XI. En duo. (I)
Samedi 21 octobre, 13h02 :
— La marmotte est enfin debout ?
Le rire enfantin d'Ayden me mit immédiatement de bonne humeur.
— Combien de temps j'ai dormi ?
— Assez pour faire le tour du cadran ! Comment tu te sens ?
Toujours autant fatiguée, mais pour le rassurer, je répondais, un grand sourire sur mes lèvres :
— Mieux ! Je me sens d'attaque pour commencer cette journée.
— Doucement, quand même. Je ne veux pas que tu recommences comme il y a quelques jours.
Je levai les yeux au ciel. Il n'était pas obligé de me le rappeler, je m'en souvenais très bien...J'avais néanmoins besoin de rattraper mon retard. J'avais été plus qu'inefficace dans les derniers cours, et je devais absolument m'entrainer au tir et revoir ce qui s'était passé pendant les cours d'histoire.
— Raven ?
— Ayden. Je vais bien ! Tu peux sortir de ma chambre le temps que je me change ?
Son visage s'empourpra et il quitta rapidement la chaise dans laquelle il était assis, non sans déposer un rapide bisous sur mon front. Mon bracelet tinta.
« Une session remise à niveau dans 30min ? »
J'étais donc demandée de toute part ? Cette situation me plaisait ! Je me jetais hors du lit. Il était temps que je me bouge et que je rejoigne le blond qui ne pouvait se passer de moi. Mon petit coeur se mis à battre un peu plus fort, un peu plus vite, à sa pensée. J'enfilai rapidement ma brassière et mon jogging. J'avais hâte de reprendre le cours de la formation, comme si j'avais toujours été présente physiquement et mentalement. Tressant mes cheveux, je serrai au maximum ma coiffure pour éviter qu'elle ne bouge trop. Je ne savais pas ce qu'il avait prévu de me faire faire, alors il valait mieux que je sois entièrement prête.
Toquant à la porte de la salle, ma présence le surprit si bien qu'il bondit légèrement sur le côté. Clayton semblait perdu dans ses pensées alors qu'il regardait la chaine d'information de l'Abri.
— Intéressant en ce samedi ? demandai-je tout en me dirigeant vers le stand de tir.
Il plongea dans mon regard alors que le sien, émeraude, pétillait naturellement. Ses grands cils allongeaient la frontière de ses yeux jusqu'à devenir envoutant. Avec grande difficulté, je lui tournai le dos pour rejoindre le pas de tir. Mon sarkeï-4B m'appelait, je n'avais aucune difficulté à le ressentir.
— Pas si vite !
Je me stoppai dans ma progression, bloquée entre deux possibilités : écouter mon esprit ou écouter mon coeur.
— On commence avec un échauffement. Hors de question que tu te lances à froid.
Je soupirai, lançant un bref et désespéré regard à mon arme. Sa couleur miroitante émeraude me manquait terriblement entre mes mains.
— Fait pas cette tête. Tu vas pouvoir l'utiliser tout à l'heure.
Un grand sourire me barra à nouveau le visage et je commençai à mobiliser la force nécéssaire pour m'échauffer.
— Par quoi on commence ?
Il leva ses yeux au ciel, devant ma capacité à changer d'émotion en deux secondes, presque aussi rapidement qu'un riche devant une assemblée, puis se posta devant moi. Il lança son bras dans ma direction. Je le stoppai d'une main alors qu'il allait atteindre mon visage.
— C'est ça ton échauffement ?
Je décalai ma tête pour l'éloigner de son poing et le regardai droit dans les yeux. Un courant d'air frais parcourut la surface de ma peau du ventre. Immédiatement, je bondis vers l'arrière et manquai de me prendre un coup dans les côtes. Je m'installai dans une position de défense et maintins la position jusqu'à ce qu'il attaque à nouveau, ce qu'il ne tarda pas à faire.
— Combat, Raven !
S'il savait que je ne souhaitais qu'une chose... J'attendis qu'il soit proche de moi pour me baisser et glisser entre ses jambes. Je me relevai derrière lui et profitai de son temps de réaction pour l'attraper par l'épaule. Je le fis basculer vers l'arrière et montai délicatement sur lui, le surpassant de toute ma force. En déséquilibre, il ne pouvait rien faire d'autre qu'amortir la chute qui allait inévitablement arriver. Un rictus s'invita au bout de mes lèvres qui s'étirèrent dangereusement en un sourire carnassier. J'avais ma proie entre mes bras, et j'étais loin de pouvoir la lâcher.
Allongé sur le dos, Clay fut immobilisé au niveau du bassin par mon poids et mes jambes enroulées autour de lui. Il inversa néanmoins la tendance en roulant sur le côté. Il maintint mes bras juste au dessus de ma tête et profita de cet instant pour se défaire de mon emprise. Maintenant qu'il avait l'avantage, il allait être bien plus difficile de se relever pour enchaîner avec la suite.
Mes yeux se plongèrent dans ceux de mon adversaire. Je voyais danser l'étincelle dans son regard, la même que celle qui me permettait d'allumer le bûcher lorsque je combattais. Ses émeraudes pétillèrent de malice, et je sentis l'une de ses mains se déplacer progressivement vers mon dos, remonter le long de ma colonne vertébrale et s'arrêter entre mes omoplates. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait bien le traverser mais, son mouvement me permit de trouver une porte de sortie à cette situation, bien qu'elle ne me déplaise pas.
Je creusais mon dos pour lui faciliter le déplacement de sa main. Lorsqu'elle fut placée au creux de ce dernier, je bloquai son bras en courbant le dos dans l'autre sens. De là, il me fut bien plus facile de me servir de mes membres supérieurs pour me dégager de la pression qu'il effectuait. Par une action de levier, je me relevai et le poussai à mon tour sur le sol. Il fut aussi rapide que moi pour se remettre sur ses jambes. En un bond, nous nous fîmes face, chacun dans sa position de défense, un large sourire prenant place sur notre visage.
— Tu as repris des forces à ce que je vois, observa Clay.
— Suffisamment pour te mettre la pâtée !
Nous nous tournions autour, et mon cerveau se remit à jouer devant mon regard nos premiers combats. Et dire, qu'avant je n'étais pas capable de le battre proprement, c'était la bonne époque de Clayton tout ça.
— Qu'est-ce qui te fait rire, Greydale ?
— Je me souvenais de ta première défaite, mémorable !
J'accompagnais mes paroles d'un clin d'oeil tandis que mon adversaire serra légèrement les poings. Clay plongea sur moi et me souleva à partir des jambes pour me porter comme un vulgaire sac à patates.
— Redescend-moi tout de suite ! Redescend-moi !
— On fait moins la maline comme ça, hein ?
Il s'amusa à me faire tourner autour de la salle. Je détestai la position dans laquelle j'étais, bien que, je devais l'avouer, j'avais une vue parfaite sur le gracile petit fessier, parfaitement rebondi, de Clay. Je le sentis réduire sa vitesse et se baisser pour me déposer délicatement sur le sol.
— Je te déteste ! Je n'aime pas qu'on me fasse ça !
Je le tapai délicatement l'épaule pour lui faire part de mon mécontentement, même si j'étais sûre qu'il percevait ça plus comme de l'amusement.
— Je suppose qu'on a fini l'échauffement.
Le regard blasé de Clay semblait vouloir me l'affirmer avec gentillesse et bienveillance. Je fis passer mes tresses dans mon dos et tournai la tête pour me défaire des ses émeraudes, bien trop belles pour être regardées plus longtemps. Mes yeux se posèrent alors sur le pas de tir qui se trouvait sur ma gauche. Haussant les sourcils, je me résignais à ne pas pousser un cri de joie à la vue du Sarkeï-4B. Je me mordis la lèvre inférieure alors qu'un large sourire contrôla la forme de mes lèvres.
Clay saisit son arme, la même que la mienne, à la seule différence qu'il s'éclaira d'une puissante couleur dorée, proche de la lumière d'un coucher de soleil.
— Pourquoi deux couleurs différentes pour un même objet ? demandai-je à voix basse.
Il me regarda du coin de l'oeil avant de se concentrer sur la cible. Il tira trois coups directs, sans ciller, sûr de lui et reposa l'arme dans une douceur et une délicatesse extrême.
— Il existe une légende qui dit qu'une des deux couleurs correspond à quelqu'un de fort qui ne loupe pas une seule fois sa cible, visant toujours au centre pur.
— Ce n'est pas difficile de savoir à laquelle des deux ça correspond.
Il leva les yeux au ciel, certain que j'allais sortir une phrase du genre, avant de rigoler. Je pris en main mon S-4B qui s'éclaira d'un émeraude parfait et plongea la pièce dans une clarté fantaisiste.
— A mon tour.
Je tendis mes bras devant moi, alignant mon regard au bout du canon. Je ne devais pas douter de moi, ni même trembler face au score de Clay. J'inspirai et laissai le vide se faire en moi. Bloquant mon air dans mes poumons pour plus de stabilité, mon doigt se déposa à la surface de la détente. D'un coup sec et furtif, je tirai mes cinq balles. A la fin de mon dernier mouvement, je fermai les yeux, hésitant à observer le résultat sur le tableau, à ma droite.
Ce genre d'engin analysait tout : de la pulsation cardiaque à la précision micrométrique de nos tirs. Rien n'était laissé au hasard. Même mon état de fatigue, bien que masqué par une bonne nuit de sommeil, finissait par entrer en compte. C'était d'ailleurs la seule variable qui permettait à Clay de me battre sur ce genre d'entrainement.
— Alors ? demandai-je d'une voix plus que timide.
— Ouvre les yeux, je ne dirai pas.
Il y avait deux possibilités à cette réponse. Analysant toujours tout très vite, je devais admettre que ces deux possibilités en question devenaient évidentes à mon esprit. Soit Clay avait gagné ce défi et voulait savourer sa victoire, soit il rageait parce que je l'avais battu. Encore une fois.
Je ne pouvais m'empêcher de laisser un sourire s'afficher sur mes lèvres. Mon regard s'accrocha au sien et je laissai le silence envahir la pièce alors que je portai mon doigt au niveau de mon oreille.
— Tu l'entends, ça ? chuchotai-je malicieusement.
Il fit mine de ne pas comprendre, plissant les yeux et hochant la tête négativement, même si intérieurement, je savais qu'il rageait contre son score.
— Ce bruit de victoire pour le S-4B émeraude... Je dois te donner des cours pour que tu t'améliores ?
— Madame réussit une fois et ça y est, elle donne des conseils. Et puis quoi encore !
Le ton emplit de plaisanterie teinta la salle de tir d'une vague d'émotions pures et positives. Je ne me serais jamais doutée qu'en un peu plus de deux mois, la situation entre nous se serait largement améliorée. Nous n'étions pas encore au stade très tactile, mais au moins, on pouvait animer une conversation sans qu'elle s'envenime.
— Maintenant, à l'eau !
Alors... non. Hors de question que je me mouille aujourd'hui. Je lui signifiais 'non' de la tête espérant que cela suffise, mais apparemment il en avait décidé autrement. Pianotant sur son clavier, il fit apparaitre un maillot sur la surface holographique de la table. Fait ch*er ! Pourquoi maintenant ? Le vêtement se matérialisa et Clay le prit entre ses mains.
— Parfait. Plus d'excuse valable !
Un grand sourire barrait son visage. Il était content de pouvoir prendre sa revanche sur l'épisode qui venait d'avoir lieu. Il avait enfin la possibilité de se venger et de me battre. Un enfant ! Je soufflai pour lui faire comprendre mon mécontentement.
— Que tu le veuilles ou non, j'ai carte blanche ce matin pour t'entrainer. Alors tu m'obéis.
Ok. Je devais changer de méthode. Je baissai instantanément la tête et pris le regard le plus mignon que je connaissais pendant que je relevai mes prunelles avec tendresse. Je devais l'amadouer. C'était ma seule solution, ou la fuite deviendrait obligatoire.
— Ne me regarde pas comme ça... Ça ne changera rien. Direction la piscine.
Je grommelai, lançant des éclairs depuis mes yeux. Je ne voulais pas aller à la piscine. Pas aujourd'hui. Pas cet après-midi ! Je ne voulais pas. Je récupérai le maillot, faisant preuve de bonne volonté, et tourna les talons.
Un son percuta alors le tympan de mon oreille avec douceur. J'aimais ce son si satisfaisant.
« URGENCE ! »
Peut-être pas finalement.
✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷
Hello hello ^^
Comment allez-vous ?
Encore une fois, désolée de ne pas avoir posté mercredi. Je ne me sentais pas de le faire mais maintenant, voici le chapitre ! On passe enfin au chapitre 11 qui va accélérer le cours de l'histoire. Tenez vous prêt pour 4 semaines de chapitres intenses !
Que peut bien être cette "urgence" ?
Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :
Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.
Xoxo <3
Ptitgibilin ✧
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