Chapitre huit
❝ Tu te rendras compte que tu n'as jamais pu te défaire de l'oppression ❞
Au matin, le dirigeable déposa les candidats au sommet d'une tour. Leur objectif était d'atteindre le bas de cette dernière en soixante-douze heures au plus tard. Le premier réflexe de Tsubasa fut de se pencher au bord afin d'en estimer la hauteur. Sauf qu'au moment de regarder, une créature immense lui fonça dessus. Elle sauta vers l'arrière sous l'air moqueur de certains des participants.
— Moi au moins j'ai gagné une épreuve, bande de connards ! leur cria cette dernière.
Ils s'éloignèrent vite de la jeune femme. Les cernes sous ses yeux témoignaient de l'épuisement et on pouvait presque sentir son aura meurtrière émaner de son corps. Elle était restée éveillée toute la nuit. Son esprit avait vagabondé sur sa rencontre impensable et ne s'en détournait pas. Dire qu'il semblait à peine commencer de lui conter les pêchés de son pays, de l'organisation pour laquelle elle allait travailler...
Un bruit attira son attention. Tsubasa tourna la tête afin de regarder aux alentours, mais rien d'anormal. Du moins au premier abord. Elle se dirigea vers le milieu de la plateforme puis, à mi-chemin, posa le pied sur une dalle qui émit un bruit inhabituel. La blonde frappa cette dernière pour se sentir basculée dans un cri qui alerta les autres.
— T'as entendu ça, Gon ?
Kirua semblait à l'affut, comme un chat qui venait d'entendre un petit animal se déplacer dans les herbes.
— Entendre quoi ? s'étonna son ami.
Pendant ce temps, la Berisha tombait à l'intérieur de la tour. Le sol n'était pas encore visible mais la chute la tuerait à coup sûr. Paniquée, elle concentra son aura au niveau de ses jambes ainsi que de ses bras, prête à se réceptionner. Le choc contre la pierre fit trembler les mur et un trou d'impact là où elle venait d'atterrir se forma. Elle toussa à cause de la poussière.
— Je suis trop fatiguée pour ces conneries, murmura-t-elle.
Intacte, la blonde se leva afin d'épousseter ses habits. Il n'y avait personne aux alentours, juste une table avec trois bracelets déposés et un écran incrusté dans le mur au-dessus. Elle se saisit donc de l'ornement de piètre qualité puis le mit à son poignet. La télé afficha alors un message :
"Bienvenue sur le chemin de l'entraide, veuillez attendre que deux autres candidats se présentent pour commencer."
— De l'entraide ? Est-ce que c'est une blague ?
Sur ces mots, elle entendit le bruit d'une dalle en hauteur se retourner. Quelques secondes plus tard, Tsubasa observa avec horreur une personne avec des habits verts de dos. Elle papillonna des yeux afin de s'assurer que sa vision ne lui faisait pas défaut.
— Dis, tu veux pas escalader et aller ailleurs ? proposa-t-elle innocemment.
— Et ne pas pouvoir admirer le dégoût sur ton visage ? Je passe.
Irumi repoussa ses cheveux vers l'arrière. Son geste dramatique provoqua un soupir de la part de la jeune femme. Il se dirigea donc vers la petite table et accrocha le bracelet à son tour. La tension qui régnait dans la pièce la rendait mal à l'aise.
— D'ailleurs, ton frère ne t'a pas vu sous cette apparence au moins ? demanda-t-elle.
— Tu poses beaucoup de questions, pour une ennemie.
— Oh tu m'ennuies.
Elle se laissa glisser le long du mur. C'était sorti le plus naturellement du monde. Irumi ne dit rien et se contenta d'observer les alentours ainsi que le cratère causé par son aura. Après quelques minutes de silence, il finit par parler.
— J'oublie toujours que tu maîtrises le Nen. En même temps, tu t'es limitée aux bases.
Tsubasa sortit la bouteille d'eau de son sac et la déboucha pour en boire une gorgée, mais elle ne la rangea pas. Elle la garda à la main.
— Imagine ce que ça donnera quand j'aurais mes Hatsu, ricana cette dernière.
— Imaginer la médiocrité ?
— Non, te faire botter le cul par la même gamine que tu méprisais avant.
— C'est beau de rêver.
— Quoi, tu veux parier ?
Ils se jonchèrent. Le Zoldyck se leva et commença à s'approcher. Au même moment, elle versa de l'eau dans la paume de sa main et la projeta vers lui. Les gouttes s'arrêtèrent à moins d'un mètre de sa personne, comme une barrière.
— J'ai jamais dis maintenant. Recule, lui intima la blonde.
De nouveau, un bruit vers la plateforme retentit. Ils interrompirent les hostilités pour regarder vers le haut. Une autre personne tomba que Tsubasa reconnut très bien. Pour cause, son visage se décomposa.
— Vraiment, Hisoka ? soupira-t-elle.
— J'ai un peu hésité, et je me suis dis que le spectacle serait intéressant à regarder, se justifia-t-il.
— Donc tu nous observais, constata Irumi.
— Moi ? Non, je préfère le terme "malencontreusement aperçus". Mais puisque je suis là...
Il attrapa un bracelet, non sans rire face au nom de leur groupe et le passa autour de son poignet. Un bruit signe de l'activation de l'ornement retentit. Un message se diffusa sur la télé :
— Vous avez été sélectionnés pour le groupe de l'entraide. Le seul moyen d'atteindre le bas de cette tour sera en vous portant assistance les uns aux autres.
— Je vous jure, le culot de cet examen dépasse toutes mes attentes, déclara Tsubasa.
— Je trouve ça plutôt amusant, rajouta Hisoka.
— Pas moi ! rétorquèrent la Berisha et le Zoldyck en chœur.
Le bout du mur sur lequel se reposait la jeune femme se releva, ce qui la fit tomber en arrière sur le sol. Un passage venait de se dévoiler. Le rouquin pouffa face au désarroi de la cadette, dont la chute fut amortie par son sac.
— Je suppose que j'ouvre la voie, leur lança-t-elle.
Elle sauta sur ses pieds et se mit à avancer. Le duo suivit sans se poser de questions au-travers du couloir éclairé par des torches. Il n'y avait rien d'autre que des tournants, parfois des escaliers qui les firent descendre ou bien remonter. Puis, après quelques minutes à marcher, ils arrivèrent face à une porte en bois.
— Bon, tu ouvres ou...
Irumi fut interrompu par le bruit fracassant du pied de Tsubasa qui venait de défoncer l'obstacle devant. Elle entra sans lui adresser ne serait-ce qu'un regard et tomba face à une pièce sombre mais vide. Le plafond n'était même pas visible, un peu comme tous les endroits de cette tour.
— Et maintenant ? pesta la jeune femme.
Comme réponse à sa question, un bruit de chaîne résonna dans l'immensité de l'endroit. Elle fronça les sourcils, tandis qu'Hisoka et Irumi la rejoignirent à l'intérieur. Des escaliers en spirale montaient autour des murs. Après s'être habituée à la pénombre, Tsubasa constata que des personnes s'y trouvaient.
— Je vous présente quelques prisonniers de la Tour aux Astuces. Ils ont été relâchés pour vous bloquer le passage : au plus vous mettrez du temps à se débarrasser d'eux, au plus leur peine sera allégée, expliqua la voix de l'examinateur.
— Oh, une distraction, commenta Hisoka.
Tsubasa y vit un défouloir, au lieu d'une distraction. La duo derrière n'eut pas le temps d'esquisser un seul mouvement que la jeune femme venait de foncer en direction des prisonnier. Ils devaient être une bonne vingtaine. Sa première victime fut expulsée des escaliers par un coup de pied chargé de Nen. Il tomba dans un cri et s'écrasa sur le sol. Une marre de sang se forma autour de son corps mais la blonde n'y prêta pas la moindre attention puis s'occupa du suivant. Elle sortit un couteau de sa botte et trancha la gorge d'un détenu, ouvrit le ventre d'un troisième pour craquer la nuque du quatrième.
— On ne devrait pas l'aider ? proposa le magicien.
— Laisse-la se fatiguer, rétorqua Irumi.
La Berisha se saisit de sa bouteille d'eau et renversa le contenu dans le vide. Au lieu de couler, le liquide forma un nuage qui se transforma bien vite en une sorte de boomerang qu'elle attrapa de la main droite. Sans perdre de temps, elle le lança vers les personnes restantes en ligne droite et coupa la tête de chacun d'entre eux. Les cadavres s'écroulèrent, décapités, dans un silence religieux. Tsubasa se réveilla de sa transe lorsque le bruit du dernier corps tomba. Ses muscles venaient de bouger seuls.
— Une belle démonstration, lança Hisoka en applaudissant.
Comme d'habitude. L'issue du combat n'en avait aucune autre à ses yeux, mais maintenant que son acte venait d'être accompli, un vide immense l'emplit. Elle regarda les macchabés sans aucune émotion dans son regard. Fallait-il ôter une vie à chaque fois ? La réflexion lui sembla stupide sur l'instant. Après avoir assassiné une vingtaine de prisonniers, elle n'avait pas le droit de se poser la question.
— Oh, je connais cette expression.
Elle se tourna et vit Hisoka épaulé contre le mur dans les escaliers. Irumi, quant à lui, s'occupait de soulever une trappe qui venait de se déverrouiller.
— J'ai vu beaucoup de personnes dans cet état, reprit ce dernier. C'est la prise de conscience.
— La quoi ?
— Le moment juste après avoir ôté la vie d'un homme.
Tsubasa essuya sa joue pour se rendre compte que sa main était également tâchée de sang. Elle claqua sa langue contre son palais, un peu agacée.
— Juste après la sensation de victoire, un vide incommensurable t'envahit. Une longue symphonie de mélancolie.
Il porta une main à sa bouche tandis qu'il ricana. Elle ne put déterminer s'il se moquait ou se délectait.
— Bien que je ne fasse pas partie de ce type là, rajouta le magicien. Les assassins sont si dramatiques.
Le Zoldyck leur signala que la voie était libre et sauta dans le trou de la trappe. La blonde haussa un sourcil, jeta un dernier regard à Hisoka puis rejoignit l'autre un peu à la hâte. Elle se sentait plus à l'aise avec Irumi que le rouquin, étrangement.
— C'est le chemin de l'entraide, la prochaine fois, tu devrais peut-être penser à ne pas foncer dans le tas, lui déclara ce dernier.
Elle leva les yeux au ciel. C'était déjà mieux que de supporter le clown de service. La pièce suivante n'avait pas la moindre lumière. L'obscurité y régnait, sans possibilité d'y laisser la moindre particule lumineuse y pénétrer. La Berisha avança à tâtons, priant pour ne pas trébucher ou percuter quelque chose.
— Question comme ça : qu'est-ce qu'un Zoldyck fait à l'examen d'Hunter ?
— Oh, on est dans ce genre de banalités maintenant ?
— Il m'énerve, il m'énerve, il m'énerve ! pesta la jeune femme en se retenant de sauter à la gorge du brun.
Elle entendit Hisoka rire en arrière plan. Ce n'était absolument pas drôle. Sa soirée la tiraillait déjà assez, il ne lui fallait pas une couche de stress en plus ou elle allait perdre son sang-froid.
— J'avais besoin d'une licence, finit par dire l'assassin. Et Kirua a fui ici, donc ça me donne une double raison. Et toi ? Que fait une Berisha loin de son domicile sans la surveillance d'au moins un membre de sa famille ? Il faut dire que depuis l'incident, tu sortais rarement accompagnée.
— Je te laisse le choix : tu veux mourir étranglé ou éventré ? Parce que c'est largement dans mes capacités.
Hisoka tapa dans ses mains pour écourter la dispute, bien qu'il s'en délectait dans son coin. Le duo se tourna vers l'origine du bruit puis remarquèrent que ce dernier leur signalait sa position avec de l'aura.
— Il y a un trou ici, déclara-t-il. Est-ce qu'on tente d'y aller ou...
Le rouquin fut coupé par Tsubasa qui s'y précipita et sauta dedans. Tous les principes étaient bons pour se débarrasser de ses deux coéquipiers. Sa chute dura une poignée de secondes, elle glissa le long d'une paroi comme sur un toboggan, puis atterrit sur ses pieds dans une nouvelle pièce.
— Première arrivée, avec un temps de deux heures et trois minutes, Tsubasa Berisha ! annonça une voix dans un haut-parleur.
— Hein ? s'étonna-t-elle.
Irumi arriva un peu après et manqua de tomber sur la jeune femme qui était restée sous le débouché du trou.
— Deuxième arrivé, avec un temps de deux heures et quatre minutes, Gittarackuru !
— C'est quoi ce pseudonyme tout éclaté ? se moqua Tsubasa.
Il l'ignora royalement et tourna la tête dans tous les sens. Il constata à son tour que ça ressemblait au lieu d'arrivée.
— Je crois qu'on a pris un raccourci imprévu, dit-il. Il devait y avoir tout un parcours pour notre groupe à la base.
— Je pense aussi, l'approuva-t-elle.
Hisoka ferma la marche, dans une entrée des plus nonchalantes. Il atterrit droit comme un piquet.
— Troisième arrivé, avec un temps de deux heures et six minutes, Hisoka Morrow !
— On a déjà fini ?
Tsubasa et Irumi soupirèrent puis tournèrent les talons afin de chercher une sortie sans lui répondre. Il ne semblait pas y avoir de moyen de s'échapper. Ils tâtonnèrent les recoins, sans succès.
— Les portes se déverrouilleront lorsque tous les candidats vous auront rejoint ou auront succombé, déclara la voix dans les haut-parleurs.
— Quoi, deux jours à attendre ? s'indigna-t-elle. C'est mort !
— Tu n'as pas vraiment le choix...
Trop tard. La blonde interrompit Irumi par un coup de pied chargé de Nen qui démolit une partie du mur moins épaisse que les autres. Le vent arracha un soupir de soulagement à la plus jeune qui ne se gêna pas et sortit. Son aîné leva les yeux au ciel mais en profita pour la suivre.
— L'air libre ! s'exclama-t-elle.
La Tour aux Astuces se trouvait au milieu d'une île, entourée d'eau. Impossible de s'échapper avec la surveillance que les Hunters devaient assurer. Tsubasa se posta sur un rocher et fixa l'étendue qui s'offrait à sa vue, sourire aux lèvres.
— Pour ta gouverne, c'était une vraie question.
Elle se tourna et vit Irumi bras croisés en train de la dévisager. Elle arqua un sourcil, comme pour lui demander de quoi il parlait.
— Qu'est-ce que tu fais hors de chez toi ? précisa ce dernier.
— Oh, ça.
La Berisha s'assit face au brun qui semblait attendre une réponse.
— J'ai renié mon titre d'héritière des Berisha puis je suis partie à la recherche de la dernière famille qu'il me reste. J'ai tenté de trouver des informations sur lui en ligne, mais les sources que j'ai trouvé venaient du site des Hunters. Donc il me fallait une licence.
— Ah, tu parles de ton cousin ? Moi je sais où il est.
Ses yeux s'agrandirent aussitôt. La dernière chose à laquelle s'attendait Tsubasa était que Irumi Zoldyck sache qui était son cousin, mais surtout, où le trouver. Méfiante, elle ne répondit rien sur l'instant.
— Tu veux savoir ? demanda l'assassin. Ça risque de te faire un choc.
Elle ne savait plus quoi dire. Il pouvait mentir, juste pour lui pourrir sa journée un peu plus. Mais le ton détaché qu'il prenait laissait indiquer un manque d'intérêt complet face à la situation. Elle pourrait peut-être quitter l'examen avec cette information, sans prendre le temps de terminer les épreuves. Ça lui épargnerait une longue et tumultueuse aventure dont elle ne souhaitait pas vraiment faire partie.
— Alors ?
Tsubasa soupira, passa une main sur son visage. Elle regarda par-dessus son épaule puis vers le brun. Il fallait une réponse. Mais laquelle ?
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