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Hugo
Je savais déjà que Mariane avait du caractère mais là, elle se surpasse. N'importe qu'elle nana serait ravie de recevoir des fleurs, et elle, elle les jettes dans la première poubelle venue.
Elle n'est pas n'importe qu'elle nana...
Ma conscience a raison. Cette blonde n'est pas une nana comme les autres. A l'instar de Luhan, elle a bossé pour le Commando d'Elite des Forces Spéciales, elle s'est entraînée à la manière d'un soldat des Marines et bien plus encore. Sans une force de caractère et des émotions refoulées, elle se serait fait tuer à la moindre occasion, et pourtant, elle est là. Plus vivante que jamais, plus abîmée aussi.
Je ne sais pas ce qu'elle a vécu exactement, mais je pense que ça l'a bousillée à un point tel qu'elle peine à faire confiance à un homme. Et moi, comme le dernier des cons, j'ai joué avec ses sentiments, le peu de sentiments qu'elle osait me dévoiler, en couchant avec Julia.
- Mais quel con !
Je me frappai même le front comme pour me punir d'avoir été aussi idiot.
J'attrape la bière que me tend Julia avec un petit sourire crispé. Je ne peux pas lui en vouloir, parce que non content d'avoir blessée Mariane, j'ai aussi fait du mal à mon amie de toujours avec mes conneries. Ces derniers temps, je suis vraiment le plus salauds des environs.
- C'est l'heure ! M'appostrophe Red en me tapant dans le dos.
Je vide ma bière d'une longue gorgée et fait claquer la bouteille en la reposant sur le comptoir.
Tout mes frères sont présents à l'extérieur, à l'endroit où sont garées nos Harley. Je sors une clope et l'allume en approchant d'eux. Silent pose son cul sur le cuir du siège de sa moto et fait de même, puis attends que je prenne la parole en jouant avec son briquet.
- Bon, je n'ai besoin que de quatre gars. Loop et Red vous venez avec moi. Les autres, vont serviraient de leurre pour ces connards de flic. Pigé ?
- C'est qui le quatrième ? Demande Tom comme si je lui avait donné le droit de causer à celui-là.
Pour toutes réponses, Silent démarre sa bécane et tourne la poignée de l'accélérateur avec un sourcil arqué dans sa direction, comme pour lui dire « Ça y est, t'as pigé maintenant le bleu ? »
Les gars se marrent quand le visage du prospect prend une teinte pivoine puis,
D'un seul mouvement, ils commencent à sangler les sacs contenant les glocks aux Harley qui feront le run.
Les gars qui servent de leurre prennent la route du Sud et une dizaine de minutes plus tard, nous quittons le parking et prenons la route menant vers le Nord. Rapidement, nous passons le panneau indiquant que nous quittons NewGath, aussitôt, je tourne la poignée des gaz à fond, un large sourire aux lèvres.
Les runs m'avaient manqués, faire une virée en Harley avec mes gars, l'adrénaline de faire passer des armes illégales dans le pays à la barbe des flics qui nous pourrissent la vie. On ne va pas se mentir, j'adore un hors-la-loi.
Bien entendu, mon mode de vie n'est pas commun et n'est pas le mode le plus recommandé mais j'adore cela. L'adrénaline qui en découle, le sentiment d'appartenir à une famille et de pouvoir compter à chaque instant sur les frères, la famille que je me suis choisie.
Je fais signe aux autres de ralentir, et bientôt nous arrivons sur une route parallèle très peu fréquentée où nous attendent déjà le Black Carbon MC. Ils sont à l'heure, un bon point pour eux. Je déteste attendre.
Je coupe le moteur et retire mon casque puis serre la main d'Ash, le vice-président du MC. Z, leur président n'a pas pu être présent à cause d'une fusillade qui l'a conduit à l'hôpital. Il en est sortit depuis mais il est dans l'incapacité de prendre la route.
- Content de faire affaire avec toi. Dis-je en acceptant une cigarette tendue par Silent.
Ce dernier fait une brève accolade à Ash puis, nous nous rendons tout les deux vers le Van des Black Carbon, un des gars de Ash l'ouvre et je découvre leur cargaison de AK. J'examine attentivement une des caisses et après un regard échangé avec Silent, celui-ci se hisse dans le Van et sort un AK et des munitions sous le regard médusé de Ash et de ses hommes.
- Bordel mec, qu'est-ce que tu fais ?!
- Tranquille, on vérifie juste la marchandise. Le calmé-je, les tacos vont en faire de même. On veut juste éviter que toi et tes hommes vous vous fassiez descendre, ok ?
- Tu crois vraiment qu'on risquerait de refiler de la marchandise non fiables tout en courant le risque de se faire buter Hugo ? Rétorque Ash en se passant la main sur le visage. Mais vas-y, fais-toi plaisir.
Silent secoue la tête en riant et charge le AK puis le braque sur un des hommes de Ash qui fume un cigare. L'homme écarquille les yeux devant le canon braqué sur lui et avant même qu'il ouvre la bouche, Silent appuie sur la détente et tire sur l'arbre juste à côté. Mon meilleur pote baisse l'arme en éclatant de rire et tape dans le dos de Ash qui rit jaune.
- Ton cousin m'avait dit que t'étais barré mais à ce point...
- Chiale pas, et prends plutôt ça. Lance Loop en détachant une des couvertures qui renferment les glocks.
Il l'a lui balance puis après avoir terminé de leurs filer nos glocks, je leurs donne l'adresse à laquelle ils vont retrouver les Mexicains pour le deal. Pour le prochain Run, ils nous donneront l'argent de celui-ci et reviendront nous filer l'argent du deuxième en venant à notre ClubHouse afin de prévoir les détails pour ouvrir le Strip.
- Tu m'appelles pour me dire comment ça s'est passé.
Ash hoche la tête puis fait signe à ses gars que c'est le moment de partir. Une dernière poignée de mains et les voilà partit dans un nuage de fumée.
- Un peu plus et il chiait dans son froc, Dis-je en me marrant, T'es vraiment barré.
Silent me regarde l'air de dire « T'étais pas encore au courant depuis le temps ? » puis il se détourne et démarre sa bécane. Je fais signe aux autres que c'est le moment pour nous de lever le camp et nous reprenons la route de NewGath.
Il est tard lorsqu'enfin les grilles se referment sur notre passage. Aussitôt, je gare la Harley et interpelle les gars pour aller se boire une mousse au bar.
A l'intérieur, nous retrouvons le reste du MC, les brebis accaparent aussitôt les célibataires du Club et Luhan se fraie un chemin pour accueillir son mari. Je les observe un instant alors que Silent la soulève pour la faire tournoyer sous ses éclats de rire et lorsqu'ils s'embrassent, je détourne la tête.
Moi aussi j'aimerai avoir quelqu'un qui vient m'accueillir après un run, quelqu'un qui s'inquiète pour moi à chaque fois que j'enfile mon blouson en cuir.
- Elle changera d'avis, tu sais.
Je fais un rapide sourire à Julia et accepte la bière qu'elle me tends. Elle s'accoude au bar et me scrute pendant un moment jusqu'à ce que je lui demande pourquoi elle me mate comme un chien regarderait une andouille.
- Ben... t'es une andouille. Répond-t-elle en riant. Non, plus sérieusement, tu comptes faire quoi maintenant avec Mariane ?
- Aucune idée.
Je hausse les épaules devant le regard atterré de la jolie brune.
- Écoutes, c'est pas une fille comme les autres. Elle a jeté mes fleurs dans une benne à ordure !
Julia éclate de rire alors que je poursuis :
- Je pourrais faire n'importe quoi, elle s'en ficherait.
- Non. Elle ne s'en fiche pas. D'accord, elle aime pas les fleurs. Et alors ? Même si elle déteste chaque geste romantique que tu auras à son égard, cela lui fera tout de même plaisir après réflexion. Continue de te sortir les doigts du cul, c'est drôle et ça ne te tuera pas.
- Dis celle qui m'a dit de mettre un gilet pare-balle...
- Je parlais des gestes abruti, mais oui, Mariane pourrait te buter sans état d'Ame. Mais elle ne le fera pas.
Sur ces mots accompagnés d'un clin d'œil, Julia s'éclipse pour rejoindre Loops et Tom qui attendent leurs commandes à l'autre bout du comptoir. Quant à moi, j'embarque ma bière, vérifie que j'ai le nécessaire dans mes poches pour rouler un pétard et traverse la salle pour aller dans la pièce des réunions du Club.
Je referme la porte, m'installe à mon siège, bois une longue gorgée de houblon puis commence à rouler un joint.
La première taff est salvatrice. J'en prends une deuxième et me saisit de mon téléphone. Lentement, je compose son numéro et porte l'appareil à mon oreille.
Une sonnerie.
Deux sonneries.
Trois sonneries.
A la quatrième, elle répond enfin.
« - Qu'est-ce que tu me veux encore, Hugo ? »
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