Chapitre 2 :
Les Pacificateurs me mènent dans une pièce de la mairie. Elle est petite et en mauvaise état, à chaque fois, les deux tributs sont obligés de partager la même salle. Au moment où les Pacificateurs sortent pour nous laisser seuls, ma sœur se rue sur moi et se met à frapper mon torse de ses poings tout en disant à quel point j'étais idiot. Elle pleure. Je la serre dans les bras. Je sens ses épaules tressauter. Je n'ai pas envie de m'apitoyer sur mon sort, je pense juste à l'horreur qu'elle va être obligée de vivre. À vrai dire, je n'ai pas réfléchis à ce que j'ai fait, j'ai juste laissé mon instinct me dicter ce que je devais faire. Je m'en fiche de savoir si c'est une bonne idée ou non, du moment que je peux protéger Lilou. Les Pacificateurs ouvrent la porte pour faire rentrer les personnes qui veulent nous dire au revoir. Jules avance d'un pas timide avant de serrer ma sœur dans ses bras. Je les regarde faire. Je ne suis pas surpris que personne ne vienne, hormis mon père, qui doit passer en dernier. Alors que je les observe gentillement, la porte s'ouvre à nouveau sur Martin. Le garçon roux entre dans la pièce. Je vois de la tristesse sur son visage. Je sens les larmes me monter aux yeux, je le laisse seul. Sans un mot, il m'enlace. Je lui rends son étreinte.
-Théo, tu es fou ? Pourquoi tu as fait ça ? me demande-t-il.
-Ma sœur n'avait aucune chance seule, je devais l'aider. Je n'avais pas le choix.
N'importe qui aurait protesté, mais Martin sait que ma sœur compte plus que tout pour moi. Il a été avec moi dans les moments difficiles à l'école, il me connaît mieux que n'importe qui, à part peut-être ma sœur et mon père. Les Pacificateurs entrent dans la pièce, signe que le temps de discussion est fini. J'ai l'impression qu'il n'a duré qu'une seconde.
-Ne te fais pas tuer dans l'arène, d'accord ?
-Oui, dit-je, même si je sais que je ferais ce qu'il faut pour Lilou, quitte à prendre des risques.
-Mec, merci pour tout ce que tu as fait pour moi, je suis désolé de ne pas pouvoir t'aider, fais attention à toi, je ne veux pas te voir mourir, lâche Martin.
Je sais qu'il ne parle pas de ce qu'il ressent habituellement, ce qu'il vient de dire, c'est encore plus touchant venant de lui.
-Merci aussi pour ton aide.
Martin est entraîné à l'extérieur par les Pacificateurs. Je croise son regard une dernière fois, j'espère juste que ce ne sera pas la dernière. Il y a un moment où le silence règne, puis la porte s'ouvre à nouveau. Normalement, le temps imparti est d'une minute, mais les soldats, compatissant envers notre situation laisse mon père plus longtemps avec nous. Lilou se jette dans ses bras, pleurant à chaudes larmes tandis que je m'approche, presque calme. Je suis dans un état second, je ne comprends pas encore tout ce qui m'arrive. Mon père dégage un de ses bras de l'étreinte de Lilou pour m'attirer contre lui. Dans la chaleur de son corps, mes barrières se brisent et je me met à pleurer aussi. Après un moment, il me demande de m'éloigner pour parler seul à seule avec Lilou. Je m'écarte et je sèche mes larmes. Je dois me montrer fort pour Lilou, c'est moi qui ai choisi de l'accompagner. Je ne peux pas la laisser avoir peur. Je n'entends pas ce qu'ils disent et je ne cherche pas à le savoir, ça ne me regarde pas. Mon regard passe par la fenêtre. Dehors, les gens sont heureux de ne pas avoir été choisis, mais en même temps, je vois tous ceux de la classe de Lilou qui sont tristes. Elle était très apprécié, elle avait de nombreux amis. C'est à moi de faire en sorte qu'elle puisse les retrouver. Mon père a finit de discuter avec ma sœur. Il s'approche calmement de moi.
-C'est très courageux ce que tu as fait, déclare-t-il.
Je ne sais pas quoi répondre, je suis désemparé. Je n'avais jamais envisagé cette possibilité, ça s'est fait sans que je réfléchisse vraiment.
-Théo, je sais que tu veux bien faire. Mais ne prends pas de risques inutiles. Je ne veux pas vous perdre. Je vous aime plus que tout, fait attention à vous. Je ne veux pas qu'ils vous arrive du mal. Je ne veux pas vous voir souffrir. Lilou a besoin de toi dans cette situation, c'est très courageux de ta part de l'accompagner. Prenez soin de vous, d'accord ?
Mon père a la même maladresse avec les mots que moi. Malgré tout, je comprends ce qu'il voulait me dire. Je l'enlace et enfoui ma tête sous ses bras pour me protéger. Il n'y a que là où je m'autorise à être vulnérable. Puis les Pacificateurs entrent. Ils nous demandent gentillement de nous dépêcher, ils n'ont pas vraiment le droit de faire ce qu'ils font. Mon père acquiesce avant de nous réunir tous les trois, comme on le faisait quand on était plus jeunes, quand Lilou avait peur des orages et que même si je la rassurais, j'étais aussi terrorisé qu'elle. Mon père s'écarte de nous. J'évite le regard de Lilou, je sais que je ne tiendrais pas si je croise ses yeux.
-Faîtes attention à vous.
Mon père sait très bien qu'on ne pourra pas revenir tous les deux. Malgré tout, il espère, et moi aussi. Lilou court une dernière fois pour saisir la main de notre père. Je la rattrape et la serre fort dans mes bras pour la retenir de s'enfuir, rentrer à la maison.
-Ca va aller, Lilou, on va réussir, d'accord ?
Elle se débat légèrement, mais soudain, elle lâche et s'effondre dans mes bras. Je tombe au sol avec elle et la presse contre moi. Elle enfouit son visage dans mon épaule. Je relève la tête pour voir mon père une dernière fois avant que les portes se ferment. Ça y est, on est seuls dans la pièce. Gabrielle Hubman va bientôt arriver. Les Hungers Games vont commencer.
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