Chapitre vingt-deux
❝ Apprendre à vivre sans toi est dur, tellement que parfois, je me demande si c'est vraiment possible ❞
La Brigade se faisait plus calme. Le temps d'établir un nouveau plan après la mort d'Uvogin, ils restèrent discrets afin d'éviter l'attention, bien que la moitié de la ville s'était mise à leur recherche. Tsubasa, de son côté, passait la plupart de son temps au repaire presque ennuyée. Sa décision de rejoindre l'Araignée ne la ravissait pas plus que ça. Son altercation avec Kurapika datait de deux jours et la boule au fond de sa gorge grandissait. La sensation de trahir plusieurs camps à la fois ne quittait plus ses tripes constamment retournées. Morne, elle croisa les jambes puis expira tout l'air de ses poumons.
— Oh, je connais cette expression, lui lança une voix enjouée.
La jeune femme releva la tête. Shalnark la regardait poing sur sa hanche.
— Ah oui ?
Il s'assit à ses côtés. Tsubasa lui jeta un regard, interloqué. La plupart des membres de la Brigade l'évitaient, encore trop méfiants pour l'approcher. Seul Hisoka, Feitan ainsi que Kuroro lui adressaient la parole.
— Dis-moi ce qu'il te tracasse, l'encouragea le blond.
— Je me demande si intégrer la Brigade Fantôme est la meilleure idée que j'ai eu, avoua-t-elle.
— C'est bien ce que je pensais. Tu t'ennuies.
Cette dernière opina. Coude déposé sur sa jambe, elle se servit de sa main afin de soutenir son menton. Un silence mortuaire régnait dans la pièce, mise à part leur conversation.
— Ça tombe bien, moi aussi, reprit le numéro six. Tu veux t'amuser un peu ?
Les yeux vairons de Tsubasa fixèrent longuement Shalnark. Son sourire innocent et amical la mettait en confiance, mais sa proposition lui sembla un peu soudaine. Il aurait pu demander à n'importe qui parmi ses compagnons. De plus, le mot "amusement" devait prendre un tout autre sens chez eux. Faute de mieux, elle soupira.
— C'est toujours plus intéressant que d'attendre à rien faire, céda la Berisha.
Il se leva puis fit quelques pas. Sa voix résonna à nouveau, plus forte, afin d'interpeller leur chef à sa place habituelle.
— Boss ! On a quelque chose à voir en ville avec la nouvelle, on peut y aller ?
Il releva ses iris de son ouvrage, regarda Tsubasa puis retourna à sa lecture.
— Soyez rentrés avant minuit. La mafia est plus présente pendant la soirée.
Aussitôt dit, aussitôt le duo se retrouva à l'extérieur du repaire. La blonde marchait derrière son confrère, mains dans les poches, sans vraiment savoir ce qui l'attendait. Mais au moins, elle pouvait sortir de l'église délabrée. Encore un peu et elle donnait un nom aux cailloux à l'intérieur, pour se sentir moins seule. Ils sortirent de la partie délabrée de la ville et se rendirent au niveau de la banlieue.
— On va où ? questionna-t-elle.
— Regarde.
Il pointa du doigt une boutique avec des bijoux en vitrine. Tsubasa s'avança, perplexe, puis observa les ornements déposés sur des coussins en tissu violet. Peu intéressée, son attention fut attirée par un collier à la chaîne en cuir. Au bout de celle-ci, comme pendentif, un serpent en or aux yeux sertis par des rubis.
— À ton avis, combien il coûte ? demanda-t-il.
— Bien trop pour que je l'achète. J'ai beau avoir de l'argent, c'est stupide de dépenser une telle somme.
— Qui a parlé de l'acheter ?
Interloquée, la Berisha haussa un sourcil. Shalnark n'avait pas perdu son sourire.
— Montre-moi ce que tu vaux. Vole-le, reprit-il.
D'abord réticente, elle argumenta quelques minutes avec lui avant de céder. Le blond l'attendait sur le trottoir d'en face en consultant son téléphone. Il n'eut pas à lambiner puisque en moins de cinq minutes, la jeune femme sortit de la boutique les mains dans les poches. Il patienta jusqu'à ce qu'elle arrive à sa hauteur afin de prendre la parole.
— Alors ?
Elle extirpa le fameux collier de sa poitrine, un rictus sur les lèvres. La réjouissance fut de courte durée, puisque la bijoutière sortit en hurlant et interpella le duo.
— Revenez ici ! Voleurs !
Un seul coup d'œil leur permit de se comprendre. Ils se mirent à courir dans le sens inverse sans demander leur reste.
— C'est quoi la suite du plan, génie ? pesta la plus jeune.
— Leçon numéro deux, réquisitionner un véhicule.
Le regard de la Berisha se trouva attiré par une moto dans une ruelle adjacente. Le modèle, cher et de collection, semblait presque les narguer. Shalnark s'arrêta à son tour et rit de bon cœur.
— Tu as même le goût du luxe, constata-t-il.
Sans attendre, Tsubasa fit apparaître un symbole sur sa main tandis qu'ils se dirigèrent vers le deux roues. La chaîne retenant le bolide fondit sous le Nen de la chasseuse de primes. Elle ouvrit le coffre sous le siège pour y trouver les clefs ainsi que deux casques dont ils se débarrassèrent dans la poubelle à proximité. Shalnark monta à l'avant tandis que la jeune femme s'accrocha aux bouts de métal qui dépassaient à l'arrière. Ils démarrèrent en trombe puis empruntèrent l'autoroute. La vitesse à laquelle le duo roulait allait au-delà de celle autorisée. Ils doublèrent plusieurs véhicules qui les klaxonnèrent. Le blond s'amusa à conduire de droite à gauche pour leur répondre tandis que sa passagère suivait le mouvement de son corps. Un sourire s'étira sur les lèvres de cette dernière. C'était effectivement bien mieux que de se tourner les pouces au repaire.
Leur second arrêt fut en plein centre-ville. Ils garèrent leur moyen de transport à l'écart et se dirent que si on le leur volait, ils n'auraient qu'à en récupérer un autre. Shalnark fit tournoyer les clefs autour de ses doigts et ils se mêlèrent à la foule de la vente aux enchères extérieure.
— Ton visage n'a pas été placardé de partout ? interrogea Tsubasa.
— J'ai entendu ça, répondit-il en riant. Ça ne fait qu'ajouter une dose de divertissement.
Il se stoppa puis fit volte-face.
— D'ailleurs, j'y pense, tu veux une bière ? proposa-t-il sur un ton enjoué.
La réponse positive de sa consœur l'engouffra plus profond dans la mêlée des stands. Quant à la jeune femme, elle se contenta d'attendre adossée contre un mur, un peu à l'écart. Il ne semblait pas y avoir une quelconque mafia dans les alentours. La Berisha porta une main à sa bouche puis bailla longuement. Il ne devait pas encore être midi.
— Tsubasa ?
Elle tourna la tête. Trois personnes apparurent dans son champ de vision, à contre-jour. Il lui fallut un instant pour que sa vision se stabilise et reconnaisse le trio.
— Vous ? s'étonna-t-elle.
Gon, Kirua ainsi que Léorio. Le petit blanc lui offrit un grand sourire, suivi de son ami. Ils s'approchèrent un peu à la hâte sous l'excitation.
— Ça fait un bail ! s'exclama le Zoldyck. Gon m'a raconté le scandale que tu as tapé à mon frère pendant l'examen !
— Oh, ça... soupira-t-elle.
La discussion s'entama joyeusement. Malgré ses airs amicaux, la jeune femme observait les alentours au cas où Shalnark reviendrait. S'il se montrait, les questions fuseraient et elle n'était pas sûre d'avoir un mensonge à leur servir.
— D'ailleurs, t'as vu ce qu'il s'est passé à la vente aux enchères ? lui lança Kirua. Il paraît que la Brigade a fait le coup.
— J'ai un poste là-bas, rétorqua-t-elle. J'ai suivi l'affaire de près, avec Kurapika.
— Kurapika ? s'étonna Gon. Tu l'as revu ?
— Deux ou trois fois. J'ai croisé sa patronne par hasard et j'ai appris qu'il travaillait aussi à Yorkshin.
— Et dire qu'il ne répond même pas à mes appels ! pesta Léorio.
Elle rit pour cacher sa nervosité mais aussi sa gêne. Aborder le sujet du Kuruta avec eux lui déclencha une boule au ventre. Viendrait un moment où ils seraient amenés à se revoir. Un jour, il apprendrait pour son tatouage et sa collaboration avec l'Araignée. Il ne lui adresserait aucune pitié. Pourquoi en éprouverait-il face à une simple connaissance ?
Ce qui rappela à la blonde que des yeux de son clan se trouvaient parmi les lots. Elle n'avait pas trouvé l'occasion de parler à Kuroro pour les acquérir. Après tout, la Brigade possédait la totalité des articles de la première partie de la vente grâce à son aide. Il lui devait bien une compensation, en plus du mensonge sur son identité lors de son entraînement.
— C'était cool de te revoir, en tout cas ! lança Kirua. T'as nos numéros, hésite pas à appeler !
Elle opina et agita son téléphone dans lequel, à tour de rôles, ils avaient tapé le leur. Le trio disparut au milieu de la foule jusqu'à ce qu'elle les perde. Une personne sauta à ses côtés la seconde suivante, sortie de sa cachette.
— Des amis à toi ? demanda Shalnark en lui tendant sa canette.
— Merci, dit-elle une fois sa boisson récupérée puis décapsulée. Oui, en quelque sorte.
Elle but une gorgée d'un air pensif. Il fallait qu'une fois rentrée, elle parle avec leur chef. À propos d'un bon nombre de choses. Tsubasa hésitait même à lui montrer la prédiction pour avoir son avis, mais pas que. Les jours passaient et ils n'échangeaient rien d'autre que des regards de loin ou des mots amers. Son long discours sur comment elle pourrait vivre libre, la soi-disant étincelle qui l'animait lui semblait bien loin.
— D'ailleurs, que sont devenus les prix de la vente ? s'informa-t-elle.
— On n'a pas encore trié ce qui allait nous revenir ou être revendu, lui expliqua-t-il.
Rassurée, la Hunter se retint de montrer sa satisfaction. Elle but une gorgée de sa canette en silence.
— Du moins, tous sauf un. Le boss a rencontré quelqu'un qui avait parié deux fois toute sa fortune pour obtenir les yeux écarlates aux enchères.
— Et ? l'incita
— Alors il lui a vendu. L'histoire l'a amusé. De toute façon, il y a une autre paire de prévue et nous ne l'avons pas. Pas encore, du moins.
Dégoûtée. Tsubasa était dégoûtée du boss. De toute la Brigade, sans compter Feitan, il savait mieux que quiconque quel lot elle réclamerait. Ses doigts se resserrèrent autour du contenu alcoolisé.
— Si le chef se retrouvait avec l'argent et les yeux, ça serait un bien meilleur deal, déclara-t-elle.
— Tu as une idée en tête ? répondit le blond un sourire aux lèvres.
— Il se trouve que j'adore parier, moi aussi. Et sur la table de jeu, il n'y a rien qui n'appartient définitivement à personne.
Elle apporta la canette à ses lèvres et but tout d'une traite. Sa main écrasa le fer pour la fendre en deux.
— Et si tu t'arranges pour que le croupier soit corrompu, j'ai le plan parfait.
— Je savais que te proposer de sortir était une bonne idée ! s'esclaffa-t-il. Bien sûr que je marche.
Il termina sa bière à son tour. Ils abandonnèrent alors leur intention de semer le trouble à la vente aux enchères extérieure puis se dirigèrent vers la moto qui les attendait toujours. Ils quittèrent le centre ville, en route vers le nouvel objectif.
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