𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 30
Je me réveille, parcourue d'un frisson. J'ouvre mes yeux, sans doute rouge de fatigue, et lève la tête vers les faibles rayons de soleil.
La douleur à ma cuisse et à mon mollet me rappelle soudain que je suis dans une arène, dans laquelle s'affronte vingt-quatre tributs venus de chaque district.
Cette douleur me rappelle ce pourquoi je suis là, je dois gagner les soixante-et-onzième Hunger Games.
Je m'extirpe comme je peux de mon igloo, en faisant attention à ce qu'il ne s'affaisse pas.
Je sors mon sac de couchage de la neige, puis le roule en boule avant de le fourrer dans mon sac à dos, que je glisse sur mes épaules.
Je déterre ensuite ma hache, et la pose sur mon épaule droite, comme si j'étais revenus dans mon district, et que je partais abattre des arbres.
Ce n'est pas si différent de ce que je m'apprête à faire au fond, à la différence que les arbres sont en réalité des êtres humains.
Je prends la direction de l'endroit où Mattew à été abattu, le dernier endroit où j'ai aperçus la carrière du deux.
La neige est toujours rouge à cet endroit, et seul le dessin que forme la flaque me permet de repérer la direction que la carrière à emprunté.
Je suppose que les deux carrières sont ensemble, et si je parviens à trouver leur refuge, il est fort probable que je puisse tuer deux tributs pour le prix d'une.
J'avance vers la direction qu'a prise la carrière.
Elle ne peut pas être très loin, j'avance dans la poudreuse, déterminée.
Je souffle par la bouche, une fine brume s'en échappe, et j'en profite pour réchauffer mes mains nues avec.
Alors que je marche en quête du refuge des carrières, j'ai tout à coup du mal à respirer.
L'air se fait plus dense, plus humide. Je stop mon pas, interloquée.
Une fine volute nuageuse apparaît alors, comme sortit de nulle part, puis elle se fait de plus en plus dense.
Bientôt une brume trop épaisse pour paraître naturelle m'enveloppe de son étreinte humide, si bien, quand à peine quelques secondes, je n'aperçois même plus le bas de mon corps.
Je suis perdue dans cet océan de blancheur oppressant, mais ça ne me dissuade pas pour autant de chercher les carrières.
Je continue à avancer à l'aveuglette, ma hache toujours positionnée sur mon épaule.
Seul le bruit de la neige crissant sous mes pas me tiens compagnie, et je commence à être gênée d'avancer sans même savoir si c'est la bonne direction.
Instinctivement, je positionne mon bras libre devant moi, pour prévenir des éventuels obstacles sur ma route.
Je sens soudain une force phénoménale me projeter sur le côté, ma hache m'échappe des mains, et j'atterris lourdement sur la fine couche de neige, un poids au-dessus de moi.
Un grognement guttural digne d'une bête sauvage sort de la bouche de mon assaillant, et je devine sans difficulté qu'il s'agit de Titus.
Je sens des mains rugueuse m'enserrer le cou, coupant ma respiration.
Je donne un coup de poing le plus violemment possible, et je sens quelque chose craquer sous mes phalanges.
Un gémissement inhumain fend l'air, et le poids qui m'écrasait disparaît, me permettant de respirer librement.
Je me redresse avant que Titus n'ai le temps de m'écraser à nouveau, et en ouvrant les yeux, je remarque que la brume s'est largement dissipée.
À travers un filtre blanc, je distingue une silhouette juste à côté de moi, qui semble se tenir le nez. Profitant du moment de faiblesse de mon assaillant, je me redresse rapidement, et me jette sur lui de tout mon poids.
Le tribut geint à nouveau, le souffle coupé par mon attaque. Malgré ma vision trouble, je remarque clairement qu'il ressemble à un animal, il est couvert de crasse de la tête aux pieds, une lueur de folie brille dans son regard, et du sang coagulé macule les contours de sa bouche.
Je le frappe au visage, ne trouvant pas d'autre moyens de lui faire du mal. Je réussis sans doute, car l'instant d'après, il semble passablement désorienté. J'en profite pour enserrer son cou de mes mains, comme lui quelques instants plus tôt.
Son visage devient rouge, puis il passe au violet et devient tout boursouflé. Ses poings me frappe ardemment les bras, il me griffe, et tente par tous les moyens de se défaire de ma prise.
Aveuglée par une colère monstre, ses attaques me font à peine l'effet de quelques pichenettes. Puis, alors que je vois ses forces décliner peu à peu, je suis surprise lorsqu'il tourne brusquement la tête et plante ses dents dans la cheire de ma main.
Je pousse un grognement, et suis forcée d'arrêter de l'étrangler pour libérer ma main de ses crocs. Je retire vivement mes phalanges hors de son atteinte, et je vois nettement la marque sanglante de ses dents sur ma chaire.
Titus pousse alors un cri, je sursaute de surprise et redirige mon regard vers lui. Une lueur de fureur passe dans ses iris, et il se jette sur moi, toutes dents dehors.
Je sens une morsure au niveau de mon épaule je crie, et rue de coup mon assaillant. Mais rien à faire, ses dents reste solidement encrée dans ma chaire. J'aurais dû le tuer quand j'en avais l'occasion.
Abandonnant l'idée de le frapper, je saisis une poignée de ses cheveux entre mes doigts et tire le plus possible dessus.
Titus desserre petit à petit sa prise, et il finit par retirer en grognant ses dents de ma chaire.
Je ne desserre pas pour autant ma prise, et continu à tirer rageusement sur sa tignasse sale. Il gémit, et je sors de mon espèce de transe, je cherche alors du regard ma hache, mais le sol m'est caché par le brouillard.
Il me semble apercevoir entre les filets de volute blanche, une vague silhouette qui ressemble à ma hache, une bouffée d'espoir m'envahit, et je lâche pendant quelques secondes les cheveux de Titus, afin d'en saisir le manche.
Mon agresseur se relève à peine, que j'arque mon bras et vise l'espace qui sépare ses deux yeux.
Il comprend malheureusement ma manœuvre et esquive au dernier moment.
La hache poursuit sur sa lancée, et s'enfonce dans sa chaire comme dans du beurre, je sens ses ligaments se rompre sous la puissance de mon coup et ses os résister légèrement sous la lame.
La seconde d'après, une grande partie de son bas tombe dans la neige, et Titus pousse un hurlement à broyer les tympans. Du sang gicle de son moignon, la chaire est coupée nette, et une partie de son os est visible.
Des larmes coulent sur ses joues sale, et il lève le regard vers moi, et l'espace d'un cours instant, il ne ressemble plus à une bête sauvage, mais à l'enfant qu'il était.
Ce moment fut néanmoins fugace, car ses yeux commencent à se teinter peu à peu de colère, et il se jette rageusement sur moi.
Nous tombons tous les deux au sol, dans la neige, et Titus pousse des grognements digne d'un animal, et commence à me frapper avec sa main restante, m'éclaboussant au passage de sang.
Son poings n'a pas le temps d'atteindre mon visage, que je lui saisis le poignet. Le sang continue à gicler de son moignon, et j'en pends une gerbe en plein visage.
Dégoûtée, j'ai un mouvement de recul, mais ne lâche pas pour autant son poignet, je me redresse, et récupère ma hache tâchée de sang, dans l'idée d'achever Titus.
Mais alors que je lève la hache au-dessus de ma tête, le sol se met à trembler, je perds l'équilibre et tombe dans la neige. Je tente de me redresser, mais une nouvelle secousse me renvoie à terre.
Je ne comprends pas, les juges avaient provoqué les tremblements de terre pour réunir les tributs dans la montagne , mais là, dans quel but les ont-ils provoqués ?
Le brouillard disparaît alors d'un coup, comme aspiré ou évaporé dans l'air.
Surprise par cette soudaine disparition, je vois bien plus nettement les détails de la scène qui c'était déroulée quelques secondes plus tôt, le sang est rouge et luisant, comme visqueux, et il y en a vraiment partout, une immense flaque s'est formé, faisant fondre une partie de la neige.
Cette vision me retourne l'estomac, et je détourne le regard.
Une nouvelle secousse me fait à nouveau vaciller, mais elle est cette fois-ci précédée d'un grondement sourd.
Je dirige mon regard vers le bruit, intriguée, et remarque que de la neige descends la pente de la montagne à toute vitesse : une avalanche !
Je me redresse précipitamment et récupère ma hache, je la garde dans ma main et descends en courant la pente neigeuse.
La mort aux trousses, je cours le sprinte le plus rapide de ma vie.
Alors que je souffle comme un bœuf, je sens mes pieds revenir sur un terrain plat, je suis enfin arrivée au pied de la montagne.
Je me retourne afin de voir si l'avalanche ne risque pas de m'attendre, et je vois Titus, de dos, qui n'a pas bougé de sa flaque de sang, il n'en avait sans doute plus la force.
Il s'est mit en face de l'avalanche, son seul bras écarté de son corps, comme s'il se sacrifiait et attendait avec impatience la mort.
L'avalanche le cueille, il est emporté tel un pantin par la poudreuse, qui engloutit son corps sous une épaisse couche de neige.
L'avalanche se stoppe alors, quelques flocons atterrir à mes pieds, et le calme règne à nouveau.
Je sais que le coup de canon ne sera pas tiré tout de suite, mais surement dans quelques minutes, le temps que Titus meure étouffé, ou de froid ou qu'il se vide de son sang.
Je passe ma main sur mon visage, mais j'avais oublié qu'il était recouvert de sang, et sursaute légèrement en sentant un liquide gluant me couler sur les doigts.
Le coup de canon retentit, me tirant de ma semi-transe, j'essuie alors ma hache dans la neige, puis la jette sur mon épaule.
Je commence alors à marcher, toujours à la recherche du refuge des carrières...
charabia de l'auteure :
Nouveau chapitre un peu violent et sadique, j'espère qu'il vous a plus quand même ☺
mhlg2005
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top