, dans ton lit...
– Et moi ? Je dors où ? je m'exclame directement, choqué.
– Sur le paillasson, m'en fous, souffle-t-il en s'avançant lentement vers ma chambre, me faisant grommeler en le suivant, obligé car je le soutiens.
– Baekbom, c'est ma chambre, je lance en cherchant comment le convaincre de rebrousser chemin.
– Rien à foutre, lâche mon frère en fermant les yeux, me laissant tout faire, j'en ai rien à foutre.
Énervé, je l'attrape par le col et le plaque soudain contre le mur, le tenant fermement et plantant mon regard dans le sien, seul un œil restant à moitié ouvert.
– Eh, ça suffit maintenant, je siffle en le retenant de tomber en avant, vacillant un peu à chacun de ses titubements.
– Ta gueule, sourit-il soudain en se penchant vers moi pour me souffler son haleine alcoolisée dans le nez, t'as jamais eu ton mot à dire toi, petite merde.
Vexé, je raffermis ma prise sur son col tandis qu'il vient me sourire sous le nez, me faisant frémir légèrement à l'odeur tenace d'alcool.
– Je dors dans ta chambre ce soir, ricane-t-il avant de lâcher un hoquet, se redressant légèrement en papillonnant des yeux.
Serrant les dents, je le redresse afin qu'il comprenne que c'est moi qui ait le dessus pour l'instant, en ayant marre de son comportement de mec bourré infecte.
– Tu sais quoi Baek ? lance-t-il en me regardant de son seul œil valide, Va te faire sauter par le premier couillon du coin et va crever, j'en ai rien à foutre.
Choqué, j'écarquille aussitôt les yeux face à ses mots brutaux, me demandant directement si Baekbom est au courant pour le musicien.
– T'as qu'à te jeter sous un camion, siffle-t-il soudain en collant son visage à trois millimètres du mien, me faisant loucher en reculant, ça te rappellera des souvenirs.
Soudain, les mains de mon frère se plaquent sur mes joues tandis qu'il ouvre ses deux yeux pour me fixer d'un rictus méchant, l'alcool le rendant toujours plus effrayant encore.
– Nan, j'vais te tuer tout seul, y a que moi qui ait le droit de le faire, ta vie m'appartient, lâche-t-il subitement d'une voix cassée par l'alcool, me faisant écarquiller les yeux, tu m'appartiens Baek...
Sentant la force que met Baekbom à maintenir mon visage entre ses mains, je sens soudain mon cœur paniquer autant que mon esprit, figé de peur.
– Alors je dors dans ta chambre si je veux, lâche-t-il en titubant légèrement, me faisant grimacer, de toutes façons, je peux bien faire ça, j'ai tous les droits sur toi.
Mes mains s'agrippent soudain aux siennes dans le but de les décrocher de mon visage tandis que la terreur dilate mes pupilles, faisant sourire encore plus mon frère.
– Après tout, t'as bien tué papa et maman, petit con...
Et tandis que ses mots heurtent mon cœur telle une flèche d'acier, je ferme les yeux de douleur, sachant pertinemment qu'une expression de fierté se dessine aussitôt à la vue de ma soumission sur le visage de Baekbom. Alors les larmes coulent d'elles-mêmes sur mes joues, laissant mon frère rire à pleine gorge avant de se mettre à tousser violemment, puis de s'essuyer la bouche où coule un mince filet de sang et de l'étaler sur moi, avant de se diriger vers ma chambre en titubant, fier que j'admette enfin mes erreurs depuis tout ce temps.
***
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