Chapitre 55: Fuir pour renaître (FIN)

Le train ralentissait, et un sifflement aigu se fit entendre alors qu'il approchait de la gare du District 10. Morgane, Pandora, Cassiopée et Angelina se tenaient prêtes près de la porte du wagon, leurs visages marqués par la fatigue et l'angoisse du voyage, mais leurs cœurs emplis d'un espoir fragile. La campagne autour d'elles s'étendait à perte de vue, contrastant avec l'oppression urbaine du Capitole. L'air y était plus pur, plus frais, presque un soulagement après les tunnels suffocants et les menaces constantes.

Le train finit par s'arrêter complètement, et dans le silence pesant, Morgane jeta un coup d'œil vers ses compagnes. "C'est ici," murmura-t-elle, sa voix à peine audible. Un mélange d'excitation et de nervosité la traversait. Elles étaient enfin arrivées. Sa main vint trouver celle de Pandora avec facilité mais elle ne croisa pas son regard.

Cassiopée hocha la tête et ouvrit la porte du wagon d'un geste sec. Le bruit métallique résonna dans le calme de la gare désaffectée, et une brise légère s'engouffra à l'intérieur, faisant voleter ses cheveux autour de son visage. Sans attendre, elle descendit la première, ses bottes frappant le sol poussiéreux avec une détermination nouvelle.

La blonde aux cheveux ondulés suivit, jetant des regards rapides autour d'elle. Le District 10 semblait désert, comme s'il était figé dans le temps, loin des violences de la capitale. Pourtant, elle savait que la sécurité ici était toute relative.

- Il faut rapidement la repérer, dit-elle d'une voix basse et tendue, comme pour rappeler à chacune que la menace n'était jamais loin.

Angelina fut la dernière à descendre, vérifiant rapidement leur environnement avant de rejoindre les autres. Elle regarda le paysage désolé devant elles, les champs bruns et les bâtiments abandonnés du district agricole. 

Elles avancèrent prudemment sur le quai désert, leurs pas résonnant dans le silence. Le District 10 était bien différent, par ici. Les bâtiments en bois semblaient vieux, presque délabrés, mais ils dégageaient une atmosphère rustique qui contrastait avec l'opulence étouffante du Capitole.

Morgane, les yeux plissés par la fatigue, secoua doucement la tête. Le groupe continua à marcher en direction de ce qui ressemblait à une vieille ferme abandonnée. Les champs à perte de vue semblaient déserts, mais un sentiment d'inquiétude planait sur elles. Quelque chose clochait.

C'est à ce moment-là que la porte de la ferme s'ouvrit soudainement, et une silhouette familière émergea dans la lumière pâle du matin. Iris. Elle se tenait droite, le visage marqué par la fatigue, mais son regard toujours aussi vif. Elle les fixait avec une intensité calme, comme si elle avait attendu ce moment depuis des jours.

- Iris ! s'écria Morgane, une vague de soulagement l'envahissant. Elle courut vers elle, suivie par Pandora et les autres. Lorsqu'elles arrivèrent à sa hauteur, Iris leur sourit faiblement, ouvrant les bras pour accueillir Morgane dans une étreinte brève contre son ventre arrondi.

- Vous avez réussi, murmura Iris, ses yeux brillants d'émotion. Je n'étais pas sûre que vous y parviendriez, avec tous ces Pacificateurs à vos trousses. J'ai entendu parler de Léonore...

 Elle se tut, son visage se durcissant à la mention du sacrifice de leur amie.

- Je lui ai tout dit. Tout sur le Capitole, sur vous, sur la mission des Louves. Elle savait ce qui allait se passer, elle a décidé que ce serait comme ça. Elle s'est portée volontaire en répondant à mon appel à l'aide...

Pandora hocha la tête, les larmes menaçant de couler à nouveau, mais elle les refoula. Cassiopée, toujours sur ses gardes, demanda :

- On est en sécurité ici, au moins ? Combien de temps avant que le Capitole nous retrouve ?

Iris secoua la tête.

- Le District 10 est moins surveillé, mais nous ne sommes jamais complètement à l'abri. Nous devons partir bientôt, avant qu'ils ne vous suivent jusqu'ici.

Angelina, qui était restée silencieuse jusqu'à présent, s'avança d'un pas, le regard timide.

- Où allons nous ensuite ?

- Il y a un réseau de résistance dans les montagnes, à quelques heures d'ici. Ils nous offriront refuge et protection, mais surtout, ils pourront vous aider à partir sans contrainte.

Morgane, bien que fatiguée, sentit un nouvel élan d'énergie la traverser à ces mots. Elle serra les poings, prête à affronter ce qui venait.

- Alors on part tout de suite. Plus vite on s'éloigne d'eux, mieux c'est. Je veux quitter Panem par les montagnes.

Pandora acquiesça sous les yeux bleus inquisiteurs de la brune.


- Nous toutes, nous tous... On devrait tous partir de Panem. L'argent que nous avons gagné lors des Hunger Games suffira pour passer la frontière. Après... On ne pourra compter que sur nous, mais j'ai espoir en cette solution.

- Oh, un pays ensoleillé, ronronna Cassiopée qui sautilla de joie. Parfait, je commence à ressembler à un cadavre. Sur une île déserte où on pourrait faire une lune de miel qui durerait des semaines et des semaines...

- Hors de question, dit Angelina d'un air dégouté, rougissant. 

- Je vais partir avec vous, avoua Iris d'un ton calme. 

- C'est vrai ? s'exclamèrent Morgane et Cassiopée en même temps, d'un ton empli d'espoir.

- Je n'abandonnerais jamais la rébellion mais j'ai un devoir. Je porte un enfant et je veux qu'il naisse en territoire libre, avec une mère, un père, un entourage aimant et sain. 

Iris servit un doux sourire sur son visage, empli d'un détermination qui rependait à travers les corps tristes et tendus des jeunes femmes une confiance aveugle. Elle posa sa main sur l'épaule de Morgane qui la regarda de ses grands yeux bruns.

- Il s'appellera Gabriel.

*FIN*

Lorsque Morgane ouvrit les yeux, elle vit tout d'abord une forme beige et floue. Après quelques papillonnements de la paupière, elle se rendit compte qu'elle avait la face contre son oreiller, avait copieusement bavé dessus, et fixait une Pandora endormie depuis le début de sa phase d'éveil.

Elle frotta ses yeux de ses mains rêches, emplissant ses poumons d'un air chaud, agréable. Les fenêtres de sa chambre avaient été ouvertes, les rideaux voletaient au rythme du vent. Elle regarda la blonde. Ses cheveux longs et blonds, son visage de porcelaine et son teint rosé. 

Elle déposa un baiser sur son front, se redressant en quête d'un petit déjeuner. Traversant le couloir, elle vit Cassiopée, Angelina, Kaloss et Valentin prendre le petit déjeuner ensemble. Angelina avait des suçons partout sur le cou, des cernes plus grandes que son avenir, et Cassiopée racontait d'une façon menaçante une anecdote à un Valentin aux cheveux ébouriffés qui sirotait son café.

- Le p'tit fait ses nuits ? demanda Morgane d'une voix rauque, première parole de la journée.

- Tu ne l'as pas entendu brailler toute la nuit ? demanda Cassiopée d'un air princier. 

- Non, heureusement que les murs sont bien insonorisés, ironisa Morgane en jetant un oeil suggestif à Angelina qui regarda son bol de lait comme si c'était la chose la plus intéressante au monde. M'est avis que tu l'as pas entendu beaucoup non plus, occupée comme tu l'es.

- Une fille de si bonne famille comme moi ne mérite même pas un petit pois sous son matelas, lui répondit la blonde aux cheveux ondulés avec un grand sourire, lui offrant une chaise.

- Iris dort, Gabriel aussi, répondit le jeune papa avec un sourire, grattant sa barbe d'un air pensif. 

Kaloss bailla longuement, avant d'agiter ses bras qui désormais n'étaient pls recouverts de bagues, de tatouages et de bracelets:

- Six mois qu'on s'installe là, les chéris, et je regrette déjà ma fortune passée ! Plus de chirurgie, plus de tatouages effaçables, plus de bijoux et de buffets à gogo !!! Maintenant, je dois trainer avec le bas monde, les sans abris, les pauvres... Tout le monde n'est pas comme ça, je le conçois, mes bichettes, mais tout de même...!

- Tu veux y retourner, mon ami ? demanda posément le Mentor en se tournant vers l'ancien tailleur.

- Pas encore, répondit Pandora, qui était arrivée entretemps. D'abord, on s'en tient au plan.

- Dans trois ans, nous reviendront pour niquer la gueule de Snow, murmura Cassiopée au lecteur avec un air hautain. En attendant, on envoie tout l'argent et les ressources qu'on peut à ceux qui sont restés à Panem. 

Angelina prit la main de sa femme, regardant d'un air songeur la bague à son annulaire, avant de dire d'un ton posé:

- Je pense que je vais rester ici. Cassiopée aussi. Bien que je soies autant que vous impliquée dans cette cause, et que mon coeur appartient à Panem... Retourner là-bas, c'est risquer de trouver la Reine de Coeur. Et puis, je n'ai pas vécu les Hunger Games.

- Prudence ? dit Cassiopée avec un sourire narquois. Oh, nan... T'inquiètes, elle fera plus grand chose maintenant.

- Qu'est-ce que tu as fait, encore, dit Pandora avec un air amusé, s'asseyant sur les genoux de Morgane qui grogna.

- Rien, rien. 

Cassiopée se pencha pour embrasser la joue de la rousse:

- Allez, bisous tout le monde. Je dois aller bosser.

- Ces études de droit pénal te passionnent vraiment, lui dit Valentin avec un visage empli de respect

- Plus que tu ne le crois ! Profite de ton congé paternité, le vieux.

Cassiopée claqua la porte de l'appartement, ses cheveux voletant dans l'air alors qu'elle farfouillait dans son sac à main en cuir.

- Il n'est pas vraiment en cuir, il est en matière végétale. Le vendeur m'a dit que c'était plus écoresponsable. Je lui ai répondu que je m'en foutais royalement mais Ange' a tenu à acheter celui-là, précisa la belle Price en souriant. 

Elle descendit les escaliers de l'appartement en sifflotant, faisant tournoyer son double des clefs entre ses doigts aux ongles courts:

- Je pense que vous avez le tableau, non ? Ca me ferait sincèrement chier de vous le dire mais... "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", à part le fait que je déteste les enfants, sauf ceux que je ferais avec Angelina quand on sera aussi vieilles et croulantes que Iris. Je ne lui ai pas encore fait part du projet, mais ça viendra. J'imagine que vous vous posez la même question pour Morgane et Pandora, c'est tout de même les héroïnes principales... Vous inquiétez pas, elles vont bien, même un petit peu trop bien à mon gout... Je dé-teste les couple sains.

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