3 bis
Un sourire un poil machiavélique se dessina sur les lèvres de l'Allemande et, parfaitement sereine, elle se leva, déterminée. « Av n'a pas le côté pacifique d'April, cela risque de compliquer les choses... Mais peut-être que je m'inquiète inutilement, et que tout se passera bien », pensa Nicolas, septique quant à la suite des évènements.
Rebecca ajusta sa tenue, leva les mains au plafond, et balança son pied en avant. Elle resta ainsi pendant quelques secondes dans un silence si profond qu'on entendait sa respiration. Puis, tout s'enchaîna à la vitesse de l'éclair : elle roulait, bondissait, virevoltait, gesticulait telle une danseuse étoile ! Tout était si rapide qu'elle semblait ne pas toucher le sol.
Et voilà que d'un seul coup, elle sauta si haut que Nicolas craignit un instant qu'elle se cogne au plafond. D'immenses ailes angéliques s'ouvrirent dans son dos et battirent l'air. Elle volait !
« Incroyable ! » songea l'homme, totalement ébahi. « Je n'avais encore jamais vu une fée de mes propres yeux. Mais après réflexion, c'est vrai que Rebecca possède toutes les caractéristiques qui les définissent : elle est d'une très grande beauté, souvent d'humeur aigrie, parfaitement bilingue, très souple, difficile à déstabiliser... J'aurais dû m'en douter. Mais la chose est si improbable ! »
Rebecca amena ses bras jusqu'à sa poitrine, et plongea la salle dans le noir complet. Nicolas eut soudainement l'impression de se faire porter par une étrange matière visqueuse. L'éclairage clignotait. Oui, il flottait... ! La fée parvenait à étendre sa magie jusqu'à lui.
Elle les reposa rapidement.
- Tes « supérieurs » sont-ils au courant ? demanda April alors qu'elle avait à peine posé pied-à-terre.
- Peu de personnes connaissent ma véritable identité, et je vous prierai d'éviter de la répandre sur tous les toits, sinon... Eh bien, j'imagine que vous n'avez jamais eu à affronter le courroux d'une fée. Estimez-vous heureux de cela.
- Tes ailes sont magnifiques, lui dit Nicolas, un peu secoué.
Elle ne les avait toujours pas rangées, profitant certainement de l'occasion pour les dégourdir. Les cristaux qui les composaient scintillaient gracieusement, et une fine poudre papillonnait au moindre battement. Il s'agissait de poussière féerique, une cendre soi-disant capable de rendre immortelle n'importe quelle chose. Ce n'était qu'un racontar - on disait même que les fées elles-mêmes ne savaient pas trop si cela était vrai ou faux !
Quoi qu'il en soit, jamais on n'avait vu une femme plus belle que Rebecca ce soir-là : ses ailes s'étendaient d'un bout à l'autre de la salle - elles faisaient bien trois mètres de largeur ! - et coloraient sa peau d'une teinte laiteuse tout à fait adorable, sa silhouette s'était perfectionnée au point que l'agent secret se transformât, littéralement, en créature surréaliste, ses longs cheveux lisses s'étaient teintés par eux-mêmes d'une couleur plus claire.
« Comment se comporter avec une fée ? » s'inquiéta Nicolas. « Doit-on éviter certains sujets de conversations ? Comment faut-il l'appeler ? Doit-on aménager la villa pour faciliter ses déplacements ? » Il comprit soudainement qu'il la dévisageait de façon impolie, et que cela devait la mettre mal à l'aise. Aussitôt, il détourna le regard en se maudissant.
Rebecca revêtit un air profondément sombre et ennuyé.
- À quoi tu penses quand tu me juges ?
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