7 ~ Yellow fluid and last deal
Je frotte mes yeux. De nombreuses personnes ont encore défilé dans les allées la nuit dernière, sous les armes des Gardiens. Je les ai vu, des enfants, des vieillards... Personne n'est épargné. Et depuis que Purity a été lancé, certaines sections du Terrier nous semblent désormais bien vides. Les habitants commencent enfin à se douter de quelque chose, mais si jamais on a le malheur de poser une question, on se fait vite embarquer. Le traitement des populations a durci, aussi bien chez nous qu'à l'Ouest.
De plus en plus de personnes se rendent dans les bureaux de la Ruche pour déposer des dénonciations. Parfois elles s'avèrent juste, mais il est arrivé plusieurs canulars récemment, notamment venant d'habitants du Terrier, bien décidés à se venger de ceux de la Perle. Sous l'afflux de fausses dénonciations de ce genre, les Gardiens et l'AGFA ont créé une brigade de vérification des dépositions, toute déposition qui s'avèrerait inexacte provoquerait de lourdes sentences quant au dépositaire.
Et la nouveauté, c'est que dorénavant toute délation s'avérant juste sera récompensée.
Jamais le Nouveau Canada n'avait vécu de période aussi sombre. Plus personne n'ose se regarder, il est commun de trouver des enfants venant d'on ne sait trop où, venir fouiller dans des baraquements, à la recherche d'informations pour leurs parents, désireux de recevoir une récompense. Si on les chasse trop durement, on est suspecté, alors c'est la raison pour laquelle j'ai dû cacher mes dernières recherches quant à mes masques et faire comme si je n'avais pas remarqué que l'un de ces missionnaires avait retourné toute ma chambre.
J'ai également brûlé tous les papiers que j'avais pu recevoir, me désignant comme Illégale.
Suite à la découverte de ma sœur, nous avions été obligées de prévenir Cécile et ma mère, lesquelles avaient jugé bon de me donner le reste du sérum du Docteur Fergusson. Si jamais on me dénonçait et qu'on me faisait une prise de sang, le résultat serait faussé et ainsi je saurais qui se cache derrière tout ça.
Mais je n'ai pas encore été dénoncée.
Chaque jour je me rends à l'Ecole, remarquant que bon nombre d'élèves manquent à l'appel dans chaque section. Si j'avais su que j'étais entourée de tant d'Illégaux... J'ai l'impression d'être au milieu d'une énorme chasse à l'aveugle, que chaque personne autour de moi peut-être mon ami ou mon ennemi et même lorsque Michael vient m'embrasser, je ne sais plus comment je dois le voir.
« -Ah enfin la journée sportive ! –Dit-il en enroulant son bras autour de mon épaule, l'écran sur sa manche annonçant l'évènement obligatoire- Ca va apporter un peu de bonne humeur, ce n'est pas de refus.
-Les garçons sont tout aussi touchés ?
-Rien que dans ma classe, cinq gars sont partis après la visite médicale –Dit-il d'une voix éteinte- Et dire que Vénus aussi, je me sens idiot de lui avoir dit ça au réfectoire, c'est sûrement les dernières paroles qu'elle retiendra de moi.
-Ca ne peut pas être pire que moi.
-Qu'est-ce que tu lui as dit ?
-Rien, justement –Dis-je en serrant sa main- Je l'ai regardé être tirée de la salle sans rien dire.
-Qu'est-ce que tu aurais pu faire de toute façon ? Si tu t'étais interposée ils t'auraient, au mieux, punie ou au pire, tu aurais suivi les Illégaux. Tu n'as pas à t'en vouloir.
-J'aimerais savoir comment elle va –Dis-je en regardant les écrans- On ne peut même plus sortir nager.
-La faute à qui –Glousse Michael avant d'embrasser ma tempe- Ecoute Jonesie, je suis sûr que tout va s'arranger. Une fois qu'ils auront tous les Illégaux qu'ils recherchent, ils passeront à autre chose et on pourra se reconcentrer sur nos projets.
-Tu comptes participer au projet de combat de l'AGFA ?
-J'attends de voir mes notes au premier semestre, si elles sont catastrophiques alors oui.
-Et tu crois qu'ils te prendront avec un tel bulletin ?
-Ils s'en moquent, ils cherchent des combattants, des sportifs, comme toi et moi.
-Je n'ai pas l'impression d'être comme ça Mikey –Je lève les yeux au ciel et observe les grilles s'ouvrir-
-On se voit dans l'arène ?
-Compte sur moi –Dis-je en l'embrassant-
-On va les battre à plate couture ! »
Je le regarde s'éloigner d'un pas décidé, rejoignant sa classe où il semble manquer quelqu'un. Si il y en a bien un qui soit difficile de manquer, en excluant les horribles cheveux de Joe, c'est Hemmings et sa grande taille. Pourquoi n'est-il pas là aujourd'hui en particulier ? Le sport aurait dû le motiver, alors pourquoi est-il absent ?
A vrai dire, je ne me suis pas mise au courant des noms des récents Illégaux envoyés à l'Iceberg et soudain une pensée me traverse l'esprit.
Non, il ne peut pas faire partie des Illégaux, c'était son petit frère qui l'était, pas lui.
Je tourne la tête une dernière fois, entends des Gardiens ordonner aux retardataires d'aller en cours et surprends Diane arriver au pas de course, suivi d'Hemmings, lequel lui donne une petite claque sur les fesses avant qu'il ne prenne la direction de la zone réservée aux garçons. Je reste figée sur place, prise entre l'envie de rire tellement cette scène était pitoyable et l'envie de le tuer. Son irrespect envers les femmes est également sur ma liste de pourquoi je ne veux plus rien avoir à faire avec lui et malgré mes pulsions, je cours jusqu'à ma salle de cours où les filles sont déjà en train de se changer.
«- On ne peut pas se changer dans les vestiaires de l'arène comme nous sommes trop nombreux –Me répond Eponine déjà en tenue- Apparemment il y a même les élèves de l'Ecole de l'Ouest.
-C'est peut-être un peu trop non ? –Demande une de mes camarades à notre professeure de sport-
-C'est une grande première pour notre pays, alors j'imagine que pour l'AGFA, rien n'est trop ou trop peu.
-Les Gouverneurs seront là ?
-Non, seulement leurs représentants, ils ne peuvent pas laisser les bureaux du Gouvernement vides, veuillez vous dépêcher d'enfiler vos tenues maintenant. »
C'est à contrecœur que j'enfile la mienne, remarquant un petit écran sur la manche. Celui-ci ne sert qu'à badger et à montrer sa présence, rien de plus. Je l'active et commence à sortir lorsque j'entends Diane parler de la main baladeuse d'Hemmings, comme si il méritait un prix pour ça. Si ça ne tenait qu'à moi, c'est mon pied qu'elle se prendrait. Au dehors de la classe, plusieurs professeures des Tertiaires Filles nous encadrent, dont Mme Calgary laquelle me fixe d'un air grave. Qu'ai-je encore fait ? Je rejoins Eponine et Pia, puis nous partons pour l'arène.
*
Je me demande ce qui est le plus insupportable, le bruit de tous ces élèves parqués comme des animaux dans l'arène, ou bien d'entendre, malgré le vacarme, les noms de nos camarades envoyées à l'Iceberg cités pendant l'appel. Comme si elles n'étaient qu'absentes.
Après avoir entendu mon nom, je me mets à l'écart et refais mes lacets, faisant une place à Eponine qui tresse ses cheveux noirs en silence.
Puis une fois coiffée, elle pose ses mains à plat contre le banc et soupire bruyamment, attirant ainsi mon attention. C'est vrai que depuis l'enlèvement de Vénus, nous n'avons plus vraiment parlé et pourtant elle semblait bouleversée. Combien de fois l'ai-je vu rentrer en pleurant ?
«- A ton avis, qu'est-ce qu'elle devient ? –Demande-t'elle tout bas-
-Je n'en sais rien, elle doit sûrement être dans son nouveau Quartier.
-Arrête de jouer à ça avec moi Pandore, je sais bien que.... Qu'il n'y a pas de Quartier pour les Illégaux.
-Comment tu le sais ? –Je demande en regardant autour de moi-
-Je l'ai deviné, tous ces gens qui disparaissaient et nous sommes toujours sans nouvelles.... Tout ce que j'espère c'est qu'ils sont bien à l'Iceberg et pas ailleurs.
-L'Iceberg est le Quartier des Illégaux, ils sont forcément là-bas.
-Et ceux qui ne reviennent jamais ? Tu ne trouves pas ça bizarre toi ? Que seuls reviennent de l'Iceberg des adultes et jeunes adultes, complétement lobotomisés et transformés en Gardiens ? Le père de Billy, il n'est jamais revenu par exemple et la grand-mère de notre camarade Sabine, elle non plus n'est jamais revenue.
-Ecoute Eponine, je ne veux pas parler de tout ça, l'Iceberg ne nous concerne pas et pour Vénus je... Je l'avais prévenue, mais elle ne m'a pas écoutée.
-Tu l'as prévenue ? –Elle demande, les yeux ronds- Comment ça ?
-Tu es au courant pour mon excursion hors du champ de force ?
-Oui, c'est d'ailleurs en partie grâce à ça qu'on se retrouve avec des champs de force électriques.
-Là n'est pas le problème, j'ai nagé jusqu'à ce fameux nouveau Quartier pour les Illégaux et j'ai vu qu'il n'y avait rien –Dis-je dans un murmure- Quand je suis sortie du bureau d'Amadalia, j'ai croisé Vénus et c'est là qu'elle m'a dit vouloir se dénoncer. J'ai essayé de la convaincre de ne pas le faire, mais elle avait plus confiance en Purity qu'en moi, ce que je peux comprendre. Tout ce que je veux dire, c'est qu'elle avait fait son choix et que nous devons cesser de parler de ça en public, on risque gros.
-J'ai peur Pandore, pas toi ?
-Si, très. »
Je jette un regard en biais aux tribunes où viennent de s'asseoir les représentants de l'AGFA, avec eux se trouvent Joe et sa collègue, ainsi qu'un autre binôme que j'imagine provenir de l'Ouest. Très vite, le silence se fait dans l'arène, ce qui rend l'atmosphère pesante.
Les représentants font leurs discours, puis ce sont les binômes qui ouvrent les jeux sportifs par section. L'arène est divisée en trois parties, Primaires, Secondaires et Tertiaires. Chaque section est composée des filles et garçons de l'Est mais aussi de l'Ouest et c'est bien une des rares fois où nous nous retrouvons ainsi tous ensemble.
Bien que l'AGFA veuille mettre en avant une symbiose entre francophones et anglophones, en vérité nous ne nous côtoyons jamais. Seules les personnes travaillant à la Rûche sont amenées à se mélanger et d'après quelques rumeurs, l'Iceberg est le seul autre endroit où les deux langues sont parlées.
Comme chez nous, les Tertiaires Filles de l'Ouest ont trois classes et c'est donc contre la TD2 de l'Ouest que nous nous retrouvons en compétition. Diane semble être prise d'une hargne débordante en voyant l'équipe adverse, notamment des jeunes filles semblables à celles de la Perle, mais en plus chic encore et alors que j'étais tranquillement de mon côté, je la vois venir vers moi d'un pas lourd.
«- Ecoute Jones, t'as pas intérêt à laisser ces pimbêches nous voler le prix c'est clair ?
-Des pimbêches ? Qu'est-ce qu'elles devraient dire de toi –Pouffe Pia dans mon dos alors que Diane fronce les sourcils-
-Je te jure que si tu les laisses gagner comme tu as laissé gagner la fille de la TD3 la dernière fois, je te ferais vivre un véritable enfer.
-Ca ne t'arrive donc jamais de demander quelque chose poliment ? –Grogne Eponine-
-Laisse tomber –Je soupire- Elle n'assume juste pas le fait qu'elle soit consciente que je suis bien plus forte qu'elle et qu'elle ait besoin de moi –Dis-je avec un sourire en coin alors que Diane vire au rouge-
-Ne nous fais pas perdre, c'est tout ce que je te demande ! »
Puis elle s'en va sans rien ajouter, laissant un petit sourire amusé sur mes lèvres. Comme nous sommes en groupe, je peux prendre le risque de me donner à fond, je ne serai pas mise en avant comme lors de la course. Sans qu'on me l'ai demandé, je suis nommée capitaine de l'équipe et notre première épreuve est un throwball. Rien de bien compliqué, c'est un jeu auquel on jouait en Primaire, il suffit simplement de viser l'équipe adverse avec une balle et de toucher les joueuses pour les éliminer.
Pourquoi du throwball pour des filles de dix-sept ans ?
Parce que les règles sont différentes bien évidemment. Il n'y aura pas qu'une mais trois balles et bien qu'on nous apprenne en Primaire à ne jamais viser la tête, je reste stupéfaite en entendant cette règle être retirée. Tous les coups sont permis et si on veut faire revenir nos camarades éliminées, il faut lancer la balle à l'autre bout du terrain, après la partie adverse.
«- Jones, toi tu t'occuperas de lancer les balles aux filles éliminées, tu es la seule qui sache tirer aussi loin ! –Annonce Diane-
-Parle moins fort ! –Souffle une autre-
-Elles ne peuvent pas nous comprendre, elles ne parlent qu'anglais ces truies. Donc Jones t...
-Eh ce n'est pas toi la Capitaine Diane ! Laisse Pandore définir l'équipe ! »
Bien que voir Diane dans un tel état de honte me ravi, je me rallie à sa proposition et suis appelée pour venir serrer la main de la capitaine des TD2 de l'Ouest. Shey Cawtright, bien plus grande que moi, des cheveux blonds relevés en un chignon et des yeux moqueurs d'un bleu vif, qui aurait pu faire penser à une version féminine d'Hemmings. Nous nous serrons la main, une lueur de défi dans nos yeux, puis le match est lancé.
*
Trois balles, c'est un véritable calvaire. Il faut être trois fois plus attentive et bien que j'envoie le plus de balles possibles vers nos joueuses éliminées, je suis vite prise pour cible par l'équipe d'en face. Mon point fort, c'est de lancer loin, tandis que le point fort de Shey, c'est le tir. Ces balles atteignent une vitesse hors norme et je ne suis pas étonnée de voir plusieurs de mes camarades partir pour l'infirmerie sans passer par la case repêchage, les doigts brisés.
Quelle connerie cette journée sportive.
Plus le match avance et plus les encouragements fusent, j'entends mon nom résonner, les cris me donnent mal à la tête et je suis dans un état second. Mes muscles chauffent et dorénavant je me concentre sur l'élimination des joueuses adverses plutôt que d'envoyer la balle au fond du terrain. Diane récupère une balle à son tour et d'un signe de tête, nous lançons une offensive. La première balle frôle Shey qui se recule, tentant de la rattraper et alors qu'elle détourne le regard de moi un quart de seconde, je fends l'air de ma balle et la vise à l'épaule, faisant presque crier les filles de son équipe.
Elle frotte son épaule, me lance un regard froid, avant de me frôler pour se rendre derrière notre terrain où attendent les joueuses de l'Ouest éliminées. Nous sommes quatre, contre deux.
Elles ont deux balles et nous n'en avons qu'une.
Diane vise de toutes ses forces une rousse de l'équipe adverse, laquelle lance sa balle dans le même temps. J'arrive à l'intercepter, mais l'autre fille a lancé sa balle également. Une balle haute. Je la suis du regard, tente de l'attraper avec un saut inutile, puis trébuche sur Diane, tombée pour éviter une balle remise en jeu. Je me redresse vivement, le cœur battant, puis quelque chose explose contre ma figure, faisant craquer mon cou.
Je vois blanc et après quelques secondes de perte de repère, je m'effondre.
*
Quand j'ouvre les yeux, c'est entourée de toutes les filles de ma classe que je me retrouve, allongée sur un lit de camp improvisé par les infirmiers. Apparemment c'est Shey qui m'a porté un coup à la tête, après quoi je me suis évanouie. Le choc m'a provoqué une légère douleur dans la nuque et quelques bleus en tombant, mais rien de grave.
Et puis, nous avons gagné.
Cela semble difficile à sortir, mais Diane fini par me remercier, donnant un petit coup contre mon épaule avant de quitter l'infirmerie, suivie des autres. Au dehors j'entends Michael râler, mécontent qu'il ne puisse venir me voir.
«- C'est l'infirmerie pour les filles Michael, pas de garçons autorisés ! –Gronde son prof de sport-
-Et puis quoi encore ? Vous pensez que je vais coucher avec elle dans l'infirmerie ?! Arrêtez avec vos lois débiles, je veux juste m'assurer qu'elle va bien !
-C'est bon Michael c'est pitoyable, elle a vu pire que ça –Soupire une voix que je reconnais comme étant celle d'Hemmings- Maintenant tu viens jouer, on attend plus que toi.
-Toi aussi t'étais inquiet quand tu l'as vu tomber espèce d'enfoiré !
-Je vais bien Mikey –Dis-je à voix haute-
-Tu vois elle va bien –Grogne Hemmings- Maintenant viens où je te traine sur le terrain.
-J'arrive –Bougonne Michael- Je t'aime Jonesie !
-Moi aussi –Dis-je les joues rouges-
-Vous me donnez la gerbe tous les deux. »
Quand je pense à ce qu'il faisait à Diane tout à l'heure, c'est lui qui me file la gerbe. Mais je ne dis rien et finis par me lever, observant les nombreux lits occupés autour de moi. Plusieurs filles de ma classe sont là, avec des atèles et finalement je ne m'en tire pas trop mal. Je suis même autorisée à retourner dans les tribunes où règne une bonne ambiance après notre victoire. Les filles s'arrosent le visage avec les gourdes misent à notre disposition, boivent de grandes gorgées et lorsque je vais en attraper une sur la table, je suis arrêtée par Mme Calgary.
«- Prends plutôt celle-là »
J'hausse un sourcil et repose la gourde pour une identique, seulement celle-ci se trouvait dans le sac de ma professeur. Elle me la tend et au moment où nos mains se croisent, elle en attrape une et me la serre, comme pour me féliciter.
Pourtant son regard ne semble pas aussi ravi que l'action qu'elle montre.
« -Ne bois que dans cette gourde –Dit-elle avec un sourire faux, mais des yeux alertes-
-Pourquoi ?
-Tu le verras bientôt –Dit-elle el lâchant ma main, toujours souriante- Tu devrais sourire Pandore, on nous regarde. »
Sans réfléchir je lui rends son sourire et retourne à ma place, gardant la gourde contre mon ventre. Je n'ai même plus envie de boire et du coin de l'œil je guette mes camarades. Elles ont bu dans les autres gourdes et pourtant il n'y a rien, du moins rien qui ne m'oblige à boire dans une autre gourde qu'elles. Serait-ce un piège ? Je ne touche à aucune des gourdes et reporte mon attention sur le match de football des garçons de Tertiaire. Ils sont arbitrés par Joe et la version anglophone de Joe, un garçon un peu trop musclé à mon goût, arborant une mèche verte.
D'où sortent-ils ?
Le match est sur le point de se terminer sur un match nul lorsqu'un garçon de l'équipe anglophone se faufile entre les joueurs. Dans les tribunes de l'Ouest, les filles hurlent un nom bizarre et c'est tel un éclair que le brun au teint basané marque un but à la dernière seconde, bondissant d'une joie candide alors qu'Hemmings prend sur lui pour ne pas le massacrer. Apparemment le brun était capitaine et chez les garçons de l'Est, c'était.... Hemmings, les deux devant se serrer la main. C'est assez comique vu d'ici, puis les équipes se retirent et nous sommes autorisées à aller voir les garçons, bien qu'avec tout ce monde, ce soit compliqué.
En me voyant, Michael reprend son habituel sourire et m'attire dans ses bras, ravi de m'entendre le féliciter. De sa main droite il caresse ma joue et ses yeux réjouis ne lâchent pas les miens.
«- Je suis content que tu ailles mieux Jonesie.
-Au moins j'ai pu voir la fin de ton match.
-Leur capitaine était un véritable génie, Calum Hood je crois –Dit-il rêveur avant de boire une énorme quantité d'eau- J'espère le croiser à nouveau un jour.
-On dirait qu'il est devenu ton idole.
-Tu aurais dû le voir jouer, ça c'est un vrai sportif ! -Dit-il en buvant une dernière gorgée- Mh, qui sait, peut-être qu'il rejoindra l'Elite de l'AGFA ?
-Arrête avec ça.
-Je t'embête.»
Il pince doucement mes hanches et m'embrasse d'une façon qui semble plus enjouée que les jours passés. Michael, en cet instant, est réellement heureux. Le sport, c'est tout ce qui compte pour lui au final et le voir ainsi me fait sourire.
Pourtant quelque chose me tracasse. S'il dit vrai et que cette Elite aura pour but de traquer les derniers Illégaux restants, alors face à ce Calum ou même Shey, il est vrai que je serais dans une impasse. Je ne pensais pas que l'Ouest avait autant de bons éléments. Je regarde une dernière fois le terrain où est en train de saluer le dit Calum Hood, un large sourire aux lèvres plissant ses yeux en amande, puis je retourne m'asseoir, ne lâchant pas la main de Michael.
*
Bien que Michael m'ait proposé de sa gourde, je refuse et garde la mienne à la main. Je ne l'ai toujours pas ouverte bien que je sente ma gorge devenir toujours plus sèche à mesure que les heures passent. Je n'attends qu'une chose, la pause repas pour aller boire l'eau du réfectoire.
Mais comme il fallait s'y attendre, nous ne sommes pas autorisés à sortir de l'arène et après mon sandwich, il devient important pour moi de boire. Je zieute ma gourde et cherche Mme Calgary des yeux, laquelle semble avoir disparu. De nouvelles gourdes sont apportées que je décline, assurant en avoir encore dans la mienne.
Puis toutes mes camarades se mettent à boire, toute l'arène d'ailleurs. Et rien ne se passe.
Je finis donc mon repas et regarde la course des Primaires avec Eponine, grignotant une pomme pour avoir une sensation de liquide. Comme ils sont mignons. Ils semblent s'amuser et leurs sourires ne nous laissent pas indifférentes. Si je le pouvais, je retournerais à cette époque, car finalement, c'est là que j'étais le plus heureuse.
Tout allait bien, puis petit à petit, des filles et des garçons ont commencé à se lever, plus ou moins discrètement et sont partis directement aux infirmeries. Ça n'a perturbé personne, jusqu'à ce qu'une fille de la TD1 ne se mette à tousser, puis à cracher.
Un espèce de liquide jaunâtre vient s'échouer à ses pieds, éclaboussant également mes baskets et alors qu'elle dresse sa tête vers moi, je constate avec horreur que cette substance provient de sa bouche. Elle essaye de la cacher de ses mains et ses yeux semblent horrifiés.
Il n'y a que moi qui l'ai vue, je ne dis rien, trop choquée sûrement. Mais bientôt quelqu'un d'autre s'en rend compte et commence à s'écarter. Puis c'est au tour d'une autre fille encore, jusqu'à ce que ma voisine se lève en toussant, quittant les tribunes sous les murmures des filles de sa classe et de la mienne.
Qu'est-ce que c'était que ce liquide jaune ? On aurait dit...
Je déglutis et ne finis pas ma pomme.
«- Pandore elle t'a vomi dessus –Dit Eponine en me montrant ma veste tachée-
-Je.... Je vais aller rincer ça dans les toilettes –Dis-je mal à l'aise alors que des filles rigolent autour de moi-
-Tu veux que je t'accompagne ?
-Non ça ira, garde ma place. »
Je retire ma veste et descends jusqu'aux toilettes où j'atteins les robinets, nettoyant ainsi ma manche. En me tournant, je remarque qu'il y a des flaques jaunes un peu partout au sol et j'en aurais presque envie de vomir.
Je m'empresse de faire sécher ma veste lorsque les activités reprennent, provoquant un bruit monstrueux, pendant lequel je me permets de tousser. Quelque chose me gêne, il fait chaud. Et alors que je me résigne à enfin boire l'eau des robinets, j'aperçois mon reflet dans le miroir, découvrant un mince filet jaunâtre couler le long de mon menton.
Ca n'y était pas tout à l'heure.
Puis je tousse à nouveau, étouffant les bruits dans mon bras alors que des Gardiens patrouillent non loin. Je sens quelque chose couleur contre mon bras, mais je ne veux pas regarder. Je passe de l'eau sur mon bras puis me force à boire, mais rien n'y fait.
«- Pandore ! »
Je sursaute, essayant de me cacher dans une des cabines lorsque Mme Calgary plaque sa main contre ma bouche et me retient par le bras, m'attirant avec elle derrière une cabine. Elle retire sa main et examine les trainées jaunes sur mon menton tout en jetant des coups d'œil vers l'entrée des toilettes.
« -Je t'avais pourtant dit de ne pas boire dans les autres gourdes !
-Je n'ai bu dans aucune gourde !
-Tu mens –Dit-elle en me montrant son index couvert du liquide jaune- Tu sais ce que c'est ça ? C'est le sérum qui t'a sauvé la mise ces derniers temps, celui de Fergusson. Jusque-là il était dans tes veines, brouillant les tests médicaux, mais avec ce qu'il y avait dans les gourdes, il est rejeté !
-M...Mais je n'ai pas bu !
-Tu as forcément été en contact avec leur eau, quelqu'un t'a arrosée ? –Je fais un vif non de la tête-
-P...Peut-être à l'infirmerie, quand j'étais évanouie...
-Non, j'ai veillé sur toi avec les autres professeures, c'était juste après, le poison est ensuite actif au bout d'une heure. Tu ne te souviens de rien qui p...
-Michael ! –Dis-je d'une voix étouffée- Il... Il a bu après son match et il m'a embrassée... Il m'a empoisonnée ?
-Involontairement –Répond Mme Calgary- Cette eau contient un poison destiné à rejeter le sérum de falsification, c'est encore une façon pour l'AGFA de trouver des Illégaux, ou du moins, ceux qui sont les mieux cachés. Bon, maintenant tu vas venir avec moi, j'ai pu avoir une dérogation d'Amadalia pour ta personne, surtout ne tousse pas. »
Mais alors, Mme Calgary sait que je suis Illégale ?
Impossible pour moi de faire marche arrière. J'enfile ma veste, la laisse partir devant, puis je quitte les toilettes plusieurs minutes après elle, tête droite et lèvres scellées.
Fort heureusement la sortie est juste à côté et alors que je m'y dirige, je suis interceptée par Hemmings. Je ne dois pas rester, je sens que ma gorge me brûle, je dois m'en aller.
Mais le blond ne me lâche pas.
«- L...Laisse-moi.
-Tu devrais faire attention à toi Pandore, au fond tu sais que tu es la prochaine»
Dans le contexte actuel, il pourrait parler du sport. Mais je sais que ce n'est pas ça, je le sens, je le vois dans ses yeux. Bien que ma gorge me brûle de plus en plus, je me retiens, commençant à trembler. Puis il lâche mon bras et je m'enfuis en courant, les larmes aux yeux.
Il sait.
*
« -Et ça Luke, c'est ma deuxième maison ! –Dis-je-
-Wouah c'est grand chez les Keanon ! Mais pourquoi c'est ta deuxième maison d'abord ? Normalement on n'a qu'une maison.
-C'est parce que moi je suis une fille et que je suis jolie, nah !
-Non t'es pas jolie.
-Tu veux qu'on se batte ? –Je grogne-
-Non, je ne tape pas les filles.
-Pourtant l'an dernier on jouait à se taper et j'étais une fille aussi.
-T'avais une tête de garçon, j'ai dû me tromper –Dit-il en haussant les épaules-
-Pourquoi t'es méchant comme ça.
-Parce que le gentil c'est Michael.
-Je ne te fais pas visiter alors, t'es trop nul ! –Dis-je en croisant les bras-
-Tu boudes ?
-Tais-toi !
-Boudin.
-Débile.
-Sale moche.
-T'es trop nul Luke ! –Dis-je en me tournant face à lui-
-Oh allez je plaisantais.
-Moi pas !
-Tiens, tu as de la visite Pandore ? –Annonce ma mère en rentrant- Bonjour Luke.
-Bonjour madame Keanon, Pandi me faisait v...
-Ouin maman, Luke a dit que j'étais moche !
-Je t'ai déjà dit que tu ne devais pas m'appeler maman, ça rend triste ta vraie maman –Rattrape ma mère alors que je vire au rouge- Allez profiter pour jouer sur l'aire sportive, il n'y a personne à cette heure.
-Tu viens ? –Dis-je à Luke sans le regarder-
-Au revoir madame Keanon –Dit-il après une petite courbette, puis il me rejoint- Eh je peux te poser une question ?
-Non.
-Merci, tu vois je me demandais s...
-Je t'ai dit non Luke !
-Oh ça va, arrête de bouder ou sinon je te laisse aller jouer seule. Je me demandais juste pourquoi tu l'avais appelée maman.
-C'est.... C'est parce qu'elle est comme ma deuxième maman, je l'aime beaucoup –Dis-je en essayant de ne pas paniquer-
-D'accord. Bon, tu as fini de bouder ?
-Seulement si tu es gentil avec moi, comme Michael.
-Je serai gentil comme Luke, ça te va ? –Je fais oui de la tête- Allez, viens Pandi. »
*
Déjà à l'époque il me soupçonnait, alors que nous n'étions qu'au début de la Primaire et que l'on commençait à mieux se connaître. Je pensais que depuis il avait oublié, mais après ce qu'il vient de me dire, c'est comme si quelque chose se brisait. Comme si ma dernière sécurité se brisait.
Je rejoins Mme Calgary dans la salle des professeurs, où je n'étais encore jamais allée et la regarde s'activer à chercher quelque chose dans ses placards. Elle le retourne et fini par attraper quelque chose avec quoi elle prépare un mélange douteux, avant de me le tendre.
«- Ca devrait arrêter le poison –Dit-elle alors que je bois le mélange d'une traite sans même penser à me méfier, pour l'heure, le danger s'appelle Luke Hemmings- Bon, on devrait être tranquilles.
-Pourquoi m'avez-vous obtenu une dérogation ?
-Je n'aime pas que l'AGFA s'intéresse de trop près à tes facultés sportives, je préfère qu'Amadalia puisse te voir comme une physicienne et pas comme un futur pion.
-Vous voulez parler de son groupe de combattants ?
-Je ne sais pas ce que tu as entendu à ce sujet Pandore, mais j'imagine que rien de tout ce que tu sais n'est vrai, l'AGFA ne laisserait pas filtrer un tel projet. Ce qui est sûr, c'est qu'ils ont, depuis quelques mois déjà, un intérêt particulier pour les personnes dotées de capacités sportives et ne m'en veux pas de t'éloigner des projecteurs.
-Je vous en remercie –Dis-je abattue- Dites, comment vous savez pour... Le sérum ?
-Dis plutôt comment je sais qui tu es réellement ? –Elle demande tout bas alors que je blêmis- Cécile est une très bonne amie à moi, vous couvrir toutes les deux est normal et je savais qu'un jour viendrait où Henry Fergusson n'allait plus pouvoir te cacher, voilà pourquoi je suis ici.
-Amadalia n'a pas de doutes sur vous ?
-Rares sont les gens hors de tous les doutes possibles, je vis avec et je fais attention à ne pas me faire repérer, chose que tu sembles avoir un peu oublié ces derniers temps. Bien, mais maintenant que nous sommes ici, autant faire ce que j'avais prévu de faire, sinon à quoi servirait cet alibi.
-Quel alibi ?
-J'ai demandé à Amadalia une dérogation pour que tu puisses m'aider à travailler sur un projet de physique. Etant donné qu'elle a reconnu tes talents, elle n'a pas hésité alors mieux vaut faire ce que j'ai dit pour éviter les soupçons. Allez, viens. Rassures-toi, tu ne crains rien avec moi, je te le promets. »
*
Nous passons le reste de la journée dans son laboratoire situé à la Bulle, là-bas je croise ma sœur se préparant à prendre le Sub après être passée au labo pour saluer un garçon qui, je l'ignorais, m'avait tout l'air d'être son petit ami. Alors qu'elle vient me saluer, ma mine contrariée ne la trompe pas et j'obtiens quelques minutes en privée avec elle. Ce qu'elle est belle quand elle est amoureuse, à côté je dois vraiment faire peur.
«- Luke Hemmings est au courant –Je balbutie après avoir raconté ma mésaventure dans l'arène-
-Quoi ?
-Tout à l'heure en partant, il m'a dit quelque chose qui laissait à penser qu'il savait qui j'étais vraiment... Et si c'était de lui, les mots ?
-Pandi tu crois sérieusement que Luke te ferait ça ? Il était amoureux de toi avant.
-Oui, avant. Il a énormément changé et si tu avais vu son regard tout à l'heure...
-Que veux-tu que je fasse ?
-N...N'as-tu pas moyen de trouver quelque chose qui pourrait lui faire pression pour qu'il ne parle pas ?
-Un genre de dossier confidentiel de la famille Hemmings ? –Je fais oui de la tête- Mais Pandi, tout le monde sait que sa mère a eu un deuxième garçon après lui.
-Il doit y avoir quelque chose, une raison pour laquelle il a changé du tout au tout... Si je peux le faire chanter avec ça alors ça me convient.
-Bien je vais essayer de te trouver ça –Dit-elle en défaisant ses affaires- Mais c'est bien parce que c'est toi.
-Merci Victoria. »
Elle me serre dans ses bras, me murmure de faire attention à moi, puis elle repart dans son bureau situé dans le bâtiment voisin, l'Université de Droits. A vrai dire, cette Université devrait avoir un autre nom, car nous n'avons pas de Droits, ou du moins ils ne sont jamais défendus. Nous n'avons pas de Tribunaux ou autre cérémonie qu'avaient les anciens hommes. Si l'on commet une faute, de sa taille dépendra notre aller simple pour l'Iceberg, sinon ce sera une punition. Nous ne sommes jamais amenés à justifier nos actes.
Pourtant il y a cette Université, très secrète, où se trouvent tous les dossiers sur tout le monde, faisant office d'exercices pour les élèves. Ceux qui en sortent diplômés finissent généralement au Gouvernement, mais Victoria rêverait de trôner sur des Tribunaux, visant à défendre les habitants du Terrier, trop souvent descendus. Je sais qu'elle y arrivera, elle ne renonce pas facilement.
*
«- Pandore, je voudrais te montrer quelque chose –Annonce Mme Calgary alors que je suis sur le point de partir- C'est assez important et j'aimerais que tu n'en parles à personne.
-Vous pouvez me faire confiance –Dis-je après l'avoir aidée à ranger-
-Ça se trouve derrière mon laboratoire, dans les Universités de Physique et Métallurgie. On ne pourra pas y rester longtemps alors je te prie de bien tout garder en mémoire. »
Je fronce les sourcils, intriguées, puis elle éteint toutes les lumières et c'est à l'aide d'une petite lampe que nous nous dirigeons à l'extérieur après avoir badgé. Je ne connais absolument pas la Bulle, c'est seulement la deuxième fois que je m'y rends et découvrir l'Université de Physique me ravie. C'est là que j'irai après avoir eu mon examen. Je veux y croire et pas même Luke ne gâchera mon rêve.
«- Tu sais Pandore, c'est en toi que je concentre le plus gros de mes espoirs.
-Pourquoi ?
-Je pense qu'un jour, tu comprendras pourquoi, viens-voir, c'est ici ! »
Nous entrons dans l'Université, saluons quelques élèves encore présents, puis nous pénétrons dans un gigantesque dépôt très sombre. Mme Calgary appuie sur l'interrupteur, les néons grésillent et bientôt d'énormes masses métalliques se dressent devant moi.
Ce sont des Subs, ou du moins ça y ressemble.
Ils sont beaucoup plus gros, les capsules à oxygène font le double des traditionnelles et à les regarder ainsi, on dirait d'énormes vaisseaux. Je reste bouche-bée, me sentant minuscule mais également fière devant de telles machines.
«- Ils ne sont pas terminés, mais je pense qu'à l'avenir ces Subs pourraient conduire jusqu'à la surface de la Terre.
-Sur Terre ?! Vraiment ?! –Dis-je la bouche grande ouverte-
-Et j'aimerais, si tu es d'accord, travailler là-dessus avec toi. J'ai vu les prouesses de ton masque, je suis sûre que tu serais prête à faire la même chose.
-Pourquoi les refaire alors qu'il y en a déjà plein et des gigantesques ?
-Parce que tu te doutes, que tout le monde ne rentrera pas là-dedans, l'AGFA fera sûrement le tri. Si il existe une chance de retourner à la vie sur Terre, alors je veux pouvoir le faire et le voir de mes propres yeux, je ne veux plus rester ici, il n'y a plus rien à voir ni à faire. Qu'en dis-tu ? Serais-tu prête à m'aider ?
-Bien-sûr !
-Parfait, maintenant tu peux rentrer, je continue de veiller sur toi.
-Dois-je en parler à Cécile ? De ce qu'il s'est passé.
-Non, je passerais vous voir, je dois lui dire quelque chose d'important. Allez, file ! »
*
Je sors du Sub et prends le chemin de mon baraquement, à cette heure-ci je serai la première arrivée, à moins que Victoria n'ait trouvé quelque chose dans un temps record. Pourtant quand j'arrive, il y a bien du monde devant chez moi et pas n'importe qui.
Des Gardiens, armés jusqu'aux dents.
Ils se tournent d'un bloc vers moi et je dois prendre sur moi pour ne pas hurler alors qu'ils courent jusqu'à moi. Je sens mes jambes flancher, puis je pars en arrière.
«- C'est bon elle est avec moi ! –Annonce une voix grave-
-Cette fille est suspecte ! Ecartez-vous !
-Elle n'est en rien suspecte, vous voyez une trace de sérum ? –Je cligne des yeux et remarque une tignasse rouge devant moi, barrant la route aux Gardiens-
-Elle a très bien pu effacer les traces, faites-la boire !
-Très bien. »
Joe m'attrape fermement par le bras et me tire à sa hauteur. Je le fixe sans rien dire, puis d'un coup il colle une gourde contre mon visage et m'oblige à boire. J'ai le temps de refuser une micro seconde avant qu'il ne mette lui-même le goulot dans ma bouche. J'aimerais ne pas avaler, mais je ne résiste pas longtemps et manque de m'étouffer alors qu'il retire la gourde pour me laisser respirer.
Volontairement, je lui recrache une partie de l'eau à la figure, comme si je ne l'avais pas fait exprès et alors je réalise qu'il m'a fait boire leur poison.
«- Vous n'aurez qu'à repasser d'ici une heure, vous verrez qu'elle ira très bien.
-Nous avons reçu un signalement, comme quoi cette fille était une Illégale.
-Et de qui provenait ce signalement ? On dirait que vous vous êtes encore fait avoir les gars. Cette fille n'est pas plus Illégale qu'Amadalia et d'ailleurs, elle est au premier rang pour le projet Hunters en tant que combattante, vous devriez le retenir.
-Nous repasserons d'ici une heure –Me prévient un Gardien-
-C'est ça et au lieu de vous en prendre à cette fille, cherchez plutôt l'abruti qui a voulu se payer votre tête. »
Tous les Gardiens se retirent, mais seul Joe reste à côté de moi, essuyant son visage trempé à cause de l'eau que je lui avais recraché dessus et faisant dégouliner quelques pigments rouges depuis ses cheveux.
«- Pas très efficace ta couleur –Dis-je en reprenant mon souffle-
-C'est tout ce que t'as trouvé pour me remercier.
-Te remercier de quoi ? J'avais pas besoin de toi pour prouver que j'étais pas une Illégale.
-Oh vraiment ? Alors j'aurais aimé voir ta réaction d'ici une heure si je t'avais filé une de leurs gourdes piégées.
-C'était.... De l'eau normale ? –J'hoquète-
-Fais très attention Pandore, si tu te révèles trop dangereuse, ce n'est pas à l'Iceberg qu'ils t'enverront mais au Noyau.
-Qu'est-ce qu'il y a de si spécial là-bas ?
-Même toi n'aimerais pas savoir, alors ne joue pas aux aventurières et fais plutôt ce que je te dis, rejoins mon projet.
-Votre truc débile de cette journée ?
-Non, le vrai projet. C'est quelque chose de top secret et je suis sûr que tu aurais ta place, seulement il est possible que tu représentes un danger aux yeux de l'AGFA et si ils s'en mêlent, ils ne te laisseront pas me suivre. Tu dois faire un choix.
-J'ai choisi de rester cachée.
-Tu ne le seras pas assez longtemps, ton nom est déjà arrivé aux Gardiens, ce n'est plus qu'une question de temps pour qu'ils comprennent qu'ils avaient vu juste.
-Je veux prendre ce risque, je suis bien cachée.
-Alors je te fais mes adieux ma jolie, si l'AGFA te trouve, tu es morte. »
~ La fin de la "tranquillité" pour Pandore ;) j'espère que vous aurez apprécié ce chapitre, merci à tous de continuer à me lire malgré mon absence, je vous doit beaucoup !
Kactus
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