Chapitre 28 : ieuD

Il avait suffi d'un « je t'aime » pour que tout dégringole. Kanaria portait avec elle toutes les qualités de la compagne idéale. Drôle, mature, cultivée, elle ne le bousculait jamais. Et c'était bien ça, le problème. Kirua avait le sentiment de courtiser son double, et il aurait préféré mourir que de s'enculer lui-même.

— Merci, répondit-il.

Il n'aurait pas pu être plus sincère. Rien d'autre ne lui était venu. Après avoir éventré des centaines d'humains à mains nues, pouvoir être aimé, même par son clone, était rassurant.

Il se pencha vers la majordome, baisa son front, puis sauta à bas du lit. Quelque chose n'allait pas. Il voulait l'aimer. Il voulait l'aimer pleinement, terriblement. D'un amour fou, malade, à l'image de ceux que l'on trouvait dans les romans, ou les feuilletons télés. Il voulait l'embrasser sous la pluie, souhaiter mourir pour elle, s'agenouiller dans la rue et lui demander sa main. Mais sa vie était déjà dédiée à un autre. Ce qu'il voulait par-dessus tout, c'était cesser de l'aimer, lui.

— Tu t'en vas ?

— Oui, je travaille tôt, demain.

— C'est hors de question.

— Pardon ?

— Qui a dit que j'en avais terminé avec toi ?

— Je suis désolé, Gon, tu sais que je dois partir.

— Il faudrait déjà que tu y arrives. Tu sais très bien que tu es à moi, Kirua.

— Kirua, tout va bien ?

— Oui, répondit l'adolescent, les yeux embués de larmes, toujours nu au bord du lit. Je vais y aller.

Aux côtés de Kanaria, il s'était cru tiré d'affaire, prêt à aimer de nouveau cette jeune femme idéale. Il ne l'avait jamais repoussée. Il l'avait même attirée à lui, parce qu'il était attiré par elle, sans jamais réaliser l'erreur qu'il commettait. Désormais, il ne voyait plus que le train de ses erreurs. Il avait suffi d'un « je t'aime » pour qu'il ne réalise qu'il n'appartenait qu'à lui. Tout était gâché.

Aveuglé par les sanglots, il ne remarqua la silhouette adossée au mur du couloir que lorsqu'il fut trop proche pour rebrousser chemin. Les dernières semaines passées sans entraîner son Nen se faisaient déjà sentir. Le chagrin lui avait fait perdre sa perception des autres individus. Même avant de découvrir le Nen, même dans ses moments d'agonie, Kirua avait toujours été capable de sentir les présences. Gon ne se cachait même pas. Il était simplement là, à attendre, le regard plongé sur l'horizon qui se déployait par la fenêtre. Sa propre faiblesse l'effraya. Kirua n'avait jamais réalisé à quel point la gloire le rendait débile.

Désormais plus attentif, il remarqua l'étendue de la puissance de son ancien partenaire. Des détails auxquels il n'avait pas prêté attention le frappèrent soudain. Les quelques centimètres qu'il avait pris au cours des derniers mois. Ses cheveux plus longs qui encadraient son visage. Sa musculature travaillée, plus fine et assouplie que celle habituellement arborée par les utilisateurs du renforcement.

Il déglutit. Gon devenait superbe. Un joyau soigneusement taillé par les mains d'Hisoka, dans l'attente de leur dernier combat. Son Nen avait perdu toutes traces d'enfance et d'innocence, pour ne laisser qu'une sauvagerie farouche. Quelques années plus tôt, il n'aurait écouté que ses envies, et aurait fui loin de ce concours idiot pour lequel tous se démenaient. Avec un tel pouvoir, il aurait pu trouver quantité d'ennemis à sa hauteur, et d'aventures palpitantes.

Il était pourtant resté. Il attendait la fin pour reprendre le cours de sa vie. Et même s'il ne faisait pas ce geste pour lui, l'attention toucha Kirua. L'adolescent ne l'avait jamais remercié d'être toujours là.

— Salut, Kirua.

Le concerné sursauta. S'il n'avait pas remarqué Gon avant de le voir, lui l'avait perçu depuis longtemps.

— Salut, Gon... Tu ne m'ignores pas, ce soir ?

— J'ignorais celui que je ne reconnaissais plus. Mais toi, je te reconnais, dit-il en se tournant vers lui. Je ne savais plus si nous reparlerions avant de partir chacun de notre côté.

— Gon, je...

— Tu es heureux ?

La question lui coupa le souffle. Le regarder l'embarquait dans un raz-de-marée infernal. Il suffisait de le croiser pour que son cœur se soulève. Combien de temps avait-il fait semblant de ne pas le ressentir ? Pourquoi amener une innocente dans les affres de son déni ? Depuis quand était-il perdu ? Non. Il n'était pas heureux. Il n'avait besoin que de le voir pour se comprendre lui-même. Il n'avait besoin que de le voir pour cesser de se mentir.

— Je ne crois pas. Et toi ?

— Tu me manques.

— Gon, tu es prêt à reprendre ? demanda Hisoka sans prêter attention à Kirua. L'entraînement de ce soir n'est pas encore terminé.

— Heu... On va pouvoir y aller, oui.

— Bien, je ne voudrais pas que tu te déconcentres trop longtemps. Ce serait contre-productif.

L'homme attrapa le menton du garçon, et l'embrassa langoureusement. Kirua fixa la scène, jaloux et mal à l'aise. Il pouvait voir son ancien ami frissonner du baiser torride, et ses sourcils, se froncer de l'embarras d'être ainsi observé.

Hisoka passa son bras autour des épaules de Gon, salua brièvement Kirua, et s'enfonça dans le couloir aux côtés de son élève. L'adolescent eut juste le temps de voir le visage soucieux de son ancien ami se tourner vers lui, avant de disparaître dans l'ombre.

§

— Tout va bien, Kurapika ?

— Au top, répondit une petite voix, derrière la porte de la salle de bain.

— Tu te moques de moi ? Je viens de t'entendre vomir.

Le verrou sauta, et la porte s'ouvrit sur la face livide du Kuruta. Le teint de sa peau oscillait entre le gris et le jaune safran. Ses lèvres gercées étaient violettes, et ses paupières, lourdes de fatigue. Le jeune homme sentait tout aussi mauvais que le reste de la pièce.

— Pourquoi tu me demandes si tu sais que je ne vais pas bien ?

— Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu es malade ? Tu as mangé quelque chose d'avarié ? s'inquiéta Kuroro.

— Ne sois pas stupide.

Kurapika tituba jusqu'à l'évier, puis but une grande rasade d'eau. Le visage qu'il vit dans le miroir l'effraya lui-même. Tout son crâne bourdonnait. Un goût infect sévissait dans sa bouche, et sa gorge l'irritait. Il payait les conséquences de la plus lourde décision de sa vie.

— J'essaye d'arrêter, avoua-t-il en s'allongeant sur le carrelage. Maintenant que je me suis retrouvé à copiner avec tes petits amis, je me dis que cette drogue me rend vraiment complètement con. Ça fait quelques jours que je n'y ai plus touché.

Kuroro s'assit à ses côtés. Il avait enfilé un jogging bleu nuit, brodé de motifs dorés, et apporté une couverture dans laquelle il emmitoufla son amant. Emmailloté jusqu'au cou, avec sa mine boudeuse qui dépassait tout juste de la couette, le Kuruta était adorable. Kuroro passa distraitement une main dans ses cheveux.

— Je suis content. Je croyais que tu m'en parlerais.

— Pourquoi ? Je suis censé te tenir au courant de mes moindres faits et gestes ?

— Oui, ce serait bien.

— Ça fait trop couple. On n'est pas un couple.

— Tu es sûr de ça ?

— Pfff...

Le jeune homme se retourna et fit dos au Lucifer. Même si sa présence le rassurait, il ne s'était jamais senti si mal. Tout son corps réclamait la drogue dont il tentait de se sevrer.

— J'ai froid. J'ai mal à la tête...

— Kurapika... Tu as l'intention d'arrêter définitivement ?

— Oui, ce serait bien.

— Jette les joints.

— Quoi ?

— Je veux que tu jettes les joints.

— Mais, je...

— Si tu ne fais pas une croix définitive dessus, ça ne se terminera jamais.

Savoir que Kuroro avait raison était sans doute le plus pénible. Ces joints coûtaient affreusement cher. Il les avait soigneusement roulés. Les jeter lui paraissait un gâchis épouvantable. Mais comment y résisterait-il lors d'une crise passée tout seul ?

— Tu te rends compte de ce que tu me demandes ?

— Oui.

Kurapika soupira.

— D'accord.

Son amant lui sourit, embrassa sa joue et se redressa.

— Je vais les chercher.

Il revint quelques instants plus tard, la petite boîte en métal contenant les joints dans sa main. C'était un bel objet, à l'aspect ancien, et très fonctionnel. De petites encoches permettaient de déposer les cigarettes correctement, sans qu'elles ne roulent partout et répandent le tabac hors des feuilles. Il avait valu une petite fortune. Pourtant, Kurapika n'avait jamais pris le temps de le regarder.

Kuroro lui tendit l'étui dans lequel apparaissait son reflet déformé. Kurapika n'y vit plus que le miroir de ses erreurs, toutes condensées dans le paquet aux fermoirs raffinés et sans égratignures. Et il la détesta. Il détesta l'image de ce qu'il était devenu. C'était lui, l'égratigné, le profondément blessé, brisé en deux. Il ne voulait plus avoir à faire tout ça.

Le jeune homme attrapa la boîte, la jeta dans la cuvette et tira la chasse. Le choc la fit s'ouvrir. Elle coula au fond de l'eau, laissant les joints flotter comme des cadavres à la surface, avant de disparaître dans le siphon.

— Voilà, dit-il en relevant les yeux. C'est terminé.

§

Le soir même eut lieu la battle entre Irumi et la Brigade. Kuroro avait porté Kurapika, qui hurlait depuis des heures qu'il assumerait sa partie, jusque dans la loge. Il regardait désormais le malade d'un air soucieux, assis face à lui.

— Je peux encore trouver quelqu'un pour te remplacer.

— Non !

— Qu'est-ce que tu vas bien pouvoir jouer dans un état pareil ? Tu peux à peine marcher.

— Je te dis que ça va. Je vais utiliser mon Nen et ça fonctionnera tout seul.

— C'est dangereux !

— Il y en a pour cinq minutes à peine, Kuroro. Ça va aller.

— Ecoute, Kurapika...

— Sors d'ici, et laisse-moi dormir. Ma décision est prise.

Kuroro n'insista pas outre-mesure, et quitta la pièce. Il risquait plus d'avoir sa peau en cherchant à obtenir le dernier mot qu'en le laissant faire ce que bon lui semblait.

La Brigade avait choisi une grande loge commune. Ils se maquillaient et s'habillaient ensemble avant les spectacles. Le Lucifer entra dans la pièce surchauffée, et s'attira quelques regards.

— Votre petit-ami n'est pas avec vous ? demanda Machi, tout en tamponnant du fard blanc sur son visage.

— Il ne se sent pas très bien. Il se repose à côté.

— Le type à la chaîne a le trac ? railla Phinks.

Nobunaga éclata de rire, la jambe de son pantalon à moitié enfilée.

Le Hunter vaincu par la scène, dit-il en imitant la voix-off d'une bande-annonce.

— Sans rire, reprit Machi. J'espère qu'ils offriront vraiment les sommes qu'ils promettent. Hors de question que je fasse toutes ces conneries pour rien.

— Aux dernières nouvelles, les quantités d'argent promises sont bien réelles, dit Shizuku. Mais impossible de savoir où ils les cachent.

— Les billets sont sans doute scellés dans une prison de Nen, répliqua Kuroro. Le plus important, c'est d'être dans les plus hauts étages de la Tour au moment des résultats. C'est là qu'aura lieu le transfert. Et c'est là que nous prendront l'argent si nous ne gagnons pas. Continuez à jouer le jeu en attendant.

— Dès qu'XHuntor est terminé, je me casse d'ici, lança Machi d'un ton révolu. Je ne supporte plus ces murs, ni les dingues à l'intérieur.

— Quand tu dis : « les dingues », tu parles d'Hisoka ? demanda Shizuku.

— Bien sûr que je parle d'Hisoka. Ces derniers temps, il est plutôt calme. Mais j'ai bien cru qu'on allait se battre à mort plus d'une fois.

— Comment se fait-il qu'il ait calmé le jeu ? Ce n'est pas son genre, dit Nobunaga.

— C'est à cause de Gon, répliqua Kuroro.

— C'est qui celui-là ?

— Le petit ami de Kirua, expliqua doucement Karuto.

— C'est qui Kirua ?

— Mon frère.

— Gon et Kirua... Ce ne serait pas les deux garçons qui étaient venus fouiner autour du QG, il y a quelques années ?

— C'est ça, affirma Feitan, jusque-là trop occupé avec sa combinaison, qu'il ne parvenait à enfiler, pour discuter. Les deux mômes.

— Ça remonte...

— Bref, du coup, c'est quoi le rapport avec Hisoka ? demanda Machi.

— Gon a choisi Hisoka comme mentor, dit Kuroro en haussant les épaules.

Toutes les têtes se tournèrent vers le Lucifer, puis les membres de la Brigade éclatèrent de rire à l'unisson.

— Et Hisoka a accepté de faire la garderie ? s'étonna Feitan.

— C'est toujours plus facile de garder un gamin quand on le confond avec une friandise, rétorqua Phinks. Sans déconner, vous vous souvenez de combien de fois il nous a bassiné avec cet enfant ?

— J'espère que le gamin a les fesses bien accrochées, dit Nobunaga.

Les autres repartirent à nouveau dans un grand rire, puis chacun vaqua à ses occupations.

La troupe ignora superbement Kurapika, qui gisait à l'angle d'un mur, lorsqu'ils furent sur le point de monter sur scène. Kuroro lui jetait des coups d'œil inquiet depuis son avant-poste. Il vit finalement le jeune homme se redresser, mut par une force surnaturelle, et ses jambes incertaines.

— C'est parti. Amusez-vous bien, dit Kuroro à son équipe.

*musique*

Shizuku, assise au clavecin, entama l'introduction dans un silence attentif. Droite sur son siège, en tenue de concertiste vampirisée, les vêtements déchirés laissant voir ses collants en résille, et sa peau éclatante et morbide, elle imposa à l'atmosphère bouillonnante un calme de cimetière.

Les instruments sur scène disposés sur scène étaient inhabituels. Un magnifique clavecin, tout droit issu du XVIème siècle, occupait une place centrale. Ses peintures colorées et ses finitions dorées éblouissaient toute la salle de leurs nuances chatoyantes. Sur le côté était disposé un ordinateur, supposé déclencher les effets de voix imposés par la chanson.


MÏ VÏ LÏ Ä SÄË
Moi / paradoxal / mensonge / avec / esprit

CÜNDÜ SÄË Ü VÜ Ü LÏ
Diminution / esprit / toi / refaire / toi / mensonge

MÏ TÏ
Moi / haut

MÏ ÜRÏ
De / cosmos

ÜNDÄ Ü VÖÏ Ü LÄ
Hologramme / toi / voix / toi / ici

Ü CÜNDÄ Ï VÏ
Toi / lâchement / dans / dualité


MÏ Ü FÏ ÜNTÄ
Moi / Toi / Guerre / Ténèbres

Ü LÄNDÄ TÄË
Toi / Matière / Paradis / Terre

TÜN DÏ
Combat / Transformation

ÜNTÄ ÜCÖ Ü FÜ Ü SÜN
Ténèbres / Echo / Toi / Aliénation / Toi / Soleil

MÏ ÜNDÄ
Moi / Hologramme

LÄ ÜNDÄ LÏ
Ici / Hologramme / Mensonge


Mensonge


CÜNDÄ ÜR LÄ YÄ
Diminution / Nous / Ici / Tirer

SÄTÄ YÄ LÄ Ü CÜN DÄË
Ombre / Tirer / Ici / Toi / Peur / Entropique

MÏ LÄË
Moi / Ame

NÄTÄ LÏ LÄË
Nature / Mensonge / Ame


Kurapika avait été si abasourdi par la prestation de Kuroro qu'il manqua de rater son entrée. Malgré son épuisement, il avait pu admirer la silhouette magnifique de son amant, entraînée, dominée par sa voix éraillée, vibrante de vérité.

A quoi pouvait-il penser lorsqu'il déployait ce texte mort, sorti du fond des âges, ou des décombres de son esprit ? A qui ces paroles étaient-elles destinées, lorsqu'elles émerveillaient et glaçaient le sang tout à la fois ?

Le Lucifer brillait, illuminé dans son chant de cygne noir, rempli de ténèbres, dépouillé de volonté. Il ne restait que lui, au milieu du monde. Devant. Central. Inévitable.

Le Kuruta déploya ses dernières forces pour se montrer à la hauteur de sa sincérité. Le Nen ne lui avait apporté qu'un maigre répit. Tout lui paraissait insurmontable, mais porté par la scène et son amant, il donna tout ce qu'il ne lui restait plus.

Machi n'avait encore jamais chanté sur scène, avant ce jour-là. Sa voix racontait la fatigue d'une chanteuse d'opéra ayant trop fumé. Mais elle en faisait quelque chose de fort, transcendant. La voix de Machi compressait le cœur, elle tordait les boyaux. Comme si chanter la tuait minute après minute. Comme si sa vie dépendait de toutes ces notes, et qu'elle glissait sur chacune d'entre elles.

Kuroro s'était retiré du devant de la scène, laissant toute sa gloire méritée à la jeune femme. Il l'entendait jouer, mais il avait besoin d'être sûr que Kurapika allait bien, ou du moins, qu'il survivait.

Même dans le chaos total, ses rythmes étaient apposés avec la plus redoutable précisions. Il jouait juste, fort, soutenait comme il avait toujours su le faire, peu importe les difficultés, peu importe le poids qu'il portait.

Le Lucifer arriva finalement jusqu'à lui. Ses cheveux blonds, humides de sueur, se soulevaient avec lui, emmenés par son combat contre lui-même, et toute la rage qu'il contenaient.

Il serrait les dents. Ses yeux étincelaient de colère et de fièvre. Ses bras s'abattaient sur les tambours, comme possédés par un souffle salutaire, une puissance issue tout droit des limbes du désespoir.

Il jouait, et tout sortait. Kurapika déployait tout ce qu'il pouvait, de ses plus grandes joies à sa haine destructrice, des meilleurs aux pires souvenirs. Il puisait en lui jusqu'à s'assécher soi-même, jusqu'à abandonner tout ce qui l'avait porté jusque-là.

Ce soir-là, Kurapika jeta les bagages qu'il ne pouvait plus emmener avec lui. Son corps n'avait plus le courage d'en transporter tant. Il hurlait en jouant, couvert par la toute-puissance des ondes sonores. Les larmes roulaient, sanglantes et libératrices, sur la toile de sa batterie, comme s'il compressait les dernières gouttes de son être, pour renaître et tout recommencer.

Kuroro se tint là, face à lui, incapable de regarder ailleurs, bouleversé de le voir brûler, calciner tout son passé et son histoire à chaque coup de baguette frappé sur l'instrument. Il vit Kurapika s'abandonner, se mettre à nue devant le reste du monde, surélevé jusqu'aux cieux par la haine de ce qu'il était devenu.

Le jeune homme blond releva finalement les yeux, et contempla Kuroro, qui l'admirait en retour. Il ne baissa plus le regard. Il le laissa se perdre dans ses deux yeux flamboyants d'un feu nouveau, réparateur. Pour cautériser les plaies, et inventer la pureté. Le pur dans les cendres.

Aux portes du paradis.

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