III. Résultats... (II)

Jeudi 24 Août, 14h48 :

Je fis battre mes cils lentement. La lumière m'aveuglait quelque peu. J'émergeai à mon rythme dans cette grande salle blanche. Les lumières bleues des écrans de contrôle perturbaient mon réveil. Je n'étais pas seule par contre.

Je tournai la tête pour observer les alentours. C'était devenu un reflex. Les lits s'alignaient les uns avec les autres avec chacun une personne dessus. Un mal de tête me prit fortement en me relevant sur mes coudes. Immédiatement, je fus replongée dans mon matelas par des bras forts.

— Doucement, petite. Vous venez de réaliser un temps de dix-huit minutes pour sortir de votre inconscient. Félicitations ! C'est rare un temps comme ça mais vous n'êtes pas la seule.

— Pourquoi je me sens engourdie ? Demandai-je au barbus qui me parlait.

— C'est simplement le produit que nous vous injectons. Il devrait se dissiper d'ici quelques minutes.

— Et le mal de tête insupportable ? Vous avez quelque chose pour l'atténuer ou c'est comme le produit ?

J'étais à bout de force, épuisée par autant de temps passé dans mon esprit. Je n'y étais pas habituée... Le barbus s'approcha de moi et m'injecta un nouveau produit dans le cou.

— Ça devrait aller mieux maintenant, petite.

Il me laissa seule, fixant le plafond en espérant que tout aille mieux. Je fus rejointe par un autre gars. Je voulus me relever mais il prit la parole avant et m'en dissuada.

— Je ne ferai vraiment pas ça si j'étais toi.

— Qu'est ce que tu en sais Monsieur Je-me-crois-plus-fort-que-tout-le-monde ?

— J'ai fini deux minutes avant toi et donc ce que je sais c'est que la récupération est bien plus rapide quand on n'en demande pas trop à son corps.

Je voulais couper court à cette fausse conversation.

— Je suppose que tu n'es pas là par hasard, Treegof...

— Effectivement. Compte tenu de mon rang, je me dois de te féliciter. C'est rare qu'une orpheline - il accentua bien sur ce mot-là - finisse aussi vite cette épreuve et accède à la suite des événements.

Mon sang ne fit qu'un tour et mon corps se réveilla plus rapidement que prévu. Je me relevai et me mis sur mes jambes avec une vitesse fulgurante. Treegof recula de quelques pas tandis que je me stabilisai.

— Redis encore une chose comme telle et on règlera notre conflit au cours du prochain combat. Mais sache une chose, je suis bien moins gentille que j'en ai l'air quand j'ai une idée en tête.

Je jetai un coup d'oeil à l'écran en face de moi. Un classement ne cessait de se mettre à jour avec un temps chronométré derrière chaque nom. Un chiffre indiquait notre position, et, étonnamment, j'étais placée dans les dix premières. La liste se déroula. Mon coeur manqua un battement lorsque je ne vis aucun temps défiler à côté de Ayden.

Le barbus revient vers moi et fut surpris de me voir déjà debout.

— Pouvez-vous m'indiquer le lit du numéro 6497, s'il vous plait ?

Il pointa sa tête vers ma gauche avant de se stopper. Je vis ses yeux s'écarquiller.

— Quoi ?!

Ses gestes se firent brusques et comme dans un élan de panique, je détachai mon regard de son visage pour atterrir sur celui de Ayden. Il semblait lui aussi perdu. Mais ses yeux clos me firent peur. Il était entrain de se noyer dans son esprit. Il fallait qu'il en sorte.

S'il te plait remonte petite étoile...

Je me rapprochai de son lit sans un mot. Je ne devais absolument pas interférer avec son esprit. Pourtant je ne voulais qu'une chose : l'aider. L'homme qui me suivait depuis mon réveil alluma un écran et déposa délicatement un casque sur la tête d'Ayden. Quelques secondes plus tard, on découvrit se qui se passait dans sa tête.

Je vis avec horreur la pièce sombre dans laquelle on était enfermé quand on était petit. Il était recroquevillé dans un coin, une lettre à ses pieds. Il était bloqué dans cette cage où l'on nous laissait pendant des heures pour mauvaise conduite. Moi-même la situation m'effrayait. Je n'aurais pas tenu une seconde sans que le passé ne me submerge. Cet isolement qu'on nous faisait subir alors qu'on ne comprenait pas nous même notre mauvais comportement.

— Que se passe-t-il ? Demandai-je avec empressement.

Ma question fut oubliée et pas un seul mot ne sortit de la bouche des intervenants. Pendant ce temps, la situation de Ayden s'aggravait. Il commença à sangloter. Je me rapprochai de lui.

— Éloignez vous mademoiselle !

Je fis ce qu'on me demandait, mais l'envie de le prendre dans mes bras pour le serrer fort et lui dire que tout allait bien se passer commençait à me gagner. Comment pouvait-on laisser un humain dans son cauchemar le plus extrême ? C'était de la barbarie ! Sans le toucher, je murmurai dans une voix inaudible des mots.

Je fermai mes yeux quelques instants, vivant dans la peur qu'on m'informe qu'il n'a pas pu passer ce test et qu'il devrait partir du recrutement. En les rouvrant, je relevai la tête pour faire face à l'écran qui vérifiait chaque mouvement qu'Ayden réalisait dans sa tête. C'est alors que je le vis bouger. Il se leva et passa une main sur ses yeux. Il essuya les deux larmes qui gouttaient le long de son visage.

Je m'assis sur le tabouret à côté du lit et ne bougeai plus. Je suivais ses moindres faits et gestes à l'écran. Ayden appuya sur un bouton, puis un deuxième. Ce fut une succession de formes et de couleurs qui défila devant ses yeux. Il analysait chaque objet qui apparaissait et les transposait en signal lumineux.

Le nombre de signaux fut de plus en plus important et la luminosité à l'intérieur de la pièce s'était considérablement améliorée, jusqu'à ce que tout deviennent blanc. L'écran devint noir et tout s'arrêta.

La pièce se figea, tout le monde retint son souffle. Ses yeux restèrent clos, comme si nous étions revenu au point de départ. Je l'avais perdu... Les larmes montèrent en moins. Ils me l'avaient enlevé ! Ils n'avaient pas le droit ! Une main se plaça sur mon épaule. Je la dégageai d'un mouvement. Cependant, elle resta bien encrée

— Ouvre les yeux, petite.

Je tournai précipitamment la tête vers ma gauche et le vit cligner des yeux. Le souffle que je maintenait en moi depuis de longues minutes sortit enfin dans un soulagement. Je pris sa main dans la mienne et ne pus m'empêcher de sourire.

— Doucement crevette... Je sais, c'est pas très agréable mais ça ira d'ici peu de temps.

— J'ai fait comme tu m'avais dit, Rav'.

Les yeux pétillants, et le sourire au bord des lèvres, il m'avoua :

— Lorsqu'il fait sombre, c'est à moi d'éclairer le monde et de mettre le plus de couleur possible ! J'ai mis des paillettes dans ma tête aujourd'hui !

Je lui tapotai la tête gentiment avec mes yeux noirs de mignonne colère. Il était incorrigible.

— Me refait plus jamais ce coup là, d'accord ?

— Oui maman Raven !

— Tu aurais pu mourir aujourd'hui ! Tu aurais pu...

— Regarde moi Rav' ! Regarde je suis encore bien vivant et encore bien présent pour pouvoir t'énerver encore plus chaque jour à chaque heure, que dis-je, a chaque seconde de ta vie !

— T'es bête quand même Ayden !

— Je suis quoi ?

— Bête, idiot, mentalement ignorant, peu intelligent, moche et totalement...

— Désolé je te coupe mais tu parles de toi là, je me trompe ?

— Je te déteste.

— Je sais que tu m'aimes, fait pas l'ignorante.

— C'est bien ce que je dis. Je te déteste.

— Excusez-moi... Pardon... J-je...

Depuis quand quelqu'un nous coupait dans notre conversation ? Un homme de taille moyenne s'avança vers nous, séparant en deux la foule qui s'était déployée en arc de cercle. Ses cheveux grisonnant indiquait son âge avancé, tandis que sa démarche traduisait l'inverse.

— Pardonnez moi jeune fille...

En quelques mots, il fit redescendre l'atmosphère joyeuse qui avait jailli ici. Je remis mes pieds sur terre. L'espace d'un instant, j'avais oublié où je me trouvais. Je m'éloignai d'Ayden alors que tout le monde retournait vaquer à ses occupations. Les jeunes présents pour le recrutement se déplacèrent jusqu'à leur lit, histoire d'occuper leurs pensées en attendant la suite du déroulement. Les autres personnes, elles, s'occupaient à leur manière, en s'attardant sur les quelques personnes encore bloquées dans leur esprit. Deux furent prises en charge dans une autre pièce.

On les emmena avec une vitesse folle et je ne pus m'imaginer Ayden sur l'un de ses lits. S'il avait dû être emmené, je n'aurais jamais pu le supporter. Il était bien la seule personne qui comptait pour moi à ce jour.

— Eh bien, jeune homme, vous l'avez échappé belle comme on dit. Vous étiez à deux doigts d'y passer mais vous avez réussi à tenir bon. Vous pouvez continuer la prochaine épreuve.

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Hello hello ^^

Désolée pour le retard (je poste habituellement le midi au grand maximum, me voilà à le faire le soir). Mes journées sont très chargées mais ne vous en faites pas je suis toujours là pour vous apporter la suite.

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧

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