10. Ami(e)s ? (VIII)

Mercredi 18 octobre, 15h02 :

J'étais épuisée. Entre le parcours du combattant de ce matin, où j'y avais mis toute mon énergie, mon manque de sommeil flagrant et mon inébranlable envie de faire toujours mieux que les autres, j'étais à deux doigts d'y passer moi-même. Je sentais que ma force diminuait que j'avais besoin d'être seule, au calme, pour réfléchir et me reposer. C'était bien là la raison de ma présence dans cette salle blanche, grande et vide. Il n'y avait rien dans cette pièce, juste des vitres de verre qui donnaient sur le couloir et de grands écrans éteints sur le mur opposé.

Je devais rejoindre les autres. Ayden manquait terriblement à mon esprit et devoir le partager me fendait le cœur, moi qui l'avait toujours eu à mes côtés. Après, je le sentais heureux. C'était ce qui comptait le plus à mes yeux. Je le voyais évoluer dans le bon sens du terme. Il s'épanouissait comme jamais il ne l'avait fait auparavant et de semaine en semaine il progressait. J'étais si fière de ce qu'il était devenu. 

— Comment tu te sens ?

La voix douce de Clayton résonna dans la pièce. Adossée contre le mur, je ne pus m'empêcher de relever la tête et planter mon regard dans le sien. Un sourire niais pris place sur mes lèvres et ne s'en décrocha pas.

— Fatiguée mais ça va passer.

Je baissais mon regard, restant pensive. J'inspirais et expirais doucement, la tête dans les nuages. C'était un moyen que j'avais trouvé pour me reposer calmement. Je sentis une présence s'installer à mes côtés. Clayton semblait aussi épuisé que moi. Depuis que Fallsbeck nous avait poussé à bout, regagner l'énergie perdue était difficile. Ce n'était pas infaisable mais très compliqué. Les nuits qu'on passait n'arrangeait rien non plus.

— Comment tu fais pour rester sur ce sol gelé ? demanda Clayton.

— En zone 16, le sol est froid ou que tu ailles. C'est devenu une habitude.

Je sentis ses yeux se poser sur moi. J'étais sur de l'émotion qui le traversait. Il ne comprenait pas. Pourtant, c'était plutôt clair. Chaque parcelle d'alimentation devenait défectueuse avec le temps mais les changer prenait trois fois plus de temps en zones inférieures que chez les riches.

— Suis moi.

Il se leva et me proposa sa main. Je l'aurais acceptée volontiers mais je pouvais le faire moi-même. J'étais forte. Prenant appuie sur le sol, je me mis sur mes jambes d'une seule traite sans flancher.

— Tu veux qu'on aille où ? On a McLaggen dans quelques minutes.

Je ne pouvais pas me permettre d'arriver en retard ou de me poser dans un endroit plus confortable. Même une chaise parviendrait à me faire dormir.

— Je ne veux pas combattre contre un zombie. Dors.

Il avait beau être plus gentil, son ton sec et autoritaire me rappela les mois précédents où Monsieur pensait être le roi du monde. Je m'arrêtai net. Il était hors de question que je suis ce que sa majesté avait décidé et qui était bon ou non pour moi. Après tout, dormir et ne pas aller en cours pouvait me faire perdre des points sur le classement et me faire redescendre au niveau des places.

— Je ne suis pas en sucre. Tu n'as pas à me dire ce que j'ai à faire où non !

Il me prit par l'épaule et tenta de me stopper alors que je me retournais. Mes réflexes reprirent le dessus et ma main libre enserra son poignet. Je le retournai et le plaquai contre un mur. Je sentais bien que mes forces n'étaient pas les mêmes que d'habitude mais j'en avais suffisamment pour décider ce qui était encore bon pour moi.

Je me rapprochai de son oreille, sur la pointe des pieds, atteignant tout juste mon objectif.

— Je suis encore capable de te battre. N'essaye pas de me stopper dans ma progression !

Je me dégageai de lui et repris mon chemin en direction en direction de notre salle de cours, ruminant ce qui venait de se passer. J'essayai d'analyser chaque détail mais j'avais l'impression qu'il manquait quelque chose au tableau que je peignais. Je n'avais pas douté de la sincérité de Treegof mais elle me semblait bizarre désormais. Elle était trop soudaine, comme s'il avait voulu m'amadouer pour parvenir à ses fins...

Je ne savais plus quoi penser. Je n'arrivais plus à déceler le vrai du faux, la vérité du mensonge. Les deux semblaient profondément liés et indissociables.

— Rav' ? fis une vois dans mon dos.

Une main plus légère vint se poser à la surface de ma peau, contre mon épaule gauche. Pourquoi c'était toujours l'épaule ? Elle n'avait rien demandé la pauvre ! Sans prendre le temps de savoir qui me parlait, je fis volte-face et de mon avant bras, je poussai la buste contre la paroi de métal.

— Quoi enc-... Oh, Ayd, c'est toi !

Je relâchai immédiatement ma prise sous son regard bleuté apeuré. Défroissant son tee-shirt du plat de ma main, je me confondus en excuse. Je venais d'être poussée à bout juste avant, il était normal que je me défende maintenant, non ?

Prise d'un léger vertige, je fermai les yeux. J'avais besoin de dormir. Je refusai d'écouter mon corps car je savais pertinemment que c'était donner raison à Treegof et je ne le souhaitait pas. J'attendis quelques secondes pour me stabiliser et fis face à Ayden. J'étais sur qu'il avait compris ce qui se tramait. Il n'était pas idiot et me connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir comment se passait mes journées après des nuits de cauchemars.

— Rav, tu...

— Je vais bien. Je me coucherais juste plus tôt ce soir. Promis.

Frottant mes yeux, nous passâmes la porte de la salle. Trois immenses photos étaient affichées sur les hologrammes. Elles ne me semblaient pas étrangères, bien que... Elles ne semblaient être que de vagues souvenir flous dans une mémoire brumeuse.

"La règle du soleil."

Peinant à garder mes yeux ouverts, je tentai de participer du plus possible. Rester active me permettait de ne pas sombrer dans le sommeil qui pointait le bout de son nez. Je n'avais aucune idée de ce qu'était cette règle et apparemment, je n'étais pas pas la seule.

Je reçus un coup de coude léger dans les côtes, me sortant de ma léthargie. Immédiatement, mon regard accrocha celui de Jane McLaggen. Lorsqu'elle tourna ses talons pour observer la deuxième rangée sur ma droite, je pivotai et gratifiai Ayden du regard. Mon sauveur...

Ce que je retenu du cours fut très bref et je savais que je devrais rattraper mon retard en retravaillant et en lisant tout ce qui venait d'être annoncé. Seul les cinq phases de la règle restaient en mémoire.

La phase un, dite du rayon vert, nous permettait de sortir de l'Abri et commencer nos missions externes. En phase deux, notre capteur nous indiquait que la moitié de la nuit venait de s'écouler. Lorsque la phase trois s'enclenchait, tout allait ensuite très vite. Elle symbolisait le moment où le jour commençait à apparaitre, sans que le soleil ne pointe le bout de son nez. A partir de la phase trois, il restait moins de trente minutes pour revenir à la base, dix lors de la phase quatre. Enfin, la cinquième phase, celle du rayon violet correspondait au moment où le soleil se levait enfin. Jamais nous ne devions être dehors lorsque l'astre émettait sa lumière pure. C'était une des règles qui ne devait être transgressée du côté des humains pour permettre une « paix » avec le monde du dessus. 

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Hello hello ^^

Comment allez-vous ?

Bientôt la rentrée et les partiels en même temps. Cinq semaines de projet avec un oral à la fin, je ne suis pas prête ! Même si j'aurais peu de temps, je garde le rythme des 2 chapitres par semaine.

Certains ont parlé mercredi dernier que les Alfaeliens ne paraissaient pas dangereux, sachez que les apparences sont parfois trompeuses *clin d'oeil*. Ne vous inquiétez pas vous les rencontrerez un jour !

Ici pour les avis sur le chapitre et vos théories :

Dites moi ce que vous en pensez et n'oubliez pas que les petites étoiles valent tout l'or du monde dans l'esprit d'un auteur, quelque soit son genre.

Xoxo <3

Ptitgibilin ✧

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