Chapitre 9 :
Dès que le gong retentit, je me met à courir en direction de la forêt. Je ne sais pas où est Théo, mais tous les autres autour de moi me regardait avec l'air de vouloir me tuer. Je donne tout et je disparaît à travers les arbres rapidement.
« Cours, cache-toi, ne fais pas de bruit, attends moi. ».
Quatre verbes, quatre mots, quatre consignes que je suis prête à suivre à la lettre. J'ai peur. Je dérape dans les herbes, mais je ne m'arrête pas. Aller plus loin, comme il a dit. Je suis bientôt obligée de m'arrêter, je n'arrive plus à respirer. Le souffle court, je fouille la forêt du regard. Ce ne sont pas les animaux dont j'ai peur, mais les humains. Un bruissement de feuille me fait sursauter, je suis prête à repartir à toute allure, mais je me rend compte que ce n'est que le vent. Au district Dix, j'aurais sans doute rigoler. Parce que Théo et papa auraient été là pour me protéger. Mais là, je suis seule. Je suis seule. Seule, comme dans la chambre, dans le noir, quand maman n'était plus là. Mais même là, c'était différent, Théo était de l'autre côté du mur. Si je criais, il m'aurait entendu. Aujourd'hui, si je crie, ce n'est pas lui qui va venir, mais quelqu'un qui veut me tuer. Je me retiens donc de crier, parce que si je le fais, c'est la fin, Théo me l'a dit. J'ai faim et j'ai soif. Il faut que je fasse quelque chose. Morgane m'a dit que j'avais réussi à avoir des sponsors, si j'ai un problème, elle a promis de m'aider. Mais si elle ne le fais pas ? J'ai peur. J'ai envie que Théo soit là, maintenant, j'ai besoin de lui. J'ai envie de pleurer, mais je ne peux pas, ce n'est pas le moment, pas l'endroit, je ne peux pas.
J'ai fabriqué un piège au pied d'un arbre comme j'ai appris à le faire pendant l'entraînement. Puis je suis grimpée dans un arbre. Théo m'a dit que c'était bien de faire ça et Morgane aussi. Là haut, je suis seule. Encore plus seule qu'en bas. J'ai peur aussi. Il y a les oiseaux, alors ça me calme un peu. Comme je ne bouge pas, ils n'ont pas peur. Ils ont la chance de ne pas avoir peur. Il y en a même un qui est venu près de moi. J'ai voulu le toucher, mais il s'est envolé. Du coup, je suis seule, seule, seule. Quand l'hymne retentit, je sais qu'un jour est passé. Théo m'a expliqué qu'une fois par jour, il y avait l'hymne et le visage de tout ceux qui étaient morts durant la journée. J'ai regardé si Théo y était, mais non. Il est vivant. Il va venir, il me l'a promis. Il m'a dit que la nuit tomberait après l'hymne, il ne faudrait pas que j'ai peur. Mais il s'est trompé, il fait encore jour. Tant mieux, il ne fera pas noir.
Je n'ai presque pas dormi. À chaque fois que je commençais à m'endormir, je me voyait tomber de l'arbre et je me réveillait en sursautant. À un moment, je suis descendu en bas de l'arbre. J'ai vu d'en haut qu'il y a un lapin. Il est mort. C'est triste, le pauvre. Je le détache et je m'excuse. Bien sûr, il ne répond pas. C'est comme les veaux de Happy. Ils sont morts très tôt.
J'ai faim et j'ai a manger. Mais je ne peux pas le faire cuire, Théo m'a répéter de ne pas faire de feu. De toute façon, je n'aime pas le feu, c'est trop chaud. Du coup, je ne peux pas le manger. C'est dommage.
Soudain, une main se plaque sur ma bouche et m'entraîne dans un creux. Au début, j'ai peur, j'ai l'impression d'être dans les histoires que maman et Théo me lisaient. Mais en fait, je me suis rappelé qu'il devait venir. Il est là, je suis contente qu'il soit là, je ne suis plus seule, je suis avec lui. Du coup, je ne me débat pas.
Et puis je l'aperçoit. Ce n'est pas Théo. Il n'a pas la même main, il a une cicatrice sur le dessus du poing. Et celui qui m'attrape ne l'a pas. Je me secoue, mais il me plaque contre la terre et m'ordonne de me taire. Je ne sais pas si je dois l'écouter, alors, dans le doute, je le fais.
Il attends un long moment, puis il me libère. Je ne bouge pas, j'ai peur de ce qu'il pourrait me faire.
-C'est bon, ils sont partis.
Je n'ose pas parler. C'est une fille qui est là, ce n'est pas Théo. Elle a les cheveux châtains, les yeux verts. Elle se tourne vers moi.
-N'ai pas peur, je ne te veux pas de mal. Je m'appelle Louise, je suis du Six.
-Lilou.
-Tu es celle dont le frère est volontaire ?
Je hoche rapidement la tête, trop effrayée pour y faire attention.
-Désolée si je t'ai fait peur. Il y avait des Carrières dans le coin. Je n'ai pas réfléchis.
-Des Carrières ?
Théo m'a dit que les Carrières, c'étaient les riches des districts et qu'ils veulent tuer tout le monde, encore plus que les autres. Je devais faire attention à les éviter. Si elle m'a aidé contre eux, Louise est gentille. Et puis, elle est belle.
-Oui, tu sais, les tributs du Un, du Deux, et du Quatre. Mais ton frère n'est pas avec toi ?
-Non, pas encore. Mais il va venir.
Louise est gentille avec moi, elle ne me veut pas de mal. Je me détends.
C'est comme ça que je ne suis plus toute seule. Heureusement, car Théo n'était toujours pas là quand la nuit est tombée. D'habitude, il est près de moi quand il fait noir. Peut-être qu'il m'a abandonné ? Et si il ne m'aime plus ?
La main de Louise me calme. On est caché dans des rochers. Quand la pluie est tombée, on était un peu abritées. Heureusement, elle a un couteau, elle sait chasser, se défendre, cuire les animaux, avec elle, je suis en sécurité. Mais j'en veux à Théo de m'avoir oubliée.
La pluie s'est enfin arrêtée. Je suis sortie pour me dégourdir les jambes, j'ai une crampe, ou une courbature, je ne sais plus.
C'est là qu'ils sont arrivés. Un garçon m'a poussé par terre. Je ne l'avais pas vu avant, il s'est camouflé dans les branches. Il a un trident dans la main. Il y a une fille et un garçon avec lui. Sans les avoir vu, je les reconnais, les Carrières. J'ai peur. Je n'ai jamais eu aussi peur. Il sourit et avance doucement vers moi. Il lève son arme et je crois que je vais mourir. Peut-être que la mort, c'est mieux que la peur ? Soudain, Louise intervient. Elle commence à se battre avec eux. Je me relève pour m'enfuir, mais il y a la fille qui est là. Elle n'est pas sympa, je le sais. J'ai trop peur, alors même si Théo m'a dit de ne pas le faire, je hurle de terreur.
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