7
Hugo
Après avoir fumé la moitié de mon paquet de cigarette tout en sirotant deux bières, je prends finalement mon courage à deux mains pour aller affronter mon destin.
J'attrape mon casque et mes clés de moto au vol sur le bar de la cuisine et part en claquant la porte derrière moi. Le casque sur mon crâne, j'enfourche ma Harley et démarre puis quitte mon allée dans un grondement de moteur.
Arrivé à la destination, je coupe tout et retire mon casque que je dépose sur le réservoir de ma bécane. J'ai mal au bide à l'idée de ce que je m'apprête à faire. Une espèce de torsion qui me contracte le ventre et bloque ma respiration. Mentalement, je me fous une gifle pour me donner du courage et traverse rapidement la rue. La Maison Blanche est éclairée d'une faible lueur dans le salon. Elle ne dort pas encore malgré l'heure tardive et cela m'apaise un peu. J'aurais eu du remord de la réveiller pour lui dire ce que je m'apprête à lui dire.
Je prends une grande respiration et abat mon poing sur le bois de la porte. Quelques instants plus tard, le battant s'ouvre sur elle. Ses yeux s'agrandissent de surprise puis, elle se décale pour me laisser passer.
- Tu as fait ton choix, c'est ça ? Demande-t-elle d'une voix d'où pointe de la tristesse.
La gorge sèche, j'acquiesce d'un bref mouvement du menton en détournant le regard. Ce simple geste suffit à me faire comprendre. Nous avons suffisamment côtoyé Silent tout les deux pour deviner ce qu'un détournement de regard signifie : de la gêne, du regret, de la peur et bien d'autres encore.
- Je peux savoir ce que tu fais chez moi au lieu d'être avec elle ? Demande-t-elle d'une voix douce.
- Je...
Elle me sourit, comme pour m'encourager et pose sa main sur ma joue mal rasée.
- Je suis désolé. Dis-je dans un souffle.
- Je sais.
- Elle... je ne peux pas passer à côté d'elle.
Un bref sourire naît sur son beau visage puis elle s'écarte pour ouvrir à nouveau la porte d'entrée.
- Va la retrouver.
- Julia, je...
- Je sais. Tu m'aimes mais tu ne peux pas. Je l'ai su dès que je vous ai vu ensemble. Je sais pas pourquoi je me suis accrochée à toi... question d'orgueil féminin je suppose. Je crois que j'étais rester bloquée dans le temps, à l'époque où nous étions adolescents et nous nous sommes promis de rester tel quel sans penser à l'avenir.
Elle se frotte le visage et les yeux, ses prunelles brillent comme si elle se retenait de pleurer. Je l'attire à moi pour la serrer dans mes bras. Les pleurs d'une femme m'ont toujours serrer le cœur mais les siens, me le brise à chaque fois. Je me maudit d'en être la cause.
- J'ai bêtement crue que tu venais me dire que c'était moi. Que tu m'avais choisie alors que je savais pertinemment que c'était elle.
- Je suis désolé... répétai-je.
- Non, je suis désolée. J'aurais dû te repousser, te gifler peut-être même. Histoire de te remettre les idées en place. Te faire comprendre ce que tu ne comprenais pas.
Je m'écarte d'elle, paumé.
- Cette nana badass est faite pour toi, idiot. Me dit-elle en articulant histoire que ça imprime dans mon cerveau.
Elle soupire devant mon air surpris et reprends :
- Elle est jolie, drôle et elle t'apprécie. Enfin, quand tu te comportes pas comme un abruti en venant me voir au beau milieu de la nuit alors que tu devrais faire des pieds et des mains pour la reconquérir.
Je souffle. Julia est définitivement parfaite.
- J'y vais.
Je me penche et l'embrasse sur la joue. Puis, je prends son visage entre mes mains et la regarde intensément droit dans les yeux.
- Si elle n'existait pas, tu...
- Je sais. Mais le fait est qu'elle existe. Qu'elle est dans nos vies, dans ta vie. Et que je m'en remettrai.
Julia me pousse dehors avec un demi-sourire.
- File. Et bon courage. Oublis pas le gilet par balles.
Elle claque la porte en riant.
- Tu crois que c'est drôle ?! Maugréai-je.
- oh oui ! Crois-moi, tu vas en chier !
J'entends ses pas s'éloigner et je secoue la tête en regagnant ma bécane qui m'attends sagement de l'autre côté de la rue. Finalement, ça s'est bien passé. Quand je l'ai vue, j'ai bien cru que je ne serai pas capable de lui dire que je voulais être avec Mariane et finalement, elle l'a deviné. Elle me connaît par cœur.
Pendant quinze ans nous avons cru que nous étions fait l'un pour l'autre. Nous n'avons pas arrêter de sortir ensemble, de rompre, de coucher ensemble. Nous pensions bêtement que c'était une bonne relation. Mais ce n'était que du vent. Un moyen de se raccrocher a quelque chose de connu, de bon et de concret avec une personne que nous connaissions sur le bout des doigts. Ce n'était qu'une pure illusion.
L'arrivée de Mariane dans nos vies a bousculée toutes nos désillusions, ni Julia ni moi n'étions prêts à ce changement et c'est pour cela que ça a été aussi dur de se défaire de nos habitudes. La petite blonde est arrivée telle une tornade qui a emporter tout sur son passage, mon cœur avec.
La route est rapide jusqu'à chez Mariane. La petite blonde a emménagé dans un appartement pas loin du RedWoodInk, le studio de tatouage et piercing de Luhan et elle. Je grimpe rapidement les marchés jusqu'à son appartement et cogne sans cérémonie sur le battant.
J'attends deux minutes, puis recommence. La voix de Mariane s'élève derrière la porte et un petit cliquetis métallique que je connais que trop bien. Oh, oh... j'aurais peut-être dû écouter Julia et emporter un gilet par-balles...
- J'vous préviens, j'ai une arme !
- Mariane, c'est moi. Hugo.
- Il est trois heures du matin, putain de merde ! Râle Mariane en ouvrant la porte. Qu'est-ce que tu fiche ici !?
- Euh...
Elle me fixe d'un air mauvais, son Gun toujours en main et le cran de sûreté toujours retiré.
- Tu veux bien poser ton arme ?
- Nan. Réponds à ma question, qu'est-ce que tu fous ici ?
- Je... c'est toi.
- Quoi moi ? Précise, imbécile.
- C'est toi. Je t'ai choisie.
- Waaaah quel honneur ! Raille-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Mariane...
- Ok, écoutes-moi. Il est trois heures du matin putain ! J'ai envie de dormir ok ?! En ce qui concerne le reste, tu m'a choisis ? Très bien. Mais tu crois vraiment que ça va être aussi simple ? Que je vais t'accepter dans ma vie et dans mon lit parce que Monsieur Hugo l'a décidé ainsi ?
- Non, je...
- Voila, non. Crois-moi, si tu veux vraiment de moi dans ta vie, tu vas en chier. Et pas qu'un peu. Sur ce, bonne nuit.
Elle claque la porte et enclenche aussitôt la serrure puis le cran de sûreté de son arme, décidant sans doute que je ne suis plus un potentiel danger.
Je reste un moment comme un con à fixer sa porte avant de finalement retourner à ma Harley. Tout en démarrant, je jette un œil à la fenêtre de son appartement, je crois la voir qui observe la rue. Je hoche la tête comme pour la saluer.
- J'ai peut-être mît du temps, mais je ferai tout pour regagner ta confiance. Soufflai-je avant d'enfourcher ma bécane.
Et voilà,
Hugo a fait son choix,
Julia se doutait déjà de celui-ci...
Quant à Mariane, eh bien j'en connais un qui va en chier...
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