Chapitre 14 :
Pourvu que ce ne soit pas Lilou. Pourvu que ce ne soit pas Lilou.
Le garçon du Un profite du moment où j'ai la tête levée. Il se relève sans que je fasse je le vois et me plaque contre un arbre. Il me tourne violemment la tête. Ça ne me tue pas, ça ne m'assomme pas non plus, mais d'un coup, tous mes membres sont engourdis, l'esprit embrumé. Je ne sais pas comment il a fait ça
Je lâche le couteau sans m'en rendre compte.
Il recule pour ramasser sa hache. Puis il se retourne brusquement et lance son arme vers ma tête.
Je ferme les yeux.
J'entends l'impact et des morceaux d'arbres sont projetés dans mon cou. Je tourne la tête. La hache est plantée à quelques millimètres de mon oreille. Je respire rapidement, j'ai mal, mais la peur de la mort m'a réveillé.
Il joue avec moi. Si il avait voulu me tuer, il l'aurait fait. Si il m'a manqué, c'est parce qu'il le voulait.
Il s'approche de moi et me toise, satisfait de sa supériorité.
Je ne sais pas pour qui le coup de canon a été tiré, Lilou, ou l'autre fille, mais au fond, pour lui, peu importe. Si c'est pour sa co-équipière, il n'aura qu'à éliminer Lilou. En revanche, si la fille du Un a gagné, cela ne changera pas de son plan de base. Il aura le dessus dans tous les cas. Il a gagné, c'est fini.
-De toute façon, je ne t'ai jamais aimé, lâche-t-il, comme si je ne le savais pas déjà.
Il me lance un coup de poing dans l'estomac. Je me plie en deux, la douleur me faisait tousser. Puis il se tourne vers la forêt. Cela ne fait aucun doute que toutes les caméras sont rivées sur nous.
-Messieurs, mesdames, profitez du spectacle, dit-il, s'adressant aux multiples caméras qui nous filment. Aujourd'hui, un garçon qui s'est pris plus fort que les autres, pouvant vaincre des Carrières va mourir. Alors que ce jour reste important, comme celui où j'ai remporté les Hungers Games !
Il se retourne vers moi, l'air satisfait. Il lève son poing pour m'assener un coup, le dernier, celui de la mort.
J'ai peur.
Je tourne la tête et ferme les yeux.
« Désolé Lilou. Je voulais seulement t'aider... »
J'attends le moment où sa lame pénétrera dans ma chair, le moment où je mourrai.
-Laisse-le tranquille ! s'écrie une voix que je reconnais aussitôt.
Lilou ! Elle est vivante !
Elle a récupéré l'arc de la fille du Un. C'est donc elle qui est morte.
Un soulagement sans nom m'empare. Je suis incapable de réfléchir, juste Lilou, là, devant moi, bien vivante.
Elle est pleine de sang, j'espère que ce n'est pas le sien. De là, je vois ses blessures, surtout sa coupure à la tête. J'espère qu'elle n'est pas trop blessée. Je m'en veux de ne pas avoir été là pour l'aider contre la fille.
Lilou menace le garçon du district Un d'une flèche. Il rigole et se tourne vers moi pour me lancer un regard comme si je savais qu'elle allait faire ça. Il fait une drôle de grimace, amusé.
-Tu crois faire quoi ? s'exclame le garçon, écartant les bras, sûr de lui.
-Laisse Théo tranquille !
-Baisse ton arc où je lui sépare la tête des épaules ! réplique-t-il en appuyant son couteau contre mon cou.
Je sens du sang commencer à couler, mais je ne réagis pas. Je n'arrive pas encore à comprendre dans quelle situation je suis. Ma sœur menace un Carrière pour me sauver. Finalement, c'est elle qui m'aide.
-Tire ! crie-je à Lilou.
Elle lâche la corde. Elle ne sait pas tirer à l'arc et la flèche part se perdre parmi les arbres. Le garçon suit la flèche des yeux avant d'éclater de rire.
-Tu crois vraiment que...
Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase. Je profite de son moment d'inattention pour lui attraper le bras et le retourner. Il me frappe d'un coup au visage. Je réplique par un coup de genou, qui ne semble pas l'affecter énormément.
Je ne pense qu'à le tuer, une fois que ça sera fait, Lilou aura gagné.
Le garçon m'attrape par les vêtements et me pousse violemment en arrière. Ma tête frappe une racine et du sang commence à couler dans ma nuque. Je ne m'en occupe pas et je lui donne un coup de poing dans le visage.
Celui-ci, furieux, me frappe à nouveau. Je ne vois plus rien, de la terre jaillit dans mes yeux.
On roule dans la terre, se battant pour survivre. Même si notre but principal n'est pas de sauver notre vie. C'est peut être le seul point commun que nous avons.
Le garçon du Un veut juste me tuer moi et ma sœur, il s'en fiche de la mort, de la vie, il veut le pouvoir.
Moi, je me fiche également de la mort, je veux juste que ma sœur ne la connaisse pas, pas encore, pas tout de suite.
Je tombe dans un fossé sur le côté. Après de nombreux échanges de coups, on arrête enfin. Il est assis sur moi, je suis coincé.
C'est à ce moment là que je vois qu'il n'a pas perdu son couteau dans la lutte. Je panique sérieusement. Ça y est, je suis mort.
Lilou est là, à quelque mètres et dès que je serais mort, le garçon se dirigera vers elle. Tout ce qu'elle pourra faire, c'est fuir, et espérer le semer. Mais à quoi cela servirait-il ? Il finira bien un jour par la rattraper. Si je meurs, elle meurt aussi.
Rien que pour le plaisir, le garçon me frappe à plusieurs reprises, profitant à nouveau de ma faiblesse. Je le haie, juste parce qu'il aime faire mal. Parce qu'il va me tuer et condamner ma soeur.
Je me rappelle à l'école, les coups, les insultes. Mais ça faisait moins mal que ces coups là, parce que Lilou ne risquait rien.
Ici, chaque coup me rappelle que Lilou va mourir. Et je ne doute pas que, sûr de sa victoire, le garçon du Un fasse durer. Le Capitole veut du spectacle, il sera heureux de lui en donner.
Il lève le bras. Je ne comprends pas comment j'ai pu échappé autant de fois à la mort. Le coup fatal aurait déjà eu être porté depuis longtemps.
Je respire, prenant un grand coup d'air pour profiter une dernière fois de l'odeur de la forêt.
Je garde les yeux ouverts, j'espère voir Lilou une dernière fois, rien qu'une fois, rien qu'une seconde.
Le garçon sourit, et son bras descends vers mon cou.
C'est la fin.
Soudain, une petite main saisit son bras.
Lilou est là et tient fermement le poignet du garçon, l'empêchant de terminer son travail.
Je ne comprends pas pourquoi elle est venue, elle aurait du fuir.
Le garçon a un moment d'arrêt, ne s'attendant pas à son intervention.
Puis, il change simplement le couteau de main.
Il tourne son bras et avance l'arme.
Sauf qu'il ne l'avance pas vers moi, mais vers elle.
Et avec un petit air satisfait, il plonge la lame dans le corps de ma petite soeur.
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