XII. Jaden. (IV)

Vendredi 6 octobre, 21h27 :

— On avait vraiment prévu de faire une soirée tranquille ce soir ? me demanda Jace intrigué.

Je devins rouge. Autant je savais mentir à Raven de temps à autre, autant devoir expliquer pourquoi j'avais menti était bien plus rare. C'était même une première. Comment lui expliquer que je voulais simplement l'avoir pour moi sans qu'il ne prenne peur ? Je ne savais toujours pas s'il était du même bord que moi...

— Non, mais je me disais qu'on pouvait aller boire un coup et se faire un petit film ensuite ici.

— Boire ? Je ne te savais pas si fêtard ?

Je me mis à rigoler. Jace jouait avec moi, me taquinait et il savait y faire. Était-il comme ça avec les filles aussi ? Un doute s'immisça en moi et fut vite balayé par son doux regard qui se posait sur moi.

— Met quelque chose d'un peu plus habillé, proposa mon camarade. On y va sur le champ. Une bière ou deux ne nous feront pas de mal !

— J'ai cru un instant que tu allais dire non !

— Moi ? s'offusqua-t-il. Plutôt que crever que de refuser une bière. Surtout en ta compagnie.

Il venait de l'affirmer. Je lui plaisais. Ou alors j'interprétais mal. Non. Il avait ajouté un clin d'oeil à ses paroles, ce n'était pas des mots jetés en l'air. Ou alors, j'avais rêvé.

— Respire, Ayd' ! On dirait que j'ai fait quelque chose de mal.

C'est presque ça, pensai-je. Trouver une tenue... J'aurais eu besoin de Raven immédiatement, mais c'était impossible. Ça aurait prouvé à Jace que je n'étais pas prêt à l'accepter ou il aurait trouvé ça bizarre et totalement à l'opposé de ce qu'il imaginait et donc aurait pris peur. Pourquoi il aurait pris peur déjà ? Je ne savais plus. A la seconde où Jace avait proposé la chose mon cerveau s'était mis en mode panique. Je ne réfléchissais plus par moi-même. J'étais perdu. J'avais l'impression de faire mille choses à la fois alors que je n'étais pas capable d'en réussir une.

Calme toi, Ayden. Calme toi. Pantalon. Tee-shirt. Chaussures. Pantalon. Tee-shirt. Chaussures.

— C'est bon ! Je suis prêt !

* * *

Je passai une excellente soirée. Jamais je n'avais vécu quelque chose d'aussi bien. La bière n'avait jamais eu aussi bon goût qu'en sa compagnie. La... Les... Je ne comptais plus vraiment. Bon, je n'étais plus à ça prêt. L'alcool avait déjà fait effet depuis longtemps. J'étais enivré par la beauté de Jace. Sa manière de raconter son passé, ses histoires toujours plus farfelues les unes que les autres, ne faisait qu'ajouter un petit truc en plus sur le personnage que je connaissais déjà.

J'étais capable de le décrire les yeux fermés, même si je ne savais jamais vraiment par quoi commencer. Je restai sans cesse béa devant sa petite bouille d'ange et son grand cœur tendre.

— J'ai fini par me casser la figure. La tête la première sur les marches d'escalier. Deux jours plus tard : photo annuelle d'identité. Une année à passer avec l'impression de mettre battu avec un gars de dix fois ma taille.

Il éclata de rire et je fis de même. Je l'imaginais tellement avec son nez parfait, écorché sur l'arête alors que le bleu autour de son oeil faisait ressortir la couleur ambre de son regard. J'approchai le goulot de la bière à ma bouche et pris une gorgée. Le liquide doré titilla mes papilles et descendit délicatement le long de mon gosier, avant que je n'ai eu le temps de reposer la bouteille sur la sombre table de bois vernis.

Nos regards se connectèrent et, alors que nos précieuses couleurs se mélangeaient, ses pupilles se dilatèrent, rendant que plus agréable ce jeu entre nous. L'alcool faisait rougir ses pommettes saillantes et colorait tendrement son visage d'une douce lumière chaleureuse. Je soupirai tranquillement, remarquant avec amusement qu'une de ses mèches brunes retombait délicatement sur sa tempe droite. Il se mit à froncer les sourcils, ne comprenant pas d'où venait le sourire débile qui avait élu domicile sur mes lèvres.

Levant les yeux au ciel, puis dans les coins pour savoir où je posais les miens, il s'amusa à jouer avec ses doigts longs et graciles sur le rebord de son verre, où la mousse d'un blanc nacré avait été remplacée par de fines gouttes encore sucrées. Je serrai mon poing sous la table, l'envie irrépressible de replacer sa mèche sur le dessus de sa fine tête. Pourtant, je me connaissais. Si jamais j'osais la remettre en place, je ne pourrais empêcher ma main de descendre caresser sa joue, sur laquelle, une barbe naissante avait vu le jour ce matin.

— Quoi ? finit-il par me demander, ses exquises lèvres se retroussant en un délicat sourire.

Je n'avais plus le choix. Je devais agir. Je me levai de ma chaise, aussi confortable qu'elle puisse être, et avança ma main du sommet de son visage. Prenant la mèche brune entre mes doigts, je patientai quelques instants mon regard planté dans le sien, avant de faire ce à quoi il s'attendait.

— Merci, chuchota Jace le feu lui brûlant les joues.

Il était encore plus craquant comme ceci, son visage parfaitement dégagé, laissant émaner de lui les plus séduisants traits jamais connus. Mon air commença à se raréfier, rendant mon souffle court et mêlant ma respiration à la sienne, elles se synchronisèrent joyeusement. Une douce valse s'inscrivait dans nos poumons, soulevant avec grâce nos torses sculptés par les inlassable heures de remise en forme.

— Il serait temps de rentrer dans notre chambre, non ? proposa Jace sans décrocher une seule fois son regard du mien.

Je ne pus qu'hocher lentement la tête et récupérer le pull qui avait été lâchement délaissé sur le dossier de la chaise. A la sortie du bar, nos mains se frôlèrent, n'osant se toucher à proprement parler, alors que nos pas ne cessaient d'augmenter la cadence. Je ne savais pas si c'était l'envie de dormir, le taux d'alcool dans le sang ou le physique de mannequin de Jace qui me faisait délirer mais il était temps que je calme mes désirs. Jace était et devait rester mon camarade de chambre, la personne avec qui je m'entendais le mieux dans cet Abri, en dehors de Raven. Je ne pouvais pas gâcher l'amitié que je partageais avec lui sous prétexte que je me sentais de l'aimer et de le désirer. Je n'avais même pas la preuve qu'il ressentait la même chose que moi. Je me faisais peut-être des idées. Les pupilles qui se dilataient lorsqu'il me regardait c'était peut-être juste parce qu'il m'aimait bien, sans plus, juste comme un ami.

Pourquoi quand je parvenais à avancer d'un pas, mon cerveau me faisait immédiatement reculer de dix ? Jace dut sentir la tension qui grandissait en moi et tenta de faire redescendre la pression.

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Hello hello ^^

Comment allez-vous ?

I'm back... Je ne sais pas pour combien de temps car je suis un peu à bout d'énergie et que je trouve très peu de motivation pour écrire... Mes vacances ont été bien transformées avec un contrat de 38h/semaine en école maternelle (comment dire que les enfants sont épuisants...).

Le prochain chapitre sera mercredi prochain (en théorie et en espérant ne pas oublier...)

Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧

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