14 ~ Punitions and haircut /!\*
{ /!\* : NDA : Ce chapitre peut contenir quelques courts passages durs psychologiquement et violents }
La salle d'Armes est tout aussi spacieuse que celle de Sport, à la différence que celle-ci est truffée de cibles, de mannequins et d'armes accrochées aux murs en métal, comme des trophées. Il y a de tout, des épées, des couteaux, mais aussi des filets, des lances, des harpons, des arcs, des armes à feu et des haches, rendant l'atmosphère bien moins agréable que dans la salle de Sport.
« -J'imagine que tu es effrayée –Dit Tray dans mon dos- Toutes les filles réagissent comme ça.
- Quelle est la punition ? –Je demande sans prêter attention à sa remarque-
-Tu vas copier des lignes –Dit-il en se posant sur son bureau-
-Tu te fiches de moi ?
-A ton avis ? –Il sourit en coin et regarde le mur truffé d'armes- Je veux que tu choisisses deux armes et vite, une simple et une dangereuse. »
Par définition, une arme est forcément dangereuse, mais je ne dis rien et vais me placer face au mur, détaillant chaque arme avec une boule au ventre. Que va-t'il me demander de faire avec ? Je prends les couteaux, considérés par Tray comme une arme simple avant de m'arrêter devant un petit objet oval, à peine plus petit que ma main.
«- Qu'est-ce que c'est ?
-C'est une grenade qui remonte aux Anciens Hommes, tu tires sur cette petite tige et ensuite tu la lances sur ton adversaire, à moins que tu ne veuilles exploser avec. C'est efficace, mais bien moins que leurs dernières armes chimiques.
-Est-ce que tu en as ? –Je demande, légèrement terrifiée-
-Malheureusement non, elles ont été interdites après la dernière Guerre et seules les bonnes vieilles armes ont été descendues sous l'eau –Dit-il dans un soupir- En cas de nouveau conflit, les premières générations de l'AGFA pensaient qu'au moins nous ne risquerions pas de nous contaminer à nouveau, mais qu'à l'inverse, une bonne boucherie et un bain de sang ne semblaient pas poser problèmes. Si tu avais assisté à mes cours, tu saurais ce que sont ces armes chimiques et en quoi elles sont dix fois plus puissantes et radicales que ces jouets. »
Il appelle ça des jouets ? Je n'avais encore jamais vu autant d'armes d'aussi près et encore moins des vraies. En dehors des Gardiens, personne au Nouveau Canada n'avait le droit d'en posséder une et le Harpon de fortune que je m'étais confectionné aurait pu signer mon arrêt de mort. Je me souviens d'un cours d'Histoire Ancienne quand j'étais au Secondaire, cela parlait des nombreuses Guerres que les Anciens Hommes avaient faites, depuis la création du Monde et comment ils s'étaient battus. Nous avions vu des images d'armes rouillées, des restes presque fossilisés qui avaient été retrouvés dans les roches profondes stagnant encore près du Nouveau Canada. Voilà ce qu'il restait des anciennes civilisations, des morceaux de fer et d'acier indestructible, témoignant de la barbarie.
Maintenant que je suis devant ce mur rempli d'Histoire, certes terrible, un flot de questions me vient en tête, mais Tray ne semble pas disposé à me répondre, il attend dans mon dos que je choisisse une dernière arme, dangereuse cette fois-ci et je préfère garder mes questionnements pour plus tard, attrapant finalement un harpon.
«- Est-ce qu'au moins tu sais t'en servir ? »
Il se met à ricaner froidement dans mon dos tandis que je tourne le harpon dans ma main. Si le mien était relié à une lance, celui-ci est relié à une arme à feu et après l'avoir examiné, je remarque qu'il est déjà chargé. Je me tourne face à une cible, m'avance de quelques mètres sous le regard surpris de Tray et sans hésiter j'enclenche le mécanisme. Après un bruit sourd, la pointe part la première, telle une énorme et longue flèche de métal reliée à une corde en acier et une fois la cible traversée avec fracas, la pointe s'ouvre, libérant des crochets qui se plantent dans le bois. Un petit bouton sur le côté de l'arme permet ensuite d'enrouler à nouveau la corde d'acier, ramenant le harpon jusqu'à moi ainsi que la cible accrochée, puis la pointe redevient normale, s'extirpe par le trou comme elle y est entrée et la cible tombe à mes pieds. Normalement c'était utilisé pour pêcher ou pour chasser les monstres marins rôdant autour du Nouveau Canada, mais la cible n'avait pas la forme d'un poisson, mais d'un humain avec un trou béant dans l'estomac. Je lance un regard à Tray, lequel ne peut cacher une lueur entre l'effroi et l'excitation dans ses yeux.
« -Je pense que je sais m'en servir –Dis-je d'une voix pâteuse-
-Tu sembles avoir des talents cachés –Répond enfin Tray- Bien, je pense que l'on peut commencer la punition. »
Il regarde sa montre, mais au lieu de venir vers moi, il part jusqu'à la porte de la salle qu'il ouvre. Il ne sort pas, il fait juste entrer quelqu'un, une fille aux cheveux d'un brun crasseux et dont le poignet gras est confiné par un bracelet rouge. C'est la Criminelle de la dernière fois, celle qui a frappé la Native et à cause de qui je me suis retrouvée en punition. Elle me regarde avec un sourire en coin tandis que je détourne le regard pour préparer mes couteaux.
«- Je ne savais pas qu'il s'agissait d'une punition collective –Dis-je à Tray qui revient à ma hauteur une fois la porte fermée à clé-
-Cassidy n'est pas punie, elle s'est seulement portée volontaire quand je lui ai parlé de ta punition. »
Je regarde la brune se diriger vers le mur d'armes, sachant déjà ce qu'elle doit faire. Elle attrape un arc, quelques flèches et alors que je regarde quelle arme simple elle va choisir, elle prend une hache. Mes yeux s'écarquillent et je n'ai pas besoin d'ouvrir la bouche pour me plaindre auprès de Tray car ce dernier observait déjà ma réaction.
« - L'arc est une arme simple, car c'est facile de bien viser. »
Si le début de la punition me semblait étrange, maintenant je la trouve encore pire. Nous sommes deux, avec des armes et le sourire de Tray ne lui vient sûrement pas à la pensé d'une flèche encochée dans une cible en bois ou dans un mannequin. Je mords l'intérieur de ma joue et prends mes distances, faisant comme si j'allais m'entraîner dans mon coin.
« -Où vas-tu Pandore ? Je n'ai pas fait venir Cassidy pour que tu puisses t'amuser seule dans ton coin. As-tu déjà oublié qu'il s'agissait d'une punition ? »
C'est bien ce que je craignais. Je serre les couteaux dans ma main et reviens à hauteur de Cassidy, laquelle me dépasse d'une tête au moins. Elle me regarde de haut, un sourire amusé toujours scotché aux lèvres avant qu'elle ne regarde Tray, les yeux brillants. Est-ce que par hasard elle ne se serait pas plutôt portée volontaire pour plaire à Tray ?
« - Pour commencer, je veux que vous preniez votre arme simple. Pandore tu gardes six couteaux, Cassidy tu gardes trois flèches. Visez les cibles du fond mais surtout visez bien, car une cible manquée vous fera perdre un point. »
Je peux donc marquer six points et elle trois, du moins c'était ce que je me disais pour me rassurer, jusqu'à ce que Tray ne me montre ma place. Je suis au fond de la salle, à au moins dix mètres des cibles, tandis que Cassidy n'est qu'à six mètres. Vu comme ça, mon avantage devient vite un désavantage car j'ai trois chances de plus de perdre des points.
Je m'apprête à lancer un couteau lorsque la brune bande son arc. Je la regarde faire, observant la flèche qui fuse jusqu'à une cible. Elle ne s'est pas logée au centre, mais au moins elle s'y est logée et quand je lance mon couteau, je sens que je n'y ai pas mis assez de force. Il touche la cible, mais avec le peu de puissance mis dans le tir, il ne fait que rebondir dessus et tombe au sol dans un écho métallique. Les deux Criminels se mettent à ricaner tandis que j'en lance un second, beaucoup plus fort cette fois-ci.
Mais la colère et la force incontrôlée modifient mon lancer, le couteau siffle dans l'air et frôle une cible, ricochant contre le mur et atterrissant presque sur le pied de Cassidy, laquelle cesse de rigoler. Elle me lance un regard noir, teinté d'une légère angoisse et décoche une seconde flèche, laquelle se brise en deux contre le mur en métal derrière une cible, y laissant une simple marque blanche. Il ne lui reste qu'une flèche, autrement dit soit elle n'aura qu'un point, soit elle en aura deux, tandis que moi j'en suis arrivé à un score négatif. Je me concentre à nouveau sur une cible, me positionnant de manière plus stable et faisant le vide dans ma tête alors que je tends mon bras et lance le couteau.
Il se plante dans le bois de la cible, légèrement en décalé, mais Tray hoche la tête, signe que je marque mon premier point.
Je rate mon quatrième tir, la boule au ventre et réussi quand même à marquer pour mon cinquième tir. Il me reste un couteau et il reste une flèche à Cassidy. Si elle rate son coup, elle finira avec -1 et si je réussi mon dernier lancer, je terminerais avec 0, devant elle. Je ferme les yeux, respire un bon coup et fixe la cible un long moment avant de tirer, poussant un cri. Le couteau se loge au centre de la cible, arrachant presque le bois et je me redresse, un sourire aux lèvres.
Je me tourne vers Cassidy, attendant de la voir tirer son dernier coup, mais cette dernière a déjà baissé son arc et il ne lui reste plus aucune flèche. Elle sourit et sans comprendre je jette un coup d'œil aux cibles, découvrant une deuxième flèche logée dans l'une d'elles. J'ai 0 et elle a 1.
« -Bravo –Dis-je la gorge serrée-
-Oui Bravo –Dit Tray à Cassidy, ce dernier s'en revenant du mur d'armes- Va récupérer tes flèches, tu en auras besoin pour la suite. Pandore, viens me voir. »
Je reste figée un instant, les sourcils froncés, puis je le rejoins sur la défensive. Il enroule son bras autour de mes épaules, m'amenant vers les cibles où se trouvent mes couteaux et de son autre main, il sort une corde de derrière son dos. Aussitôt je lui donne un coup de coude dans les côtes, suffisamment fort pour que je puisse m'écarter de lui, le souffle court. Mais à peine me suis-je éloignée que des bras grassouillets entourent ma taille et la serrent avec force, chassant le peu d'air restant de mes poumons. Tray se redresse et vient jusqu'à moi d'un pas furieux, d'un geste il enroule la corde autour de ma gorge et se met à serrer.
« -Je te conseille de rester tranquille d'accord ? Sinon je te jure que je vais finir par te tuer. »
La corde est si serrée que ma gorge me brûle. Je ne peux faire qu'un simple oui de la tête et aussitôt Cassidy me lâche. Tray retire la corde de mon cou et m'attire sans aucune douceur jusqu'à une large cible où il m'attache, par les poignets et les chevilles. La corde est si serrée que mes mains et mes pieds sont vite engourdis, le temps que Tray retourne auprès de Cassidy, laquelle a récupéré son arc et ses trois flèches.
Je suis devenu une cible.
« - Tu as trois coups –Dit-il à la brune sans même me regarder- Fais ce que tu veux d'elle. »
Puis il va s'asseoir sur son bureau, massant sa côte que j'avais frappé et me regardant enfin, s'attendant sûrement à me voir pleurer. Mais je ne pleure pas, j'ai simplement peur de ce que Cassidy va me faire. Elle ne peut pas me tuer, c'est interdit et si elle le fait non seulement elle, mais également Tray, seraient exécutés pour ça et ce n'est pas un risque qu'ils seraient prêts à prendre.
J'ai simplement peur de ce sourire qu'elle me fait, de cette lueur dans les yeux qui fait d'elle une Criminelle, bien plus encore que son bracelet rouge. Elle se positionne à six mètres de moi, bande son arc et je m'arrête de respirer, le cœur battant.
Elle décoche la première flèche, je n'ai même pas le temps de l'entendre siffler dans l'air qu'un crac sonore fait vibrer mon tympan gauche. Fébrile, mes yeux papillonnent et je ressens ensuite comme des chatouilles sur mon bras. Je baisse les yeux, remarquant de longues mèches de cheveux roux tomber lentement au sol. Pas besoin de tourner la tête, car du coin de l'œil je peux voir la queue de la flèche, plantée dans mes cheveux à quelques centimètres de mon oreille.
Je déglutis, expulsant un soupir angoissé semblable à une boule qui compressait ma gorge et sans attendre, Cassidy tire une deuxième flèche. Elle se loge juste en dessous de mon intimité, déchirant le tissu de ma combinaison. J'ignore si elle sait viser ou si c'est un hasard, mais elle ne semble pas déçue du résultat alors que Tray retrouve son sourire malsain.
« - N'abime pas cette partie-là Cass, ça peut toujours servir. »
Tous deux se mettent à rire alors que je reste droite contre la cible, les dents serrées et les joues rouges en sentant le tissu entre mes jambes se craquer. J'ignore si la flèche a également transpercé mon sous-vêtement mais je n'ai pas le temps de m'en préoccuper qu'une douleur vive me prend. La dernière flèche vient de se planter plus bas, rasant mon mollet de trop près au point d'arracher un peu de ma combinaison et de ma peau avec. Tray applaudit et vient me détacher, me laissant éponger mon mollet avec le tissu de ma manche alors que le sol est déjà taché de sang. Je me redresse, tourne un peu la tête et vais plaquer ma jambe contre un des murs couvert de givre, le froid atténuant la douleur.
« -Beau travail –Dit Tray dans mon dos- Tu reviendras demain pour la dernière partie de cette punition, même heure qu'aujourd'hui. Va manger un bout.
-Merci ! »
Cassidy pose l'arc à terre et s'en va d'un air réjouit, un dernier sourire amusé dans ma direction alors qu'elle disparait hors de la salle. Tray quant à lui part retirer les flèches, ramassant quelque chose au sol qu'il lance dans ma direction. Ce sont mes cheveux.
Instinctivement je passe ma main à l'endroit où la flèche s'était logée et je ne peux que retenir un sanglot en sentant un important trou de cheveux juste au-dessus de mon oreille. J'aurais dû les attacher...
«- Si jamais tu vas à l'infirmerie et que tu te plains de mes traitements ou même que tu parles de cette punition, je t'assure que tu le regretteras et que ton amie Minna paiera pour ça.
-Q...Quoi ?
-J'ai bien remarqué qu'elle aussi était souvent absente à mes cours et bizarrement toujours malade à l'infirmerie. J'imagine qu'un petit cours particulier ne lui fera pas plaisir, surtout si c'est de ta faute. »
Je ne peux donc rien dire et en sortant de la salle, je préfère aller directement me coucher plutôt que d'aller à l'infirmerie. Je passe par la salle de bain, seule et je nettoie la plaie à l'eau claire, sans aucun désinfectant ou pansement pour ensuite éviter une infection. Je noue donc une chaussette propre autour de mon mollet, évitant d'appuyer trop fort pour que le sang puisse passer malgré tout et je me couche, l'estomac vide et une main passant nerveusement dans mes cheveux sectionnés. Vivement que le projet Hunters ici soit terminé.
*
La douleur dans mon mollet m'a fait passer une très mauvaise nuit et c'est avec des cernes marqués que je me rends au réfectoire pour prendre mon petit déjeuner le lendemain matin. La plaie ne saigne plus, mais j'ai dû retirer ma chaussette pour ne pas éveiller des soupçons et maintenant le tissu de ma combinaison frotte contre et ravive la douleur. Je dois rester impassible, mais s'il est facile de cacher la douleur, il est plus difficile de cacher le trou dans mes cheveux. Ils ont beau être attachés, certains sont si courts qu'ils tombent de manière désordonnée au-dessus de mon oreille.
Aujourd'hui aurait dû être une bonne journée, ma journée, mais je ne sens même pas une pointe d'euphorie en moi car au final personne ne sait quel jour nous sommes et même s'ils le savaient, ici il n'y a personne qui sache réellement ce qu'est ce jour. Dire que Victoria avait eu le droit à une fête et une bourse pour ses dix-huit ans, moi je n'ai que deux tartines de pain, une petite confiture et de l'eau tiède dans laquelle infuse une rondelle de citron. Voilà qui marque le coup dans un sens, atteindre sa majorité à l'Iceberg, c'était inattendu.
Vénus et Minna me racontent le repas d'hier soir, apparemment Joe me cherchait mais elles pensaient toutes les deux que j'étais partie me coucher alors il n'a pas voulu venir me déranger et je me demande bien pourquoi il me cherchait. Est-ce qu'il s'inquiétait ou bien voulait-il me parler de quelque chose ? Quand il entre dans le réfectoire, je ne peux même pas l'approcher, car il est avec Tray et je préfère me tenir loin de lui avant la dernière partie de ma punition. Je ne sais pas ce qu'ils se disent, mais Joe a l'air encore une fois de prendre sur lui tandis que Tray sourit de toutes ses dents, la mine satisfaite. Voilà une vision qui ne me réjouit pas d'avantage et quand je quitte le réfectoire, tous deux me fixe un moment avant de commencer à manger.
Ce matin je ne commence que plus tard les cours, je reste donc dans mon lit après avoir pris ma douche, préférant rester seule que d'attendre en compagnie de quelqu'un. Je joue avec mes draps, mon regard fixant le plafond gelé alors que mes pensées s'évadent et me ramènent en arrière, au Terrier, soufflant mes bougies auprès de Cécile, ma mère et ma sœur le soir après l'école. Parfois Michael venait pour le dessert et si je remonte plus loin encore, Luke venait aussi et nous nous amusions à souffler mes bougies ensemble, leurs anniversaires étant proches du mien. Comme je regrette de ne pas avoir assez profité de ces moments.
«- Pandore tu es là ? »
Je sursaute dans mon lit et me redresse, trouvant la Native au bas de mon escalier, ses cheveux bruns et bleus coiffés en nattes serrées. Comment sait-elle que je suis ici ? Je me reprends, frotte mon visage sur lequel avait commencé à couler une larme et racle ma gorge.
« -Tu n'es pas en cours ? –Je demande-
-Non, je n'ai cours qu'en début d'après-midi –Dit-elle sans s'attarder sur mon état visiblement mauvais- Tu veux bien m'apprendre la lutte ? »
C'est vrai que je le lui avais promis et son regard presque dur me montre que même si je suis fatiguée ou triste, ce ne sera jamais une bonne excuse pour refuser. Je m'extirpe donc de mon lit et enfile mes chaussures, attrapant ma tenue de sport alors qu'elle range la sienne dans son sac. En sortant nous croisons Cassidy et cette dernière crache sur notre passage, un rire gras raisonnant ensuite alors que je l'ignore et que la Native nous conduit devant la salle de Sport. Et dire que je vais revoir cette fille ce soir, avec Tray.
«- Tu es sûre qu'il n'y a pas cours ? –Je demande soudain en fixant la porte-
-Joe est encore en train de déjeuner, ou du moins il parle avec Tray et ne semble pas prêt de venir –Elle me montre une clé- Il a bien voulu me laisser la salle pour m'entraîner avec toi. On y va ? »
J'acquiesce et la laisse déverrouiller la salle après quoi nous partons enfiler nos tenues de sport. Quand nous revenons, nous avons la salle pour nous toutes seules et je lui apprends les bases de la lutte, ou du moins ce que je pense avoir acquis. Ce n'est pas vraiment mon domaine, à bien y réfléchir je pense que finalement je me débrouille mieux avec les armes et cette pensé me dégoute. Je fais de mon mieux, lui montre quelques prises et la bat à chaque fois jusqu'à ce qu'elle ne s'assoit par terre, les bras entourant ses genoux.
«- Ca ne va pas ? –Je demande-
-Si je n'arrive pas à la lutte alors je ne serai jamais une Hunter.
-Je suis sûre que le Hunternumb ne repose pas que sur ça, tu es douée dans les matières théoriques et il y aura aussi l'épreuve commune. Si le sport, ou du moins la lutte, était si important, Joe nous aurait préparés bien plus tôt et pourtant il semble confiant, ce qui veut dire qu'un Hunter ce n'est pas qu'une brute épaisse qui sache se battre, c'est aussi quelqu'un d'intelligent, de rusé et de prêt à travailler en équipe.
-Est-ce que ton Hunternumb est élevé ? –Elle demande d'une petite voix-
-Tu sais que je ne peux pas te répondre.
-Je le sais bien –Elle soupire- Mais j'ai seulement peur de rester ici finalement.
-Pourtant, tu as grandi à l'Iceberg non ?
-Oui, mais je crois que tout sera différent une fois que les Hunters seront partis et le fait d'être Natifs ne veut pas dire que nous serons privilégiés, nous finirons Gardiens comme les autres. Après tout, nous sommes des Illégaux nous aussi et nos vies appartiennent à l'AGFA. »
C'est vrai qu'ils ne sont pas favorisés ou chouchoutés par l'AGFA. Ce sont seulement des enfants Illégaux, enlevés trop jeunes à leurs parents et qui ont été élevés en secret. Je pense que ce sont eux qui font les meilleurs Gardiens, du moins ceux proches de l'AGFA, ils étaient trop jeunes pour comprendre, pour ressentir de la haine et ils deviennent ainsi des armes sans rechigner.
«- Ta vie t'appartient –Dis-je après un long silence- Et si tu ne baisses pas les bras, tu deviendras une Hunter et tu prouveras que tu as le droit de choisir ce que toi tu veux faire.
-Tu le penses vraiment ? -Elle demande alors que je m'assois à côté d'elle-
-Oui, toi comme moi avons une chance de prouver que nous sommes bien plus que des Illégaux, nous serions les premiers à retourner sur Terre, ce n'est pas rien.
-C'est vrai –Dit-elle en souriant enfin- Bon, on reprend ? »
Elle se lève et je l'imite, reprenant notre lutte et parlant de techniques à adopter, ce qui devient vite un cours de stratégie plutôt que de défense. Elle semble se dérider et je vois dans ses yeux une nouvelle lueur, celle de l'espoir et je la sens plus déterminée, ses coups devenant plus sûrs et son attitude plus attentive. Puis la porte s'ouvre, nous faisant sursauter toutes les deux.
«- Vous êtes encore là ? –Demande Joe qui tente de sourire-
-Je me perfectionne –Dit la Native- Veux-tu nous aider ?
-Tu as l'air de déjà bien te débrouiller avec Pandore et je vais bientôt prendre mon cours suivant. Une prochaine fois peut-être ?
-Il n'y aura pas de prochaine fois –Dit-elle les sourcils froncés- J'ai entendu Mélawi ce matin qui parlait avec Reni, les Gouvernants de l'AGFA vont venir faire une annonce personnellement ce soir. Tout va s'accélérer, n'est-ce pas ? »
Joe ne dit rien alors que je tourne la tête vers lui, surprise. Il met un moment avant d'ouvrir la bouche, la fermant soudain pour seulement acquiescer. Que vient annoncer l'AGFA ? Il ferme la porte et vient vers nous, acceptant finalement de faire un peu de lutte avec la petite qui ne semble pas si inquiète d'avoir appris que l'AGFA allait venir. Ce serait bien leur première apparition à l'Iceberg, surtout depuis qu'ils ont raflés tous les Illégaux et qu'ils les ont balancés ici, après un beau mensonge.
«- Tu as besoin de t'entraîner toi aussi ? –Me demande Joe, maintenant la Native au sol avec un pied-
-Si c'est pour finir comme ça, non merci. »
Il sourit en coin, retire son pied et finalement fond sur moi pour me mettre à terre. Je le retiens en plaçant mon bras contre sa gorge, y exerçant une pression qui lui coupe la respiration un moment. Il recule, amusé, bien qu'il peine à reprendre son souffle et il revient lutter contre moi alors que la Native s'écarte et nous observe avec attention. Elle regarde nos jeux de jambes, la position de nos bras et l'importance de la réactivité en sachant que quelques secondes d'inattention peuvent être fatales. C'est ce qui m'arrive, lorsque Joe donne malencontreusement un coup dans mon mollet. Je perds le rythme, juste le temps de jurer et de redresser la jambe par réflexe et me voilà par terre, l'avant-bras musclé de Joe contre la gorge.
«- Tu as fait des progrès –Dit-il en me relevant-
-Pourquoi l'AGFA va venir ? –Je demande alors qu'il lève les yeux au ciel-
-Tu aurais dû te taire petite –Il lance à la Native- Je n'en sais pas plus que toi Pandore.
-Bien-sûr que si, je n'étais déjà pas au courant qu'ils venaient. C'est pour parler du projet ?
-Effectivement –Dit-il en perdant son sourire- Nous avons des raisons de croire que le nombre d'Hunters sera annoncé, qu'ils apporteront les tenues, les armes et qu'ils parleront des épreuves à venir.
-Est-ce que tu en sais plus à propos de leur nouvelle armée ?
-Non et je dis la vérité, si je venais à apprendre quelque chose à ce sujet tu serais la première informée, mais j'ignore encore quel est le but de cette armée. Les communications avec le Nouveau-Canada deviennent compliquées, l'énergie venant du Noyau semble avoir été dirigée ailleurs et j'imagine que ça n'est pas sans lien avec le projet Hunters. Je pense que nous allons être coupés du Nouveau-Canada et ce jusqu'au lancement du projet et les Gouverneurs doivent certainement venir pour annoncer les procédures des jours qui suivront, aussi bien à vous qu'aux professeurs et aux scientifiques.
-Combien y a-t'il d'enfants préparés au projet ici ? Tu n'as jamais vraiment répondu à cette question.
-Il y a environ une soixantaine de Natifs, une trentaine de Criminels et plus d'une centaine d'Illégaux compris dans les âges du projet et je ne pense pas qu'il y aura suffisamment de places pour tout le monde. Continuez à vous entraîner toutes les deux, utilisez le matériel et faites tout pour être sélectionnées. »
La Native et moi hochons la tête avant de partir nous changer au vestiaire où nous restons silencieuses. Il y a effectivement beaucoup de monde ici et nous ignorons encore les critères de sélection. Comment est mesuré le Hunternumb au juste ? Cela pourrait grandement nous aider pour nous perfectionner, mais même Joe l'ignore et tout ce qu'il nous reste à faire, c'est d'attendre la visite des Gouverneurs.
En sortant du cours, Joe me retient pour me dire quelque chose. J'en arrive à me demander s'il ne se souviendrait pas de mon anniversaire, mais il me demande simplement d'arriver à l'heure au diner ce soir, car aucun retard ne sera toléré par l'AGFA et ce sera directement le peine capitale.
J'aurais préféré qu'il me souhaite mon anniversaire.
Je le remercie pour ce charmant conseil avant de quitter sa salle. Peut-être qu'avec un peu de chance, la venue des Gouverneurs annulera ma punition avec Tray ? Ce dernier traverse d'ailleurs le couloir et je me résous à le rejoindre, le retenant par le bras étant donné qu'il ne me prête aucune attention.
«- Est-ce que la punition de ce soir tient toujours ? –Je demande dans un murmure-
-Pourquoi ne tiendrait-elle pas ?
-Je sais que l'AGFA vient et qu'il faut être présent.
-Dommage et moi qui pensais que tu ignorais ce détail, j'aurais apprécié de te savoir devant ma porte à attendre et être ensuite arrêtée pour manquement à un devoir.
-Dommage en effet –Dis-je tremblante- Mais je veux sav...
-Oui la punition tient toujours, mais elle sera avancée à l'après-midi. J'ai vu que tu n'avais pas cours.
-J'avais quelque chose de prévu ! –Dis-je sur les nerfs-
-Plus maintenant. Si je ne te vois pas à la punition, tu sais ce qui risque de t'arriver ou d'arriver à tes amis –Dit-il en fixant la Native qui m'attend un peu plus loin- Si j'étais toi, j'obéirais à un professeur, surtout quelques jours avant les examens.
-Tu n'as rien d'un professeur. »
Je le regarde de haut en bas avec dégout et à ce moment Joe ouvre sa porte, me trouvant face à Tray, pour ne pas dire presque collée à lui. J'ai lâché son bras heureusement, mais le rougeâtre semble surpris.
«- Regarde-le qui scrute sa proie –Dit Tray- Est-ce qu'il t'a fait des avances ?
-De quoi est-ce que tu parles ?
-Tu le sais bien, tu es puissante, peut-être même plus que lui et sa position est encore une fois mise en danger.
-Elle ne l'est pas, même si je suis devant lui il sera forcément inclus comme Hunter.
-Figure-toi que non, j'ai appris quelque chose de très intéressant aujourd'hui à ce sujet et je compte bien tirer quelques réponses des Gouverneurs. Je te dis à cet après-midi. »
Puis il s'en va, pinçant ma joue alors que je ne réagis pas. Je tremble seulement et quand je me tourne vers Joe, il ne me regarde plus et ferme sa porte. C'est une journée catastrophique et le comble c'est que je dois aller annuler mon rendez-vous avec Bianka, tout ça parce que Tray a décalé sa punition. J'ignore combien de temps elle durera, alors je vais directement au salon avec la Native, trouvant Rafael occupé à discuter avec Calum et Adrian. Les deux premiers me saluent chaleureusement, pas le dernier et je mentirais si je disais ne pas être déçue quand Rafael se tourne de nouveau vers les jumeaux. Il ne m'a pas souhaité mon anniversaire alors que je le lui avais dit hier.
Je me trouve bien égoïste aujourd'hui.
Quand je trouve Bianka, cette dernière semble excitée à l'idée de faire ma couleur, mais en voyant mes mèches sectionnées elle s'arrête un instant.
«- Mais... Qu'as-tu fait à tes cheveux ?! –Scande-t'elle alors que tous les regards se tournent vers moi-
-Oh rien je... J'ai juste voulu tester quelque chose et j'ai raté.
-Tu aurais dû venir me voir voyons ! –Dit-elle vexée- Bon, ne bouge pas, je vais chercher mon carnet de croquis et te redessiner une coupe, comme ça tout à l'heure quand tu viendras pour ta couleur, je rattraperai ça, ok ?
-A ce propos, je suis ici pour... annuler mon rendez-vous –Dis-je mal à l'aise alors qu'elle semble encore une fois vexée-
-Tu n'as pas confiance en moi ?
-Ce n'est pas ça, c'est juste que j'ai... Un empêchement. Tu penses que tu pourras me faire ça demain ?
-Peut-être, ça dépendra de ce que dira l'AGFA ce soir mais crois-moi, mieux vaut que tu passes tes dernières heures d'amusement au salon cet après-midi avant les jours qui arrivent.
-Je passerai peut-être si j'ai le temps.
-Qu'est-ce que tu as, tu as cours ? Je croyais que tu avais ton après-midi de libre ? –Elle fronce les sourcils- Rafael m'a pourtant bien dit que t...
-Elle m'entraîne pour le sport –Nous coupe la Native- Je le lui ai demandé car j'estime que se qualifier pour le projet Hunters est plus important à l'heure actuelle que de se teindre les cheveux et j'ai besoin de son aide.
-Joe ne peut pas t'aider ? –Lance Bianka les bras croisés-
-Il est trop vieux et puis c'est un garçon, il me gêne. J'ai plus confiance en Pandore. Mais je te la rendrais quand nous aurons terminé le sport, c'est promis. »
Elle réfléchit un instant avant de capituler, repartant en bougonnant dans l'arrière-salle de son salon où sont entreposés les carnets de croquis et les couleurs. La Native ne dit rien, elle me lance seulement un regard en biais et j'imagine qu'elle attend que je la remercie, elle m'a donné un alibi alors qu'en vérité je serai en punition avec Tray et Cassidy. Mais la remercier signifierait peut-être de devoir la mettre au courant et si Tray l'apprenait, je ne pourrais que redouter le pire pour mes amis. Je lui fais donc un simple signe de tête avant de regarder mon écran sur lequel brille la mention « Cours Stratégie ».
«- Pandore nous allons au même cours ? –Demande Calum, derrière qui se tient son jumeau, dont les cheveux sont encore plus roses qu'avant- Stratégie ? »
J'acquiesce et laisse la Native derrière moi, rejoignant les jumeaux Hood jusqu'au cours de Mélawi, lequel est un peu particulier. Ce n'est pas de la stratégie à proprement parler, c'est plutôt un cours théorique sur les différents moyens de transports existant sur Terre, en commun avec le cours d'Histoire Ancienne. Ici nous ne nous déplaçons qu'avec des Subs, mais sur Terre, il sera impossible de les utiliser et pour se déplacer à une plus grande vitesse il faudra se résoudre à d'autres moyens que la course à pieds. Nous voyons les différents transports créés par les Anciens Hommes, à travers l'Histoire, les voyant évoluer et révolutionner le monde. Le train permet de se déplacer sur Terre, les derniers créés étant capable d'aller à plus de 400 kilomètres à l'heure, propulsés par des impulsions magnétiques, tandis que pour se déplacer dans les airs, des avions croisés de fusées avaient été inventés juste avant la Guerre Chimique, destinés à envoyer les passagers d'un continent à l'autre mais également dans l'Espace. Mais ce projet n'a jamais abouti et c'est justement cette histoire de conquête spatiale qui a remis un conflit au goût du jour, motivant les pays à se déchirer entre eux, destinés à montrer leur suprématie. Aujourd'hui il ne reste que des carcasses de ces avions-fusées, mais quelques avions simples pourraient encore être en mesure de circuler, à condition bien-sûr de trouver le bon carburant.
Le train, l'avion, le bateau, les voitures... Tout ça me semble sorti d'une comptine, d'un rêve inimaginable et pourtant c'est une réalité. J'imagine la sensation de vitesse, les tourbillons dans le ventre, le vent dans les cheveux et sur le visage. La sensation de voler, comme ces oiseaux, dans le ciel, bien loin de l'eau noire dans laquelle nous sommes confinés. Ça semble si merveilleux.
Mais les Hunters ne se serviront de ces moyens de transport que pour coloniser les Terres en friche plus rapidement, car à pieds ils risqueraient de mettre une année entière à nettoyer la surface et l'AGFA ne semble pas vouloir attendre. C'est une mission qui doit être rapide, comme si le temps était compté et cela peut justifier le fait qu'ils ne recruteront que les meilleurs.
*
A midi je suis invité à la table des jumeaux Hood et bien qu'Adrian ne m'apprécie pas, il me tolère et m'écoute alors que je parle stratégie avec son frère.
« -Où serait le point d'arrivée des Hunters à votre avis ? –Je demande alors que Calum sort un livre de Géographie ancienne, pointant l'Amérique du Nord de son doigt- L'AGFA ne peut pas nous envoyer n'importe-où.
-De ce qu'on sait, toute la partie Ouest de l'Amérique du Nord n'existe plus, le Canada ne se résume plus qu'à ce qu'ils appelaient le Quebec et l'Ontario et ne reste que les côtes Nord-Est et Sud-Est des Etats-Unis, s'étalant vers le centre sous forme de ruines et de morceaux de terrains instables à cause des bombardements à répétition.
-Le Nouveau-Canada se trouve tout au fond de la Baie d'Hudson c'est bien ça ? –Je demande en regardant la carte- Tandis que l'Iceberg et le Noyau se trouvent bien plus au Nord, parmi les territoires glacés. Si nous partons depuis l'Iceberg alors nous n...
-L'AGFA ne peut pas nous envoyer sur les terrains glacés, ce serait de la folie et on perdrait un temps fou avant de réussir à rejoindre les terres –S'ajoute Adrian- Sans compter que Mélawi a dit que peu de transports avaient réussi à tenir dans ces zones-là l'hiver. Donc si on nous y envoi, on crèvera tous c'est certain et ce n'est pas forcément ce qu'ils veulent.
-Mais un voyage en Sub d'ici jusqu'aux terres surplombant le Nouveau Canada prendrait un temps et une énergie considérable !
-Ils veulent nous envoyer sur Terre, non ? Alors ils n'ont qu'à y mettre les moyens –Répond Adrian d'un ton catégorique- Ils peuvent bien réduire le courant et l'oxygène au Nouveau Canada le temps que les Hunters atteignent la surface. Ou même produire plus d'énergie !
-Tu pourras leur soumettre l'idée ce soir –Dis-je avec un sourire malicieux, regardant à nouveau la carte- Et si jamais le projet marchait, toutes ces terres nous appartiendraient ? Du Nord du Canada au Sud-Est des Etats-Unis ? Ca semble si grand et nous ne sommes finalement pas aussi nombreux que les Anciens Hommes qui occupaient ces places.
-Qu'est-ce que tu sous-entends ?
-Que peut-être nous ne pourrions récupérer que quelques parcelles de terre et laisser la nature reprendre le reste une fois redevenue saine.
-Toi aussi tu pourras soumettre cette idée ce soir –Sourit Adrian- Mais ne t'étonne pas si tu finis exécutée juste après. Pourquoi l'AGFA se contenterait de moins alors qu'ils peuvent avoir plus ?
-C'était seulement une question de logique, nous n'avons peut-être pas besoin d'autant d'espace, nous tenons bien tous sous l'eau, dans un espace bien plus petit, depuis des centaines d'années.
-Tu as raison –Soupire Calum en mangeant son pain- Mais Adrian a raison, l'AGFA veut reconquérir les terres à la surface et ils ne se contenteront pas que de quelques terrains, ils voudront tout garder, au cas où.
-Au cas où quoi ? –Je demande perplexe- Vous pensez qu'ils s'attendent à ce que d'autre personne viennent réclamer ces terres ? –Ils hochent la tête- Depuis le temps que nous sommes ici, jamais nous n'avons eu signe d'une quelconque vie ailleurs, sauf la nature changeante sur Terre.
-Disons que leur précipitation soudaine nous laisse à penser que soit il se passe quelque chose critique sous terre, au Nouveau-Canada, nous obligeant à tous remonter, soit il se passe quelque chose directement sur Terre et c'est ce qui motive l'AGFA à nous y envoyer au plus vite, pour y revendiquer leurs droits en tant qu'héritiers.
-J'aimerais mieux la première option –Dis-je- La seconde nous mènerait à une Guerre et à quoi bon remonter si c'est pour refaire les mêmes erreurs que les Anciens Hommes ?
-Je suis bien d'accord, mais nous devons obéir à l'AGFA, c'est tout ce que nous pouvons faire à présent. »
*
Et dire qu'en ce moment même je devrais être avec Bianka et Rafael, profitant de ma majorité pour me teindre les cheveux. Au lieu de ça je suis avec Tray , lequel semble excité à l'idée de rencontrer les Gouverneurs, comme s'il pouvait en tirer un profit particulier.
«- Hier nous nous sommes arrêtés avant la dernière partie de la punition, la partie la plus intéressante. Mais avant de reprendre, je veux que vous vous échauffiez un peu. »
Et comme je m'y attendais, nous refaisons exactement le même exercice qu'hier, je dois lancer mes six couteaux et Cassidy tirer ses trois flèches. Je fais un meilleur score qu'hier, il ne me manque plus qu'un point et je dépasse la brune, si jamais elle perd, gagnant le droit de lui lancer mes couteaux avec le même plaisir qu'elle a ressenti en me visant avec ses flèches hier.
Mais la dernière cible n'est pas la même qu'hier et je perds mes moyens lorsque je vois Tray tirer une gamine dans sa salle. Comme avec moi, il la ligote à une cible et demande à Cassidy de décocher sa dernière flèche et de viser la cible, sans trop toucher la gamine. La pauvre se met à pleurer, hurlant de peur et bougeant alors que Cassidy tire. Si la gamine n'avait pas bougé, la flèche aurait effleuré l'épaule pour se loger dans la cible au-dessus, mais elle a bougé, effrayée et c'est avec horreur que je vois la flèche se planter dans l'épaule. La gamine se met à hurler, hystérique et alors que Tray me demande de tirer, je me résous finalement à viser ailleurs, évitant la fille et perdant volontairement sous le regard à présent énervé de Tray. Je ne pouvais pas tirer à cette distance et être sûre de viser juste et au final même Cassidy semble sous le choc, devenant blême devant l'épaule en sang de la petite qui devient livide, se pamant sous nos yeux.
«- Tu dois l'amener à l'infirmerie ! –Dis-je à Tray, déliant enfin ma langue après le choc-
-Quand la punition sera terminée.
-Cette petite va mourir !
-Ce n'est pas mon problème ! Je t'ai déjà dit que j'étais ici pour faire le tri et cette gamine n'était rien de plus qu'une incapable.
-Si tu ne laisses pas leurs chances à ces gamins alors autant tous nous tuer tous maintenant !
-Et ce n'est pas l'envie qui me manque –Dit-il sur les nerfs, me faisant face- Maintenant tu te la fermes et tu vas prendre la place de cette fille, ou je la tue. »
Je déglutis et vais à hauteur de la gamine, évanouie ou morte je n'en sais rien, mais elle ne bouge plus et quand je la détache, elle me tombe lourdement dessus. Je sens son cœur battre, très lentement et quand ce sera fini, je l'amènerais moi-même à l'infirmerie. Je retire la flèche de son épaule, y pose à la place un morceau de glace se trouvant dans un coin de la salle et prends sa place avant que Tray ne réduise mes efforts à néant. Il m'attache et alors que je pensais que Cassidy allait tirer ses flèches sur moi comme hier, Tray la pousse, attrape mes six couteaux récupérés au sol et sur les cibles, puis il se place devant moi et les lance les uns après les autres, sans s'arrêter un seul instant pour se positionner.
Mais aucun couteau ne m'a touché. Ils sont tous logés de part et d'autres de mon corps alors que je réalise à peine, le cœur battant et la nausée au bord des lèvres.
«- Passons maintenant à la fin de cette punition –Lance-t'il avec froideur- Vous aviez choisi des armes dangereuses hier, allez les chercher. »
Tremblante, je vais attraper le harpon et je regarde Cassidy prendre la hache, elle aussi sur le point de vomir. Elle ne s'attendait pas à ça et je pense qu'elle s'était réellement portée volontaire pour plaire à Tray, lequel semble nullement intéressé. Nous échangeons un regard et retournons auprès de lui, tenant nos armes à bout de bras.
« - Une seule d'entre vous utilisera son arme, elle l'utilisera sur l'autre –Dit-il alors que les yeux effrayés de Cassidy jonglent entre le harpon et moi et que je ne fais pas meilleure mine- Mais pour ça je vais devoir vous départager et ça n'impliquera pas d'armes. Vous allez faire un peu de lutte, ça devrait te plaire Pandore, c'est ce que tu aimes faire avec Joe il me semble ? Tu devrais faire gaffe Cassidy, elle pourrait bien te voler la vedette et tu te retrouverais avec un joli petit trou dans le ventre.
-On... On ne va quand même pas devoir tuer l'autre ? –Je balbutie-
-La gagnante de la lutte aura le droit de garder son arme et la perdante deviendra une cible –Dit-il en ignorant ma question- Vous êtes prêtes ? »
En quelques secondes, Cassidy et moi devenons des animaux, un peu comme ceux que l'on étudiait à l'école, ces bêtes sauvages prêtes à tout pour survivre. C'est un peu le but de cet exercice, éviter d'être tuée et je n'ai aucune confiance en cette Criminelle, bien qu'elle semble aussi effrayée que moi. Si je la laisse gagner, qui me dit qu'elle ne lancera pas cette hache directement dans mon crâne ? Et si je gagne, peut-être viserais-je effectivement son ventre ? Chacun pour soi et nous tentons toutes les tactiques pour maintenir l'autre au sol pendant plus de dix secondes. L'adrénaline nous fait faire tout un tas de choses, je mords son bras alors qu'elle tente de m'attraper par la gorge et elle me donne un coup dans la poitrine, me faisant tomber.
Tray semble satisfait du spectacle lorsque je frappe Cassidy au visage. Sonnée, elle tombe au sol et je m'assois sur ses épaules pourtant bien plus larges que mon bassin, passant mon bras sous sa gorge et comptant dix secondes. Je sens qu'elle convulse sous moi et dès que le mot dix a passé les lèvres de Tray, je lâche la brune et me retire de ses épaules, la laissant reprendre son souffle dans un bruit caverneux. Son visage gras est violet et des larmes ruissèlent le long de ses joues tandis qu'elle me fixe avec appréhension.
«- Bien, tu as perdu Cass –Dit Tray d'une voix posée, attirant la brune jusqu'à une cible alors qu'elle n'a même plus la force de se débattre contre lui- Sois sage surtout, tu ne voudrais pas me décevoir maintenant ? »
Elle supplie et se met à pleurnicher, se sentant ridicule d'avoir accepté pour un garçon qui finalement ne prend plaisir qu'à voir les autres souffrir. Il l'attache fermement à un mannequin et me regarde.
« - Fais ce que tu veux d'elle, tant que le harpon finit dans le mannequin. »
Le mannequin ? Cassidy est si épaisse qu'elle le cache de part et d'autre et seule la tête bleutée en plastique semble dépasser un peu de celle de la brune, laquelle commence à me supplier de ne pas tirer.
« - Elle n'a pas hésité à te taquiner hier, elle t'a même fait du mal –Murmure Tray à mon oreille alors qu'il me place, assez loin encore une fois- Pourquoi ne fais-tu pas pareil ? »
J'hoche la tête, les dents serrées avant de lever le harpon vers la brune. Elle bouge avec force mais Tray a serré la corde si fort qu'elle devra s'arracher les membres pour se tirer de là. Son cri résonne plus fort encre que celui de la gamine allongée au sol, baignant dans son propre sang. Je ne vois pas son ventre bouger avec sa respiration et je me dis que je dois vite en finir.
Je regarde Cassidy, vise sa tête et pousse un cri.
« - BAISSE TA TÊTE ! »
Elle pousse un cri d'effroi à son tour et baisse sa tête si vite que j'entends presque ses cervicales craquer lorsque je tire, détruisant la tête du mannequin et arrachant seulement quelques cheveux à Cassidy, en guise de vengeance pour hier.
Tray ne dit rien, il m'arrache seulement l'arme des mains et me demande de sortir. Je vais libérer la Criminelle et porte la petite pour m'assurer que nous sortirons toutes les trois d'ici, puis nous allons à l'infirmerie, jusqu'à ce qu'on ne m'arrête.
« - Va-t'en ! –Dit Cassidy entre deux sanglots-
-Je te demande pardon ? –Je fulmine- Je viens de t'épargner l...
-On va te poser des questions à l'infirmerie et si Tray l'apprend, il s'en prendra à tes amis. Si moi j'y vais et que je parle d'une punition, il ne m'arrivera rien et à toi non plus.
-Ah parce que nous sommes amies maintenant ?
-Non, mais comme tu l'as dit, tu m'as épargnée, je te rends seulement la pareille. »
Et elle prend la petite dans ses bras, filant à l'infirmerie. De dos je remarque la petite touffe de cheveux manquant sur le haut de son crâne, mais je ne trouve même pas ça drôle. En fait, je suis choquée et je me mets à vomir par-dessus le pont, observant les restes de mon repas passer au travers du champ de force pour disparaitre dans les eaux noires.
*
Après cela, je fonce me doucher, la boule au ventre alors que je n'ai plus rien à vomir à présent. Je me sens toujours angoissée par ce qu'il s'est passé et vraiment je ne comprends pas le but de Tray. Sous l'eau tiède mes muscles semblent se détendre et quand je sors, j'ai seulement envie de me coucher jusqu'au repas de ce soir. C'est le pire anniversaire de ma vie.
J'enfile ma tenue tachée du sang de la petite et grimpe dans mon lit lorsque j'y trouve la Native, endormie.
Je tapote son épaule et elle se réveille dans un sursaut.
«- Non je ne dormais pas ! –Dit-elle les cheveux en pagaille- Ah Pandore tu es enfin là.
-Je peux savoir ce que tu fais dans mon lit ?
-Je t'attendais, il faut que je te montre quelque chose.
-Plus tard, je ne suis pas d'humeur.
-C'est important –Dit-elle en baillant avant de descendre du lit en me tirant-
-Tu as de la force –Dis-je surprise- Mais je ne me sens pas bien, laisse-moi me reposer, je viendrai pour le repas avec les Gouverneurs.
-Justement, ils sont déjà là et il faut que tu voies quelque chose ! »
Je fronce les sourcils et finis par suivre la Native hors du dortoir. Je me demande bien ce qu'il y a de si important et alors que nous descendons, je suis attirée en arrière et quelque chose vient bander mes yeux. Je me débats, mais la Native me demande de me calmer et de lui faire confiance.
Comment pourrais-je lui faire confiance avec les yeux bandés ?
Quelqu'un se trouve derrière-moi... Tray ? Si ça se trouve Cassidy a tout raconté à l'infirmerie et il veut se venger sur moi. Dans un geste désespéré je me retourne donc et tente de viser les parties de mon agresseur.
«- Mais tu es cinglée !
-J...Joe ?! –Je scande sans rien voir- C'est toi qui m'a bandé les yeux espèce d'enfoiré ?!
-Je t'avais dit que c'était une mauvaise idée ce plan –Grogne-t'il-
-Ne fais pas ta victime parce qu'elle t'a amoché les parties –Rétorque la Native d'une voix calme- Et puis c'était pas mon plan.
-Quel plan ?!
-Tais-toi et suis-nous. »
Joe passe devant et prend ma main. Je la retire d'abord, les poings serrés, mais il tente de nouveau, de manière plus douce et je le laisse faire, le suivant à tâtons. Qu'est-ce que c'est que cette situation ? Je sors d'une punition avec Tray où j'ai manqué de me faire tuer et de tuer une fille et maintenant me voilà presque prisonnière de Joe et la Native, lesquels me conduisent dans un endroit secret. Aucun rapport donc avec les Gouverneurs de l'AGFA qui, je l'apprends par Joe, ne sont pas encore arrivés.
Je rumine quelques jurons, sentant mon rythme cardiaque s'intensifier alors que Joe lâche ma main et se place dans mon dos. Va-t'il m'égorger ? Il pose ses mains sur mes épaules et me fait avancer. Il va me pousser dans le vide pour que je traverse le champ de force ?
«- J...Joe ne fais pas ça je t'en prie ! »
Mais il se met à rire et d'un coup le bandeau glisse de mes yeux et je me retrouve dans le salon de Bianka, face à plusieurs personnes.
« - JOYEUX ANNIVERSAIRE PANDORE ! »
Les larmes affluent à nouveau alors que je reste paralysée. Devant moi se trouvent Vénus, Minna, Bianka, Mélawi, Réni, la Native, Rafael, Calum et Joe. Mais je n'arrive pas à les remercier, en fait je n'arrive pas à bouger tout court.
« -Je vous avais dit que c'était une idée de merde ! –Grogne Joe alors que Mélawi vient me secouer- Eh ne va pas la tuer toi.
-C'est plutôt votre tactique qui aurait pu la tuer –Grogne Mélawi en me donnant une claque- Ca va aller Pandore ?
-C'était le plan de Rafael et Calum –Couine Minna-
-On pensait que ça ferait plus aventure –S'excuse Rafael en m'apportant un verre d'eau tiède au citron- Désolée Pandore, on voulait te faire une surprise mémorable.
-Mais pas comme ça –Souffle Calum derrière lui-
-Tu pensais qu'on avait oublié ton anniversaire ? –Demande Vénus alors que je commence à réagir-
-Ouais...
-A vrai dire c'est Rafael qui nous l'a rappelé –Avoue Minna- Mais ce n'est pas une raison pour ne pas fêter ça !
-Bon maintenant dégagez que je puisse m'occuper d'elle ! –Râle Bianka- Vous ferez la fête après. »
Tous s'exécutent, mais Joe reste avec moi, prétextant vouloir refaire son rouge alors que Bianka lui lance un regard noir.
«- Je m'occupe de Pandore en priorité !
-Pas de soucis, j'attendrai. »
Elle part chercher ses couleurs et surtout de quoi me faire une nouvelle coupe alors que Joe s'installe à côté de moi. Au début il ne dit rien, puis il me regarde en coin.
«- C'est génial d'avoir dix-huit ans –Dit-il- C'est la majorité.
-Ici ça ne rime à rien.
-Tu peux boire un peu d'alcool si tu le souhaites, nous avons quelques bouteilles de cachées.
-Non merci, je préfère seulement me teindre les cheveux, c'est moins dangereux.
-Tu as vraiment cru que j'allais te faire du mal ? –Il demande enfin- Quand j'étais dans ton dos ?
-Oui...
-Pourquoi ?
-J'ai cru comprendre qu'on ne pouvait se fier à personne ici, pas même aux professeurs.
-Je ne suis pas Tray –Dit-il avec une once de colère dans la voix- Mais bon, peu importe, n'allons pas nous disputer pour si peu, c'est ton anniversaire. As-tu réfléchi à un cadeau qui te ferait plaisir ?
-Oui, mais c'est hors de votre portée.
-Dis toujours ?
-J'aimerais revoir ma famille et Michael...
-Effectivement, tu devrais penser à quelque chose de plus réalisable.
-Je n'ai aucune idée, je n'ai même aucune envie de recevoir un cadeau.
-Pourtant nous sommes tes nouveaux amis et c'est à nous de t'offrir quelque chose, même si tu n'en as pas envie.
-Eh bien.. Peut-être une nouvelle combinaison, une des miennes s'est déchiré hier.
-C'est nul comme cadeau.
-Eh bien ne m'offrez rien je te l'ai dit ! Je ne veux rien du tout !
-Tu es nerveuse, je le vois bien –Dit-il en caressant ma joue- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
-Rien !
-Tu sais que tu peux me dire la vérité.
- Je vais bien ! J'ai... J'ai juste eu peur... Pourquoi es-tu aussi insistant ?
- Je vais être franc –Il regarde par-dessus mon épaule et murmure- Est-ce que tu sors avec Tray ?
-Q...Quoi ?! –Je manque de m'étouffer- Mais n'importe-quoi !
-C'est lui-même qui m'a dit ça, que vous étiez même devenus... Intimes et que...
-Et tu crois ce cinglé ?!
-Non, mais c'est vrai que depuis hier je t'ai souvent vue avec lui, vous avez même manqué le repas et tout à l'heure tu as dis à Bianka que tu avais sport avec la Native, mais je savais que c'était faux et j'en ai déduit que tu étais avec Tray.
-Je ne sors pas avec lui !
-Et alors qu'est-ce que tu fais avec lui ?
-Des.... Des cours de rattrapage !
-Juste toi ? Avec lui ?
-Ce n'est pas parce qu'un garçon et une fille se retrouvent dans une même pièce qu'ils sont obligés de se reproduire, la preuve est-ce qu'on est en train de se reproduire toi et moi là ? Non, alors arrête d'insinuer des horreurs pareilles.
-Je suis rassuré.
-Pourquoi ?
-Je refuse qu'il te touche –Dit-il en me fixant- Ou qu'il te fasse du mal.
-Il n'a rien fait depuis ma séance disciplinaire –Dis-je les joues rouges-
-Parfait. »
Puis nous restons là à nous fixer. Sa main glisse à nouveau contre ma joue, puis elle arrive dans ma nuque et je jurerai avoir senti une pression pour avancer mon visage jusqu'au sien, son souffle étant contre mes lèvres lorsque Bianka racle sa gorge derrière nous.
«- Je ne suis pas sûre que l'AGFA tolérerait ça, attendez d'être seuls sur Terre pour vous reproduire dans la nature en toute tranquillité. »
Si Joe se met à rire, moi je suis de nouveau tétanisée, les yeux brillants à cause d'une fièvre étrange et les joues si rouges qu'on dirait que ce sont les cheveux de mon voisin qui s'y reflètent. Il lance un clin d'œil à Bianka et cette dernière me tend un croquis, une astuce pour arranger mes cheveux. Je suis tellement choquée par l'approche de Joe que je ne réagis pas tout de suite et quand je regarde le croquis de plus près, je valide rapidement. Je veux juste m'en aller ou même que lui s'en aille, mais il reste à côté de moi, sans rien faire.
Est-ce qu'il allait m'embrasser ?!
*
Au bout d'une heure je me suis presque endormie, Joe est finalement parti attendre plus loin lorsque Bianka lui a demandé de s'en aller, trouvant qu'il me rendait nerveuse. Est-ce vrai ? Jamais il ne m'a rendu nerveuse, ni trop effrayée, mais là je dois avouer que je me sens bizarre. Quand j'ouvre les yeux, Bianka sèche mes cheveux et je remarque au sol quelques mèches rousses, provenant toutes du côté gauche.
« - C'est magnifique ! »
Elle me tend un miroir et j'admire le résultat avec un sentiment de joie, chassant vite le malaise vis-à-vis de Joe. S'il y a une chose sur Terre qui m'obsède et qui me motive à être Hunter, c'est le soleil et je sais que j'effet est réussi car c'est ce que me dit Bianka.
Mes racines sont rouges, mes longueurs sont restées rousses et mes pointes sont dorées, tirant sur un platine presque blanc.
Sur le côté gauche, là où Cassidy avait sectionné mes cheveux, Bianka a rasé une petite partie et le plus gros des longueurs restant à gauche tombent désormais sur mon côté droit grâce à une raie et dans mon dos, en cascade flamboyante.
Le voilà, mon cadeau.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top