Chapitre 1 : Ce qu'il nous reste.
2527 après l'Age d'Or. L'Humanité est déchirée à cause de sa quête du pouvoir. L'Homme a voulu atteindre Dieu, être son égal, il a fini comme Icare, il s'est brûlé les ailes. Nous, les humains, nous avions réussi à ramener à la vie la planète Mars, aller dans d'autres systèmes solaires, nous nous croyions surpuissant. Quel aveuglement ! Le Dieu que nous croyions avoir atteint nous a puni. C'était la fin de l'Age d'Or. Des forces noires, puissantes, violentes, sans compassion ni pitié nous sont tombées dessus. Mais certains humains, parmi les plus humbles, se sont repentis, devenant ainsi les Gardiens de la Dernière Cité. Les autres, transformés en bêtes sans autres chose d'humain que le nom, sont appelés les Déchus.
C'est ce qui résonnait dans la tête de cet homme, mi-homme mi-robot, à l'allure guerrière et intrépide, mais au visage fatigué et las. Son capteur rouge, rond comme un œil et qui remplaçait celui-ci, scannait cette antichambre. Elle était plongée dans le noir, la seule lumière provenant de son œil . Cet homme avait tout dédié à l'Humanité, même la moitié gauche de son corps devenue cyborg. La porte face à lui s'ouvrit, et ses gardiens le poussèrent dans l'ouverture. Lui, ce guerrier aguerri et invaincu, ou en tout cas toujours vivant, n'était pas sûr de se sortir de ce combat. Il allait combattre face à la seule arme qu'il n'avait jamais réussi à dépasser, celle des mots. Il s'avança dans cette arène qu'était la salle d'audience du Tribunal de l'Armée.
« Commandant Xèrsès, annonça le Juge Suprême, chef de l'unité B-162, commando spécialisé dans l'attaque furtive au sol et capitaine d'un croiseur, vous êtes accusé d'avoir causé la mort d'un homme, un Gardien, pour sauver un « Scavenger » ».
Les Scavengers, ces robots créés afin d'augmenter le nombre de combattants chez les Gardiens, ils étaient dotés d'une capacité de réflexion humaine mais surtout d'une personnalité propre à chacun, leur donnant un aspect humain plus que crédible. Voilà ce qui condamnait aujourd'hui le commandant Xèrsès, avoir voulu sauver un combattant et causer la mort d'un autre. « Reniez-vous les faits, commandant ? lança le Juge.
-Je voudrais juste apporter quelques corrections à cette accusation, répondit-il.
-Allez-y
-J'ai essayé de sauver un combattant de notre cause, un autre est mort durant cette mission, corrigea le commandant.
-Un soldat humain est mort, nuança le Juge, il s'appelait Keats Mauro et méritait d'avoir une famille !
-Je ne peux renier ces faits monsieur le Juge. »
Le Juge Suprême et tous les autres juges se retirèrent dans une pièce séparée afin de débattre. Après une heure et demie de débat, ils ressortirent. « Commandant Xèrsès vous êtes condamné à un exil de vingt ans dans l'univers. Vous aurez accès au carburant et autres denrées via des stations relais. Je vous rappelle le motif de la condamnation : Sacrifice d'un officier humain au profit du Scavenger V-45 ». A ces mots le commandant frappa de son bras gauche la rambarde de bois qui l'entourait. Elle se brisa en deux morceaux qui se séparèrent. Une milliseconde après le début de ce geste, tous les fusils se levèrent vers le commandant, pointeurs lasers sur lui, prêts à tirer. Le commandant leva les bras en signe de paix, mais son regard était encore plein de haine. Il hurla : « Ce Scavenger aussi avait un nom : Jay Light et lui aussi peux avoir une famille, alors respectez le ! » Le Juge Suprême en resta bouche bée, et ravalant sa fierté, s'excusa.
John Xèrsès avait réussi son coup. Il arriva à son vaisseau qui portait son logo : une tête de loup stylisée qui hurlait vers la Lune, « La Meute », tel était son nom. Quand il arriva dans le vaisseau, il se dirigea vers sa plateforme, donnant sur l'énorme salle commune qui regroupait tout ses soldats. Il déclara d'une voix forte devant tout ses hommes : « Mes amis, comme prévu, je suis maintenant condamné à l'exil, pour avoir tué le capitaine Mauro ici présent. Seule la durée de la peine est une surprise : vingt ans ! » A ce petit discours surgit une clameur extraordinaire et un fou rire général. Il avait suffi au médecin de bord, Baldo, de retirer le Capteur Vital de Keats pour déclencher la mort factice de ce dernier ainsi que le rappel du commandant et son jugement. En effet, la vie des Gardiens humains était sous une surveillance constante, et le Capteur Vital permettait de suivre l'activité cérébrale et cardio-vasculaire de leurs porteurs.
Plus tard, le commandant se retira dans ses appartements pour dîner. Keats était assis à la table du commandant, en face de celui-ci. Il semblait pensif.
« - Mon ami, dit le commandant, j'espère que tu ne t'es pas trompé dans tes prévisions, bien que les Hauts Gardiens m'aient bien l'air corrompu. Mais pour te donner la liberté j'ai dû me faire passer un savon par les Hauts.
-Excuse-moi John, répondit Keats d'un air gêné, mais tu sais que c'est obligatoire pour éviter que l'Humanité sombre à nouveau dans le Chaos. Ils savent ce dont je suis capable, sinon ils ne t'auraient pas autant inculpé.
-En effet, ils doivent savoir que tu es un Elu de Dieu, répondit le commandant, ainsi que la nature de tous les Scavengers de La Meute.
-Oui, surtout avec la fureur qui t'as pris, ils ont surement compris que nos Scavenger sont possédés par les âmes d'Humains décédés, que je leur ai transmises.
-On était un peu obligés, comment veux-tu sauver des gens avec des boîtes de conserves qui respectent les règles à la lettre et qui rapportent toutes erreurs aux Hauts, soupira le commandant, car comme d'habitude, la cause est bonne, mais les règles inadaptées à la guerre.
-Je vais me reposer, cette opération n'était pas de tout repos, déclara Keats
-Vas-y tu l'as bien mérité dit le commandant. »
Une fois Keats partit, John Xèrsès se tourna vers son bureau où trônait un coffre sécurisé. Il se rendit d'abord devant son miroir, et il se regarda : il était laid, mais c'était son choix. Le commandant est un homme de grande taille, et sa partie métallique n'était visible que sur son visage à cause du grand manteau rouge et or de commandant qu'il portait. Cette partie de son visage était faite de lamelles métalliques, tels des muscles. Afin de solidariser cette partie au maximum, sa mâchoire inférieure avait été enlevée, et remplacée par une mâchoire métallique, avec deux petites protubérances à chaque extrémité, tel des crocs. Au niveau de son œil, les différentes lamelles se rassemblaient en tournant, tel un cyclone, conférant à l'œil une apparence hypnotique. Sur la partie organique, son œil acier tranchait avec son visage pâle, tel la glace. Mais le plus voyant était ses cheveux blancs, qui ne poussaient que du côté organique, mais qui, par leur coiffure chaotique et leur nombre invraisemblable, donnait au commandant une allure des plus étranges et inquiétantes. Ses cheveux fusaient donc du côté droit de son crâne, et se penchaient du côté gauche. Après avoir lâcher son miroir, contemplant son visage dévasté par ce choix, il se dirigea vers le coffre et en déverrouilla un tiroir à l'aide de ses empreintes biométriques, et en sortit son plus grand trésor, un livre du Temps d'Avant : Le Seigneur des Anneaux. Un ouvrage bien ancien mais instructif tout de même. Mais alors qu'il commençait à le lire pour la 20eme fois au moins, il commença à douter. Et si Keats lui mentait, et si c'était le Sombre, le Diable qui lui prêtait ces pouvoirs ? Oh et puis non ; il avait bien vu que les Hauts étaient imbus d'eux-mêmes, prêt a tout pour assurer leur contrôle sur la population. Et d'ailleurs étaient-ils vraiment les derniers Humains, n'y avait-il pas d'autres Gardiens, d'autres humains Pardonnés ? Car la Terre était loin d'être la planète la plus croyante de humains. Cependant John décida de laisser ces questions en suspens, et se laissa tomber dans sa lecture.
Le commandant se leva dans un sursaut, réveillé par un soldat. Le soldat lui dit : « Désolé commandant, mais vous êtes demandé sur la passerelle de commandement, nous avons un problème... ». Ce dernier mot le fit se précipiter, et il se remercia de s'être endormi tout habillé. Une fois arrivé à la passerelle, le commandant fut abordé par Keats, qui est aussi son second, et par l'officier de Radio Inter-Spatial. Ce dernier lui dit qu'ils avaient reçu un message radio à la fois inquiétant et très étranges. Le commandant lui ordonna de passer l'enregistrement de cet appel. Aussitôt un grésillement typique d'une radio retentit. « Ici les Chevaliers de la Tour Rouge, dit une voix grave d'homme, à tout Pardonné pouvant nous capter, nous sommes assiégés par des hordes de Magans. Ils semblent déterminer à nous faire tomber, car toutes les tribus de cette planète sont toute là !, et la voix finie en pleurant, s'il vous plaît aidez-nous, nous ne tiendront plus très longtemps, et j'ai une femme et des enfants que j'aimerais revoir ! ». Le commandant se tourna alors vers le chef mécanicien, et lui demanda à quel pourcentage de leur vitesse étaient-ils. Ce dernier lui répondit qu'ils en étaient à 10%. Le commandant lui adressa un bref signe de la main, et le chef mécano courut jusqu'aux micros du système d'information du vaisseau. Pendant ce temps, Keats s'approcha du commandant, un air inquiet sur son visage.
« -Etes-vous sûr commandant ? Rien ne nous prouve qu'il s'agisse d'humains.
-Second Mauro, seriez-vous en train d'oublier la seule chose sacrée sur ce navire ?, dit le commandant, furibond.
-Mais enfin, commandant, nous sommes les seuls humains et...
-Stop ! hurla le commandant, as-tu déjà oublié ta haine envers les Hauts et de toutes leurs règles et affirmations ? Si j'ai fondé ce navire, et que je lui aie donné le nom de « la Meute », c'est pour évoquer la seule chose sacrée de ce navire : la famille. Et quand j'entends un appelle à l'aide d'un soldat humain, et qui a une famille, je suis obligé d'aller les aider. Et peu importe si je franchi les limites imposées par les Hauts !
-Bien commandant, répondit penaud Keats. »
Juste après retentit l'appelle du chef mécanicien, ordonnant à tout le personnel habilité d'aller s'occuper des moteurs pour une montée en puissance. Le commandant en profita pour ordonner aux artilleurs de préparer les défenses du croiseur, et aux soldats de prendre leurs armes et armures.
Le commandant sorti de la passerelle de commandement, car il se savait envahit par la rage, et ne voulais pas commettre d'erreur lors de l'opération à venir. Il déboula dans sa chambre, et voyant son ombre dans le miroir, le frappa de son bras droit. Juste avant de toucher son miroir, il vit son visage emplit de fureur, et ressenti juste après une immense douleur, dû au fait que sa main organique avait plein de morceaux de verres plantés dedans. Cette douleur le calma immédiatement, il se rendit alors à son bureau, et pointa sa main pour déverrouiller le deuxième tiroir de son coffre. Mais il se ravisa au dernier moment, et il secoua la tête. Pas la peine de réveiller le passé, se dit-il. Il décida de se recoucher, pour être en forme sur le terrain. Il s'enfonça dans un sommeil agité. Et comme pour le contredire, il se mit à rêver de son passé, et surtout du drame.
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