Chapitre 6: Catch Fire

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Une atmosphere d'excitation emplissait l'air. Tout le monde le ressentait. Chacun l'exprimait différemment. Gon trépignait d'impatience. Léorio exultait et serrait tout le monde dans ses bras. Kurapika semblait légèrement plus détendu que d'habitude et Kirua ne pouvait empêcher le léger sourire qui s'emparait de ses lèvres à chaque fois que Gon entrait dans son champ de vision.

Ils allaient s'inscrire à un concours de musique, tous ensemble. Ils se retrouvaient dans de nouvelles aventures et rien ne pouvait rendre le groupe d'amis plus heureux. Les inscriptions ouvraient à 16 heures. Il arrivait lors de certaines années où il n'y avait pas assez de combattants à la Tour Céleste, que le bâtiment mette ses activités principales en pause pour organiser des événements en tout genre. Personne n'avait aucune idée de comment le concours se déroulait, ni à qui ils allaient avoir affaire, mais étaient tous ravis que leur mois de travail ensemble débouche finalement sur quelque chose.

- On n'a toujours pas de nom de groupe !

- Vous avez des idées ?

- Hmm... Le Groupe Qui Fait De La Musique Sympa ?

- Peut-être que ça a marché pour le JanKen, mais c'était juste un coup de chance, Gon.

- Parce que tu as une idée, Monsieur Je-Sais-Tout ?

- Non, mais je sais que la tienne est nulle !

- Arrêtez de vous chamailler !!

- C'est pas très grave, sinon. On trouvera sans doute plus tard ?

- Oui, et puis c'est pas le plus important. Il faut qu'on s'entraîne plus sérieusement pour gagner.

- Kirua a raison, mettons-nous au boulot, on trouvera un nom plus tard.

Leur inscription proche et l'arrivée d'Aruka les ayant mis de bonne humeur, ils avaient opté pour une chanson plutôt positive. Elle était toujours empreinte du désespoir émo manifestement si cher à Kirua, mais semblait de prime abord plus positive que bien des choses qu'ils avaient joué jusque-là.

Ils s'étaient trouvés un peu embêtés en réalisant qu'il y avait quelques phrases en growl disséminées dans la chanson. Et lorsque Kirua leur avait fait part du problème, tout le groupe l'avait regardé avec des yeux ronds.

- Le growl ? C'est quoi, ça ?

- C'est l'espèce de chant guttural qui donne l'impression que les chanteurs de métal hurlent.

- Ils hurlent pas ?!

- Mais non...

- Je savais pas que ça s'appelait comme ça.

- Tu sais faire ça, Kirua ?

- Non. J'ai jamais trop compris comment ça marchait.

Ils avaient passé cet après-midi-là à regarder des tutoriels pour apprendre la méthode. Au départ, ils s'étaient tous regardé d'un air circonspect, puis Gon, égal à lui-même, avait décidé d'essayer. Et après trois essais infructueux, un son s'approcha de l'effet escompté.

A partir de là, Gon ne fit plus que ça, jusqu'à en être pénible pour son entourage, qui se limitait quotidiennement à Kirua et Aruka. Au bout d'une semaine, il était devenu absolument impressionnant. Il réussissait à faire plusieurs types de sons différents, et se montrait inépuisable. L'admiration de Kirua avait redoublé, le regard amusé d'Aruka aussi.

- Onii-Chan, comment ça va avec Gon ?

Elle lui posait la question tous les matins, au saut du lit, dès que Gon n'était pas là, c'est-à-dire pas souvent. D'abord, Kirua avait été exaspéré. Ensuite, il avait été exaspéré, mais rougissait quand même.

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Je parle de l'amour...

- Eh bah quoi, l'amour ?

Kirua avait viré à l'écrevisse en entendant le mot franchir la barrière de ses lèvres.

- Quand est-ce que tu vas lui dire ?

- Jamais... ! Enfin...Hmm...Ce que je veux dire, c'est que je suis pas amoureux.

- C'est pas ce que disent tes yeux... Ni les chansons que tu choisis d'ailleurs.

- C'est pas ma faute si la majorité des chansons parlent d'amour.

- Non, mais c'est ta faute si c'est celles-là que tu choisis !

- Ah ! Mais laisse-moi tranquille !

Et puis Aruka fuyait hors de la chambre pour laisser seul l'adolescent troublé et confus. Alors Kirua se posait des questions. Il se demandait si ça se voyait tant que ça, et si Gon s'en était rendu compte. A vrai dire, il était juste heureux d'être avec lui et n'espérait pas grand-chose.

Parce qu'il était convaincu qu'il ne l'aimerait pas en retour, parce qu'il ne le méritait pas, parce que Gon préférait sans doute les femmes. La seule chose que Kirua voulait, c'était qu'il reste avec lui, même si c'était douloureux, même si c'était précaire.

Rester avec lui et lui chanter qu'il l'aimait. Alors c'est ce qu'il faisait, seulement de temps en temps, pour ne pas que ça paraisse trop louche. Il prétextait qu'il aimait ce groupe, et c'était souvent vrai, et qu'il n'avait pas fait attention aux paroles, alors qu'il n'écoutait que ça. Et si Kurapika et Léorio ne se laissaient pas berner, et lançaient depuis quelques jours des regards bizarres à Kirua, les explications semblaient suffire pour Gon.

Parce que Gon, lui, était juste content de faire de la musique avec son meilleur ami. Il était heureux de chanter, de jouer, d'être avec lui, de l'avoir retrouvé. Il était heureux de se donner corps et âme dans la réalisation de ce rêve assez rigolo. Il était heureux de vivre avec lui, qu'ils s'amusent ensemble. Gon était comblé, aveuglé par la joie, parce que Kirua souriait, et c'était suffisant. Kirua souriait et le monde s'illuminait. Quand il chantait, il resplendissait, et pour Gon, c'était tout ce qui comptait. Alors il aurait bien pu chanter « la fête à la grenouille », tant que ça lui faisait plaisir, ça faisait plaisir à Gon.

Kurapika et Léorio avaient bien compris le dialogue de sourds qui s'était instauré entre les deux adolescents. Plus délicats qu'Aruka, ils ne cherchaient pas à s'immiscer dans leur histoire, mais en parlaient quand même. En réalité, ils étaient plusieurs à converser sur le sujet. Biscuit avait été la première à s'en rendre compte, et lorsqu'elle avait rencontré Kurapika, elle s'était empressée d'en discuter avec lui. Kurapika en avait parlé avec Léorio, qui avait confirmé cela comme s'il s'était agi de la plus grande des évidences.

« Mais bien-sûr que les petits sont amoureux. Ça crève les yeux depuis le début. », avait-il dit.

Léorio s'était révélé assez doué pour réaliser les sentiments des gens avant eux. Il gueulait partout, tout le temps, sauf pour ça. En ce qui concernait les questions d'amour, Léorio était un observateur sage et silencieux. Il avait compris bien avant Kirua ce que Gon représentait pour lui, comme il avait déjà compris que la haine de Kurapika cachait autre chose. Il le regardait s'empresser de répondre des messages hargneux aux piques lancées par le Chef de la Brigade Fantôme, se demandant comment un type si intelligent pouvait se montrer aussi buté.

*musique*

- Et donc, s'il t'énerve, pourquoi tu lui réponds ?

- Parce qu'il n'arrête pas de me harceler ! Je l'ai bloqué, je l'ai ignoré. Il y a rien à faire. Il revient toujours à la charge.

- Mais tu sais que même lui finirait par en avoir marre.

- Peut-être, mais il m'énerve trop !

- Tu lui donnes de l'importance.

Kurapika grommelait alors des choses incompréhensibles avant de continuer à insulter son pire ennemi.

La plupart du temps, les membres du groupe réussissaient à faire abstraction de leurs problèmes pour faire de la musique ensemble. Ils étaient doués, passionnés, amusés par ce qu'ils faisaient, alors ils s'abandonnaient aux notes, à leur instrument. Et à cet instant précis, lorsque la musique les transcendait pour offrir quelque chose de bien plus grand, de bien plus beau qu'eux dans leur individualité, alors ils se révélaient être un groupe exceptionnel.

Ainsi, une fois concentrés et attentifs les uns aux autres, le monde semblait disparaître. Ils savaient avec qui ils avaient une partie en parallèle, à quel moment avait lieu ce rythme jouissif, cette dissonance orgasmique, et, le sourire aux lèvres, ils se jetaient des regards complices.


It sure is something when we all catch fire
C'est sûr que c'est quelque chose quand nous prenons feu

Bodies burning like the sunrise
Les corps brûlent comme le lever du soleil

Stay with me, I'll show you paradise
Reste avec moi, je te montrerai le paradis

It feels so right
ça paraît si juste

Give me that peace of mind and I'll give you everything
Donne-moi cette liberté d'esprit et je te donnerai tout

Just know it feels so good that I could die and be alright
Sache juste que c'est tellement bon que je pourrais mourir et aller bien


Des regards complices, Gon et Kirua s'en étaient échangés beaucoup lors de cette répétition. Il faut dire que Gon était le deuxième chanteur derrière Kirua. Leurs parties se rencontraient, se superposaient, se frôlaient. Leurs voix se mélangeaient, se complétaient. Le timbre brillant de l'un se fondait dans celui plus moelleux de l'autre. Comme s'ils n'avaient été fait que pour chanter ensemble. Comme si leurs voix disaient ce qu'ils étaient incapables de prononcer avec des mots.


Alive, we breathe when everything is as it seems
Vivants, nous respirons quand tout semble comme il faut

But is there something much more?
Mais y a-t-il autre chose ?

Underneath the sheets, beneath the skin
Sous les draps, sous la peau,

There's a beauty waiting to be adored
Il y a une beauté qui attend d'être adorée

We're cradled in the thick of it,
Nous sommes bercés dans le vif du sujet,

But too ignorant to give a shit
Mais trop ignorants pour en avoir quelque chose à foutre


Le growl de Gon n'était pas la seule nouveauté que proposait la chanson au jeune groupe. C'était la première fois que tout le monde, à l'instar de Kirua, devait jouer et chanter en même temps. Ni Léorio, ni Kurapika n'avaient jamais vraiment pris la peine de pratiquer ce genre d'activités. Pourtant, quand ils ouvrirent la bouche pour la première fois, ils réalisèrent à quel point c'était libérateur. Chanter était plus instinctif, physique que n'importe quel instrument. Même s'ils n'avaient qu'à accompagner Kirua, ils prenaient un plaisir monstrueux à construire l'harmonie, à faire partie d'un tout. Inspirer ensemble, expirer ensemble. Sentir l'autre. Sentir sa présence, sa force. C'était tellement gigantesque que s'en était grisant.


Give me that peace of mind and I'll give you everything
Donne-moi cette liberté d'esprit et je te donnerai tout

Just know it feels so good that I could die and join the stars
Sache juste que c'est tellement bon que je pourrais mourir et rejoindre les étoiles


Kirua chantait toujours admirablement la partie principale. Entendre ses camarades graviter autour de lui ajoutait de la sincérité à son interprétation. Parce qu'il les entendait se donner entièrement. Ils sentaient que la musique les surpassait, et c'était à ce moment-là que les heures de répétition, d'acharnement, prenaient tout leur sens. Kirua chantait et il était heureux. Il était fin prêt à se montrer au monde. Certes effrayé, tétanisé, mais trop impatient pour ne pas en rêver.

Le petit ensemble rajoutait encore de l'intensité à la musique. Une synergie apparaissait entre eux, une synergie qui prenait aux tripes, dans leur compréhension de la musique, dans leur voix. Ils étaient ensemble, jouaient ensemble, chantaient ensemble. Et c'était soudain comme une étoile filante qui gravitait dans le ciel.


We exist in this moment only to fly
Nous n'existons dans ce moment que pour voler

Just stay with me
Juste, reste avec moi

Twisting love as we hold it on the inside
Nous tordons l'amour à forcer de le garder à l'intérieur

Just stay with me
Juste, reste avec moi


Le petit groupe improvisé qui faisait de la musique en sous-sol avait créé une chose ce jour-là qui était en gestation depuis longtemps, ils avaient créé du beau. Et la première personne à le remarquer fut Aruka.


It sure is something when we all catch fire
C'est sûr que c'est quelque chose quand nous prenons feu

Bodies burning like the sunrise
Les corps brûlent comme le lever du soleil

Stay with me, I'll show you paradise
Reste avec moi, je te montrerai le paradis

It feels so right
ça paraît si juste

Give me that peace of mind and I'll give you everything
Donne-moi cette liberté d'esprit et je te donnerai tout

Just know it feels so good that I could die and join the stars
Sache juste que c'est tellement bon que je pourrais mourir et joindre les étoiles

Give me that peace of mind and I'll give you everything
Donne-moi cette liberté d'esprit et je te donnerai tout

Just stay with me I'll show you paradise
Juste, reste avec moi, je te montrerai le paradis

It feels so right
ça semble tellement juste


Lorsque la chanson fut terminée, elle battit joyeusement des mains, les larmes aux yeux. Elle avait vu leur fusion, leur énergie lorsqu'ils étaient tous ensemble. C'était ensemble qu'ils étaient forts. C'était ensemble qu'ils remporteraient ce concours.

L'heure fatidique arriva enfin et le groupe se rua à la Tour Céleste au pas de course pour s'inscrire. Quelle ne fut pas leur déconvenue en découvrant le nombre de candidats. La file faisait trois fois le tour du bâtiment, et il n'était que 16h03.

- Je vous avais dit qu'on devait partir plus tôt !

- Oui, bah désolé d'avoir mis plus de temps que prévu à me préparer, Kurapika !

- Ce n'est pas grave, tant que nous sommes inscrits !

- Oui, le concours est ouvert pour trois jours alors on sera sur les listes de toute façon.

Le groupe avait alors pris son mal en patience. Kurapika avait sorti un livre. Léorio, soufflé et pesté quand il ne trouvait pas une fille à qui tourner autour et Kirua avait patiemment écouté Gon refaire le monde. Il objectait parfois, l'insultait souvent, mais la plupart du temps, il le détaillait rêveusement, se demandant si sa peau était vraiment aussi douce qu'elle en avait l'air. Alors Gon remarquait qu'il ne l'écoutait plus, et les adolescents se disputaient et se réconciliaient dans le même temps, sans que rien ne soit vraiment grave.

Rien n'était vraiment grave jusqu'à l'arrivée des trouble-fêtes. Ils étaient presque inscrits lorsque Tompa et les trois frères Amori se glissèrent devant eux dans la file d'attente. Leur sourire machiavélique était presque caricatural.

- Eh ! Vous passez pas devant nous ! Faites la queue comme tout le monde !

- Salut Tompa !

- Gon, arrête de pactiser avec l'ennemi !

- C'est pas de vous dont je m'étais occupé à l'examen Hunter ?

- Mmmh... Si... Mais... On est prêts à prendre notre revanche !

- Oui ! Vous êtes peut-être des bons Hunter, mais aucun moyen que vous soyez aussi doués en musique, héhé.

- En fait, on s'en sort plutôt bien.

- J'ai hâte de savoir ce que vous allez faire ! Je suis sûr que vous serez supers !

- Mais Gon ! Arrête ça !

- J'ai le droit de les encourager !

- Bon, ça va être notre tour. Salut, les petits musiciens.

- Les petits musiciens ?! Tu veux voir qui c'est le petit musicien ?!

- Les petits musiciens... Les petits musiciens... Mais ça sonne pas si mal, c'est marrant !

- Mais non, mais c'est ridicule, on va pas prendre une insulte en nom de groupe ?!

- Moi, j'aime bien. Les Petits Musiciens, c'est amusant, ça nous va bien !

- Je suis d'accord avec Gon et Kurapi...

- Evidemment. Tout le monde est toujours contre moi, de toute façon.

- Les Petits Musiciens, en abrégé, ça fait LPM. En plus, si on joue des trucs agressifs, je trouve que ça fait une ironie plutôt drôle. Et puis tous les groupes stylés ont des noms abrégés.

- Pff... Vous faites comme vous voulez, je capitule...

- Je vote pour LPM !

- Moi aussi.

- Pareil.

- C'est le nom le plus ridicule que j'ai jamais entendu...

- Mais non, c'est parfait ! Et puis maintenant qu'on a un nom, on est un véritable de groupe !

Finalement, même avec les trouble-fêtes, rien n'était vraiment grave. Parce qu'ils étaient ensemble, qu'ils étaient heureux, et qu'ils avaient une nouvelle motivation : gagner le concours.

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