Préface



Du sang coule sur ses joues. Je suis coupable. Je me déteste.

 Elle ne pleure pas, elle résiste. Elle ne peut pas bouger. On l'a attaché à cette chaise où des cordes la retiennent. 

Je prends le fouet, je le lève pour le faire tortiller au-dessus cette pauvre femme. A nouveau, du sang coule lentement sur ses joues pour tomber par gouttes sur ses vêtements, qui ne sont que haillons.

Qui est la victime?  C'est moi. Mon cœur a été enlevé. Je suis morte. Elle, elle est en vie. Son cœur bat aussi rapidement que le cœur d'une sourie mais il bat. Son esprit est toujours en elle. Je ne suis plus moi. 

Je reste immobile devant elle. Mes mains s'ouvrent et le fouet tombe. Miséricorde! Je n'en peux plus! Suis-je humaine ? Je baisse la tête. Je tombe à genoux. Je m'affale à ses pieds.

Le fer rouille. Le diamant s'évapore. Un arbre s'abat. Le feu s'éteint.

 Que peut-elle faire contre moi? Elle n'a aucun lien qui l'attachent. Moi si. On m'a emmené dans ma propre prison. Qu'est-ce la liberté? Je me tords et un jet de colère se propulse dans mes veines. Que m'a-t-on fait ? Que m'a t'on donc fait! Pourquoi le fardeau sur mes épaules est-il si lourd! POURQUOI!

Que mes larmes s'effacent!  Elles ne mouilleront pas ce sol impur.

La colère qui n'est pas sortie par la voie des larmes est remontée dans ma gorge. Elle est coincée puis elle se libère brusquement.

Un étalon attaché essaye de se libéré. Sa rage est violente. Ses sabots ne peuvent casser les barrières qui le retiennent. Il est aveuglé par cette colère d'être emprisonné et ses sabots retombent sur ceux qui....

J'essaye de retenir ma respiration. Je prends mon cou dans mes mains. Je me débats. Je bas des pieds. Je me traine. Je prends mon visage dans mes mains, me met en position fœtale. Qui m'a fait naitre? Pourquoi je vis? Arrêtez! Arrêté! J'ai mal!

Pourquoi je vie! Pourquoi je ne suis pas morte! Pourquoiiiiiiiiiiii! Ce cri intérieur que personne n'entends. Souffrir en souffrance pour ne pas déranger.

Impossible. Impossible de me contrôler. Impossible. Je suis folle. La folie m'entraine. Une folie incontrôlable. A-t-on besoin d'être mordu par un chien pour avoir la rage?

Mes mains s'agrippent aux pieds de la chaise. Oui. Même une chaise à des pieds pour tenir. Mais si on la renverse, qu'une personne peut la relever.

Je suis devenue un animal. Même pas. Je suis un objet qu'on déplace et que l'on casse, fait de matériaux peu solides.

Un grognement dans ma gorge. Un grognement sourd qui devient le cris d'un cochon qu'on égorge.

Maman! Je te hais!

Je renverse la chaise. Un objet brisé peut toujours couper.

 Cette fois-ci la femme pleure en silence. A-t-elle compris le mot d'ordre? Souffrir en silence. Elle résistait juste avant. Mais même pleurer n'est pas autorisé. La peur se lit sur son visage. Un visage qui reflète la lune. Il est pâle mais il éclaire.

Je ne suis qu'une minable sans pitié. Je ne suis pas humaine. Je ne suis plus humaine. La question ne se pose pas. C'est une certitude.

Voici que je me lève. Comme si cela pouvait être le cas. Comment savoir si un caillou est debout ou couché? Il suffit de lui demander si il a la capacité de vous répondre.

Je me tiens devant elle. Voyez-vous l'arène qui nous entoure? Où est mon ennemi? En face de moi. Qui est-ce? Il est flou et abimé. On voit mal ses mouvements caché dans des flammes. On arrive pas à entendre ses cris brouillé par ceux des corbeaux qui attendent leur repas patiemment. Qui est-ce? Mon ego. Même pas. Cette personne est mon reflet. Cette personne est moi-même.

Quelles questions devais-je lui demander déjà ? Je m'en fous ! Je dois me défouler. Il faut que je casse et que je blesse. Je suis un chien enragé qui a cassé sa chaine. Je reviens vers la chaise et la remet sur pieds. La femme a une bosse à gauche sur son front plissé de douleur.

 Je la fixe et elle veut détourner son regard du mien. Elle ne le détournera pas. Je ne le veux pas. Elle doit me regarder. Je veux la lire. Avec mes mains, je lui prends brusquement la tête pour croiser son regard. J'y lis de la tristesse. J'y vois des larmes prêtent à partir de ses yeux gris. Je tremble. De colère ou de peur ? Je ne sais pas. Ne me le demandez pas. 

Je le sais, elle me déteste maintenant. Mais elle ne peut pas me comprendre personne ne peut me comprendre. Tout ce sang qui imprègne son visage. Je lui fous une gifle. Du sang imprègne ma main droite. Je baisse la tête. Je suis folle. Je suis pire que folle. En fait, je n'existe plus. Je suis morte même si ce cœur bat toujours. 

Doucement, je retourne ma main. Elle est rouge. Un rouge semblable à celui des roses pourpres qu'arrosait ma mère dans le jardin. Suis-je humaine ? Peut-être qu'au fond de moi, il m'en reste un bout. Un seul petit bout. 

Mais tout ce que j'ai fait, tout ce que je viens de faire... Même moi, je ne pourrais me le pardonner. Je suis seule. Personne ne m'aime. Même ceux qui me commandent tous ces crimes ne m'aiment pas. Je suis seule. Tout le monde est seul. Personne ne se soutient. Comme moi, leur cœur est arraché. On est tous mort.

 Nous ne pouvons pas le renier. On meurt tous un par un pendant que le sablier s'écoule. Cette femme humaine ne sera bientôt plus de ce monde de mort à moins qu'elle rejoigne nos rangs. Je ne veux pas. Je veux la tuer. Je ne veux pas qu'elle devienne comme moi.

 Les murs sont blancs. Et pourquoi pas rouge? J'ai toujours la tête baissé avec cette main que je regarde. Ma main gauche est sale. Ma main droite est propre. Je l'ai purifié par son sang. Ma main gauche se lève. La femme a un mouvement de recul. 

Mes lèvres sont crispées. J'aurais pourtant voulu lui sourire. Depuis combien de temps je ne souris plus ? Que les coins de mes lèvres sont tournés vers le bas ? Ma main gauche caresse avec délicatesse sa joue droite, froide. Ma main est comme l'autre main. 

 Je recule et alors l'un des murs blanc me touche mon dos. Ce mur est froid comme la mort. Je me retourne et pose mes mains sur celui-ci pour les faire glisser. Mes doigts ont laissé ces traces rouges. 

Je veux lever mon index. Mais il reste bloqué. Je tourne ma tête pour voir la femme. « Quel est votre nom ? » Ma voix à un goût amer et acide. Je la regarde. J'attends. Elle chuchotte. Je ne veux pas reparler. 

Je me tourne vers le mur et j'écris. J'écris pour ne pas parler. J'écris pour ce que j'ai écrits puisse être vu. J'écris pour mourir en humaine et pour de bon. Je ne veux plus battre ses gens innocents. J'écris... Quelle est votre nom ? Le mot « Nom » n'est presque plus visible. Je n'ai plus de sang sur l'index. Je tremble. De peur ou de froid ? Et de ma main gauche, j'écris maladroitement. J'écris pour qu'on sache. J'écris pour qu'on n'oublie pas ce mot. J'écris : Humain

Je suis devant cette femme. « Quel âge j'ai ? » Elle me regarde, la bouche ouverte d'étonnement. Elle a vu ce que j'ai écrit. Elle ne comprend pas. Je me retiens de saisir le fouet qui traîne à mes pieds sur le sol blanc. Tout est blanc dans cette pièce. Il n'y a pas de fenêtre. 

« Quel âge j'ai ?» J'attends qu'une réponse sorte de sa bouche. Ses yeux gris scintillent. Elle ne me répond pas. Ses lèvres ne remuent pas. Mais je vois qu'aucunes larmes ne s'apprêtent à sortir pour lécher ses joues. 

Serait-elle rassurée ? Je m'impatiente. Je veux cette réponse. « Je répète : quel âge j'ai ? » Je perçois une hésitation. Ces cheveux châtains sont complètement décoiffés. « Tu dois avoir 16-17 ans... » Sa voix est calme. Cela me rassure. Elle l'a deviné. J'ai presque 17 ans. Je suis détruite. 17 ans... N'est-ce pas jeune ? Si. 

Je n'aurais pas été humaine longtemps. Je presse la poche de mon pantalon. Je sens cette lame fine. Je sens le manche en bois. Je suis toujours en face de la femme. Je saisis le couteau. Les yeux de la femme reflètent alors la peur. « Je suis désolée pour vous... » Mais avant tout, je veux faire quelque chose. 

Son regard suit mes gestes. Je fouille du mien autour de moi. Il n'y a pas de caméras. Elles ne sont pas mises dans ces sortes de salles. Mes mains tremblent. Je me coupe et du sang, mon sang commence à se mélanger avec le sang de la femme sur ma main. Je fais de même avec l'autre. Elle me regarde toujours.

 Alors, avec mes mains. Je lui caresse ses joues. Son visage est rouge... de sang. Je recule et lève le couteau. Elle me regarde effrayer. C'est pour ton bien. Je ne veux pas que tu souffres plus. Je ne veux pas que tu deviennes comme moi. Je veux que tu meures en paix. Que tu ne vois plus ce qu'il se passe. Que tu ne souffres plus. Notre sang est mélangé. Je conserve de toi. Je veux que tu survives par moi. Je ne veux plus que tu souffres. Elle pleure. Je le vois. Elle pleure. Je suis guidées vers mon passé. Là où mon cœur battait vraiment. La lame du couteau est toujours au-dessus d'elle.

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Alors? Comment trouvez-vous cette préface? Sanguinaire... Je sais. Je sais. Et y-a-t-il des trucs que vous n'avez rien compris? Sûr que oui. Je ne suis pas sympas: je vous laisse avec plein de questions et peut-être choqué en plus! 







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