Chapitre 19: La méchante fée qui n'était pas invitée au mariage

Les deux adolescents finirent par ouvrir les deux portières du wagon. C'était -bien sûr- Salomé qui l'avait fait. Et elle l'avait fait avec tant d'empressement que les gonds de la porte grincèrent et faillirent se décoller. Sa tête ébouriffée fit immédiatement penser à Morgane il y a bien longtemps, mais le grand sourire bête sur ses lèvres était bien la limite de la ressemblance.

Morgane ne souriait jamais comme ça. Elle ne souriait d'ailleurs pas si souvent que ça, ce n'était pas la façon qui lui était propre d'afficher sa joie. Alors que cette jeune femme, élancée, maladroite et directe, semblait absolument ravie d'être là.

- Bonjour !

Elle inspecta la pièce. Plutôt petite par rapport au nombre de gens présents.

- C'est qui, le panneau de signalisation ?

Elle parlait évidemment de Kaloss, qui s'était ce jour-là habillé en blanc et en orange. Son grand tee-shirt rayé donnait en effet l'impression qu'il était un plot... Pandora ne lui avait pas fait la remarque, ce matin, il l'aurait mal pris. Mais elle n'avait pas tord, il ressemblait à un affichage dans un vulgaire magasin.

Morgane eut une mine amusée, mais regretta en regardant Kaloss, qui semblait beaucoup moins rire. Il regardait Salomé les yeux fixes, le regard glacial et le teint mat. Le rire s'évanouit de la pièce aussitôt qu'il était né.

- Nous allons faire les présentations ? proposa Pandora en souriant.

Elle tenta de faire disparaitre le malaise du regard froid du tailleur posé sur la jeune femme.

- Je m'appelle Pandora Lane. Je suis la gagnante des 95èmes Hunger Games, et je serais votre Mentore pour ces Jeux. Je sais qu'avoir été choisi doit être difficile pour vous, et je voulais juste vous dire que je serais de tout coeur avec vous. Nous serons votre aide, votre oreille attentive et votre famille à présent dans ce parcours.

Sa voix était claire, mignonne comme à l'ordinaire. Morgane la regarda parler avec une lueur douce dans ses yeux. Si jolie, avec ses mèches qui passaient devant ses oreilles. Si craquante, avec ce petit bout de nez qui ressortait de ce visage rond et ouvert, cette arête de nez expressive, digne des nez cassés grecs qu'on retrouvait sur les statues. Ces yeux bleus, ces grands cils. Morgane regarda Salomé et vit le regard de l'adolescente rebelle osciller entre les yeux de la blonde et son corps, ce qui la mit soudain de mauvaise humeur sans qu'elle sache pourquoi.

Pendant ce temps, Valentin se pencha vers Kaloss qui avait croisé les bras.

- Mon cher ami, calmes toi. Ce n'est que la première fois que nous les rencontrons, et cette jeune fille doit être sur la défensive. C'est l'âge...

- Je n'apprécie pas qu'on me sous-estime, Valentin, répondit celui-ci en le regardant de ses yeux violets vifs.

- Je comprend. Morgane et Pandora n'ont pas été faciles au début. Avec de la patience et de l'entendement, tout peut arriver.

Il lança un coup d'œil à Iris qui regardait par la fenêtre avec un air songeur. Elle n'avait jamais vraiment aimé les grandes rencontres. Plus de deux personnes dans une conversation et elle disparaissait, happée par les plus bavards et les plus sociables comme Valentin et Pandora. Cela ne la dérangeait pas vraiment. Elle écoutait Morgane se présenter aux deux tributs, à présent.

- Je suis Valentin, Mentor et ami de Pandora et Morgane, expliqua le grand brun avec un grand sourire rassurant.

Iris le regarda, assise nonchalamment derrière le bar en bois. Son coude posé sur la table, le visage dans sa main, elle s'était totalement décalée de la réalité active, Valentin dût prononcer son nom pour qu'elle revienne sur terre et dise d'une petite voix timide.

- Je m'appelle Iris. Je suis amie avec eux. Et c'est mon copain.

Kaloss ne daigna pas se présenter, jugeant trop inconvenant de prononcer son nom entier alors qu'il était si célèbre au Capitole. Salomé et Azur le regardèrent avec étonnement lorsqu'il souleva les pans de son grand tee shirt en levant les bras et en disant théâtralement:

- Mes choux, venons en au fait.

- J'm'appelle Salomé, et j'suis contente d'être là.

Elle consulta Valentin et Iris du regard. C'étaient les seuls qu'elle connaissait ici, et elle avait beau jouer la fière, elle était un peu plus intimidée de les voir tous ici la regarder. Azur n'avait pas cette chance et se présenta à tout ces inconnus en balbutiant:

- Je m'appelle Azur et j'ai été sélectionné... En tribut masculin ? Voilà.

- Parfait, c'est très bien, dit chaleureusement Pandora en leur adressant un beau sourire rassurant à la même manière que Valentin. Je vais vous présenter votre chambre, le temps pour vous de vous familiariser avec la chose.

- Vous resterez dans ce train le temps de rentrer au Capitole. On va faire un petit détour, le temps pour nous d'être déposé au district 11, expliqua avec calme Valentin.

Il réajusta ses lunettes dorées sur ses lunettes et poursuivit:

- Pandora et Morgane vous expliqueront toute la marche à suivre en attend-

La fin de sa phrase fut étouffé par le bruit d'une porte qui se claque. En l'occurrence, celle du wagon qui venait de faire entrer dans la pièce capitonnée de mousse de la lumière extérieure. Tout les regards se tournèrent vers la personne qui venait de rentrer avec une violence presque majestueuse.

La crinière frisée, blondie par les rais de soleil, de Cassiopée. Ses habituelles robes moulantes, son sac à main qu'elle tenait d'une main ferme, qui faisait ressortir les muscles de ses biceps. Et surtout, ce qui lui était propre, son habituel air passif agressif. Morgane, qui comme Iris n'avait pas bien suivi la conversation jusque là, releva le regard.

Il y eut un blanc de surprise. Une impression étrange, comme si Cassiopée avait été la méchante marraine qu'on aurait pas invité à la naissance d'un enfant... Cette dernière regarda Valentin, Morgane, Pandora et Kaloss d'un air mauvais avant de dire de son ton tranchant:

- Alors ? On ne me présente pas mon cousin ?

Azur était légèrement roux, mais était blond et avait la même forme d'yeux que Cassiopée. A part la couleur (Cassiopée avait les yeux marrons et Azur les yeux verts) ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eaux. Le tribut était un étrange mix entre Gabriel et Cassiopée.


Dans le compartiment feutré du train en route vers le District 10, Amos Dolorès et la doyenne Atalante Price se faisaient face, leurs regards dévoilant un duel d'intentions cachées. Les mots étaient des armes dans ce jeu complexe de pouvoir et de manipulation, et chacun était déterminé à sortir vainqueur de cette confrontation verbale.

Amos, droit comme un piquet, arborait son habituelle froideur, son visage impassible ne laissant rien transparaître de ses pensées intérieures. Il savait que cette rencontre était cruciale pour la réussite de sa mission, mais il ne laisserait aucune émotion le trahir. Face à lui, la doyenne Price était tout aussi imperturbable. Son regard bleu perçant semblait sonder les profondeurs de l'âme d'Amos, cherchant la moindre faille dans son armure de glace. Elle savait que cet homme était dangereux, mais elle n'avait pas l'intention de reculer devant lui. Le silence s'étira entre eux, tendu comme un arc prêt à se rompre.

Puis, enfin, ce fut la doyenne qui brisa la glace, sa voix calme mais chargée de détermination.

« Dolorès, vous avez osé me convoquer ici, dans ce train qui nous emmène vers l'inconnu. Mais vous savez aussi bien que moi que je ne me laisserai pas intimider. »

Amos ne bougea pas, son regard fixé sur la femme en face de lui.

« Intimider, Atalante ? Vous me surestimez. Je ne suis pas ici pour jouer à ce jeu. »

La doyenne esquissa un sourire énigmatique, ses yeux brillant d'une lueur de défi.

« Oh, je sais très bien que vous n'êtes pas ici pour jouer, Dolorès. Vous avez des exigences, des demandes que vous pensez pouvoir imposer à votre guise. Mais sachez que je ne céderai pas si facilement. »

Amos ne put s'empêcher de sourire, un sourire froid et calculateur.

« Vous parlez avec assurance, Atalante. Mais n'oubliez pas que je détiens entre mes mains le destin de votre fils. Sa vie dépend de votre coopération. »

La doyenne ne vacilla pas, son expression restant impénétrable.

« Votre menace ne m'impressionne pas, Dolorès. Vous ne comprenez pas que je suis prête à tout pour protéger mon fils, même au prix de ma propre vie. »

Un silence pesant s'installa dans le compartiment, chacun pesant les mots de l'autre, évaluant les forces et les faiblesses de son adversaire. Amos savait qu'il avait affaire à une femme redoutable, une adversaire à ne pas sous-estimer.

« Vous pouvez jouer à ce jeu, Atalante », répliqua-t-il finalement, sa voix glaciale résonnant dans l'étroitesse du compartiment. « Mais sachez que je ne suis pas celui que vous voulez défier. »

La doyenne le fixa avec un mélange de défiance et de détermination.

« Nous verrons bien, Dolorès. Nous verrons bien. »

Et ainsi, dans le huis clos du compartiment du train, les deux ennemis se faisaient face, leurs destins entrelacés dans un jeu de pouvoir où seule la ruse et la détermination permettraient de sortir vainqueur.

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