0.5

Mes pas résonnent sur les pavés, mon écharpe emmitouflant mon visage jusqu'à l'arrête de mon nez et mes mains chaudement enfoncées dans mes poches de veste. J'inspire un grand coup, plus pour sentir l'air frais m'emplir les poumons que pour me donner du courage. La lointaine pensée que je dois revenir à l'heure et cette fois en me faisant remarquer par les voisins m'effleure, mais étant dans l'incapacité de me concentrer sur autre chose que mon envie actuelle de combler le vide que la musique a laissée en moi, elle disparaît aussi vite qu'elle est venue.

Me revoilà, présent, comme ces dernières fois qui ne lui sont pas parues transparentes, j'étais là et il l'a sut. Quelque part, ça me touche, mais pas trop car ne sait-on jamais. Toujours se méfier des gens, plus on s'attache et plus on se fait durement poignarder le cœur. Ce sont toujours les gens les plus proches que l'on affectionne qui nous trahissent le mieux... Mon cas en est la preuve vivante, mais les explications seront pour une autre fois... Soit vous êtes assez grands et très observateurs pour le deviner, soit j'en parlerai lorsque je serai prêt...

En deux enjambées je l'ai rejoint, ce grand musicien qui me fascine et m'intimide. Pourtant c'est étrange, j'ai beau lui avoir parlé – enfin c'est un bien grand mot, lorsque son regard se pose sur moi, je me sens tout chose et baisse instinctivement le regard. Je me découvre une timidité plus prononcée que je ne devrai en arborer... Et aujourd'hui ne fait pas exception à la règle, mes pommettes se colorant légèrement tandis que mon regard fuit à la rencontre de ses prunelles brunes.

Pourtant, pour une fois, son regard sur moi persiste. Comme s'il ne voulait pas détourner les yeux, comme s'il voulait s'assurer que je reste, comme s'il cherchait les réponses aux questions que je me pose et qu'il se pose certainement lui-même. Alors je ferme les paupières, je me laisse guider par sa voix et transporter par la mélodie de sa guitare. Et le poids de son regard sur moi s'échappe, se détournant certainement pour regarder la foule éparpillée autour et devant lui.

Le temps passe, je sens mon corps se balancer légèrement au rythme de la musique, mes pensées et ma raison s'envolant à son timbre de voix, ma joie grandissant à chaque instant... Je me sens vivre, je me sens redécouvrir un monde que je n'ai pu continuer de fréquenter, je me sens renaître à travers la musique, cet univers transportant où ma destinée était toute tracée... J'aurais pu être aux côtés de Chanyeol, à jouer du piano et peut-être même à user de ma voix avec lui s'il me l'avait appris, à transporter les gens ensemble dans ce monde magnifique... Le son de nos instruments de musique se serait mélangé pour créer une symphonie parfaite, faisant résonner nos voix dessus... J'aurais pu être de cet univers musical si le destin ne m'avait pas diaboliquement arraché de mon piano quelques ans plus tôt...

Frappé par cette réalité, j'ouvre brusquement les yeux, le cœur battant à tout rompre et mon esprit s'affolant subitement. Le monde autour de moi se transforme en griffes, voulant m'arracher à nouveau à mon destin et me propulser encore une fois hors de cette bulle de bonheur que je crée comme un cocon de sécurité. Je me retourne dans tous les sens, paniqué, cherchant une échappatoire à cette situation qui me met mal à l'aise, qui me rend nauséeux et me donne envie de fuir loin.

Pourtant, je croise le regard sombre et envoûtant du musicien, ce regard qui me supplie du plus profond de son être de rester là, près de lui. En cet instant, c'est tout ce que je perçois, cette volonté de me vouloir présent jusqu'à la fin, cette lueur de réconfort et de chaleur. Comme un enfant, j'aurais envie de sauter entre les bras de Chanyeol, de le laisser me bercer contre lui en me chantant une douce mélodie pour me rassurer et m'apaiser. J'aimerais ressentir ses grandes mains contre moi, l'une caressant mes cheveux et l'autre parcourant mon dos, pour me réconforter de sa chaleur humaine.

C'est ce qui me frappe, à peine son regard détourné du mien pour se concentrer sur les autres, cette envie que j'ai, cette attirance puissante, ce sentiment d'abandon et d'affection... Tout ce dont je désire, c'est la présence de Chanyeol à mes côtés, je veux que sa personne chaleureuse et rassurante me noie dans ce cocon de douceur, de musique et de liberté qu'il représente. C'est d'ailleurs impossible qu'un être humain représente ces trois grandes qualités que je recherche finalement avidement depuis que mon malheur m'accable et que le destin s'acharne sur moi... C'est pour ça que ce jeune homme m'attire, ce musicien qui représente toute la sécurité que je cherche instinctivement... Tout ce dont je veux, c'est son affection, le doux réconfort d'un grand frère qui est rassurant rien que dans l'apparence déjà...

Soudain, je reviens à la réalité, détournant le regard de Chanyeol qui m'a perdu un long moment, fixant la précipitation autour de moi. Et c'est la débandade, tout le monde se pousse dans tous les sens, certains pour filer, d'autres pour se manifester. La peur grossit en mes entrailles, me rendant nauséeux encore une fois, faisant accélérer les battements de mon cœur et me faisant perdre le fil. Ils m'étouffent, me font suffoquer bruyamment et la main sur le poitrail, mes yeux se révulsent tandis que je manque de souffle. Je me sens rapetisser lentement, voyant le sol se rapprocher à vue d'œil, pourtant le son ne me parvient plus clairement et je n'entends pas même mes genoux heurter les pavés. Je me sens mourir, pour moi c'est la fin alors que ce n'est qu'une crise d'angoisse, cette panique qui me rends malade, malade des gens.

Mais une main se pose fermement sur mon épaule, me soutenant, me ramenant à la réalité, apportant une douce chaleur à la coquille froide qu'est devenu mon corps. J'entends une voix au loin, chaude et grave, intimant aux gens de s'éloigner et de me laisser respirer. Puis doucement, quelqu'un s'agenouille derrière moi, me murmure que tout va bien à l'oreille et me caresse la joue. Il m'est impossible de me retourner, incapable de faire un mouvement, bloqué sur ma respiration que j'essaye de calmer. Les yeux écarquillés et brouillés de larmes, je laisse mon souffle s'espacer lentement, cette main chaude se posant sur mon front tandis qu'une joue se colle contre la mienne dans le but de m'apporter un peu de chaleur. Il m'est impossible de faire un geste, tout mon corps bloqué douloureusement et seules mes paupières se fermant. Je suis incapable de faire face à cet individu que je reconnais pourtant sans peine, sentant sa guitare qu'il n'a pas eu le temps d'ôter cognant dans mon dos.

Soudain le froid m'envahit à nouveau, le brouhaha cesse et je me retrouve seul, assis sur mes talons sur ces pavés. Je sens mes mains venir cacher mon visage comme par réflexe, pour me protéger comme j'ai toujours fais. Mon buste se soulève fortement à chaque respirations, sonnant comme des suffocations. Je me sens plus mal encore qu'avant, je cherche une source de chaleur qui n'est plus, je ne désire qu'une présence contre moi. La sienne, celle du musicien, je veux qu'il me réconforte comme il l'a fait courtement tantôt, j'ai besoin de ce qu'il représente pour me relever. J'ai besoin de l'aide qu'il m'apporte sans s'en rendre compte à travers sa personne.

Puis, doucement, alors que les larmes s'échappent lentement de mes yeux pour couler dans mes mains, je sens un torse se coller contre mon dos et une paume se placer sur mon ventre tandis qu'une deuxième se pose sur mon front. Lentement, sa chaleur m'imprègne à nouveau, apaisant directement mon cœur et faisant s'envoler mes craintes. Il est là, il est revenu, Chanyeol est simplement parti ramasser ses affaires et ôter sa guitare. Alors ce sentiment étrange qui a cueillit mon ventre plus tôt ressurgit, me donnant envie de plonger dans ses bras et de m'enfouir dans sa chaleur rassurante pour m'y perdre.

Et, d'un envol désespéré, c'est ce que je fais. Je me retourne subitement, enfouissant mon nez contre ses vêtements et laissant mes bras se refermer autour de son torse pour le serrer de toutes mes forces. Pour la première fois depuis longtemps, je laisse mon corps et mon cœur s'exprimer, m'abandonnant tout entier dans l'étreinte chaleureuse de Chanyeol qui représente la bouée de sauvetage de l'océan qui me noie qu'est ma vie, et pleurant abondamment entre ses bras qui se referment sur moi comme un doux cocon.

*

Je ne me souviens pas nettement des événements passés. Tout ce dont je sais, c'est que lorsque j'ai décidé d'affronter la réalité, je n'étais plus sur les pavés, en plein milieu de la place près de la fontaine. Mais j'étais tout simplement au meilleur et plus confortable endroit au monde, blottit dans une étreinte chaleureuse et rassurante. Je ne m'étais pas endormi non, j'avais tout simplement déconnecté mon esprit de la réalité et avancé dans un état second en suivant Chanyeol tel un automate.

Mes souvenirs sont confus mais je me rappelle avoir marché derrière lui, ma main dans la sienne, sa voix me portant dans une autre dimension, et sa guitare sur le dos me guidant à travers l'épais brouillard qu'était mon esprit. Je me rappelle à peine être entré dans le café où nous nous trouvons actuellement – et certainement celui dont Chanyeol faisait mention il y a quelque temps, une serveuse nous ayant guidés à une table dans un coin tranquille et reculé, le musicien posant sa guitare sur la banquette en face avant de s'asseoir, et de me prendre contre lui sur ses genoux.

Depuis, sa main réside sur mon front tandis que l'autre amène une tasse de café chaud à ses lèvres, me faisant certainement ressembler à un enfant sur les cuisses de son père. Ou plutôt, à un gamin capricieux et malade, à moitié endormi sur son grand frère. Et rien qu'à cette pensée, mon cœur tremble de joie, touché par cette idée. Doucement, je sens le regard de Chanyeol se poser sur moi, me faisant instinctivement relever les yeux vers lui. Mes pommettes s'embrasent tandis que mes petits poings se replient contre son buste, un doux sourire étirant pourtant ses lèvres chaleureusement.

Ça va mieux ? demande-t-il doucement.

Sa voix grave me fait frémir tandis que je hoche faiblement de la tête, incapable de me décoller et de me reculer de son étreinte chaleureuse. Sans savoir comment, je pense qu'il l'a comprit car il ne dit rien et se contente de me caresser doucement le front de sa main, comme on le ferait pour un enfant malade. Sans un mot, il détourne le regard et porte à nouveau sa tasse fumante à ses lèvres, m'offrant sans le vouloir, la vue de sa pomme d'Adam tressautant à chaque gorgées qu'il prend. Cela m'attire, cette particularité masculine qu'il possède et que je n'arbore pas, qui lui donne un air attrayant, et me donne envie de croquer dans cette partie de sa peau basanée à pleines dents.

Las de ne rien comprendre en mon fonctionnement et en mes réactions étranges, ainsi qu'à celles toutes aussi surprenantes de mon corps, je ferme les paupières et me laisse aller contre lui. Je ne paraîtrais pas plus faible que je ne le suis déjà en restant dans ses bras, alors autant profiter de cette aubaine qui ne se reproduira plus jamais, ni de cette faiblesse que je ne laisserai jamais ressurgir à nouveau.

Tu veux un café ou un chocolat chaud ? demande subitement le musicien.

Hochant doucement de la tête, j'acquiesce sans pourtant le contrôler. Instinctivement, mon corps réagit à mes envies et mon ventre grognant faiblement se réveille à la mention des boissons chaudes.

Un chocolat chaud ça te va ? demande-t-il doucement.

Sa main quitte mon front, se logeant dans mon dos afin de me soutenir tout en me gardant dans cette étreinte réconfortante, tandis que j'ouvre les yeux.

Et si tu te mettais sur le côté la prochaine fois ? souffle-t-il soudain, son regard se posant sur moi.

Je ne dis rien, me contentant de le laisser poursuivre ses explications.

De là tu entendras tout aussi bien et tu ne risque pas d'être envahi par le monde oppressant autour de toi, lance-t-il avant de prendre une gorgée de café.

Je laisse le silence régner entre nous, seul un serveur venant prendre la commande auprès de Chanyeol, ce dernier ayant dû lui faire signe pour qu'on vienne nous servir. Le musicien demande poliment un chocolat chaud, le serveur s'inclinant pour réapparaître quelques instants plus tard avec la commande.

Nous ne parlons pas et cela me va très bien, surtout que je n'ai pas envie de quitter ce cocon que représentent ses bras. Pourtant il le faut, alors je me redresse doucement à cause de mon corps endolori qui cache certaines douleurs musculaires, et je m'apprête à me lever mais n'ai pas le courage. Et la main de Chanyeol, qui s'enroule autour de ma taille, m'intime de rester là, ce qui est pour moi un soulagement.

Je ne sais combien de temps nous sommes restés ainsi, sans mot dire, moi simplement assis sur ses genoux et nos seuls gestes étant de conduire nos tasses à nos lèvres. Cela peu paraître étrange venant de deux inconnus, pourtant en cet instant j'ai le sentiment que nous nous sommes toujours connus. Comme si nous étions réellement des frères, comme si nous avions grandis ensemble et que nos gestes étaient habituels.

J'avais enfin ce que je voulais, cette protection et cette attention fraternelle que j'ai toujours recherché depuis que mes parents ne sont plus, et que mon frère biologique s'est désintéressé de moi. Depuis que Baekbom ne m'aime plus et que je le répugne, je n'ai cessé de chercher son amour. Et il a fallut que je tombe sur ce musicien, Chanyeol, qui m'a ouvert les bras au seul moment où j'en avais vraiment besoin. Comme s'il savait ce que je voulais, comme s'il connaissait ma façon d'être et comme si je ne lui étais pas inconnu. C'est un musicien de rue qui m'a apporté chaleur, réconfort et sécurité, un jeune homme de mon âge que je n'ai fréquenté qu'une fois vraiment qui m'a offert attention, intérêt et liberté.

Et je n'en demande pas plus.

*

Je me sens mal à l'aise, pourtant je ne devrais pas. Je suis dehors, dans le froid, à attendre que Chanyeol paye nos boissons. Je ne sais pas même pourquoi je l'attends, alors que j'ai toujours fuis. Peut-être parce qu'il me l'a demandé en me regardant dans les yeux et que je me sens redevable envers lui... Oui, c'est ça, ça doit être ça.

Je te raccompagne jusqu'à chez toi ?

Je me retourne, il est là. La guitare sur le dos, le sourire aux lèvres, les yeux pétillants et les mains dans ses poches de manteau. Il attend, visiblement, une réponse affirmative de ma part. Je le vois bien, mais il sait tout autant que moi que jamais je n'accepterai.

Non merci, je réponds poliment, et... merci pour le chocolat chaud.

Je tourne les talons, et pour la première fois, j'ai mal au cœur de lui tourner le dos. Il a sut m'offrir ce dont je recherchais et je l'abandonne sans m'inquiéter de ce qu'il peut penser. Pourtant je suis ainsi, c'est ma façon de me protéger et de ne pas m'exposer. Je ne veux pas m'attacher à lui comme il me le propose. Je sais qu'il attend à ce qu'on devienne amis, que je lui parle. Mais c'est peine perdue, je ne peux pas. Ça ne dépend pas que de moi...

Baekhyun...

Sa main se referme sur la mienne, me faisant écarquiller les yeux et m'arrêter net. Lentement, il apparaît à mes côtés, me faisant instinctivement relever la tête vers lui.

Je sais que tu es mal à l'aise, souffle-t-il doucement.

Sentant le rouge me monter aux joues, je détourne la tête, ne contrôlant pas mes réactions. Ce n'est pas parce que j'ai montré plus tôt un moment de faiblesse que je vais changer maintenant.

Il n'y a pas de mal à ce que tu te sois senti mal tout à l'heure, continue-t-il à voix basse comme pour ne pas me brusquer et que je sois le seul à l'entendre dans ce vaste monde, tu n'as pas à avoir honte de quoi-que-ce-soit.

Je hoche de la tête doucement, essayant de tirer lentement ma main de la sienne.

Je ne veux pas que tu ne reviennes plus seulement pour ce qu'il vient de se passer, souffle-t-il en me relevant la tête gentiment.

Il m'offre un sourire, chaleureux et sincère. Pourtant il ne devrait pas, je ne le mérite pas ce sourire, et ça ne fait que me rendre plus faible encore.

Je veux que tu reviennes autant que tu veux toi, sur la place quand je joue, continue-t-il en me regardant dans les yeux, d'ailleurs je ne t'oblige pas à venir me voir moi.

Surpris, j'écarquille les yeux, attendant les explications et retirant ma main de la sienne. Je ne suis pas une poupée ni un enfant, je peux avancer tout seul. Ou du moins, c'est ce que je veux lui montrer malgré que ce ne soit pas le cas.

Tu as simplement l'air constamment égaré, et j'ai remarqué que la musique te parle beaucoup plus que les mots ou les gens, ajoute-t-il tandis que je détourne la tête en rougissant, alors reviens, rien que pour ça.

Sans trop savoir pourquoi, je hoche de la tête, gardant mes yeux rivés sur le sol.

Dans ma... famille, hésite-t-il sur le mot, nous sommes tous différents. Alors ton cas, ce n'est pas la première fois que je le rencontre.

Surpris, je relève la tête, rencontrant son regard profond et sincère.

Si tu as besoin de bras pour te protéger, tu sais où trouver les miens, sourit-il doucement.

Et tandis que mes yeux s'écarquillent et que mon cœur cesse de battre un court instant, sa main vient se poser sur ma joue, la caressant doucement.

Ce ne doit pas être une honte de demander de l'aide, souffle-t-il, tu sais, c'est même plutôt une force de reconnaître qu'on a besoin de quelqu'un pour se relever.

Ma mâchoire se décroche, les mots se bloquant dans ma gorge. J'ai à peine le temps de réagir que ses doigts se posent sur l'angle de ma pommette gauche, venant caresser une zone sensible de mon épiderme. Fermant l'œil par réflexe, je tente de me reculer mais rencontre son regard, me faisant me figer instantanément. Ses yeux sombres sont posés sur l'hématome qui orne ma joue, restant neutres et les traits de son visage pour une fois impassibles.

L-l'escalier... je balbutie en me reculant d'un coup.

Son regard se plonge dans le mien, me regardant sans rien dire. Je ne sais pas s'il m'a cru ou non, il n'affiche aucune expression me permettant de le distinguer, mais il hoche bientôt de la tête tandis que je me recule d'un pas.

Fais attention la prochaine fois alors, lance-t-il doucement, n'abîme pas un si joli visage.

Et il m'offre un doux sourire avant de se reculer et de me faire un signe de la main.

À demain Baekhyun !

Et il me tourne le dos, continuant sa route, les mains dans les poches et la guitare sur le dos.

*

C'est en tremblant que je descends les escaliers, jetant un rapide regard dans le salon. Il n'y a aucune lumière allumée au rez-de-chaussée, pourtant l'écran de la télévision projette un halo dans la pièce où se trouve mon grand frère. Lentement, après avoir inspiré longuement, je me lance et attrape le plateau où se trouve son dessert, préparé plus tôt et déposé là le temps qu'il mange son plat, car il faut savoir que quand Baekbom mange, je me dois de me trouver dans ma chambre et de ne redescendre seulement que pour lui apporter le dessert, et débarrasser avant de faire la vaisselle.

Prenant mon courage à deux mains, je m'avance dans le salon, mon cœur s'allégeant légèrement à la vue de son assiette vide reposant sur la table basse, et de son verre encore plein.

Ton dessert, je dis calmement, essayant de contrôler ma voix.

Baekbom relève les yeux vers moi, me jetant un regard méprisant avant de me faire signe de lui donner son assiette.

Ahh bah c'est pas trop tôt, râle-t-il tandis que je lui tends le plateau.

Il me l'arrache presque des mains, regardant la pâtisserie que je lui ai préparé de travers avant de l'inspecter minutieusement.

J'aime pas les amandes, siffle-t-il, mécontent.

Je sais, je lâche dans un souffle en tentant de contrôler mes tremblements, je les ai remplacées par des éclats de nougat caramélisé.

Baekbom renifle dédaigneusement, attrapant la petite cuillère avant de la planter dans son dessert.

Tu sais que je suis allergique aux noisettes, s'il y en a, je te fais la peau.

Je déglutis et hoche de la tête, m'inclinant face à lui avant de m'éloigner légèrement. Silencieusement, je me retourne pour attraper son assiette vide et ramasser ses baguettes, lui faisant face juste après.

Mouais, lâche-t-il en gardant sa cuillère en bouche, ça passe.

Soulagé, je m'incline une nouvelle fois avant de me reculer, hésitant à pousser ma chance qu'il ait apprécié le dessert.

Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? raille-t-il en me regardant, T'as un problème, un truc à dire ?

Inspirant rapidement, je décide de me lancer, ne voulant pas le faire perdre patience ni parler inutilement.

Je me disais... comme les voisins sont suspicieux et veulent me voir sortir...

Baekbom me regarde avec attention, guettant la moindre faille que je peux lui offrir, prêt à me sauter dessus à la moindre erreur.

Si je me faisais un ami... ça réglerait le problème non ?

Mon frère m'inspecte du regard, m'analysant en plissant les yeux et me mettant soudain plus mal à l'aise que je ne le suis déjà.

Où tu veux en venir ? lâche-t-il soudain sérieusement et calmement.

Je déglutis, me forçant à poursuivre car maintenant que je me suis lancé, mon sort en dépend. Et je ne peux plus revenir en arrière.

Si j'arrivais à me faire un ami... je pourrai l'amener à la maison ? je demande craintivement, me retenant de trembler.

Baekbom soutient mon regard, ne disant rien et laissant la peur grandir en moi. Il sait très bien que je le redoute et le crains, il est plus que conscient qu'il me terrifie bien plus en gardant le silence à l'instant plutôt que de me crier dessus. Soudain, un sourire s'étire narquoisement sur ses lèvres, me figeant sur place.

Tu te souviens de tes petits copains d'école ? me lance-t-il dangereusement.

Frissonnant d'un coup, je me crispe, redoutant le pire.

Junmyeon... Luhan... Yixing... Jongdae...

Je me glace soudain d'effroi, regardant le sourire vainqueur que me lance Baekbom.

Et bien ton nouvel ami, susurre-t-il dangereusement, si tu l'amène à la maison...

J-Je n'en ai p-pas... C'est s-si je m'en f-fais un... je balbutie, reculant d'un pas et serrant l'assiette entre mes mains.

Ça ne change rien Baekhyun, ricane-t-il, que tu ai réussi à t'en faire un malgré que tu es pitoyable ou que tu penses réussir à approcher quelqu'un !

Il crache la dernière phrase, s'autorisant un temps de pause pour me faire plus peur encore, tandis que je me mets à trembler tout entier.

Ce n'est qu'un avertissement et ouvre bien tes grandes oreilles de petite merde, siffle-t-il en se redressant correctement vers le bord du divan pour me regarder dans les yeux.

Puis il se penche vers moi, comme pour me confier un secret, un sourire malsain aux lèvres.

Je lui ferais subir le même sort qu'à Jongdae.

Et il éclate de rire, me laissant fuir loin de lui jusqu'à la cuisine pour déposer son assiette, avant de monter les escaliers en courant et de m'enfermer dans ma chambre.

Bonne nuit Baekhyun ! crie-t-il en riant d'un air mauvais du bas de l'escalier, me faisant me réfugier dans mon lit.

Tremblant de peur, je me terre sous ma couette, plaquant mes mains sur mes oreilles en me recroquevillant sur moi-même, et pleurant ma souffrance que représente mon passé douloureux.








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