Chapitre 15 :

Sa bouche s'ouvre sur un air surpris. Ses yeux s'écarquillent. Elle porte ses mains à la blessure et baisse les yeux. Son visage devient blanc.

Au moment où mon cerveau comprend enfin les événements, je deviens fou. Je me relève d'un bond. L'adrénaline qui coule dans mes veines m'empêche de réfléchir.

Je vois Lilou tomber au sol. Je veux la rejoindre, mais le garçon m'agrippe par les épaules et me repousse. Je glisse dans la terre avant de me remettre sur pied aussitôt.

Mes yeux sont plein de larmes, je ne pense qu'à prendre soin de Lilou, mais il m'empêche de le faire. Je ne veux même plus le tuer, juste aller voir ma sœur.

Il me donne un nouveau coup de poing. Puis, il me rentre dedans et me plaque au sol.

Furieux, en détresse, je le repousse. Il attrape son couteau, toujours le sourire aux lèvres. Je me retourne et arrache la hache plantée dans l'arbre.

Je vois son bras, armé du couteau, approcher à toute allure de mon visage. Par réflexe, je pare le coup à l'aide de la hache.

On se regarde pendant plusieurs secondes à se regarder. Je suis une boule de fureur, mais lui a l'air heureux. Comment peut-on être heureux d'avoir blessé Lilou ?

Le garçon passe sa jambe derrière la mienne, et d'un coup, me fait tomber au sol. Je roule parmi les branchages. Il profite de ma faiblesse et se rue une nouvelle fois sur moi.

J'ai l'impression que ça fait une centaine de fois que je vis cette scène.

Le garçon du Un pointe son couteau vers mon visage, comme si il voulait me sacrifier. C'est ce qu'il veut faire selon moi. Mais je ne veux pas mourir sans aller voir une dernière fois le visage de ma sœur.

Par réflexe, je roule sur le côté. C'est la première fois que ma petite taille me sert car, le garçon du Un n'a pas réussi à me bloquer au sol avec ses jambes.

Sans trop savoir comment, je me dégage. Le garçon a planté son couteau dans la terre, à l'endroit où je me trouvait quelques secondes auparavant.J'en profite pour me relever. J'ai l'avantage sur lui. Je me rue sur lui.

Du coin de l'œil, je vois Lilou, allongée parmi les fougères. Mon inquiétude pour elle me donne le courage suffisant pour affronter mon adversaire. Je récupère la hache qui était au sol.

La rage bloque mes pensées, je ne fonctionne qu'à l'instinct. Je n'entends rien hormis les râles de Lilou et les battements de mon coeur, qui me tapaient aux oreilles.

Je renverse le garçon du Un, je suis en position de force. Là, il fait moins le malin. Je ne vois plus rien, les larmes où se mêle colère et peur me remplissent les yeux, je vois flou. Le garçon du Un se met à parler, il veut que je l'épargne, qu'on règle ça « d'homme à homme ». Mais je ne l'écoute pas, je peux pas entendre ce qu'il dit, il a blessé Lilou, il était prêt à nous tuer, il est hors de questions de lui donner une nouvelle chance de nous faire du mal.Il ne mérite rien d'autre que de mourir.

Je lance la hache sans avoir entièrement conscience de mes gestes. Le sang commence à tâcher son tee-shirt. Sa bouche se tend en une expression de surprise. Mais je ne ressens aucune émotion. J'ai toujours pensé qu'il était monstrueux de ne rien ressentir, mais là, je n'ai même pas cette pensé. Un coup de canon retentit.

Je me retourne, et j'avance d'un pas vide vers le corps de Lilou. J'ai l'impression d'être un zombie, je n'arrive pas à aligner deux mots dans ma tête, tout n'est que tempête.

Quand j'arrive près d'elle, je m'effondre littéralement. Ma sœur. Je n'ai pas réussi à la protéger.

Je peux la sauver, peut-être si j'essaye, si...

Ca ne sert à rien et je le sait pertinemment. C'est la seule chose qui est claire dans mon esprit, Lilou est morte. Mais je refuse d'y croire, je refuse d'accepter que ma soeur est morte par ma faute, parce que je n'est pas été capable de la protéger.

Je me met à appuyer sur sa blessure, cherchant quelque chose, n'importe quoi qui pourrait l'aider. Mais je sais qu'il est trop tard. Le sang ne coule plus, son coeur à cesser de battre depuis longtemps. A quoi bon chercher à sauver un cadavre ?

Non ! Ma soeur n'est pas un cadavre. Elle est vivante, elle va bien. Elle va se réveiller, on va se faire un câlin et elle va gagner. Ce n'est pas possible autrement. Elle y était tellement proche... Pourquoi il a fallut qu'il... ?

Je pleure, je sais que je pleure, je sais que toutes les caméras sont braquées sur moi, mais je m'en fiche. Je sais que derrière, il y a tout Panem qui m'entends, qui me voit, se moque de moi, mais il n'y a qu'une personne qui m'inquiète.

Je sais qu'il y a mon père, sûrement sur la place du district 10, qui regarde sa fille mourir car son frère n'a pas été capable de la protéger. Je suis désolé Papa.

J'attrape sa main, déjà froide. Il est trop tard depuis trop longtemps. Ce n'est pas possible, non.

-Lilou, je suis désolé. Je suis désolé de ne pas avoir réussi à te protéger. Je devais, j'ai essayé, j'ai échoué. Je suis désolé.

Je chuchote, je n'ai pas envie que les caméras captent mes mots. Ils sont adressés à Lilou et à elle seule. C'est là que je vois ses yeux. Ils sont vitreux. Le monde tangue encore plus sous moi. Le coup de canon, ce n'était pas pour le garçon du Un, il était pour elle.

De là où elle est, elle ne peut pas m'entendre. Je le sais depuis tout à l'heure, j'en ai conscience depuis que je suis près d'elle, mais je refusais d'y croire. Au fond de moi, il y avait toujours ce petit espoir qu'elle soit juste inconsciente, que je me fasse des films et que je m'inquiètes pour rien, qu'il était possible de la sauver.

Mais il y a ses yeux. Ce ne sont pas les yeux d'une personne qu'on peut sauver. Autrefois, ils brillaient d'une petite étincelle de joie, de son innocence, d'elle. Et là, maintenant, ils sont si... Si vides.
Elle est partie, elle n'est plus là, je n'ai pas su faire ce que je devais, je n'ai pas rempli mon rôle.

Je m'effondre et pleure sur son torse. Elle était trop jeune, trop innocente, elle n'avait pas à se retrouver ici.

Je pleure longtemps. Le garçon du Un n'est pas encore mort. Mais je m'en fiche, au fond, qu'il souffre, il le mérite.

Et puis le dernier coup de canon retentit. Je suis le dernier. Tout le monde est mort. Même Lilou.

Même ma sœur est morte. Je donnerai tout pour être à sa place, pour avoir pris le couteau à sa place, que ce soit elle la dernière. Que ce soit elle qui vive.

Les overcrafts doivent venir chercher les corps quand je me serais éloigné, mais je ne peux me résoudre à quitter celui de Lilou. Elle doit être seule, là où elle est. Jamais elle n'aurais eu a y aller si j'avais été capable de la protéger comme j'aurais dû.  Je reste collé à elle, incapable de reculer, de la laisser encore plus.

Alors, un overcraft est venu. Il nous a pris tous les deux. Une fois à bord, des personnes m'ont forcé à quitter Lilou, à la laisser seule, seule dans la mort. Je m'en veux, j'aurais dû faire autrement, j'aurais dû réussir à la protéger, mais je n'ai pas su.

Je ne vois pas où ils m'emmènent, je m'en fiche, je veux juste retrouver Lilou, juste ma sœur, juste être avec elle.

Les Hungers Games sont terminés. J'ai gagné, mais à quel prix ? Je n'ai jamais voulu les remporter, je voulais juste que Lilou vive, mais j'ai échoué, elle est morte, je suis seul, je n'ai pas rempli mon rôle de grand frère.

Lilou, si tu m'entends, je suis désolé, tu es arrivée à la place que je voulais prendre, je suis désolé.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top