Chapitre 38: Découvertes en tout genre
Le train filait à toute allure à travers les plaines désolées de Panem, tandis que le président Coriolanus Snow s'installait dans son compartiment privé après une douche matinale agréable. Le paysage défilait à une vitesse vertigineuse, mais Snow gardait son calme habituel, les pensées tournées vers la prochaine étape de sa stratégie implacable.
La porte de son compartiment s'ouvrit sans prévenir, révélant la silhouette frêle mais imposante de la Louve, devenue muette après la rébellion qu'elle avait perdue. Ses yeux étaient perçants, remplis de défi, elle était maitrisée par deux Muets à l'air aussi perturbés que effrayés. Ils refermèrent la porte, et l'assirent face à Snow, qui avait les bras croisés et le regard fixe.
Il l'observa un instant, un sourire glacé effleurant ses lèvres.
- Alors, Primrose, dit-il d'une voix douce, presque venimeuse. As-tu apprécié le spectacle dans le district 10 ?
La Louve le fixa, son silence parlant plus que n'importe quel mot. Son regard était une accusation muette, une réprimande silencieuse pour la cruauté dont il avait fait preuve.
- Je sais très bien, continua Snow, interprétant son silence. Tu penses que ma méthode est barbare, que la peur ne peut pas être le ciment d'une société stable.
La Louve serra les poings, ses yeux lançant des éclairs. Son mépris pour Snow était palpable, mais elle restait silencieuse, utilisant son mutisme forcé comme une arme contre lui.
- La peur, reprit Snow, ignorant son regard accusateur, est une arme bien plus puissante que l'amour ou la compassion. Tu as vu la terreur dans les yeux des habitants du district 10 ? Cette terreur est ce qui les maintiendra dociles.
La Louve, toujours silencieuse, laissa échapper un soupir de frustration. Son regard se fit plus intense, comme si elle essayait de lui transmettre une vérité qu'il refusait de voir. Ça la rongeait tellement de ne pas pouvoir cracher à cet homme toute l'hostilité qu'elle avait pour lui.
- Tu penses que cela nourrira la rébellion, n'est-ce pas ? dit Snow en la fixant. Que la peur ne fera que renforcer leur haine. Mais c'est là que tu te trompes. La peur brise les esprits avant même qu'ils n'aient la chance de s'élever. La peur te brisera toi.
La Louve détourna le regard, ses yeux se posant sur le paysage qui défilait par la fenêtre. Elle savait que discuter avec Snow ne changerait rien, mais elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un profond dégoût pour ses paroles.
- Le prix de la paix est souvent élevé, ajouta Snow d'un ton détaché. Et il n'y a pas de paix sans sacrifice. Le Capitole l'a compris depuis longtemps. Toi, en revanche, tu continues de croire que la rébellion peut triompher par la seule force de la volonté.
La Louve tourna lentement la tête pour le regarder, ses yeux remplis de défi. Elle ne pouvait pas parler, mais chaque fibre de son être semblait crier que la volonté de vivre libre ne pouvait jamais être complètement écrasée.
- Peut-être, concéda Snow avec un sourire froid, mais tant que je serai en vie, je contrôlerai cette terreur. Je la canaliserai pour servir le Capitole et maintenir l'ordre. Ceux qui résistent seront écrasés sans pitié. Et nous vivrons heureux dans la paix Capitolienne.
Le train ralentit soudainement alors qu'il approchait du Capitole, ses lumières scintillantes se profilant à l'horizon. Snow se leva, ajustant son manteau avec une élégance froide.
- Nous sommes arrivés, dit-il. Prépare-toi. Les habitants de Panem auront besoin de voir que tout est sous contrôle.
La Louve resta assise, le regard fixé sur Snow, son silence un acte de défi en soi. Tandis qu'il quittait le compartiment, elle se leva et chercha furtivement autour d'elle un objet coupant, quelque chose pour s'échapper.
Elle refusait de perdre espoir. Tant qu'il y aurait des gens prêts à se battre pour la liberté, la peur ne pourrait jamais triompher complètement.
✺
La lumière du jour filtrant à travers les arbres de l'arène créait des ombres dansantes sur le sol, un labyrinthe de lumière et de ténèbres où chaque pas pouvait signifier la vie ou la mort. Le terrain de cette édition des Jeux de la Faim était une forêt dense, parsemée de clairières et de cours d'eau traîtres. Les tributs du district 10, Assia et Inès, se déplaçaient avec une prudence calculée, leurs pas silencieux sur le tapis de feuilles mortes.
Assia, une jeune femme aux cheveux noirs brillants, et au regard féroce, avait grandi parmi les troupeaux de bétail, développant une force et une endurance impressionnantes. Ses cheveux étais salis par la boue, et son visage, marqué par la vie dans le district 11. À ses côtés, Inès, une jeune fille aux yeux perçants et aux réflexes rapides, scrutait l'environnement avec une vigilance constante. Elles formaient pour l'instant le duo le plus performant de l'Arène.
Elles s'étaient cachées dès le début des Jeux, pour ne pas se trouver dans le chemin meurtrier du district 1, 2 ou 4. Avec des techniques de survie redoutables, elles n'avaient qu'à attendre la fin des Hunger Games, ou la malnutrition aurait raison des autres.
Leur cible était claire : s'enfoncer dans la forêt le plus loin possible en essayant de trouver un coin avec le plus de ressources possibles.
- Inès, regarde, murmura Assia en s'accroupissant derrière un buisson, pointant du doigt un endroit précis à travers les arbres.
La concernée plissa les yeux, discernant le scintillement d'un cours d'eau et son doux clapotement non loin de là.
Elles avancèrent prudemment, évitant les fils et les déclencheurs cachés. Le soleil était haut dans le ciel, et commençait lentement à plonger vers la forêt dans une clarté totale qui rendait chaque mouvement périlleux. Arrivées à portée de juste devant la rivière claire qui suivait son cours, Assia se pencha avec un sourire victorieux.
- Si on reste là, on aura de quoi tenir jusqu'à la fin.
- Surtout que ça attirerait des animaux sauvages.
Assia et Inès échangèrent un regard complice, et elles se tapèrent dans la main, alors que Inès posait son sac au sol et s'accroupissait pour sortir ce qui semblait être un bol en ferraille de son contenant.
- Pas que des animaux sauvages.
Assia écarquilla les yeux en voyant une forme suspendue à un arbre, qu'elle n'avait pas vu avant car dans sa vision périphérique, bouger soudainement et tomber à terre lestement sur sa camarade.
Un coup partit et il fut d'une efficacité glaçante. Une fille aux cheveux lacés, un grand sourire aux lèvres, donna un coup de pied dans le dos de la fille à genoux. Celle-ci fut déséquilibrée et poussa un petit cri en tombant en avant. À terre, Inès sentit qu'on se glissait sur elle, et, d'un geste précis et silencieux, lui tranchait la gorge. Elle n'eut pas le temps de se débattre et s'effondra sans un bruit, le sang jaillissant de sa plaie béante.
Assia, tétanisée par la violence et la rapidité de l'action, se retourna brusquement, mais il était trop tard. Alban s'élança et abattit sa branche sur sa tête avec une force brutale.
Assia s'écroula, sonnée mais encore consciente. Elle tenta de se relever, mais le grand garçon noir la frappa à nouveau, cette fois avec plus de précision, lui cassant probablement le crâne. Elle s'immobilisa, son corps convulsant légèrement avant de devenir inerte.
Il lâcha la branche et se tourna vers Gladys, qui passait sa langue sur le couteau. Il eut un haut-le-coeur et détourna le regard.
- C'est fini, dit-il d'une voix rauque.
Gladys hocha la tête, son regard redevenant moins jovial et amusé.
- On a fait ce qu'il fallait.
Ils prirent quelques instants pour fouiller les sacs à dos, récupérant des provisions et des couvertures. Alors qu'ils s'éloignaient de la rivière, Alban réprima un nouveau relent de dégout.
- Fais pas ton fragile, dit plus doucement Gladys. C'est la première fois que tu vois un cadavre ?
- ... C'était nécessaire, non ?
Elle s'arrêta et le regarda, ses yeux perçant les siens avec plus de froideur qu'il n'aurait fallu.
- Oui, c'était nécessaire. Ici, c'est tuer ou être tué.
- Je ne te fais pas confiance.
- Si ça avait été réciproque, tu serais mort avec les dingos du 1.
- Tu me fais vraiment confiance ?
Gladys acquiesça. Les Jeux de la Faim n'étaient pas seulement une lutte pour la survie physique, mais aussi une lutte sociale: qui serait le plus convainquant, le plus utile des alliés. Chaque victoire les rapprochait de la sortie, mais aussi de la perte de leur innocence.
Ils continuèrent leur chemin à travers la forêt, leurs sens toujours en alerte, conscients que chaque moment de répit pourrait être brisé par une nouvelle menace. Le silence de la nuit était seulement perturbé par leurs pas légers et les bruits de la faune nocturne.
Après avoir trouvé un endroit sûr pour passer la nuit, ils montèrent la garde à tour de rôle, essayant de grappiller quelques heures de sommeil. Les pensées de Alban étaient hantées par les visages ces deux filles, qu'ils avaient assassinés.
Il décida de prendre Gladys sur ses épaules, encore endormie, pour continuer leur route sans l'épuiser. Il se savait droit et juste, mais elle semblait plus déterminée à finir ce jeu en vie. Il devait garder son alliée de fortune en vie.
Au petit matin, ils se remirent en route tout les deux, déterminés à continuer à se battre jusqu'au bout. Ils savaient que leur survie dépendait de leur capacité à rester éveillés, même si Alban avait une forte envie de dormir, plus forte encore que les pics de dopamine qui le traversaient lorsqu'il entendait un bruit suspect, ou un coup de canon.
Avec le soleil levant, un nouveau jour de combat commençait. Alban et Gladys étaient désormais la nouvelle alliance dont tout le monde parlait sur le plateau de Caesar Flickermann.
✺
Cassiopée avait toujours eu en elle cette petite chose qui faisait qu'elle explosait vite. Avant, on pouvait dire qu'elle était une sacrée peste, dû à la perte de Franck son premier amour. Avant-avant, c'était les comportements toxiques de son père.
On aurait pu trouver des tas d'excuses à Cassiopée Price pour être la petite princesse pourrie-gâtée qu'elle était. La réalité était qu'elle était vaniteuse, égocentrique, indécente, malhonnête, mais surtout qu'elle n'en avait absolument rien à foutre.
La blonde dansait avec les autres, un gobelet en plastique à la main. Les boites de nuit, qu'elle ne fréquentait plus depuis quelques semaines, puisque bien trop occupée à dormir auprès de son mari.
- Ou femme, je sais pas, ça m'emmerde, cria-t-elle à l'oreille d'un garçon lambda qui lui tournait autour depuis le début de la soirée.
Elle ressassait avec la rage aux lèvres ce qu'il venait de se passer, juste avant qu'elle ne prenne un jet en direction de cette boite de nuit où elle voulait oublier tout cela. Quelle pétasse de Valet de merde.
- De toute façon, on dit que les roux portent malheur, dit-elle au même gars.
- Je crois pas, bafouilla-t-il en pensant qu'elle s'adressait réellement à lui.
- Ta gueule.
Elle continua de ressasser le fait qu'elle aurait dû répliquer quelque chose d'horrible, de toxique, quelque chose qu'elle aurait tellement su mieux faire si elle n'était pas aussi...
Blessée.
Et on ne blessait pas Cassiopée Price impunément. La rage qui se dégageait de ses yeux et son envie de boire toute la bière qu'il y avait au bar ce soir-là semblait pourtant attirer une fille qui la regardait depuis tout à l'heure, à l'autre bout de la pièce.
Alors qu'elle harcelait le serveur pour qu'il la resserve encore une fois, lui lançant des insultes qu'il ne pouvait même pas entendre au dessus de la musique, la fille se rapprocha. Ivre, surtout de douleur, Cassiopée lui lança:
- Tu t'appelles ?
- Andréa. Désolée si je dérange...!
- Tu déranges pas.
Elles se lancèrent dans une longue conversation à propos du bar et des prix qui augmentaient drastiquement. Andréa semblait amusée et relax dans cette conversation, mais les regards ennuyés et furieux de Cassiopée lui firent demander, au bout d'un moment:
- Tu... Ce n'est pas le bon moment, là...?
- Désolée, j'ai la tête ailleurs, dit la blonde en réprimant sa langue de vipère de lui faire dire: CA SE VOIT PAS QUE J'AI ENVIE DE ME JETER PAR LA FENÊTRE, LA CONNASSE HABILLÉE EN BIMBO ?! J'ai des soucis avec "mon ex".
Andréa eut l'air affligée et hocha la tête avec un sourire charmant. Non pas charmeur, comme Cassiopée l'aurait cru, mais juste agréable à regarder. Joli. En plissant les yeux, la blonde se dit qu'après tout, les femmes ne devaient pas être pire que les hommes. Et au contraire d'eux, elle n'avait pas fait une seule allusion sexuelle depuis le début de la conversation alors que ses yeux montraient bien que Cassiopée l'intéressaient.
Sympa, elle le pensait sans ironie.
Elle l'entraina sur le dance-floor. Andréa se débrouillait pas mal, pendant l'heure où elles dansèrent comme des folles, Cassiopée pour évacuer sa colère, et la brune pour l'accompagner avec amusement dans ses danses. La blonde avait été convaincue qu'elle tenterait un rapprochement mal placé, une main qui se perdrait trop loin. Mais non.
Ce fut le cas, seulement Cassiopée oubliait de compter. Leurs corps se rapprochèrent, lorsque la musique devenait plus calme. Vers une heure du matin, elles dansèrent ce slow ensemble, collée l'une contre l'autre avec une langueur douce et cela lui plut.
Etonnée que la drague soit si réciproque et si naturelle, Cassiopée lui dit à l'oreille:
- J'adore ce moment.
- Moi aussi, ronronna Andréa en lui souriant, une lueur d'un quelque chose de mystique dans les yeux.
- On décale ? proposa la blonde, aussi naturellement que si elle avait dit "bonjour, ça va ?" à un inconnu dans la rue.
- Dans mon appart ? J'habite à côté.
Elle se laissa entrainer, savourant l'air frais sur son visage et la bière dans son ventre qui diffusait dans ses reins une envie d'aller aux toilettes et de rire très fort en même temps. Cassiopée était si bourrée qu'elle vit passer dans un brouillard flou le moment où elle posa ses affaires, et celui ou elle s'approchait d'Andréa pour venir l'embrasser passionnément contre la table de sa cuisine.
Le gout du baiser, l'étrangeté de sentir le rouge à lèvres et des doigts féminins sur sa peau, sur sa taille. Ce rapport de force si différent, qui l'enjaillaient soudain. Avec Franck, Ness, ou même Ange, elle sentait que c'était eux qui décidaient, jouaient de son corps et elle en profitait ou non.
Là, elle avait l'opportunité de choisir ce qu'elle voulait faire. D'expérimenter aussi, de se laisser aller dans un flot plus naturel, instinctif...
- Coucou, je suis rentrée.
Une porte claqua alors qu'une fille aux cheveux teints en bleus entrait, fermant la porte tranquillement. Cassiopée se retourna en sursaut pour voir la petite amie d'Andréa arriver: horreur !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top