Chapitre quatorze [partie deux]
❝ Je suis restée seule dans ces ténèbres❞
30 août, Yorkshin City [18h47] — SEPT MOIS APRÈS L'EXAMEN
Parée. C'était le mot employé par Tsubasa, d'un entrain inégalable. Bien plus au point que prévu, la jeune femme se sentait prête à affronter n'importe quoi avec la force nécessaire. Après trois semaines à s'entraîner avec William du matin au soir, elle prit une journée de repos puis se mit en marche vers son objectif initial. À presque dix-neuf heures, elle entra enfin dans Yorkshin. Descendue d'un taxi, la blonde arriva en plein centre-ville. Les rues gorgées de monde et de stands la firent soupirer.
— Va te repérer au milieu de la foule, pesta cette dernière.
Elle claqua la porte de la voiture et rajusta les sangles de son sac sur ses épaules. Vêtue d'un haut noir à manche longue rentré dans un jean de la même couleur avec une ceinture autour de sa taille, la chaleur ne l'accabla pas grâce au soleil qui se couchait. L'objectif premier de Tsubasa était de trouver du travail qui la rapprocherait le plus possible de la vente aux enchères. D'abord tentée de suivre un acheteur en tant que garde du corps, elle se rendit compte que son nom de famille lui ouvrirait bien plus de portes. Au début du mois d'août, elle avait envoyé une lettre à un parrain qui s'occupait de la sécurité et de l'organisation. Puis, une semaine plus tard, la Berisha était engagée.
Arrivée à la fin du périmètre autorisé au public, des gardes l'arrêtèrent. Elle sortit donc un papier de sa poche qui attestait de son futur travail à leurs côtés et la jeune femme fut autorisée à entrer. L'immense bâtiment qui accueillait les enchères était monopolisé par la mafia. Tsubasa avait rendez-vous dans l'un des étages avec son prochain employeur. Après de la marche, un ascenseur et deux plans du lieu plus tard, elle arriva enfin à destination. Deux coups frappés à la porte, une voix grave l'autorisa à entrer. Un homme assis à un bureau avec d'autres aux alentours tournèrent la tête vers elle.
— C'est pour ? demanda le chef un cigare à la bouche.
— Tsubasa Berisha, j'ai correspondu avec vous pour un travail lors de la vente aux enchères.
Il posa son havane dans le cendrier un léger sourire aux lèvres. Il regarda alors ses acolytes et pointa la blonde du doigt.
— Vous voyez, j'avais dis que ce n'était pas des blagues, ricana-t-il. J'ai vraiment engagé un membre de la famille Berisha.
— Veinard.
La blonde referma derrière et s'avança, postée à quelques mètres, mains croisées dans son dos.
— Mon nom est Lucky Luciano, reprit son employeur. Sache que les Dix Parrains sont ravis de cette collaboration avec ta famille.
— Moi de même, répondit-elle.
— Ton travail a quelque peu changé. Nous voulions t'assigner à la surveillance, mais après un appel d'un de nos confrères, tout le programme s'est vu chamboulé.
— Quel est le problème ?
— Eh bien, la fille de la famille Nostrad est une diseuse de bonne aventure. Toutes ses prédictions jusqu'ici se sont avérées authentiques et son père nous a appelé pour nous dire que les lots de la vente aux enchères risquaient d'être volés.
Son sourcil s'arqua. La famille Nostrad avait pu prédire l'arrivée de la Brigade Fantôme ? Si la mafia s'attendait à une attaque, ils fonçaient peut-être tête la première dans un piège.
— Tes talents ne me semblent pas discutables, reprit Luciano. Les lots arriveront tôt demain matin et une des Bêtes de l'Ombre viendra les récupérer. De là, nous te les confierons. Tu assureras la sécurité de l'intérieur sous couverture.
— Récupérer tous les lots ? s'étonna-t-elle. Je n'ai pas un hangar pour les stocker, j'aimerais le signaler.
— Inutile, tout tiendra dans une poche.
Le reste de la réunion ne fut qu'un briefing sur les semaines à venir. Tsubasa logeait dans un hôtel avec les autres employés ainsi que les Bêtes de l'Ombre, avec une chambre différente pour chacun. Son travail commençait le premier septembre, à dix-huit heures. Son temps libre lui servirait de repérage effectif. On lui donna un badge qui signait son accès illimité au site des enchères, ses clefs et quelques mots d'encouragement. Elle quitta la salle de réunion pour déposer toutes ses affaires. La jeune femme résidait au troisième étage et l'endroit avait l'air luxueux. Mais elle ne s'attarda pas sur la décoration de l'hôtel puis sortit. La traque commençait immédiatement.
Montée tout en haut d'un immeuble, elle joncha la ville. Il ne devait pas encore être neuf heures. Bras tendu vers le ciel, une aura entoura son corps. Lente, régulière. Un symbole noir se dessina sur le dos de sa main.
"Hand of the Alchemist : moon symbol"
Des faisceaux lumineux commencèrent à éclairer la ville à plusieurs endroits. Elle claqua sa langue contre son palais puis arrêta le phénomène. Il y en avait bien trop. Cette partie de son Hatsu ne pouvait s'utiliser qu'une fois la nuit tombée. Similaire à un système de traçage, elle manifestait son désir de trouver quelque chose imprégné de Nen et le clair de lune le lui signalait dans un rayon de plusieurs kilomètres. Pour réduire les recherches, Tsubasa avait demandé de lui montrer tous les utilisateurs de Nen à son niveau ou plus fort. Mais si proche de la vente aux enchères, ils se multipliaient. Elle réessaya donc une seconde fois.
"Montre-moi toute personne ayant une aura spéciale."
Le nombre réduit de moitié, voire aux trois quarts. Un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle sauta de l'immeuble vers le premier faisceau. Le symbole s'effaça afin de faire place à un nouveau.
"Hand of the Alchemist : air symbol"
Projetée en direction de sa première cible, elle atterrit sur une maison au milieu de la ville. La rue était bondée. La contrainte de son Hatsu revenait à ne pouvoir utiliser qu'un symbole à la fois et jamais de nature opposée. Une fois le symbole de lune utilisé, elle ne pourrait pas enchaîner sur celui du soleil, comme après l'air impossible d'invoquer la terre. Ses yeux parcoururent la foule pendant de longues minutes, sans grand succès. Dépitée, la jeune femme changea d'endroit. Sa traque dura bien deux heures où elle alla d'aura spéciale en aura spéciale. Cette dernière aperçut même Gon ainsi que Kirua mais elle ne s'arrêta pas, trop concentrée. Vers minuit, Tsubasa s'autorisa une pause. Il lui restait trois autres lieux à visiter avant d'épuiser ses ressources. Après avoir bu l'équivalent d'une bouteille, elle utilisa une nouvelle fois son Nen qui la mena à quelques rues plus loin. La jeune femme s'y rendit à pied, en Zetsu total. Toujours perchée en hauteur, elle constata qu'un duo marchait côte à côte, illuminé par son Hatsu. Un homme aux longs cheveux noirs attachés qui portait un sabre ainsi qu'un autre d'une taille démesurée à la peau matte. De toutes les personnes croisées ce soir-là, un sentiment étrange la prit aux tripes.
"Quatre vingt et soixante dix-neuf"
Au vu du non-aboutissement de son opération de cette nuit, elle décida de suivre son instinct. La Berisha sauta donc dans une ruelle adjacente du boulevard où ils marchaient sans trace de vie aux alentours, puis se montra à visage découvert. Ils s'arrêtèrent et firent volte-face.
— Bien le bonsoir, les interpella-t-elle en s'avançant.
Le duo se regarda, un peu confus néanmoins sur leurs gardes.
— Je suis un peu fatiguée, est-ce qu'il y aurait une âme charitable pour me ramener ?
— Nous devons rejoindre des amis, rétorqua le sabreur.
— Nobunaga, on a le temps !
Le plus grand avait un sourire sur ses lèvres.
— On peut te payer un verre, si tu veux, renchérit ce dernier. Puis te raccompagner.
— Si c'est la tournure que les choses vont prendre, tu devrais te déshabiller tout de suite, lui lança-t-elle en riant.
Ledit Nobunaga se frotta l'arcade sourcilière face à la situation. Il pensait la jeune femme en face d'eux un peu ivre et voyait déjà son ami l'abandonner.
— Ah oui ? Et pourquoi ça ?
"Hand of the Alchemist : fire symbol"
Puis le brun repoussa toutes ces idées. Elle venait de sortir du stade de Zetsu insoupçonné, un air narquois peint sur sa physionomie.
— Pour me montrer ton tatouage.
— Uvo, recule ! cria son compagnon.
Elle projeta une quantité immense de feu vers eux. Nobunaga se mit devant le géant et fit tournoyer son sabre afin de dissiper l'attaque qui les aurait endommagé. Ni une ni deux, il se jeta vers l'inconnue où un symbole en forme de triangle figurait sur sa main. Ce fut à ce moment-là qu'il remarqua ses yeux vairons. La distraction suffit à Tsubasa pour échanger son Hatsu.
— La Main de l'Alchimiste : symbole d'argent.
Son bras entier fut recouvert du métal en une fraction de seconde et contra le coup du brun qui allait l'atteindre. Son sourire redoubla. Elle envoya un coup de pied dans son flanc recouvert d'aura grâce à Gyô. Son temps de réaction était aussi rapide que le sien. Le combat ne s'expédierait pas. La jeune femme sauta en arrière, à distance raisonnable du duo.
— L'Araignée est donc bien à Yorkshin, constata-t-elle.
Le manque de réponse confirma ses dires. Uvogin s'élança à son tour vers elle, poing chargé d'aura. Au vu de la puissance qui s'en dégageait, la blonde jugea plus judicieux d'esquiver en hauteur. Elle s'agrippa au rebord d'une fenêtre à deux mètres du sol, pieds suspendus dans le vide.
— Merci pour ces précieuses informations, messieurs ! déclara-t-elle. Je suis certaine que nous aurons l'occasion de nous revoir.
Puis, sans rien ajouter de plus, Tsubasa fut comme propulsée dans les airs et disparut une fois remontée sur le toit. Uvogin et Nobunaga se regardèrent, incrédules.
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