𝕔𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 13

J'ai maintenant soixante secondes pour analyser l'arène depuis ma plaque métallique, car si j'en descends, une mine explosera, et il faudra me ramasser à la petite cuiller.

Soixante secondes pour découvrir le cercle de tributs placés à la même distance de la corne d'abondance, gigantesque conque de bronze mesurant au moins sept mètre et débordant de tout ce qui peut nous être utile.

Plantée dans le sol à quelques mètres de celle-ci, une magnifique hache argentée luit au soleil, mon arme de prédilection, mais je n'aurais pas le temps d'y parvenir sans me faire tuer ...

D'autres objets sont éparpillés dont la valeur diminue à mesure qu'on s'éloigne de la conque. À quelques mètres, vers ma gauche, je distingue une miche de pain emballée dans un sachet plastique, et à une dizaine de mètres devant moi, une épaisse couverture. Nous sommes au centre d'un cercle enneigé, et au-delà des tributs et de la corne d'abondance, je ne distingue rien ...

Où que je regarde, je ne vois que de la neige, à perte de vue, à ma gauche, un lac geler s'étend, à ma droite, au loin je distingue une montagne, et juste à côté, une forêt, je sais que c'est par là que je dois m'enfuir ...

Je suis cependant obligée de prendre quelque chose à la corne d'abondance, sans quoi je mourrais de froid, je pense piquer un sprinte jusqu'à la couverture en essayant de ne pas me faire tuer, puis je prendrais la miche quand je me dirigerais vers la forêt. Je regarde les tributs à mes côtés, le garçon de douze ans du trois, et le fils d'artisan du quatre, je n'aurais aucun mal à leurs disputer la couverture. Je me tiens prête, attendant le gong.

Il retentit soudain, et je pars comme une furie, courant le plus vite possible, mon cœur bat dans mes oreilles tendit que je prends la couverture, et pendant un bref instant, j'ai une vue d'ensemble sur le bain de sang, au moins une dizaine de personnes sont à terre pendant que d'autres se dépêche de ramasser des armes, et certains de se battre.

Je fais demi-tour vers la gauche en direction de la miche de pain et de la forêt, sans ralentir. J'entends soudain siffler près de mon oreille, et vois un couteau se planter dans le sol, juste devant moi, j'accélère et cueille le couteau au passage, la miche est à quelques mètres, je me penche et plante le couteau dedans, la tenant au bout, sans diminuer mon rythme effréné. J'entends un autre couteau fendre l'air, je m'écarte vers la droite juste à temps, mais je ressens ensuite une vive douleur au niveau de mon oreille.

Sans plus m'en préoccuper, je m'engouffre dans la forêt et continue de courir sur encore quelques mètres avant de ralentir le pas et de continuer au trot, j'en profite pour retirer le couteau du pain et de le ranger dans la ceinture de mon pantalon. Après avoir estimé avoir mis assez de distance entre moi et le bain de sang, je continue au pas.

                                            ***

Tout en continuant de marcher, je m'autorise enfin à prêter attention à mon oreille, je passe mes doigts dessus, et ressent presque aussitôt une vive douleur, lorsque je regarde ma main, une importante quantité de sang la recouvre, le couteau m'a juste frôlé, mais je pense que j'ai perdu une partie de mon lobe, mais ce n'est rien comparé à ce qui se serait passé si je n'avais pas eu la présence d'esprit d'esquiver. J'enfile ma capuche pour me protéger du froid. Les arbre protégeant le sol de la neige, seul une fine pellicule recouvre la terre, je laisse néanmoins la couverture trainer par terre afin d'effacer mes empreintes.

Le froid fait couler mon nez et le rends rouge, je décide donc de placer la couverture sur mes épaule tout en la laissant trainer. Je continue de marcher toute la journée, sans même m'accorder une pause pour manger.

En fin d'après-midi, j'entends les coups de canon, ils ne sont tirés qu'à la fin du bain de sang, lorsque les survivant se sont dispersés et que l'on a ramassé les corps. Je m'accorde une pause, en profitant pour souffler un peu, le temps de compter les coups.

Treize ... Il y a eu treize morts au bain de sang ...

plus que onze, me dis-je. Je poursuis ma marche, en me promettant de ne m'arrêter qu'à la tombée du jour.

Le soir tombe, et je profite du fait que je vois encore clair pour me trouver un endroit pour la nuit, au début, je pense monter à un arbre, mais je me rends vite compte que l'écorce est trop glissante à cause du froid. Puis je remarque aux pieds de l'arbre que j'ai essayé d'escalader, un terrier de lapin ...

Et j'ai l'idée, je ne sais trop comment de faire la même chose qu'eux, à l'aide de mon couteau, je m'efforce d'agrandir l'ouverture, tâche qui me prend au moins une demi-heure. Puis, j'arrache des buissons, et m'applique à les disposer au niveau de l'ouverture du trou. Le résultat n'est pas trop mal. Je me force à manger un morceau de pain, et je me rends compte que j'ai très soif, je prends une poignée de neige, et la fourre dan ma bouche, peut-être est-elle empoisonnée, je n'en sais rien, mais la soif l'emporte. J'attends l'annonce des morts avant de me coucher, il ne devrait pas tarder ...

L'hymne de Panem retentit soudain, j'aperçois le sceau du capitole sur un écran géant, transporté par un hovercraft. L'hymne s'achève, et l'écran devient noir, puis le visage des treize victimes s'affiche. Le premier visage est celui du garçon du trois, celui de douze ans, il n'a donc pas survécu au bain de sang ... vient ensuite les deux tributs du cinq et la fille du six, je retiens mon souffle, est-ce que Mattew s'en est tiré ? Je suis soulagée lorsque je vois le visage de la fille du huit apparaître, puis, vient ceux du garçon du huit, des deux tributs du neuf, du garçon du dix, des deux du onze et des deux du douze. Je prends une autre poignée de neige, puis je m'engouffre dans mon terrier, rebouchant l'entrée derrière moi. Il fait moins froid dedans. Je m'emmitoufle dans ma couverture, et tente de me laisser submerger par le sommeil. Au bout de quelque heures, mon corps finit par se réchauffer, et les ténèbres m'enveloppe de leur douce étreinte.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top