Chapitre 27 : Cellophane


I said, this looks like a job for me
J'ai dit, ça a l'air d'être un boulot pour moi

So everybody just follow me
Donc que tout le monde me suive

'Cause we need a little controversy
Parce qu'on a besoin d'une petite controverse

'Cause it feels so empty without me
Parce que c'est si vide sans moi

Kirua ne pouvait plus attendre la fin de l'enregistrement. Il fixa nerveusement les aiguilles de l'horloge, ses mains plaquées sur les cordes de guitare qu'il pinçait par automatismes. Partager la même pièce que Gon le rendait malade. Il en était presque arrivé à espérer qu'il parte, tant le voir reconstruire sa vie sans lui si simplement le faisait souffrir.

Sa présence était devenue lointaine. Gon l'avait effacé de son existence. Il lui passait devant sans même le regarder, et ignorait royalement chacune de ses prises de parole. Quelques fois, Kirua surprenait son regard posé sur lui, mais il se détournait dès qu'il était pris en faute.

L'adolescent ne conclut rien de ces échanges muets. Gon avait des yeux pour voir, et lui, le malheur de se tenir dans son champ de vision. Il était normal que leurs regards se croisent.

Les prises s'accumulaient sur les bandes-son au fil des jours. Les chansons à peine achevée étaient mixées dans la journée. Pariston et les autres agents du concours espéraient ainsi démarrer les ventes des disques dans la foulée d'XHuntor.

— Bravo, c'est super ! Vingt minutes de pause avant la reprise, crachota la voix métallisée de l'agent à travers le micro de régie.

Kirua fut accueilli à la sortie du studio par sa majordome. L'air soucieux de Kanaria inquiéta l'adolescent, et l'amena dans l'un des nombreux recoins déserts de la Tour Céleste.

— Ça va ? demanda-t-il tout en se laissant glisser contre le mur. Tu n'as pas l'air bien.

— Je chante contre Irumi-sama aujourd'hui, alors j'appréhende un peu. Après tout, il m'a vaincue, la dernière fois...

— Tu es bien plus douée que lui, ne t'inquiète pas. Irumi ne fait que tricher, mais je pense que tu peux le battre. Passe en second. Laisse-le démarrer. Ça lui compliquera la tâche.

— Pourquoi ?

— Il fait toujours en sorte de passer en deuxième position dans les battle. J'ai remarqué ça depuis un moment déjà. C'est plus difficile de trafiquer discrètement les votes s'il ne connaît pas d'avance la note que tu auras... Alors donne ton maximum, chante comme si ta vie en dépendait, et passe en deuxième. Tu vas tout gagner, Kanaria.

— Il est possible que ma vie en dépende réellement... Vos parents seront fous de rage si je gagne contre un Zoldyck. J'ai l'impression qu'aucune issue ne sera positive pour moi...

— Je n'en suis pas convaincue. Les connaissant, ils blâmeront sans doute seulement Irumi d'avoir perdu. Toi, de toute façon, tu obéis aux ordres. Tu me protèges.

— Ce n'est plus exactement le souci de l'obéissance qui me pousse à vous protéger, souffla-t-elle en souriant. Merci. Vous savez toujours comment me rassurer.

Kirua sourit à son tour, caressa sa joue du bout des doigts, et l'embrassa tendrement. Se passer de ses lèvres devenait de plus en plus difficile, tant elles le soulageaient, une fois posées sur les siennes.

Leur baiser devint rapidement fiévreux. La jeune femme se retrouva à cheval sur l'adolescent, les bras autour de ses épaules, contre le mur glacial du couloir.

— Les moments que nous passons ensemble me plaisent beaucoup, chuchota le garçon, tout proche d'elle, leur front collés l'un contre l'autre. Et j'aime beaucoup t'embrasser.

— Moi aussi...

— Il va falloir que j'y retourne... Mais je serai là, ce soir, pour te voir tout déchirer.

Kirua l'embrassa une dernière fois lorsqu'ils furent redressés, puis il regagna rapidement le studio d'enregistrement. Dans la pièce lambrissée, hermétique à tout bruit extérieur, seul Pariston végétait sur son téléphone, vautré dans le fauteuil de régisseur. Les autres n'étaient pas encore revenus.

— Comment tu vas, Kirua ?

— Ça va.

— J'ai cru voir sur Huntergram que tu t'étais rapproché de la petite Kanaria. Ça se passe bien ?

— Oui. C'est vrai qu'on a posté quelques photos ensemble.

— C'est très bien. Ça fait parler. Vous sortez ensemble ?

— Je... Je ne sais pas. Je ne me suis pas vraiment posé la question, répondit Kirua.

— Je comprends. Quoique tu fasses, évite d'annoncer une quelconque mise en relation publiquement. Le célibat reste ta meilleure option.

— Je sais.

— Dis-moi, Kirua, tu as eu le temps de réfléchir à ma proposition ? Qu'en est-il de ta carrière solo ?

L'adolescent soupira. Sa décision était prise depuis longtemps, mais l'annoncer à son agent rendait ses choix bien plus concrets et effrayants.

— J'ai réfléchi. Si nous gagnons XHuntor, j'entamerai ma carrière solo après la tournée prévue pour le groupe vainqueur. Sinon, je quitterai L.P.M à la fin du concours. Vous aviez raison. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud. Plus rien ne me retient ici.

§

Le Kuruta les voyait déjà, à l'attendre derrière la porte. Il sentait leurs regards hargneux et scandalisés peser sur lui. Il entendait les insultes et répondait aux coups, sans même les avoir encore croisés.

— Non, laisse tomber, ce n'est pas une bonne idée, je ne veux plus y aller, murmura Kurapika.

— Je te promets que ça va bien se passer, répondit Kuroro avec tendresse.

— Qu'est-ce que tu en sais ?

— Je suis leur chef. Et le pire est déjà passé.

— Comment ça ?

— Tu croyais vraiment que j'allais te jeter au milieu d'eux sans les prévenir ?

— Oui. C'est honnêtement ce que je croyais.

— Je ne suis pas inconscient. Tu te serais fait tuer sur le champ.

— Ou alors, ils seraient tous morts.

— Je ne doute pas de tes capacités à combattre, loin de là, commença Kuroro en riant. Mais dis-toi bien qu'ils sont six d'un niveau égal au tien derrière cette porte.

— Comment les as-tu convaincus ?

— Grâce à tes compétences. Les faits sont indiscutables. Tu es un excellent musicien, et bien meilleur batteur que Phinks. Nous aimons gagner, Kurapika. Avec toi à nos côtés, nous avons plus de chances. Et ils le savent. Ce qui a été plus difficile en revanche, ça a été de leur faire promettre de ne pas t'étriper lorsqu'ils te verraient. Et sur ce point, je ne suis pas tout à fait sûr d'avoir réussi.

— Je ne vais pas te le cacher, Kuroro, ce ne sera pas facile pour moi non plus. Je tuerai le premier qui me touche. Si cette collaboration devait se terminer en bain de sang, je n'aurais que peu de remords.

— Peu de remords ? Qu'est-ce que tu pourrais regretter ?

— Toi, répondit Kurapika sans oser le regarder.

Le Lucifer sourit, ému de la déclaration contenue en un seul mot. Son amant avait confirmé les doutes en lesquels il n'osait pas croire. Il avait concrétisé les espoirs que Kuroro chérissait en secret. Il lui avait avoué s'être attaché à lui. Pour le meilleur. Pour le pire. Pour la passion dont il ne pouvait se défaire.

— Si l'un d'eux porte la main sur toi, je le tuerai avec toi.

Kurapika releva vers lui un regard brillant, bien plus touché par sa promesse qu'il n'aurait voulu l'admettre. Ses défenses se brisaient. Ne pas accorder sa confiance à cet homme devenait chaque jour plus difficile.

Kuroro l'observa d'un air grave. Ils étaient arrivés à l'entrée du studio. Une simple cloison séparait désormais le Kuruta de son pire cauchemar. L'homme rêvait d'embrasser, câliner son amant, lui chuchoter des encouragements en caressant son dos. Ses yeux déjà rouges témoignaient de toute sa colère angoissée, et le Lucifer ne put s'empêcher de s'émerveiller face à la beauté de ses prunelles.

Il entra en premier dans le studio d'enregistrement d'L.B.F, Kurapika caché dans son dos. L'ambiance devint électrique en quelques secondes. Tous avaient conscience de leur rage insoutenable. Il aurait suffi d'un faux mouvement, ou d'un mot de travers pour que l'hostilité n'explose en une pluie de coups et de Nen déchaînés.

Le visage du Kuruta émergea de l'ombre, les pupilles écarlates. La colère et le ressentiment bouillonnaient en lui. Les mains coupables du plus grand drame de sa vie reposaient face à son regard de flammes. Comment s'était-il retrouvé là ? Pourquoi accepter une telle mise à l'épreuve ? La drogue avait été une barrière entre ses choix et sa conscience. Désormais, il ne pouvait qu'en payer le prix.

— Alors ce n'était pas une blague, vous l'avez vraiment amené là, dit Nobunaga. Promettre de ne pas lui trancher le crâne en deux a déjà été difficile. Mais vous imaginez que j'accepterai de jouer avec lui ?

— Il accepte bien de jouer avec toi, répliqua Kuroro.

— Moi, j'ai surtout du mal à comprendre ce qui l'a motivé, commença Machi. C'est lui, n'est-ce pas ?

— Lui qui quoi ? demanda Phinks d'un ton sec.

— C'est lui qui sort avec le chef.

L'atmosphère vira d'électrique à glaciale. Plus personne n'osa parler. Les membres de la brigade fixaient désormais Kuroro, et son amant à ses côtés.

— Nous ne sortons pas ensemble, murmura Kurapika.

— Personne ne t'adresse la parole, à toi ! vociféra Nobunaga. C'est vrai, chef ?

Face au silence obstiné de Kuroro, il continua.

— Je suis prêt à vous suivre partout. Vous savez à quel point je vous suis fidèle, mais ça... C'est ma limite. Le type à la chaîne, c'est ma limite.

— Si tu n'es pas capable de faire face aux conséquences de tes actes, et que tu préfères les enfantillages, alors tu n'as rien à faire avec moi, Nobunaga. — Il l'observa un moment d'un regard mauvais, puis se tourna vers les autres — Vous le haïssez parce qu'il a tué l'un de vos proches. Alors imaginez ce qu'il ressent envers vous. Et pourtant, il est là, aujourd'hui. Peut-être pour moi. Ou peut-être dans l'espoir d'une trêve, avec vous. Il est sans doute temps de tourner la page pour vous tous. Profitez de pouvoir le faire. Tout le monde n'a pas cette chance.

Des murmures s'élevèrent parmi les membres de la Brigade. Le discours qui semblait faire mouche pour certains en scandalisait d'autres. Le pardon n'avait encore jamais été au programme du groupe, et encore moins pour le type à la chaîne.

— Honorer la mort d'Uvo n'est pas un enfantillage, répliqua Nobunaga, les dents serrées.

— Se venger aveuglément sur Kurapika non plus. Vous savez très bien qu'il représente un atout de choix pour la prochaine battle. Ouvrez-les yeux. On ne gagnera pas sans lui. Pas contre Irumi Zoldyck. N'oubliez pas les sommes d'argent qu'il y a à récolter à l'issue de ce concours.

Kurapika, muet, observait Kuroro d'un regard vide, incapable de comprendre qui son amant pouvait bien manipuler, entre lui et la Brigade. Si toutes les tentatives de séduction du Lucifer n'avaient eu pour unique but que de permettre à sa Brigade de remporter le concours, Kurapika n'en aurait pas été très surpris.

Il imaginait aisément son ennemi et amant élaborer un piège aussi égoïste, mais le voir agir ainsi contre lui, et réaliser la supercherie de leur idylle aurait été insupportable. Les semaines passées ensemble avaient établi entre eux une confiance dont il n'était pas prêt à se défaire.

— Très bien, trancha Machi. Je suis prête à laisser le type à la chaîne jouer avec nous au prochain passage. De toute façon, nous n'avons pas le choix. Mais n'allez pas penser que je ferai ami-ami avec lui, si c'est ce que vous attendez.

— Je n'ai pas non plus l'intention de copiner avec des criminels de votre espèce, répliqua froidement Kurapika.

— Estime-toi déjà heureux d'être encore vivant, rétorqua Nobunaga.

Le Kuruta s'apprêtait à répondre et lever les poings lorsque Phinks l'interrompit.

— Eh ! Type à la chaîne, on dirait que c'est toi qui assures la meilleure partie de batterie. Tu te crois plus doué que moi ?

— Ce n'est pas ce que je crois. C'est un fait.

— T'es plutôt arrogant pour un batteur de seconde zone dans un groupe pour enfant.

Kurapika sourit de toutes ses dents, les yeux étincelants. Il traversa la pièce, et s'arrêta face à Phinks, qu'il défia du regard.

— Le batteur de seconde zone te ratatine quand tu veux.

— Laisse-moi rire.

— Tu as peur de te mesurer à moi ?

— Certainement pas, répliqua l'autre, piqué au vif.

— Alors jouons à un jeu : c'est à celui qui réussit le solo de batterie le plus difficile. Celui qui perd exauce le vœu de l'autre.

— Prépare-toi à souffrir. Si je gagne, je te torture, puis je t'égorge.

— Nous savons tous les deux que je vais t'écraser.

Entre les deux hommes s'entama alors une guerre rythmique. Phinks, plus concentré que jamais, démarra à toute allure l'un de ses solos préférés. Les croches insaisissables défilèrent sur un tempo soutenu. Les sourcils froncés de concentration, il joua du mieux qu'il put, décontenancé par l'éternel sourire de Kurapika, qui alla même jusqu'à l'encourager et applaudir aux traits les plus réussis. C'était à croire qu'il n'avait rien compris au duel.

Phinks acheva son morceau en sueur, puis fusilla Kurapika du regard, qui le félicitait avec les autres. Le jeune homme blond attrapa ensuite ses baguettes, lança un coup d'œil victorieux à son adversaire, et démarra un solo de batterie comme personne n'en avait jamais entendu.

Les baguettes dansaient si vite qu'elles s'évanouissaient au-dessus des tambours. Les notes volaient et éclataient dans un concert d'ondes veloutées et agressives. Ce n'était plus de la musique qu'il jouait, mais une chose inhumaine et transcendante.

Plus personne ne pouvait détacher ses yeux du Kuruta, tous trop subjugués par la force qui émanait de son jeu. Il y avait quelque chose dans ses gestes qui n'avait jamais existé auparavant, et qui n'existerait plus jamais après ensuite. Et face au trésor qui se déroulait sous leurs yeux, aucun ne put respirer. Ni Kuroro, ni les autres. Ils n'avaient encore jamais vu une telle prouesse.

Kurapika acheva son solo, et tous expirèrent enfin l'air coincé dans leurs poumons. Ils s'observèrent sans oser parler. Face à ce prodige, ils ne purent que s'incliner. Le Kuruta se tourna alors vers eux, et demanda :

— On se met au travail ?

§

— Tu étais incroyable ce soir, Kanaria. La raclée que tu as mis à mon frère était magistral. Je suis fier de toi !

Kirua et la majordome buvaient à grandes lampées le vin amené par l'adolescent dans la chambre de la jeune femme. La victoire écrasante de Kanaria l'ayant rendu fou de joie, Kirua s'était décidé à célébrer en bonne et due forme ce que personne n'avait accompli après L.P.M : battre Irumi lors d'une battle.

— Tu l'as fait ! Je savais que tu y arriverais ! Maintenant qu'il est recalé plus bas, il ne pourra plus nous traîner dans les pattes ! Et toi, tu remontes avec nous. Tu as toutes tes chances, dit-il en la regardant, des étoiles dans les yeux. Tu mérites de gagner ce concours, Kanaria. Tu es exceptionnelle.

— Vous l'êtes aussi, répondit-elle en rougissant. J'espère que vous remporterez XHuntor.

Kirua l'observa du coin de l'œil, tandis qu'il vidait au goulot la bouteille hors de prix, assis à même le sol, et calé contre le lit.

— Vous devenez alcoolique, Kirua-sama, rit la majordome. Vous êtes en train de boire à chaque fois que je vous vois.

— C'est faux ! s'insurgea l'adolescent. Je ne buvais pas ce matin !

— Encore heureux...

— Tu n'es pas beaucoup mieux. Je n'ai pas vidé cette bouteille tout seul.

— Je confirme. Il faut croire que ça finit par faire de l'effet parce que ma tête tourne un peu.

— La mienne aussi... J'ai une idée ! Prenons une photo souvenir !

L'adolescent se positionna à côté de la jeune femme, son smartphone dans une main, le cadavre en verre dans l'autre. Les deux offrirent à l'appareil leur plus beau sourire, immortalisé dans la seconde suivante sur l'écran tactile. « Celebrating the queen ! » inscrivit Kirua en légende, avant de poster la photo sur son profil Huntergram. Les votes et théories sur leur stade relationnel apparurent dans les secondes suivantes.

— Les gens croient que nous sommes en couple, pouffa-t-il.

— Et vous, qu'est-ce que vous croyez ?

La jeune femme avait posé sa question d'un ton grave. Son regard soudain sérieux sondait lentement Kirua, qui l'observait, la bouche entrouverte, sans savoir quoi lui répondre. Kanaria était belle, intelligente, et amusante. Elle lui plaisait assurément, mais depuis Gon, le couple l'effrayait. Il appréciait l'amour simple et sans définition que Kanaria et lui s'offraient mutuellement. Mais tout cela convenait-il à la jeune femme ?

Elle s'était avancée jusqu'à frôler son visage, et contemplait désormais ses lèvres d'un regard lourd. Ses pupilles grises remontèrent jusqu'à ses yeux pour s'y planter sans détour. La peau de Kirua frissonna lorsque son souffle alcoolisé la caressa. Les battements de son cœur redoublèrent d'allure, au contact de sa bouche scellée à la sienne. Kanaria attrapa son visage entre ses mains, et lui donna un baiser langoureux. Désormais assise à cheval sur l'adolescent, elle perçut distinctement l'effet qu'elle lui provoquait, et loin de s'insurger, elle fit glisser ses doigts le long de l'érection naissante.

— Kanaria, qu'est-ce que tu fais ? demanda Kirua en s'arrachant au baiser.

— Ce dont j'ai envie.

La jeune femme fit coulisser la fermeture éclaire sans le quitter des yeux. Elle reprit ses caresses sur l'excitation bien visible de l'adolescent. La bosse ne cessait plus de distendre le boxer.

— Ce n'est pas une bonne idée... Nous avons beaucoup bu, ce soir.

— Vous en avez tout autant envie que moi.

— Il vaut mieux ne pas... Ah...

En moins d'une seconde, elle avait libéré puis englouti le sexe dressé. Ses lèvres pulpeuses flattaient sa peau fine et masquaient sa langue, qui s'enroulait autour du membre. Kirua, abasourdi, la regarda faire, sans y croire, les yeux écarquillés et le souffle court. Les caresses divines que lui procuraient Kanaria l'empêchèrent de protester. Le plaisir renversant l'embrasa de désir.

— Tu es sûre de vouloir faire ça ? lui demanda-t-il, d'un ton bien plus grave qu'à l'accoutumée, lorsqu'elle fut de nouveau redressée face à lui, les lèvres luisantes de salive. Il n'y aura pas de retour en arrière...

— Je n'ai jamais été aussi sûre de moi. Vous aviez raison. J'ai envie de savoir à quoi ça ressemble, au moins une fois dans ma vie.


*musique*


Didn't I do it for you ?
Ne l'ai-je pas fait pour toi ?


— Avec une femme, je n'ai jamais...

— Ce sera une découverte pour nous deux.


Why don't I do it for you ?
Pourquoi je ne le fais pas pour toi ?


Kirua souleva la majordome entre ses bras et la déposa sur le lit. Son regard fiévreux l'attira, et couché au-dessus d'elle, il s'empara à nouveau de ses lèvres.


Why won't you do it for me ?
Pourquoi ne le ferais-tu pas pour moi ?


Leurs baisers devinrent plus voraces et empressés. Kanaria caressait avidement toutes les courbes du corps de son maître.


When all I do is for you ?
Quand tout ce que fais est pour toi ?


Elle avait tant rêvé de son corps contre le sien qu'elle ne put plus attendre, ce soir-là. Kirua l'enveloppait de sa chaleur et ne se détachait plus d'elle.


They want to see us, want to see us alone
Ils veulent nous voir, nous voir seuls

They want to see us, want to see us apart
Ils veulent nous voir, nous voir séparés


Il finit par s'écarter et se dévêtit, dévoilant ses muscles saillants et élancés. L'adolescent lui sourit quand il remarqua qu'elle le contemplait, les yeux ronds et la bouche sèche. Entièrement nu, il grimpa jusqu'à elle, l'embrassa encore, puis l'aida à ôter ses propres vêtements.


And I just want to feel you there
Et je veux juste te sentir là


Kirua sursauta lorsqu'il vit la peau, lacérée par les coups de fouets, de Kanaria. Son épiderme était couvert des cicatrices laissées par la famille Zoldyck.


And I don't want to have to share our love
Et je ne veux pas avoir à partager notre amour


Les doigts du garçon glissèrent le long des marques. Il les traça du bout de la pulpe, sous les yeux écarquillées de la majordome, chacun de leurs contacts lui provoquant des frissons.


I try, but I get overwhelmed
J'essaye, mais je suis submergée


— On est pareil, toi et moi..., murmura-t-il, la main posée sur ses propres marques indélébiles.


When you're gone, I have no one to tell
Quand tu pars, je n'ai personne à qui parler


Les yeux brillants, il la couvrit de toute sa tendresse dans un fervent baiser, et laissa glisser ses lèvres le long de sa gorge, l'une de ses main, égarée sur son sein.


And I just want to feel you there
Et je veux juste te sentir là


Kanaria gémit lorsqu'il pinça son téton entre ses doigts. Comprenant ce qu'elle aimait, Kirua délaissa sa nuque et mordit l'autre mamelon, le regard absorbé par les expressions lascives de son amante.


And I don't want to have to share our love
Et je ne veux pas avoir à partager notre amour


Les doigts de Kirua effleurèrent la peau tendue de son ventre jusqu'à son pubis. Du bout des phalanges, il caressa la fente humide cachée par ses poils frisés, et y glissa son majeur.


I try, but I get overwhelmed
J'essaye, mais je suis submergée


— Kirua-sama...

Les mains accrochées à ses mèches de cheveux, Kanaria se sentit défaillir lorsque l'adolescent fit coulisser ses doigts au fond d'elle.


All wrapped in cellophane, the feelings that we had
Tout enveloppés de cellophane, les sentiments que nous avions


— Appelle-moi juste Kirua, s'il-te-plaît...

Elle hésita un moment, puis sourit.

— Pénètre-moi, Kirua.


And didn't I do it for you ?
Et ne l'ai-je pas fait pour toi ?


Ils soupirèrent ensemble lorsqu'ils furent unis l'un à l'autre. Rien ne les avait préparés à une telle douceur.


Why don't I do it for you ?
Pourquoi je ne le fais pas pour toi ?


L'amour les couvrait de plénitude. Puis Kirua bougea en elle, et la plénitude se changea en volcan.


Why won't you do it for me ?
Pourquoi ne le ferais-tu pas pour moi ?


Les soupirs se muèrent en gémissements étouffés. Un plaisir immense les renversa.


When all I do is for you ?
Quand tout ce que fais est pour toi ?


Tour à tour, ils s'admiraient et s'embrassaient l'un l'autre, fascinés par cet autre corps qu'ils ne connaissaient pas.


And didn't I do it for you ?
Et ne l'ai-je pas fait pour toi ?


Les mains de Kanaria exploraient les courbes du dos de Kirua. Ses lèvres dévoraient sa nuque pâle.


Why won't I do it for you ?
Pourquoi ne le ferais-je pas pour toi ?


Les coups de bassin accélérèrent. Leur respiration devint laborieuse.


Why won't you do it for me ?
Pourquoi ne le ferais-tu pas pour moi ?


Chaque expiration fut plus bruyante que la précédente, jusqu'à ce que leur souffle ne se termine en cri.


When all I do is for you ?
Quand tout ce que fais est pour toi ?


Le corps de la jeune femme se souleva soudain en un puissant spasme, sous le regard envoûté de Kirua. Elle hurla. Ses muscles, pulsant contre le membre de son amant, offrirent à ce dernier un orgasme brutal.


But I just want to feel you there
Mais je veux juste te sentir là


Ils s'oublièrent un instant, leurs deux corps dressés par la vague de jouissance libérée dans leurs entrailles.


And I don't want to have to share our love
Et je ne veux pas avoir à partager notre amour


Puis leurs yeux brûlants se rencontrèrent de nouveau, et ils sourirent tous deux, avant de s'embrasser.


I try, but I get overwhelmed
J'essaye, mais je suis submergée


— Alors ? demanda finalement Kirua en s'allongeant aux côtés de la majordome.


When you're gone, I have no one to tell
Quand tu pars, je n'ai personne à qui parler


— Ne jamais essayer aurait été vraiment dommage, répondit-elle, le sourire aux lèvres. Je n'imaginais pas ça si incroyable.

— Ça m'a beaucoup plu, à moi aussi.


They're waiting
Ils attendent


— Kirua...


They're watching
Ils regardent

They're watching us
Ils nous regardent


— Oui ?


They're hating
Ils détestent

They're waiting
Ils attendent

And hoping
Et espèrent


— Je crois que je t'aime.


I'm not enough
Que je ne te suffis pas.






***************************

Le chapitre d'aujourd'hui a pris un peu de retard. J'espère que ça n'a pas été trop pénible pour vous d'attendre une semaine de plus. 

Il s'avère que j'ai remporté le concours Plume Argentée, sur Wattpad. Ce concours étant en partenariat avec des Maisons d'Editions, j'ai eu la chance de pouvoir envoyer mon manuscrit d'Il était né libre à l'une d'entre elle (pour ce qui ne l'ont pas lu, c'est un BxB, un peu BDSM sur les bords, dans la Rome Antique, bien plus orienté sur le sexe que ce que laisse présager la couverture. *clin d'oeil de tonton relou*). 

Sauf qu'en mettant le nez dedans pour une petite relecture, j'ai réalisé que je le trouvais assez horrible par endroits, et que, même si j'étais miraculeusement éditée avec le torchon pour anus que j'avais pondu (bon, j'exagère, mais certains passages étaient vraiment horribles), je n'avais vraiment pas envie de retrouver ces phrases grotesques sur un vrai roman papier, exhibé à la vue de tous ceux que ça aurait pu intéresser.

Après un petit ménage de tous les adverbes pompeux et inutiles, remplacement des verbes valise répétés 40 fois sur un paragraphe, et remaniement des phrases incompréhensibles et lourdes comme jamais, j'ai pu envoyer mon manuscrit. On verra bien ce que ça donne. Je ne m'attends rien. D'ailleurs, j'hésite à poster la version corrigée sur Wattpad. Est-ce que ça vous intéresse ? 

Pour en revenir sur ce chapitre, j'ai décidé d'écrire un lemon soft. J'avais envie d'une première fois mignonne entre Kirua et Kanaria. Je les trouve vraiment adorables tous les deux. Une autre scène entre eux dans Shots de Limonade, ça vous tente ?



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