Chapitre vingt-huit

Mais tes excuses n'équivaudront jamais à mon nombre de cicatrices ❞ 

    Le téléphone se mit à vibrer dans la poche de Tsubasa. Surprise de recevoir un appel, la blonde s'en saisit mais ne reconnut pas le numéro. Elle décrocha pour porter le combiné à son oreille. 

— Allô ? dit cette dernière. 

Tu te souviens que tu me dois une faveur, pas vrai ? 

La voix au bout du fil fit s'hérisser tous les poils de son corps. Non-loin de Shalnark et Phinks, la jeune femme leur signala qu'elle s'écartait afin de prendre l'appel. Une fois à une distance raisonnable, son sourire hypocrite s'effaça.

— Vraiment ? pesta-t-elle. Et qu'est-ce que je peux bien faire pour toi, Irumi ? 

J'ai appris que tu te trouvais à la Brigade Fantôme, rétorqua-t-il. 

— Comment ? 

Peut-être parce que tu as quitté l'examen avec leur chef, répondit-il sur un ton ironique. En toute connaissance de cause, d'ailleurs. Et la tête de ton frère... 

— Nous ne sommes pas amis, le coupa-t-elle. Va droit au but, j'ai pas ton temps.

Le Zoldyck ricana. Agacée, Tsubasa claqua sa langue contre son palais puis leva les yeux au ciel. 

Kuroro m'a chargé d'éliminer les Dix Dons lors de la prochaine enchère, mais j'ai d'autres choses à faire. Alors si tu pouvais aller t'occuper d'eux pour moi... 

— Tu es fou ? s'énerva-t-elle à demi-voix. On me soupçonne déjà assez comme ça d'être affilée à la Brigade, je pourrais pas m'approcher ! 

Une faveur est une faveur. Pour le jour, je pensais à tout de suite. 

— Aujourd'hui ? s'affola la blonde. 

Appelle-moi quand c'est fait. 

L'assassin raccrocha pour se laisser aller dans sa chaise. Il se trouvait à Yorkshin City en ce moment même. Les rumeurs autour de la Berisha couraient la mafia. Si elle s'était entraînée avec Kuroro jusqu'à septembre, son niveau devait avoir augmenté à une vitesse folle. La mission donnée ne lui servait qu'à la faire sortir de sa cachette et tester ses capacités. Foncer dans un combat contre elle sans aucune information dans le futur serait du suicide. Alors, il la chargea d'une faveur impossible à accomplir. 

Les heures défilèrent à la Brigade. La nuit tombée, tout le monde se trouvait au repaire. Jusqu'à la prochaine vente, ils faisaient profil bas. Feitan, sorti lors de la journée, rentra en dernier. Il parcourut la pièce d'un regard puis fronça les sourcils. 

— Où est Tsubasa ? demanda-t-il.

Kuroro se sortit de sa lecture habituelle. La dernière fois qu'il avait vérifié, la blonde était avec eux. Un silence s'abattit sur les autres qui vérifièrent à leur tour : leur numéro onze ne se trouvait plus parmi leurs rangs. 

— Phinks, Shalnark, c'est quoi cette tête ? pesta le tortionnaire. 

— Rien du tout, promit le manipulateur. 

Le visage du cousin changea. D'un commun accord, le duo soupira. Ils ne défieraient pas Feitan. 

— OK, elle est sortie, abdiqua Phinks. 

— Où ? insista l'épéiste. 

— Aucune idée, assura Shalnark. On l'a juste couverte. 

Prêt à frapper les deux imbéciles sous ses yeux, une sonnerie retentit. Elle venait du téléphone de leur boss. Ce dernier se saisit du cellulaire et décrocha. L'attention se porta alors sur lui. 

— Allô ? 

Ah, Kuroro. Tu as répondu. 

Le brun reconnut son interlocuteur comme Irumi. Étonné de son appel, il ne fit aucune remarque, persuadé que ça concernait l'assassinat des Dix Dons. 

Vous ne seriez pas à la recherche de Tsubasa, par hasard ? renchérit-il. 

— Effectivement, on a remarqué qu'elle était sortie. 

— Ça tombe bien, je sais où elle se trouve. Mais je ne pense pas que ça te plaise.  

Un sourcil haussé, le chef écouta attentivement les explications du Zoldyck. L'atmosphère qui l'entoura changea du tout au tout, tandis que son homologue parlait. Il raccrocha alors et se leva. 

— Hisoka, Feitan et Shalnark avec moi, déclara-t-il. Les autres, vous ne bougez pas d'ici jusqu'à nouvel ordre. 

L'entente du prénom du magicien souleva une vague d'incompréhension. Les trois interpellés suivirent leur leader sans poser de question et laissèrent la Brigade dans la désinformation complète. Le repaire quitté, les questions fusèrent : 

— Que se passe-t-il ? demanda le blond. 

— Irumi a envoyé Tsubasa sur une mission suicide et la mafia l'a capturée, expliqua le chef. Si je n'ai pris que trois d'entre vous, c'est parce qu'on doit rester discret et vos capacités sont les plus adaptées. 

— Vous vous y rendez en personne ? s'amusa le numéro six. Je ne savais pas qu'il y avait du favoritisme, dans la Brigade. 

— J'y vais pour dire deux mots à Irumi. 

Hisoka se contenta de rire. Se dégourdir les jambes lui ferait le plus grand bien, malgré son envie de se retrouver seul avec Kuroro, il se fit une raison. Aucun moyen de l'atteindre seul aujourd'hui. 

— J'espère que tout va bien, s'inquiéta Shalnark. La mafia a juré d'avoir notre peau. 

— Je me ferais pas trop de soucis, à ta place, le rassura Feitan sur un ton moqueur. 

Tsubasa fut projetée contre ce qui lui parut être une chaise. Un sac sur sa tête, elle ne pouvait pas voir le monde aux alentours. Elle entendit juste des gens parler entre eux. Ses mains attachées dans son dos l'empêchaient de faire un quelconque mouvement. 

— Vous pouvez m'enlever ce truc ? lança cette dernière. 

Aucune réponse. Désespérée, elle balança ses jambes dans le vide. La Berisha constata que ces deux membres ne possédaient aucune forme d'entrave. Elle sourit sous le tissu. 

— C'est un interrogatoire ou un roi du silence ? Parce que du coup, j'ai perdu, renchérit-elle. 

Toujours rien. Mais le bruit des conversations ne s'arrêta pas. Ils ne réagissaient juste pas à ce qu'elle disait. 

My loneliness is killing me, chantonna la blonde. And I must confess...

On lui retira violemment le sac. Un homme en costume se pencha vers elle, une arme à sa hanche. La pièce était une salle de contrôle où se trouvaient plusieurs personnes, toutes de sexe masculin. 

— Tu vas la fermer ? pesta-t-il. Je crois que t'as pas bien compris où tu te trouvais. 

La jeune femme cracha au visage de son interlocuteur. Il se recula pour s'essuyer, un air dégoûté peint sur la physionomie. Un autre lui envoya un coup de poing contré par son aura. Il hurla de douleur. Elle regarda ses détenteurs et ricana. 

— Pas chez les plus intelligents, constata-t-elle. Ce n'était déjà pas une bonne idée de me faire garder par des non-utilisateurs de Nen, alors oublier de m'attacher les pieds...

En un clin d'œil, elle se leva et sauta par-dessus ses bras attachés ensemble afin d'avoir les mains devant. Prête à trancher la gorge de celui le plus à sa proximité, une douleur au niveau du cou la figea. Sa vision se troubla pour que tout son corps retombe sur la chaise. 

— Bien joué, loua un des hommes. 

Un scientifique muni d'une blouse blanche et d'une seringue hocha la tête. Ni une ni deux, on la ligota de la tête aux pieds pour éviter un nouvel incident. 

— Vous m'avez donné quoi ? murmura Tsubasa. 

Le temps d'adaptation fut long. Les personnes dans la pièce se déformaient. Leurs voix passaient de l'aiguë au grave en quelques secondes. Une chaleur immense s'empara d'elle. 

— On développe un produit qu'on aime appeler "le sérum de vérité", expliqua le chercheur. Le liquide agit sur plusieurs régions du cerveau, les active et en endort d'autres. Il y a quelques effets secondaires et c'est encore trop fort pour être utilisé par le gouvernement. Mais sur des petites racailles comme toi... 

— Petite racaille, répéta-t-elle en riant. C'est vous qui êtes sous-classés. Vous avez dû vous y mettre à combien pour m'attraper ? 

Ils l'ignorèrent. Un des gardes, celui sur qui elle avait craché, récupéra une chaise puis s'assit en face. 

— Je peux avoir un verre d'eau ? Je sens que ça va être long, requêta la Berisha. 

— Les effets doivent avoir commencé, informa le scientifique. Posez vos questions. 

— Donc j'ai pas de verre d'eau ? 

Son interlocuteur lui donna un coup au visage avec son arme. La lèvre de Tsubasa se mit à saigner, ouverte sous le choc. Elle lécha le liquide qui s'en écoula et regarda l'homme. 

— Frappe plus fort, j'aime ça, dit-elle. 

Son confrère dut le retenir sous le rire de la blonde. Il se racla la gorge. 

— Quelles relations entretenez-vous avec la Brigade ? questionna-t-il. 

— Oh c'est ce genre de questions ? Bah ça dépend, vous avez vu mon tatouage ? 

Sans attendre, l'homme descendit son tee-shirt et vit les pattes de l'Araignée. Une exclamation de stupeur parcourut l'assemblée. 

— Traître, cracha son agresseur. 

— C'est un peu plus compliqué que ça, mais j'ai l'habitude, j'encaisse, soupira-t-elle. 

— Quels sont vos objectifs ? demanda le scientifique. 

— Massacrer une quantité de personne non-mesurable, voler les lots de la vente aux enchères puis je suis pas sûre. Je peux avoir un verre d'eau ou pas maintenant ?

Un fracas interrompit la discussion. La porte blindée de la salle de contrôle venait d'être enfoncée et dégondée, fauchant deux personnes sur son passage. La poussière sema la confusion dans le groupe tandis que Tsubasa resta calme. Le bruit des coups de feu ainsi que des cris d'agonies de ses ravisseurs résonnèrent le temps de quelques secondes puis tout redevint calme. Une forme s'avança en sa direction, d'un pas lent. Tous deux tâchés de sang à cause des giclures, la jeune femme resta muette face à son sauveur. 

— William ? 

Une petite flamme bleue apparut sur son index. Il s'approcha et le posa sur son front. Il semblait fatigué mais surtout, triste. 

— Je suis désolé, murmura ce dernier. 

Tsubasa s'évanouit, comme lors de leur première rencontre, ligotée à la chaise. 

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