X. Ami(e)s ? (X)

Mercredi 18 octobre, 16h46 :

Je dormais à moitié sur ma table, oscillant de temps en temps avec un bref regard sur l'image qui bougeait devant moi. Mes vertiges avaient cessé pour le moment, mais pour combien de temps ? J'étais amorphe. Le coude négligemment posé sur la surface de mon bureau, je soutenais ma tête qui menaçait de s'écrouler à chaque instant.

Vingt minutes de cours, et, déjà, je sentais mes paupières se fermer. Ça ne sentait pas bon pour la suite. Pourtant, ce n'était pas comme si j'en étais désintéressée. L'analyse était mon domaine, en plus des langues et du combat. C'était mon truc, ma facilité. J'aimais rechercher, comprendre, examiner, éplucher chaque dossier, chaque information, en trouver le sens. Mais aujourd'hui, mes yeux presque clos, à la limite de dormir si le silence de la salle durait plus longtemps, je ne pouvais rien suivre.

Les premières secondes de la vidéo se lancèrent et je les regardai sans grande conviction de ma réussite du jour. Pourtant, pour réussir à sortir de cette salle, je devais faire quelque chose, trouver le détail qui me permettrait de connaitre une information essentielle sur les Alfaeliens. Il parait que c'était subtil, bref, et presque invisible. Ce n'était pas avec un état tel que le mien que j'allais finir plus tôt.

Je pris en main la tablette qui était juste devant mes yeux et me concentrai. Plus vite je trouvais, plus vite je finissais. La vidéo fut jouée une première fois puis une deuxième, et elle s'enchaina, un nombre incalculable de fois. J'avais l'impression de la connaitre par coeur, chaque mouvement réalisé par l'alfaelien lors de son combat puis de sa fuite. J'avais beau ralentir et accélérer la vidéo, rien ne se passait. Aucun détail ne se détachait clairement.

Je tournais en boucle.

Je m'épuisais continuellement.

Il fallait que je prenne un angle différent, que je vois la chose sous une autre forme. Ma tête presque posée sur la table, quelques millimètres l'en séparant, devenait toujours plus lourde. Je me relevai brusquement.

Ma vision se troubla et les lieux m'oppressèrent soudainement. Ma respiration devint plus difficile et malgré ma volonté de la rendre plus profonde, seule sa vibration se faisait entendre. Je clignai des yeux avec difficulté, ma tête partant vers l'avant dans une lenteur légendaire.

— Ra...n

Une main passa devant mes yeux et fut secouée, sûrement pour tenter de me réveiller mais ce ne fut qu'à l'écho de la voix que je clignais des yeux pour chasser la barrière opaque qui agissait devant mes yeux.

— Je vais bien, articulai-je.

Je n'attendais pas de réponse de la part de mon partenaire, sachant pertinemment qu'un bref : "Non, tu ne l'es pas." parviendrait à mes oreilles sous peu. Je me reconcentrai sur la vidéo qui tournait en boucle sur l'écran et y appuyant frénétiquement, je découvrais ce qui clochait depuis maintenant deux heures.

Vitesse d'action, d'enchaînement et agilité.

Un alfaelien regroupait les trois points essentiels d'un bon combat, sans oublier qu'il était à l'aise dans son corps malgré une taille bien supérieure à la notre. La différence avec notre condition d'humain c'était sa capacité à disparaître le temps d'une microseconde, juste assez pour surprendre son adversaire.

Remontant le fil de la chaine, abaissant la vitesse de lecture, je remarquai qu'un très bref moment, juste avant de passer dans cet état de camouflage, leur peau, originairement pastels, virait au noir. Les Alfaeliens absorbaient la lumière pour accumuler une source de pouvoir importante et même s'ils ne semblaient pas avoir besoin de cette lumière pour nous battre, c'était cette source qui les protégeait en grande partie et leur permettait de nous écraser de leur poing aussi facilement qu'ils le feraient face à des insectes.

Enregistrant mon travail d'une main, je validai d'un geste de l'autre ma réussite. Cette action me permit de finir avec de l'avance cette journée dont je ne voyais plus la fin.

Marchant dans les couloirs, ma tête me lança avec force. Ma vue se brouilla à nouveau et pourtant, aussi têtue que j'étais, je continuai mon chemin, me tenant à la paroi et avançant à la lenteur d'un Ayden. Les murs valsaient devant mes yeux et jouaient à se mélanger avec le sol. Utilisant le peu de concentration que j'avais, je fis tout mon possible pour ressentir le sol contre mes pieds et le métal sur ma droite, sous mon avant-bras. Le vertige allait passer. Il finissait toujours par passer.

Je regrettai ces escaliers avant d'arriver à nos chambres. Nos référents gardaient en ligne de mire que nous devions nous bouger à chaque seconde de notre existence. Pas d'ascenseur. Seulement des marches, à monter, chaque jour de la semaines, chaque heure de la journée. Je manquai de me manger une marche à chacun de mes pas. À défaut de déguster un repas d'ici quelques heures, je pouvais me consoler en dévorant une marche de métal gisant sous mes pieds. Je voyais la porte de la zone de repos comme une bénédiction. J'y étais presque.

Il ne me restait plus qu'un objectif à atteindre. Ma chambre. Un haut-le-cœur remonta subitement en moi, me faisant perdre les appuis qui me maintenaient encore sur mes deux pieds. Le couloir s'agita devant moi, faisant tanguer mon corps. Mon souffle devint irrégulier et difficile, laissant la peur s'immiscer en moi. Je ne savais plus ce qui se passait autour de moi. Je devenais transparente à ces lieux.

Dans un sursaut de conscience, je mis un pied devant l'autre. Je devais arriver à ma chambre, entière. Les yeux à demi-clos, je décryptai les numéros des portes et comptai à ma façon le nombre de pas restant. Vingt. Vingt putains de pas avant de pouvoir m'écraser sur le lit.

La porte douze se déverrouilla comme par enchantement lorsque, dans un mouvement sans une once de grâce, mon bras passa devant la capteur que je n'imaginais pas à cette place.

À peine fus-je entrée dans la pièce que l'énergie me quitta. Ne contrôlant plus aucun mouvement, je sentis mon corps s'écrouler de tout mon poids avant que mon esprit ne s'en dissocie. Un voile noir se déposa devant mes yeux, me déconnectant totalement de la réalité.

*      *      *

Clayton courait dans le couloir, perdant son souffle pour rejoindre la porte treize. Ses mèches dorées s'agitaient dans les airs à mesure que sa vitesse augmentait. Jamais, il n'avait perçu de si gros pincements au coeur lorsqu'Hermione lui avait annoncé de la rejoindre, immédiatement, dans son dortoir car il y avait un problème. Il n'y avait jamais de problème majeur avec 'Mione. Treegof avait alors vu des cheveux bruns valser dans les airs et passer devant son regard. Il avait pris peur. Pourquoi il s'inquiétait lorsqu'il s'agissait d'elle mais pas de sa meilleure amie ? Son coeur balançait, ne sachant plus pour qui il devait vraiment s'inquiéter. Il ne savait plus si Hermione était celle qui comptait le plus pour lui ou si la jeune orpheline au coeur pur et à la force bien supérieure à la sienne était celle qui comblait son coeur.

Il ouvrit la porte avec précipitation. Heureusement que sa meilleure amie lui avait donné le code à la suite de soirées trop arrosées au bar. Ses yeux tombèrent sur une scène qu'il aurait voulu ne jamais voir. Sa vision fit monter en lui des perles de larmes à ses yeux qu'il refoula tant bien que mal au plus profond de lui. Se précipitant auprès de la silhouette sans énergie, il s'agenouilla près de Raven et saisit son frêle corps entre ses bras, l'accueillant comme la plus belle merveille du monde.

— Mione ! Contacte et ordonne lui de venir immédiatement !

Soulevant délicatement la jeune demoiselle, il la déposa quelques mètres plus loin sur son lit, puis, prenant mille et une précautions, il vint toucher l'embase de son cou, tâtant sa peau à la recherche d'un pouls. Il fut rassuré lorsqu'il sentit pulser doucement sous ses doigts le coeur de la brune. Portant son attention sur son souffle, le soulagement prit place dans son être, Raven était seulement épuisée et à bout de force.

Un bruit sourd résonna sur les murs de la chambre. Clayton se mit instinctivement une position de défense, protégeant l'orpheline inconsciente. Ses bras, écartés, faisant office de défense, se relâchèrent lorsqu'Ayden s'approcha à grands pas du corps de la belle endormie. Le garçon aux yeux gris-bleus n'avait pas eu besoin d'une notification de Eveningsun pour accourir. Il avait suivi la chute de tension de sa meilleure amie, impuissant.

— Tu as fait vite !

— Je n'ai pas eu besoin de votre aide. Sortez !

— Un merci aurait suffit... maugréa Clayton.

Son regard planté dans ce dernier, Ayden ne laissa aucune émotion, autre que la fermeté, s'échapper de son masque. Le blond aux mèches rebelles s'écarta du lit où gisait sa Némésis. Il ne pouvait plus rien faire pour elle, son meilleur ami étant à ses côtés, c'était tout ce dont elle avait besoin. Il s'éclipsa sans une once de bruit, disparaissant dans l'ombre du couloir.

— Tu t'inquiètes vraiment pour elle ? Résonna une voix cristalline dans l'air pesant du couloir silencieux.

Une point de jalousie semblait teinter la voix d'Hermione, dans une mélodie pleine de reproches. Il faisait ce qu'il voulait, merde ! Il tenait à Mione mais il tenait aussi à Raven. Il n pouvait pas ignorer le fait qu'elle était importante à ses yeux. Jamais, il n'oserait dire ça à sa meilleure amie. Jamais, il ne lui dirait car jamais, il n'oserait lui faire du mal de cette manière.

— Je me bats tous les jours contre elle, bien sûr que je m'inquiète. Comment ferai-je pour me dépasser si elle n'était pas là ?

La bonde haussa les épaules. Il n'avait pas tord, mais une autre question émergea dans son esprit.

— Dis-moi, tenta-t-elle d'une voix fluette, suis-je toujours ta force ?

Cette demande toucha un point sensible dans le coeur de Treegof. Hermione était sa force, il n'avait pas doute la dessus, mais cette force était différente en présence de Raven. Elle était comme décuplée.

— Tu es comme ma famille. Tu es ma force. Ne doute jamais de ça !

✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷ ✷

Hello hello ^^

Comment allez-vous ?

Je vais pas vous mentir, c'est pas la grande forme et j'ai encore 4 semaines de partiel à tenir. Mais comme vous pouvez le remarquer, je parviens tout de même à poster dans les temps (même en avance par rapport à d'habitude).

Clay n'est-il pas mignon quand il s'inquiète de l'état de Raven ?

Comment va réagir Hermione suite à la dernière phrase de Clay ?

Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧

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