17 ~ The Pit

Convivial ? Je retiens un rictus ironique à l'entente de cet adjectif en total désaccord avec la totalité de l'Iceberg, pourtant Amadalia semble sûre d'elle et je remarque que nous partons dans le sens opposé à la partie générale de l'Iceberg.

Si mes souvenirs sont bons, nous faisons le chemin que j'ai emprunté une seule fois en arrivant ici, avec Mélawi, mais dans le sens inverse. Nous longeons le couloir glacé dans lequel j'étais arrivée. Je me souviens de cette première impression, le froid environnant mais aussi la froideur de l'architecture, avec ces plaques de métal couvertes de givre.

Au fond du couloir je reconnais le passage duquel j'étais sortie, derrière ce mur se trouve la salle des contrôles, celle où tout commence. Allons nous passer par là.... Pour sortir de l'Iceberg ? Je fronce les sourcils et observe ma famille qui n'en sait pas plus que moi. Nous suivons toutes les quatre Amadalia, laquelle s'arrête au milieu du couloir, quelques mètres avant la salle des contrôles. Je ne l'avais pas encore remarqué, mais un Gardien se tient planté là. Que fait-il si loin de la porte ? Et surtout que fait-il ici ? Il n'y avait aucun Gardien le jour de mon arrivée.

Amadalia n'a même pas besoin d'ouvrir la bouche que l'homme s'exécute et semble glisser une sorte de carte dans une fente traversant le métal et la glace. Aussitôt un petit bip se fait entendre et un pan de mur se met à pivoter.

Un endroit secret ?

« Nous serons bien mieux ici –Dit Amadalia qui laisse passer ma famille avant de fermer la marche à ma hauteur- Je compte sur toi pour ne pas réveler l'existence de cet endroit aux autres élèves. »

J'acquiesce, ne sachant pas à quoi m'attendre, mais il semblerait que la température soit bien moins froide, je dirais même que ce n'est plus une température négative. J'ouvre légèrement ma veste alors que nous prenons un escalier éclairé aux néons. Ici les parois sont vierges, aucune trace de givre et mon reflet semble briller dans de l'argent. Mes cheveux sont vraiment très beaux.

«- Arrête de t'admirer –S'amuse Victoria, laquelle m'a vu m'observer-

-Ce n'est pas ce que tu fais toi aussi ? –Je réponds sur le même ton, quoi qu'un peu pudique- Sinon tu ne m'aurais pas vu faire. »

Elle me fait un petit sourire et en cet instant je suis presque ravie que les choses aient pris cette tournure. Les derniers mois passés au Nouveau Canada avaient été source de conflits et de tension et je pensais ne plus jamais voir ma sœur me sourire ainsi.

J'ai envie de lui demander tout un tas de choses, de rattraper ce peu de temps perdu qui pourtant me semble si long. Mais l'escalier s'arrête enfin et je retiens un hoquet de surprise, pour ne pas dire de choc. Devant nous s'étend une longue pièce, dépourvu de givre et avec des parois peintes au lieu du métal froid. Le sol est couvert de tapis et plusieurs canapés, de ce que je pense être du cuir, trônent dans la pièce, entourés de tables garnies de coupes de fruits. Il y a quelques écrans de télévision aux murs et kes néons ont été remplacés par des lampes brillantes telle la lumière des Puits. Somme nous encore à l'Iceberg ? Je n'ose pas avancer.

« J'espère que tu ne nous en veux pas Pandore ? –Demande Amadalia qui passe dans mon dos- Il est vrai que comparé à votre confort... Tu comprends pourquoi j'aimerais éviter que ça se sache ? Imagine si tous les Illégaux et les Criminels essayaient de venir ici.

-Où sommes-nous ?

-Ce sont les quartiers des scientifiques et de nos meilleurs médecins –Dit-elle avec le sourire- Ils ont bien besoin de confort, avec tout le travail qu'ils nous fournissent. Tout comme il est naturel que tu aies le droit à ton confort, si tu choisis de me suivre bien-sûr, je ne puis garantir qu'il reste quoi que ce soit de confortable sur Terre. »

Elle laisse échapper un petit rire et aussitôt ma mère et Cécile m'observent sans comprendre. Elles n'ont toujours pas dit un mot et je trouve finalement ces retrouvailles quelque peu gênantes, seule Victoria semble à l'aise.

« Pandore... va pouvoir revenir chez nous ? –Balbutie enfin Cécile-

-Oui et non –Dit-elle alors que mon cœur se serre- Je vous en prie asseyez-vous, nous pourrons discuter tranquillement de l'avenir de Pandore après ça. »

J'ai l'impression de vivre une réunion entre professeur et parent d'élève, sauf qu'Amadalia n'est pas ma professeur et que ma famille n'est ici qu'en tant que moyen de pression.

Néanmoins je l'écoute et prends place sur un des canapé, lequel est si moelleux que je m'enfonce presque dedans et suis obligée de me retenir aux accoudoirs. Me sentant quelque peu ridicule.

« J'ai proposé un marché à Pandore –Commence Amadalia en s'adressant à ma famille- Je lui ai demandé de renoncer au projet Hunters, pour se concentrer sur un projet bien plus important qui aura lieu après que les Hunters aient sécurisé la Terre. Vous savez à quel point votre fille est douée pour son âge, en ce qui concerne la technologie et l'énergie et je veux la récompenser.

-Récompenser une Illégale ? –Demande ma mère en retenant son ironie-

-Les génies ne sont pas toujours irréprochables –Répond la Gouvernante avec un sourire que je jugerais d'hypocrite, mais bien travaillé- Mais oui, j'aimerais qu'elle travaille pour moi, en échange de quoi elle pourrait revenir au Nouveau Canada, elle serait de nouveau considérée comme une habitante normale et aurait son propre baraquement et laboratoire à la Ruche.

-Donc, elle ne reviendrait pas au Terrier –Murmure Cécile-

-Vous préféreriez peut-être qu'elle soit envoyée sur Terre pour y mourir ?

-Non –Trésaillent Cécile et ma mère, tandis que ma sœur me regarde du coin de l'œil-

-Plus de Terrier effectivement, mais vous aurez le droit de lui rendre visite si cela compte autant pour vous. Tout ce que tu as à faire Pandore c'est quitter le projet Hunters.

-Mais les talents de Pandore ne peuvent-ils pas être nécessaires sur Terre ? –Demande Cécile qui, je sais, n'est pas convaincue-

-Il n'y a plus d'énergie sur Terre, toutes les centrales ont été ciblées et détruites lors de la Grande Guerre, c'est pourquoi nous devons la travailler ici même et une fois sur Terre, nous la puiserons depuis les sols.

-Madame la Gouvernante, puis-je vous demander pourquoi nous ne pouvons pas tous rester ici ? Pourquoi l'AGFA tient-il réellement à retourner là-haut alors qu'ici nous sommes en sécurité ? –Demande ma mère-

-La place se fait rare et bien que l'on fasse tout pour limiter la surpopulation, nous ne tiendrons plus longtemps. Nous manquons d'énergie.

-Si nous manquons d'énergie sous terre, alors comment réussirons-nous à en obtenir plus à la surface ?

-Je ne crois pas que ce soit le genre de chose que je puisse vous réveler Madame Keanon, bien que vous soyez plutôt bien placée dans nos services, les questions d'énergie ne concernent que l'AGFA et ses proches. Mais si cela peut vous rassurer, sachez que nous avons trouvé un moyen, nous allons doubler la production d'énergie au Noyau –Elle se tourne enfin vers moi, le sourire légèrement crispé alors qu'elle se contient devant ma mère- D'ailleurs Pandore j'aimerais te montrer cet endroit, il me semble que tu n'y es jamais allé ? –Je fais non de la tête- Parfait, tu viendras avec moi cet après-midi après ton repas. Je vous laisserais manger toutes les quatre ici pour être plus tranquilles, j'aurais aimé me joindre à vous mais je dois aller voir quelques-uns de tes professeurs.

-N'écoutez pas Tray ! –Dis-je soudain alors qu'elle hausse un sourcil- Il veut me faire devenir Criminelle, quite à vous mentir sur moi.

-Disait-il vrai tout à l'heure ? Lorsqu'il t'amenait en punition ?

-Je me suis battue oui –Dis-je les joues rouges-

-Avec qui ?

-Shay, une fille de l'Ouest.

-Ah les anglophones –Elle sourit en coin et soupire- Ne t'en fais pas, j'ai plus confiance en toi qu'en lui. Y a-t'il un autre professeur que je ne devrais pas croire ?

-Non –Dis-je alors que le prénom Joe reste bloqué derrière mes lèvres vite scellées- Dites, qu'est-ce qu'il se passera si je deviens Criminelle ?

-Disons que ce sera un peu plus dur pour moi de te faire venir au Nouveau Canada, mais je te trouverais le moyen d'expier tes peines,tu peux être tranquille.

-Et si je décide de rester Hunters ?

-Tu perdras des points sur ton Hunternumb, je te le déconseille car d'après ce que j'ai vu et entendu à ton sujet, tu es plutôt bien engagée. Et ce serait bête que tu perdes et ta place sur Terre et l'opportunité de revenir chez toi. Bien, je te retrouverai tout à l'heure. Je vous ferais parvenir de la nourriture, en attendant, je vous souhaite de bonnes retrouvailles. »

Nous la remercions alors qu'elle quitte la pièce, demandant même au Gardien resté présent de s'en aller. Sommes nous réellement seules ? C'est ce qui traverse l'esprit de Cécile et de ma mère car toutes deux jettent de discrets regards circulaires, ainsi qu'au plafond.

« Il n'y a pas de caméras –Chuchotte Cécile- Mais peut-être y a-t'il des micros.

-Et alors ? –Demande Victoria- Nous n...

-Pandore que vas-tu répondre à Amadalia ? –Me demande ma mère à voix basse alors qu'elle fait mine de me serrer dans ses bras-

-Je n'en sais rien, sa proposition est vraiment intéressante.

-Elle l'est en effet, mais j'ignore ce qui est le plus dangereux entre la Terre et de travailler pour elle.

-Vous ne lui faites pas confiance ?

-Ana Calgary, ta professeur de physique, elle a été renvoyée de l'Ecole de l'Est, au lieu de ça elle travaille pour l'AGFA désormais, mais nous ne l'avons pas revue depuis. –Je tourne la tête vers Cécile, laquelle semble attristée-

-Tu penses que c'est un mensonge ? – Je demande, la gorge nouée- Qu'on dit qu'elle travaille pour eux mais qu'en vrai elle...

-Après tout, elle t'a cachée –Murmure ma mère- Et les médecins qui ont caché les Illégaux ont eux aussi disparu. Je ne crois pas que l'AGFA soient réellement du genre à être cléments, sinon à quoi bon faire de telles traques ?

-Qu'est-ce que vous me conseilleriez de faire ?

-De choisir l'option où tu penses t'en sortir le mieux –Dit Cécile d'une petite voix- Mais te connaissant, tu as déjà pris ta décision depuis longtemps et sache que nous le respectons. »

Sait-elle réellement ce que je vais choisir alors que moi-même je doute ? Quelle que soit l'option que je choisirais, je serais finalement en danger. Je n'ai plus qu'à choisir entre mes amis et ma famille.

« Au fait joyeux anniversaire Pandore –Lance Victoria après un long silence gênant- As-tu fait quelque chose pour tes dix-huit ans ?

-Cette couleur de cheveux et j'ai passé la journée avec mes amis.

-Ca te va vraiment bien –Me disent-elles en cœur-

-Est-ce que, tout se passe bien ici ? –Me demande Cécile-

-Oui, je crois que je m'amuse bien plus ici qu'au Terrier, mais depuis quelques temps les choses commencent à changer et avec les examens finaux qui approchent et les 80 places annoncées alors que nous sommes environ 200, les gens révèlent leurs vrais visages.

-C'est toujours comme ça, même au Nouveau Canada, lors des concours pour entrer dans les meilleures facultés de la Bulle ou de la Rûche, le concept d'ami est vite oublié –Soupire Victoria- C'est comme ça qu'on apprend à reconnaître qui sont les vrais amis.

-Je pense avoir réussi à comprendre qui l'est vraiment en effet.

-Ce professeur dont tu parlais, c'est bien le gamin de l'Ouest qui a brûlé vifs ses camarades et son professeur de chimie il y a quelques années non ?

-Oui c'est ce dont il s'est vanté –Dis-je en ressentant de nouveau le malaise que j'avais ressenti face à Tray après qu'il m'ait raconté ça- C'était vrai ?

-C'était vrai, je me suis occupé de son dossier à l'époque –Dit ma mère- Cependant je pensais qu'il avait été exécuté.

-Exécuté ?! –Je manque de m'étouffer-

-C'était sa peine, il n'aurait même pas dû passer par la case Criminel. Apparemment l'AGFA avait d'autres projets pour lui.

-Est-ce que... Est-ce que par hasard tu as eu le dossier de Joe Duncan ?

-Ce nom ne me dit rien du tout.

-Il aurait tué une fille, ici à l'Iceberg.

-Nous n'avons pas accès aux dossiers de l'Iceberg, seulement les Gouverneurs, mais j'en ai entendu parler. Pourtant, il ne me semblait pas que c'était ce nom là. C'était bien un Joe, mais Duncan, ce nom ne me dit rien du tout. Enfin, visiblement ils ont voulu étouffer l'affaire là aussi.

-Deux tueurs qui se retrouvent professeurs –Déglutit Cécile- A quoi joue l'AGFA ?

-Peut-être que ce sera plus efficace pour réduire le nombre de candidats –Dis-je blême- Tray n'a pas hésité à violenter des élèves, certains ont même disparu. J'imagine qu'ils sont morts.

-C'est possible, mais j'ignore ce qu'il se passe à l'Iceberg, nous n'avons accès à aucun dossier. J'ai essayé, pour avoir le tiens, mais c'était impossible. Depuis que le projet Hunters a officiellement commencé, les dossiers des Illégaux et des Criminels sont tous passés du côté de l'AGFA et sont devenu top secrets, aussi bien pour l'Est que l'Ouest.

-Génial –Je soupire- Sinon, est-ce que vous avez des nouvelles de Michael ?

-Tu as dû voir le dernier spot publicitaire de l'AGFA non ? –Me demande Victoria sans même me regarder- Tu sais ce qu'il est devenu. Et si jamais tu veux savoir, Luke aussi a rejoint ce groupe-là. Tous deux doivent attendre d'avoir dix-huit ans pour en faire officiellement parti, mais ils ont eu une dérogation. Apparemment, quelqu'un aurait dit à Amadalia qu'ils étaient vraiment bons. –Elle me lance soudain un regard accusateur-

-J'ai fait ça pour Michael ! Il tenait à en faire parti et je pensais qu'étant en bonne entente avec Amadalia je pouvais négocier ça pour lui faire plaisir. Je ne pensais pas que c'était un tel groupe, sinon je ne l'aurais jamais mentionné! Quant à Luke, je m'en moque, tout ce que je lui souhaite c'est qu'il échoue, qu'il perde tout ce qui lui importe comme il m'a fait perdre ce que j'aimais !

-De quoi tu parles ? –Demande Cécile-

-C'est lui qui m'a dénoncée ! Il a toujours sû que j'étais Illégale et il a attendu le bon moment pour en tirer profit ! Je suis sûre que c'est grâce à ça qu'il a pu entrer dans l'armée de l'AGFA, c'était ça la condition à sa dérogation.

-Pandore ne fais pas de conclusion hâtive.

-C'est le seul qui le savait ! J'espère ne plus jamais le recroiser, sinon je me vengerais et je sais exactement comment. »

En quelques secondes, une haine incommensurable est montée en moi, avec un goût amer. Je suis certaine de mon hypothèse, ça ne peut être que ça et sa récompense a dû être à la hauteur de ses attentes. Il a toujours voulu me dépasser, être meilleur que moi, en tout cas depuis le jour où nous avons cessé de se considérer comme des amis. Et plus rien ne le retenait de dire la vérité à mon sujet. A quoi ça lui aurait servi de me cacher continuellement alors qu'il n'en avait plus envie ?

Alors qu'un nouveau silence tombe sur nous, plusieurs Gardiens entrent dans la pièce, nous faisant sursauter. Je pense d'abord que nous avons été écoutées et que nous sommes sur le point d'avoir des ennuis, mais ce ne sont pas des armes qu'ils portent à bout de bras, mes des chaises et une table, ainsi que de la nourriture.

Ils nous demandent de nous mettre à table, d'un ton neutre, presque glacial, mais aucun ne nous crie dessus ni ne nous fait du mal. Nous sommes privilégiées, grâce à moi.

Je pense même que nous sommes au dessus de ça lorsque les plats nous sont présentés. Bien loin des rations drastiques du Nouveau Canada ou de l'Iceberg, nos assiettes débordent de légumes, de viande, de pain et de riz parfumé. Bien plus que l'on en aurait jamais eu au Terrier.

Nous n'osons même pas entamer le repas tellement cela semble irréel. Rien n'est froid et même la boisson n'est pas tiède, ce n'est d'ailleurs pas de l'eau avec la traditionnelle tranche de citron mais des jus de fruits, pour ma sœur et moi et des coupes d'un liquide foncé, qui doit être du vin. J'ignore si je suis heureuse de vivre ça une fois dans ma vie ou écœurée de savoir que certaines personnes ici sont privilégiées à un tel point, alors que ce devrait être à ceux entrainés pour être exilés sur Terre d'avoir un minimum de reconnaissance. Quand je pense à nos rations et celles que nous avions au Terrier.

Même les enfants de la Perle n'étaient pas aussi choyés.

« Bon appétit ! –Dit Victoria bien loin de se soucier de ces questions d'éthique- La viande est délicieuse ! »

Je commence à manger et suis obligée de me faire violence pour ne pas tout dévorer. C'est vrai que c'est délicieux et ce doit bien être le premier repas de ma vie où je suis autorisée à manger en quantité et en qualité.

Ma mère et Cécile, elles, mangent de façon plus lente et raffinée, conscientes de leur chance et préférant prendre leur temps pour savourer ce cadeau qu'elles ne reverront sûrement jamais plus.

Je jette quelques regards aux Gardiens avant de glisser quelques morceaux de pain dans mes poches, ce sera pour Moly et les filles, je suis sûre qu'elles apprécieront, ça n'a rien à voir avec nos tranches insipides des derniers jours.

*

Mon ventre est sur le point d'exploser, c'est une sensation drôlement étrange. Je me sens lourde, fatiguée, mais en même temps tellement ravie. Tout était délicieux bien évidemment et je n'arrive même plus à compatir pour les autres qui ne connaitront jamais l'existence de ces repas, ni leur consistance. Encore moins lorsqu'un Gardien vient déposer un gâteau à la fraise sur la table, surplombé de dix-huit bougies.

Bien qu'il soit fantastique, je ne peux m'empêcher de penser au gâteau que m'avaient offert mes amis. Il n'était pas aussi élégant, l'unique bougie était poussiéreuse et difforme, mais pourtant... Il me semble qu'il était bien plus réel que celui-ci.

Je sais que ce gâteau vient d'Amadalia, pour mon anniversaire.

Au moins, aucun de mes amis n'a essayé de m'acheter, c'était un réel cadeau, fait par plaisir et avec amitié.

C'était un des cadeaux de Joe.

Je souffle les bougies, faisant semblant de faire un vœu alors qu'en vérité je n'en fais aucun, préférant éviter d'être à nouveau déçue. Ma mère et Cécile m'embrassent tandis que Victoria prend ma main dans la sienne, me souhaitant le meilleur.

Qu'est-ce que le meilleur ici ?

Je prends une part, pour leur faire plaisir, mais je n'ai plus faim. Déjà parce que mon ventre semble avoir atteint une limite qu'il n'avait jamais connu auparavant et en souffre, mais aussi parce que des images de mon anniversaire me reviennent.

J'aurais dû en profiter sur le moment.

N'était-ce pas ce que Réni avait dit ? Cette phrase que je n'avais pas comprise sur le coup. Elle disait que c'était dommage que nous n'ayons pas eu le temps d'en profiter. Parlait-elle de mes amis ? Ou parlait-elle de ce que Joe allait me faire ? Etait-elle au courant que ce dernier me mentait ?

Si c'est le cas, alors je ne peux vraiment me fier à personne.

*

Après le repas, nous avons le droit à du café et du thé, puis une petite sieste. Bien que je ne pensais pas m'endormir et profiter ainsi de ma famille, le lourd repas m'empêche d'y voir clair et je somnole rapidement.

A mon réveil je suis contre Cécile, ma tête sur son épaule alors que ma mère et Victoria parlent ensemble un peu plus loin. C'est comme au Terrier, j'ai vraiment l'impression que jamais je ne serais aussi proche de ma vraie famille que je le suis avec Cécile. J'ai grandi avec deux mères, mais je me suis attachée à la fausse, celle qui m'a protégée.

« J'ai peur de mal choisir –Dis-je tout bas-

-Tu dois réfléchir à ce que tu as à gagner.

-Si je rentre au Nouveau-Canada, je serais auprès de vous.

-Pas tout à fait, tu as entendu Amadalia... Moi aussi j'aimerais y croire, mais je doute que l'on se verra réellement. Je pense.... Que c'était la dernière fois que l'on se voyait Pandore.

-Comment ça ?

-Toutes ensembles. Tu n'es pas au courant mais après qu'on t'ai envoyée à l'Iceberg, j'ai été chassée de notre baraquement, en guise de punition. Je ne travaille plus non plus dans les Subs –Elle soupire- Mais au moins je suis en vie, bien que j'ignore pourquoi et je suis contente de voir qu'ils ne t'ont fait aucun mal.

-Mais... Où est-ce que tu vis ?

-Ils m'ont trouvé un autre baraquement. Un peu plus petit mais je ne me plains pas. Beaucoup n'ont pas eu cette chance –Elle soupire- Je sais que tu es intelligente, que tu as compris comment elle fonctionnait avec toi pour t'avoir. Elle sait que nous sommes ta faiblesse. J'ignore la raison pour laquelle elle te veut autant, sûrement dit-elle la vérité, qu'elle a plus besoin de toi pour les projets en Energie, plutôt que sur Terre, mais je ne lui ferais jamais confiance. Elle est très intelligente, son passé est louche, pourtant elle est encore là. Elle fait tout pour cacher certaines affaires personnelles qui à mon avis pourraient lui coûter sa place de Gouvernante.

-Eh bien, peut-être pourrais-je être plus intelligente qu'elle et reprendre ma tactique de la dernière fois ? Plus je serais proche d'elle et plus je pourrais tirer cela à mon avantage pour ensuite me protéger et vous protéger.

-On ne peut protéger personne ici Pandore... Mais, fais le choix qui te conviendra le mieux. Ne pense pas à nous comme Amadalia voudrait que tu le fasses. Quoique tu choisisses, je serai fière de toi et de t'avoir protégée toutes ces années, en espérant pouvoir continuer encore un peu malgré l'éloignement. »

Puis elle embrasse ma tempe et au même moment Amadalia entre de nouveau dans la pièce. C'est fini, c'était ma dernière fois avec ma famille. Je les serre chacune leur tour, retenant mes larmes et priant pour les revoir un jour, saines et sauves. J'aimerais les serrer plus longtemps, mais je pense que nous avons eu le droit à suffisamment de privilèges pour aujourd'hui, alors je les lâche, la boule au ventre, encore plus désagréable que mon estomac trop rempli. Puis j'échange un dernier regard avec Cécile.

Elle a compris, elle sait ce que je vais choisir.

Elle hoche la tête et me fait un dernier sourire avant de disparaitre derrière un Gardien.

« J'espère que tu as passé un bon moment avec elles –Me dit Amadalia d'une voix douce- Je suis désolée qu'elles ne puissent rester plus longtemps, mais c'est déjà une chance inouïe et si tes petits camarades l'apprenaient, je pense qu'il y aurait bien des tensions que j'aimerais éviter.

-Merci de m'avoir permis de les voir –Dis-je faussement-

-C'est normal. Bien, es-tu prête à venir visiter le Noyau avec moi ? »

J'acquiesce, entrant déjà dans la première phase de mon plan.

Nous sortons de la grande salle et débouchons de nouveau dans le couloir glacé. Automatiquement je remets ma veste et la ferme jusqu'en haut alors que le froid et la réalité me rattrapent en même temps, annonçant la réelle fin de mon privilège.

Nous prenons à droite au bout de l'escalier et nous entrons dans la salle des contrôles où je retrouve l'espèce de boite dans laquelle je m'étais réveillée, des seringues à chaque extrémité, ainsi que celle dans laquelle j'avais mis mon bras, d'où en était ressorti ce matricule immonde, tatoué à tout jamais.

Ma mère et Cécile ont grimacé quand elles l'ont vu après que j'aie retiré ma veste tout à l'heure. Tatouée comme un vulgaire produit, ou comme un animal. Je ne sais pas si je m'y ferais un jour.

Je suis Amadalia le long d'un autre couloir, que je n'ai pas vu en arrivant étant donné que je me suis réveillée dans la boite. Au bout du couloir, il y a une lumière bleutée et je découvre bientôt la fin du Champ de force de l'Iceberg, où se trouve un Sub de taille moyenne. Celui-là nous attend.

J'y prends place alors qu'Amadalia s'installe en face de moi, son visage toujours aussi indéchiffrable.

« Le voyage ne sera pas long, mais peut-être as-tu envie de parler de quelque chose ?

-Non –Dis-je bêtement- Enfin je ne sais pas.

-Tu pourrais me dire comment ta vie se passe ici ?

-Très bien, j'ai des amis, des bonnes notes...

-Et quelques soucis de punitions si j'ai bien compris ?

-Disons que j'ai quelques soucis avec un professeur en particulier.

-Un seul ? –Elle demande d'une voix qu'elle voudrait neutre-

-Oui, seulement Tray. Je m'entends bien avec les autres, du moins je suis leurs cours sans causer de problèmes.

-D'accord, si ce n'est que lui, alors tout va bien.

-Est-ce qu'il peut réellement me faire devenir Criminelle ?

-Oui –Elle répond calmement- Et je sais ce que tu vas me demander, mais les professeurs ont leurs droits ici et je pense t'avoir déjà suffisemment aidée.

-Je comprends.

-Tu sembles avoir peur de lui.

-Il m'a dit qu'il ferait tout pour me faire devenir Criminelle et m'empêcher de partir.

-Dans ce cas, autant rejoindre mon projet, il ne t'embêtera plus –Elle pouffe légèrement- Je plaisante, c'est à toi de choisir ce que tu veux réellement.

-Jusqu'à quand puis-je vous donner ma réponse ?

-Je voulais te laisser jusqu'à ce soir, mais après avoir vu ta famille, je comprends que tu puisses être bouleversée et que tu aies envie de réfléchir un peu plus, alors je te laisse jusqu'à demain. Ensuite je retournerais définitivement au Nouveau Canada.

-D'accord, j'essaierais de vous répondre rapidement. Sinon, vous avez vu mon Hunternumb ? –Elle acquiesce- Puis-je vous demander si vous avez vu les Hunternumbs des autres élèves.

-En effet.

-Et les professeurs ?

-Tu veux savoir si Tray te poursuivra jusque sur Terre si jamais tu choisis de rester ?

-Non, un autre.

-Ah –Elle sourit en coin- Es-tu sûre de n'avoir des soucis qu'avec un seul professeur ?

-Oui, je veux juste.... Savoir.

-Je ne peux pas te révéler son Hunternumb, mais seulement, tu devrais être prudente avec lui. J'aimerais éviter d'autres cadavres sur les bras.

-Pourquoi est-ce que vous le couvrez ? Lui et Tray d'ailleurs.

-Nous avions besoin de personnalités fortes pour ce projet et bien que je n'aimais pas cette idée de laisser des enfants avec des tueurs, au moins ils étaient plus à même que les autres de vous entraîner à la dure réalité sur Terre.

-Mais si vous les laissez partir sur Terre, ils v...

-Qui a dit que je les laisserais partir ? –Son sourire s'élargit et elle me ferait presque peur- Ils ont peut-être des droits comme je te disais, mais nous en avons aussi sur eux. Bien, nous arrivons. »

Au travers de la vitre givrée semble briller un petit point bleu, lequel s'agrandit à mesure que nous nous en approchons. Alors le Noyau existe bel et bien, cet endroit secret dont personne ne parle jamais, ni n'en reviens à ce qu'on dit. Nous débarquons toutes les deux et sommes escortées par des Gardiens et des Soldats, lesquels me dévisagent de haut en bas, se demandant sûrement ce que je peux bien avoir de si spécial, en dehors de mes cheveux.

« J'y pense, si j'accepte votre offre, devrais-je reprendre ma couleur de cheveux normale ?

-Pas du tout –Dit-elle avec un petit rire- Tu peux garder cette couleur, toi au moins tu portes quelque chose de joli. »

Je la remercie et la suis jusqu'à une porte circulaire en acier, nous dépassant d'au moins deux mètres. Plusieurs Gardiens s'affairent à tourner les loquets, activant de nombreuses clés et bientôt nous entrons dans le Noyau. Il n'y a aucun bruit, c'est le plus étrange, seulement une sensation auditive désagréable, comme les ondes que j'avais ressenti lorsque j'étais parti nager avec Michael et qu'une créature s'était rapprochée. Au dessus de notre tête brillent des filaments bleutés, certains se mettent à briller et les ondes deviennent plus fortes, m'obligeant à boucher mes oreilles.

« Tiens, tu devrais prendre ça. »

Elle me donne des bouchons pour les oreilles et je ne me fais pas prier pour les mettre. Les flux d'énergie sont réellement désagréables.

Le chemin sous les filaments semble durer une éternité, nous passons devant plusieurs tunnels, mais nous n'en empruntons aucun. De chaque tunnel s'élèvent des filaments et par endroits les flux d'énergie sont si puissants que j'ai du mal à garder les yeux ouverts.

« Chaque tunnel mène à un noyau d'énergie –Dit Amadalia assez fort pour que je l'entende- Ensuite, tout ce qui est puisé de ces noyaux est envoyé dans la chambre centrale, c'est de là que partent les conduits qui alimentent le Nouveau Canada et l'Iceberg. Je vais te montrer. »

Effectivement, depuis tout à l'heure nous semblons suivre les filaments dans le sens de la propagation du flux lumineux. C'est comme si le chemin nous était indiqué et une dizaine de minutes après, nous arrivons dans la chambre centrale. La pièce brille comme un soleil bleuté et en même temps elle ressemble à une énorme toile d'araignée lumineuse où les filaments s'entremêlent de façon organisée.

Bien que je porte mes bouchons, les bruits me gênent à nouveau et alors que j'appuie discrètement sur mes oreilles, tournant un peu la tête, je remarque des gens en bas, marchant à même les filaments, comme s'ils étaient en équilibre sur les fils.

« Un sol en verre les empêche de marcher sur les flux –Me dit Amadalia après m'avoir vu observer-

-Qui sont-ils ?

-Ceux qui expient leur peine, si je puis dire. Les Criminels et les Illégaux n'entrant pas dans le cadre du projet Hunters et refusant de devenir Gardiens. Ils terminent tous ici. C'est une punition assez sévère, mais au moins, ils vivent et rendent service à notre pays tout entier.

-Ils travaillent ici ?

-Oui, certain sont chargés de surveiller les flux, d'autres d'alimenter les différents noyaux.

-Mais, d'où provient cette énergie ?

-De la combustion, je pense pouvoir te montrer un noyau, mais nous ne pourrons pas y rester très longtemps. »

Elle demande quelque chose à un de ses Gardiens, lequel part en premier, revenant quelques minutes après et faisant un signe de tête à Amadalia. Nous prenons congé de sa garde rapprochée et toutes deux retrouvons le long couloir bleuté. Un peu plus loin il semble qu'un homme se trouve devant un tunnel. Il ruissèle de sueur et son visage est à la fois rougi et noirci. Ses yeux semblent s'agrandir à la vue d'Amadalia.

« Je viens faire visiter la chambre 83 à Pandore Jones. Est-ce possible ? »

L'homme déglutit mais acquiesce alors qu'il me regarde avec la même angoisse. Il frotte ses cheveux gras et brûlés par endroits, avant de nous faire signe de descendre.

Plus l'on descend et plus il fait chaud. Mais bien plus chaud que dans le salon des scientifiques à l'Iceberg. Non c'est une chaleur atroce, bien plus forte encore que celle du soleil lorsqu'il tapait contre nos visages dans le Puit. Je sens mon visage picoter et pourtant nous ne sommes qu'à l'entrée de la chambre. Amadalia me fait passer la première et je me trouve face à un immense tour en acier d'où sortent des flammes toutes aussi gigantesques. La tour est reliée au plafond et de là s'échappent les filaments, lesquels remontent ensuite le tunnel et prennent le chemin que j'avais vu plus tôt.

C'est au tour de l'odeur d'être insupportable. L'odeur de brûlé, mélangé à la sueur et la crasse de ceux qui travaillent ici. Je remarque qu'il y a quelques femmes âgées en plus de trois hommes, dont un qui doit être à peine plus vieux que Joe. Tous s'arrêtent en nous voyant, gardant leurs pelles dans leurs mains gantées ou boursouflées quand elles ne sont pas protégées. Ils semblent mal à l'aise et me regardent de haut en bas. Je suis une Illégale, privilégiée, ils doivent me détester automatiquement.

« Pouvez-vous montrer rapidement à Pandore comment nous créons de l'énergie ? »

Une femme acquiesce, tandis que les autres se lancent des regards entre-eux. La vielle dame me passe devant, me poussant presque et d'un coup de pelle, elle pioche dans un tas indistinct sur le côté de la pièce. Son coup de pelle est vigoureux, robuste et son regard qui se pose sur moi me met vraiment mal à l'aise. Je lis en elle toute la tristesse du monde, mais aussi une sorte de colère et de froideur qui a pris place avec les années. Depuis combien de temps est elle ici ?

Comme Joe avec l'Iceberg, à force d'être coincés dans ces lieux lugubres, les gens finissent par ne devenir que méchanceté et amertume.

Elle approche sa pelle des flammes et vide le contenu à l'intérieur.

Aussitôt les flammes grossissent et des éclats brulants se projettent dans la pièce, notamment sur la femme, mais elle ne réagit pas tandis que moi je manque de tomber à la renverse en reculant vivement. Au dessus de nous les filaments s'éclairent tous d'un coup et les flux filent vers le tunnel avant d'y disparaitre.

« Voilà comment nous produisons l'énergie –Dit Amadalia, bien nous ne devrions pas rester ici trop longtemps, eux sont habitués à la chaleur, nous non et toi encore moins. »

Elle sourit encore et encore avant de me faire signe de passer devant elle. Avant de partir la femme se tourne vers moi, tenant fermement sa pelle dans la main et me lançant un regard de pitié. Son visage est brûlé à cause des projectiles, pourtant je ne crois pas que son regard soit en lien avec cette douleur-là. C'est comme si elle me demandait de la libérer de quelque chose. Ou alors c'est autre chose. Mais je n'ai pas le temps de la regarder plus et je remonte le tunnel encore brillant du dernier flux. En bas un Gardien beugle des ordres que je ne comprends pas avec les bouchons et il nous rejoint. Quelques secondes après, des flux encore plus intenses passent au dessus de nos têtes et j'imagine les nouvelles brulures sur la peau de la femme.

*

Je ne dis pas un mot dans le Sub lors du voyage retour. La chaleur semble mordre encore ma peau et j'ai hâte de pouvoir me passer de l'eau fraîche dessus. Alors c'est ça le Noyau, un endroit encore plus horrible que l'Iceberg où les conditions de vie ne sont pas humaines.

Je ne me sens pas bien, je crois que j'ai encore mon repas sur l'estomac et je suis ravie de voir que nous arrivons bientôt.

« Bien, j'espère te revoir demain Pandore, j'attendrais ta décision avec i...

-Ma décision est prise, je pars avec vous. »

Elle semble sous le choc un moment avant de sourire exagérément et de se lever pour m'étreindre.

« Je savais que tu ne me décevrais pas, nous partirons demain comme prévu. En attendant, ne dis à personne que tu pars.

-Pourquoi ?

-Qui sait ce que les gens peuvent faire quand ils deviennent jaloux –Elle me fait un clin d'œil- Bien je t'attendrais pour huit heures, pas besoin de prendre des affaires, tu en auras des neuves et propres à ton arrivée à la Rûche, j'y veillerais personnellement. Vraiment Pandore je suis ravie de ton choix, tu me fais honneur et tu fais honneur à ta famille, je saurais te récompenser pour ça. »

Je souris, à sa façon, avec un sourire faux. Elle pense m'avoir, mais j'entre dans son jeu pour me protéger le plus possible. J'ai un plan. Un plan pour ma famille et je veux avoir une chance de les revoir pour le leur dire. J'aurais besoin de leur aide.

Une fois le Sub arrêté, Amadalia me reconduit à l'entrée du couloir principal de l'Iceberg où quelqu'un m'attend.

« Un professeur va te raccompagner, maintenant tu dev... Toi ?! »

Je sursaute au même moment en découvrant Joe, fermement posté au milieu du couloir. Ses muscles semblant cacher toutes les issues possibles. Il ne me regarde pas, fixant Amadalia.

« On m'a demandé de venir la récupérer, aux dernières nouvelles je suis son professeur.

-Je n'avais pas demandé à ce que ce soit toi.

-J'étais le seul disponible, mais peut-être voulez vous qu'elle attende ici dans le froid que quelqu'un ait terminé de manger ou de travailler ? –Demande-t'il sur un ton de défi- Ce serait dommage que votre petite protégée attrape froid non ?

-N'oublies pas à qui tu as à faire –Lance Amadalia d'un ton glacial avant de me laisser- Bonne soirée Pandore, prends soin de toi. »

Puis elle s'en va, me laissant avec Joe dont le visage est toujours tourné vers Amadalia, un sourire mauvais aux lèvres. A quoi est-ce qu'il joue ? Est-ce qu'il sait ce qu'il va lui arriver ?

Au pire, ce n'est pas mon problème.

J'avance sans même l'attendre, lorsque sa main s'enroule de manière brutale autour de mon bras.

« Ne va pas trop vite.

-Ce n'est pas de ma faute si tu es trop lent.

-Alors, cette petite virée en amoureuses avec la Gouvernante ?

-Quoi tu es jaloux ? Tu voulais te la faire elle aussi ? –Dis-je avec un sourire amer-

-Ferme-la Pandore –Il soupire- Tu n'es même pas drôle.

-Pourquoi tu es venu me chercher ?

-Tray aurait dû venir mais il a eu un empêchement, il me demande donc de te dire que tu auras une punition avec lui demain matin.

-Il peut toujours compter là-dessus –Dis-je avec un sourire satisfait-

-Pourquoi ?

-Pour rien.

-Pourquoi ! –Cette fois-ci il s'arrête et me plaque presque contre le mur- Qu'est-ce que tu as encore fait ?

-Lache-moi Joe ou j'en parlerai à Amadalia demain.

-Tu lui en parleras demain ? Oh je vois. Alors tu es vraiment plus idiote que je ne le pensais. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top