XII. Jaden. (III)

Vendredi 6 octobre :

J'hésitai à réveiller Raven. L'heure était largement dépassée pour aller voir les résultats et arriver dans les temps, mais je ne voulais absolument pas la sortir de son sommeil. C'était bien rare qu'elle dorme aussi bien.

L'avantage quand on habitait dans les bas-fonds de l'Abri résidait dans le fait que quelque soit l'heure de la journée, si jamais l'un de nous deux dormait, l'autre pouvait le laisser dormir. Nous étions si peu important à l'époque que notre présence importait peu. Ici, c'était bien différent et la voir là, ses cheveux brun en cascade bouclée roulant sur l'oreiller de son lit alors qu'elle expirait lentement, la rendait si mignonne.

— Tellement différente de d'habitude, rigolai-je en chuchotant, espérant la faire réagir.

C'était presque lui tendre le bâton pour qu'elle me bâte mais c'était drôle de voir sa réaction, qui actuellement était au point mort. Elle ronflait silencieusement, osant se tourner de quelques centimètres pour mieux se positionner, mais elle ne réagissait pas à ce que je lui avais doucement glissé.

Mon regard se tourna vers l'horloge holographique qui trônait sur la table de chevet de sa charmante camarade de chambre.

« 18:52 »

Mon cœur hésita une fois de plus. La réveiller, et subir son ronchon pour l'action que je venais de faire, ou la laisser dormir, et subir sa colère pour lui avoir fait louper les résultats. Un véritable dilemme, dont j'étais le seul à trouver une issue.

Avançant ma main vers son épaule dévêtue de vêtement, son pull se trouvant entre ses bras —curieuse façon de le porter mais bref, qui étais-je pour juger ?—, je me mis à retenir mon mouvement. Avec un peu de chance, elle allait sentir ma présence et se réveiller toute seule.

Quel idiot ! J'étais si naïf. On parlait de Raven, là ! C'était la personne à dormir bien profondément quand il ne fallait pas et se taper une insomnie la nuit, quand il fallait justement se reposer. Il était temps que je prenne mon courage à deux mains et que je me lance dans la mission la plus impossible au monde.

— Raven ?

Ses yeux papillonnèrent frénétiquement avant de s'ouvrir et de laisser leur couleur noisette se dévoiler. Elle émergea doucement, poussant un faible grognement alors que ma main venait à esquisser de douces caresses à la surface de sa peau.

— Raven ! chuchotai-je Petit cœur... On se réveille !

— Non, râla-t-elle d'une voix rauque absolument irrésistible.

J'essayai d'être le plus doux possible, de ne pas la brusquer mais la partie la plus difficile allait arriver d'une minute à l'autre. Je pris une grande et profonde respiration avant de sortir calmement :

— Il est l'heure de voir les résultats !

L'information sembla mettre un certain temps pour monter jusqu'à son cerveau et à être traitée. D'un coup, ses yeux s'ouvrirent, comprenant l'enjeu de la situation. Elle se redressa inconsciemment, le regard s'assombrissant.

— Qui est premier ? demanda-t-elle.

Je... Non. C'est pas ce que j'ai dit... Elle avait décidément pas compris ce que je lui avais dit.

— Tu es désespérante. Tu le sais, ça ?

— C'est pour ça que tu m'aimes non ?

J'allais hocher de la tête quand elle se leva d'un coup, son regard faisant des aller-retours entre mes yeux et l'écran de son bracelet. La panique se lut dans ses yeux quand le décompte s'afficha.

— Il reste dix secondes avant...

Sa main partit, légère et aérienne, sans que je ne puisse l'en empêcher ou l'éviter, frapper doucement l'arrière de ma tête. Du plat de ma paume, je me mis à caresser la surface de mon crâne pour faire diminuer la douleur. Aie !

— Tu pouvais pas me prévenir avant ? On va être en retard !

Je levai immédiatement les mains. Ce n'était pas de ma faute si on allait arriver en retard. Certes peut-être que j'en étais en parti responsable mais elle n'avait pas à dormir à moins de une heure de l'annonce. Si sa place n'était pas en jeu, elle savait très bien que la mienne l'était. Je n'avais pas son niveau physique et mental. Tout ce qui était informatique, je gérais mais c'était bien la seule chose que j'étais capable de faire.

— J'ai essayé, tentai-je de me justifier, mais à priori, tu avais besoin de sommeil.

Enfilant rapidement le pull qu'elle tenait dans les bras lors de sa sieste, elle se dirigea vers la porte en vitesse. J'essayai de la suivre, mais elle marchait trop vite et les questions qui affluaient dans ma tête à mesure qu'elle ne me répondait pas, ne m'aidaient pas à augmenter la cadence. Alors, sans le vouloir, une phrase sortit.

— Depuis combien de temps n'as-tu pas fait de nuits complètes de huit heures, Raven ?

— Ce n'est pas le moment de parler de moi.

Si. Il était temps de parler d'elle. Mais comme d'habitude, elle tournerait autour du pot, sans jamais me répondre simplement.

***

J'avais l'impression de cracher mes poumons. Heureusement, depuis que j'avais commencé la formation, j'avais enfin repris ma revanche sur le cardio, mais ça ne semblait toujours pas suffisant face à l'endurance de ma meilleure amie. L'arrivée dans la salle des résultats se fit dans un silence de mort où j'avais simplement l'impression qu'on entendait seulement mon souffle ricocher sur les murs de métal. Arrivée remarquée, tout ce que j'aimais en ce monde...

Jace nous faisait face avec un grand sourire, une douce lueur joyeuse dans les yeux. Il s'avança à pas feutrés vers Raven tout en soutenant son regard dans le mien et hochant la tête pour valider ce à quoi je pensais. Elle avait battu Treegof. Elle était enfin première ! Même si je venais à être éliminé ce soir, j'avais au moins pu ressentir le bonheur de la voir écraser Treegof, ce petit riche égocentrique.

S'approchant de plus en plus de Raven, mon cœur se serra lorsque les bras de Jace l'encerclèrent. Bien que ce fut l'instant d'un clin d'oeil, ma gorge se noua et je voulais prendre sa place. Quatre ans que je gardais le secret de mon orientation. Deux ans que Raven se doutait de quelque chose mais elle avait au moins eu la gentillesse de ne jamais mettre ça sur le tapis, me laissant le temps d'en parler et d'assimiler au fond de moi ce que ça changerait dans ma vie. Et dire qu'il avait fallu qu'un riche me défende pour que je change d'avis sur leur caractère et que je ressente des sentiments plus forts que ceux de la simple amitié.

Jace. Pourquoi avait-il fallu que l'objet de mes fantasmes soit également mon camarade de chambre, parfaitement hétérosexuel ? Garder le secret, encore pendant quelques temps. Ne jamais réussir à évoquer qui j'étais réellement, et ce, même si je savais pertinemment que Raven me soutiendrait toujours.

La jalousie monta progressivement en moi, et presque la possession de le savoir à moi, me prit. J'avais envie de le sentir près de moi et en même temps je savais l'effet qu'il me ferait. Après un temps qui avait semblé durer une éternité, Jace se détacha de Rav et se rapprocha de moi. Je remis les pieds sur terre rapidement et levai aussitôt mon égard vers le tableau.

Mon souffle qui s'était retenu l'espace d'un instant, faisant pression contre mes poumons, se relâcha sur-le-champ. Je restai dans la formation encore pour une semaine supplémentaire.

— De justesse mais tu passes ! m'annonça heureux mon camarade de chambre.

Son grand et large sourire trahissait du bonheur qui émanait de son être. Me voir ainsi, continuer l'aventure à ses côtés lui faisait éprouver quelque chose de positif. Mon cœur s'allégea un instant, alors que des larmes commençaient à perler dans le creux de mes yeux. Jace s'approcha encore plus rapidement de moi, et j'étais à deux doigts de le prendre dans mes bras, quand il s'arrêta net, à quelques centimètres de mon corps, gêné.

Le rouge lui montant aux joues, son regard fuyant le mien, il commença un mouvement qui resta en suspens. Son bras levé vers le mien proposa simplement de se taper dans la main en guise de réussite. Je me sentais perdu entre mes sentiments, ne sachant plus vraiment quoi faire. Je voulais plus, je souhaitais plus de sa part. J'en avais besoin après ce qu'il venait de faire avec Raven. J'avais besoin de le sentir proche de moi.

J'approchai donc ma main et suivis ce qu'avait entrepris Jace. Nos mains se serrèrent puis amicalement, nos torses se rencontrèrent un quart de seconde, alors que la paume de sa main tapota le haut de mon dos. Ami... C'était ainsi que je le ressentais et je n'étais pas prêt de me l'avouer.

Raven rompit cette bulle bien trop étrange pour venir y glisser sa bonne nouvelle. Elle avait battu Treegof et elle avait enfin compris que rien ne pourrait plus jamais la battre. Elle vint se blottir dans mes bras, comme un chat en manque d'affection.

— J'ai réussi ! s'exclama-t-elle doucement un sourire naissant sur ses fines lèvres rosées.

Inconsciemment, mon bras se referma derrière son dos et ma main commença à esquisser des petits cercles pour calmer la respiration de Raven qui s'était accélérée. Nous avions tous les deux réussis cette semaine et rien ne pourrait nous séparer. Notre lien était trop profond pour être piétiné.

Clayton sortit en trombe de la salle. Bien fait ! Un en moins à défoncer. Je me retenais de sourire devant la réaction enfantine de Treegof. Pour une fois qu'il n'avait pas ce qu'il voulait, monsieur partait pleurer. La roue tournait enfin en notre faveur.

***

Mon dos était parfaitement calé sur ce petit canapé de cuir blanc qui prenait place dans la salle commune. La jambe sur le dossier, la tête sur l'accoudoir, j'avais la meilleure des positions pour observer le bonheur qui se lisait sur les lèvres de ma meilleure amie. Je n'avais qu'à relever mon visage pour plonger mon regard dans les yeux d'ambre de mon Jace.

J'avais l'impression de le dévorer du regard, de le manger tout cru, tant ses yeux m'appelaient. J'avais l'impression qu'on se parlait sans poser de mots entre nous, avant d'exploser de rire et de créer une bulle de sérénité entre nous deux, ses cheveux bruns flottant dans les airs.

— Ça vous dit de fêter notre classement ce soir au bar ? osai-je demander pour ne pas me sentir de trop.

Raven venait une nouvelle fois de rompre ce moment. Je ne lui en voulait pas mais j'avais besoin d'être seulement avec Jace dans ces moments-là. Il n'y avait pas de place pour trois. Il y avait un temps pour être avec Raven et un temps pour être avec Jace, mais les deux ensembles, je n'arrivais pas à gérer. Une hésitation se lut sur nos visages. Jace attendait ma réponse pour pouvoir affirmer la sienne. Raven était ma meilleure amie, c'était en parti à moi de répondre à sa question.

— Quoi ? J'ai dit quelque chose qui n'allait pas ?

— Ce n'est pas ça Rav', tentai-je, mais on avait prévu de faire une petite soirée tranquille dans notre chambre, au calme.

On avait rien prévu... mais je voulais vraiment passer une soirée seul avec celui qui faisait battre bien plus vite mon petit cœur.

— Okay, pas grave, de toute façon j'étais un peu fatiguée...

J'étais peut-être allé un peu fort sur cette réponse. J'avais peut-être menti un peu, mais elle comme elle le disait, elle était fatiguée. Il fallait qu'elle dorme, au vue de la façon dont elle avait passée les dernières heures.

Ma tête se tourna alors vers celle de Jace et le regard qu'il me lançait me fit exploser de rire. Je ne savais pas comment l'expliquer mais il avait cette petite moue sur le visage qui lui donnait un air idiot, comme s'il voulait me ressembler.

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Hello hello ^^

Comment allez-vous ?

Qui se souvenait de cette scène des résultats ? Qui se souvient de ce qu'il va arriver par la suite ? Je répète : qui est prêt pour la suite ?

Le chapitre 13 n'avance pas comme je le souhaite, surement que les chapitre seront ralenti dans leur publication d'ici deux semaines, je vais essayer d'avancer plus vite mais pas de panique !

Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧

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