Chapitre 6 :

Je suis sur le plot entouré de mines. Le terrain de l'arène est constituée de forêts et de collines. On se tient en cercle autour de la Corne d'Abondance. Je cherche Lilou du regard, mais je ne la vois pas. J'espère qu'elle suivra mes conseils, c'est-à-dire courir se cacher. Je me débrouillerai pour la retrouver. Le compte à rebours décroît. Je balaie les autres des yeux, cherchant toujours la petite silhouette de ma sœur. Je ne la voit toujours pas. Le compteur arrive à zéro et un coup de canon retentit. Les Hungers Games ont commencé.

Une partie des adolescents se met à fuir, mais la majorité court vers la Corne. Je fais partie de la deuxième catégorie, mais je croise fortement les doigts pour que Lilou ne fasse pas la même chose idiote. Je sais que je prends un risque, mais si je veux avoir une chance de la protéger, il me faut une arme, et des armes, il n'y en a qu'au centre. Je cours aussi vite que je peux. Un garçon essaye de me pousser au sol, mais j'arrive à l'éviter de justesse. Je trébuche plusieurs fois sur la terre, mais il ne faut pas que je tombe. Si je tombe, je risque la mort. Je pousse un cri pour me donner du courage. Je ramasse un sac à dos, le premier que je vois. Je cours encore. Je ne sais pas quel est mon objectif. Déjà, les plus rapides se sont emparés d'armes et commencent à tuer les autres. Une fille tombe tout près, tuée par une flèche. Sa meurtrière me menace à mon tour de son arc. Je panique, mais elle s'écroule sous un coup de masse donné par le garçon du district 2. Je me remet à courir. Je vois une pile de couteau. Si seulement je pouvais en prendre, ça me donnerait un avantage et je pourrais en donner un à Lilou. Je ne suis plus qu'à quelques mètres de la pile, mais je dois m'arrêter. Il y a trop de monde, trop de morts, trop d'armes. J'hésite un moment, un instant dangereux pendant lequel je suis vulnérable. Si je meurs, Lilou n'a aucune chance. Je saisi fermement mon sac à dos et je détale en sens inverse. Dans ma fuite, je tombe sur un corps, un couteau à côté. J'essaye de ne pas regarder les yeux vitreux du cadavre, mais j'ai croisé son regard vide, c'est trop tard. Une fille du 7. Si je me souviens bien, elle s'appelait Maggie. Mais ce n'est pas mon affaire. Je ramasse le couteau et je me met à courir, à courir pour ma vie, mais aussi pour celle de Lilou. Je trébuche plusieurs fois dans les trous du sol. Soudain, ma cheville se tord dans un creux plus gros que les autres. Je m'écrase dans l'herbe. Un liquide chaud coule de mon nez. Mais je ne pense pas à ça, je dois fuir, fuir. J'essaye de me relever, mais une main me plaque le visage dans la terre. Je crie de peur, je referme ma paume moite sur le manche du couteau. Je n'ai pas le temps de donner un coup à mon agresseur, celui-ci me prend le bras et me le tords dans le dos. Je hurle de douleur et lâche le couteau par réflexe. Je vais mourir. À cause de cette foutue cheville fragile. Et Lilou. Qu'est-ce qui va lui arriver ? Celui qui me maintient au sol ne m'a pas encore tué et d'après ce que j'entends, le bain de sang est terminé. Il ne reste plus que les carrières. Et moi. Une fille rigole, elle doit se moquer de moi. Mais je n'y fais pas attention, j'ai trop mal au bras. Mon bras droit est bloqué sous mon torse, je suis coincé, à leur merci. Je ferme les yeux, et je m'excuse auprès de Lilou. D'avoir voulu la protéger, mais d'être trop faible, comme toujours, pour réussir à le faire. Résigné, j'attends la mort, le coup final. Je ne me débat même pas.

-C'est pas drôle, regarde, il ne fait rien, se plaint une fille.

-Eh, mais c'est pas le mec qui s'est porté volontaire pour sa petite sœur ? s'exclame une autre.

Quelqu'un m'agrippe les cheveux à l'arrière de mon crâne et les tire pour soulever ma tête et découvrir mon visage.

-Si, c'est ce minable là, répond celui qui me plaque au sol.

-C'est triste. Venir aux Hungers Games pour la protéger, mais au final, mourir avant elle, se moque la première fille.

Je détaille les carrières. Il y a deux filles et deux garçons, plus celui qui me bloque le bras, tous armés jusqu'aux dents. Je n'ai aucune chance de les battre et à cause de ma cheville, je ne peux pas les semer non plus. Je vois qu'ils prennent plaisir à me voir dans cette position.

-J'ai une idée, intervient soudain l'un des garçons. Et si on le laissait partir ?

Je crois que je suis aussi étonné que ses camarades.

-Tu es sérieux Max ? On le tient et toi, tu veux le laisser partir ? s'agace une fille, celle de son district.

-Attends, réfléchis. On le laisse partir, il va retrouver sa sœur, on les retrouve tous les deux, et on pourra tuer la petite devant lui. De toute façon, il n'a aucune chance, il ne gagnera jamais.

La fille semble sceptique, mais l'autre se met à taper dans ses mains.

-Quelle bonne idée ! Je me réserve le droit de tuer la fille !

Je serre les dents. Ils pensent quoi ? Qu'on est des lots et on gagne le droit de nous exécuter ? Ils sont sérieux ? Visiblement agacé par ma réaction, celui qui me tient m'enfonce à nouveau le visage dans la terre. Je tousse, essayant de sortir l'herbe que j'ai dans la bouche. Je ne vois plus rien. Ils ont du s'éloigner pour discuter, je n'entends plus ce qu'ils disent. Je suis donc là, sans pouvoir bouger, à attendre qu'ils planifient mon exécution et celle de ma sœur.

-Tu te crois plus malin que nous parce que tu t'es porté volontaire ? me crache le garçon qui me colle le visage dans l'herbe.

Je ne réponds rien, de toute façon, je ne pourrais pas, la bouche pleine d'herbe, de terre et de sang. Je les entends discuter entre eux, sans saisir les mots prononcés. Puis une main me soulève de force. Le garçon du district Un me toise de toute sa hauteur. Je n'ai jamais été grand et il fait bien une tête de plus que moi.

-C'est ton jour de chance, microbe. On te laisse vivre un jour de plus, déclare le garçon du Deux, Max.

Je ne réponds rien, j'ai les jambes qui tremblent malgré moi.

-Regarde comme il a peur, rigole l'une des filles.

Le garçon du Un me pousse en arrière et je tombe.

-Vas-y, vas la retrouver, ta sœur.

Je n'hésite pas, et je me relève pour me mettre à courir. J'essaye d'aller aussi vite que je peux, mais ma cheville blessée m'oblige à boiter.

-Et il croit qu'il peut protéger sa sœur, se moque à nouveau la fille.

Un des garçons ajoute quelque chose que je n'entends pas, et ils se mettent à rire au moment où je disparais à travers les arbres. J'ai mal, mais je ne pense qu'à mettre de la distance entre eux et moi. Je suis coincé, je ne peux pas retrouver Lilou, je sais qu'ils suivront mes traces pour la traquer. Je lève les yeux vers le ciel. J'espère qu'elle va bien, mais je n'ai aucun moyen de le savoir.

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