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Hugo
•Quinze ans en arrière•
J'observe mon reflet dans le miroir en pied face à moi et sourit largement à la vue de l'écusson brodé à la poitrine « BlackSky Mc ». Je fais volte face et jette un coup d'œil sur mon dos, pas d'emblème qui couvre le dos du cuir mais un simple bandeau blanc sur lequel sont brodés les lettres P.R.O.P.E.C.T.
J'y suis arrivé, enfin ! Après des mois d'acharnement, de conversations houleuses avec ma mère, j'ai enfin un pied dans le monde de mon paternel.
La porte de ma chambre s'ouvre dans un grincement et je relève la tête pour découvrir James qui me sourit, arborant aussi fièrement que moi le cuir des nouvelles recrues du Club.
Le BlackSky MC a été fondée près de vingts ans avant la naissance. Mon père, Tony et celui de James - Dont il a hérité de le nom- l'ont créé après leurs retour de l'US Army. Ils ont combattus côtes à côtes pour défendre les couleurs de leurs pays, vécut l'horreur de la guerre, la violence et la fraternité des hommes. Là, ils ont sauvés autant de monde qu'ils en ont tués, ce qui a transformé la vision qu'ils avaient de la vie en général.
Après une bataille sanglante en Irak, où leur escadron a perdu plus de la moitié de ses hommes, ils ont enfin pu rentrer à la maison et revoir leurs famille.
La déchéance s'étant emparée de leur ville d'origine que la milice locale ne protégeait plus, ils ont créé ce Club de motards. Grands amateurs de Harley-Davidson, de frissons et de houblon ils ont recrutés des hommes qui ont servit leur pays, comme eux, pour rejoindre les rangs du MC.
Ils étaient pleins de rêves, pleins de bonnes intentions pour leur ville ; rassemblant de l'argent pour reconstruire des écoles, des églises et autres bâtiments importants. Les gangs environnants n'ont pas acceptés cette main tendue pour sauver le bas peuple et la guerre a été officiellement déclarée.
Voulant absolument faire régner l'ordre et protéger les innocents, ils se sont alors procurer des armes, ont crée des alliances et encore une fois, le sang a coulé.
A partir de ce moment là, le club a prit une nouvelle direction. Afin de préserver la ville de toutes les racailles et autres diverses choses qui pouvaient la réduire en cendre, ils ont adoptés le mode de vie des fameux Club 1%.
Rien ne comptait plus alors que l'ordre et le pouvoir. Au fil du temps, le BlackSky MC s'est agrandit, mettant ainsi naissance à d'autres chapitres dans d'autres villes en souffrances.
C'est ainsi que je l'ai connue.
Elle était belle, avec des yeux marrons d'où perçaient l'innocence et l'intelligence. Elle était drôle et parfois sarcastique.
Julia.
Je me rappelle encore de la première fois où je me suis rendu compte que j'éprouvais bien plus que de l'amitié pour elle. Nous formions un trio de choc avec James dans nos rangs. Nous avons juré qu'un jour, à l'âge de dix-huit ans nous intégrions le Club de nos parents, James et moi en tant que membres, Julia en tant que femme de tête, futur Reine d'un chapitre.
James toussota, me faisant ainsi comprendre qu'il était temps que je me bouge.
Mon meilleur ami, mon frère ne parle plus depuis des années. Ses parents ont tous les deux étés assassinés l'année de ses cinq ans, alors qu'il était présent. Depuis, il n'a jamais prononcé un seul mot. Mais moi, je le comprends comme si nous étions deux parties d'une seule et même personne. Je passe mon bras autour de ses épaules et l'entraîne dans le couloir qui mène à la salle principale du ClubHouse.
Je repère aussitôt ma Julia derrière le bar. Premier jour pour elle aussi. Son sourire éclaire son beau visage lorsqu'elle nous aperçoit et je me surprends à lui sourire en retour comme un idiot. Le coup de coude de James me fait dire qu'il a remarqué le changement entre Julia et moi.
- Ça te dérange pas ?
Il hausse les épaules tout en se frottant l'arrière du crâne. Traduction : tant que ça ne finit pas mal... m'en branle.
J'attrape mon paquet de cigarette de ma poche arrière et en tire deux tiges blanches. Une pour lui, une pour moi. Nous en embrasons le bout d'un même mouvement puis, comme un seul homme allons jusqu'au bar où d'un mouvement du menton, Julia nous rejoint armée de deux pintes.
•••
Plus d'un an s'est écoulé depuis mon premier jour en tant que prospect du Club. Aujourd'hui j'arbore fièrement un blouson de cuir portant l'emblème du Club. James aussi à le sien, enfin, Silent. La plupart des gars ont un surnom et celui-ci trouvé par un type d'un autre chapitre lui va comme un gant.
Le cul posé sur ma Harley nouvellement floquée aux couleurs du Club, je file droit chez Julia. Je ne sais pourquoi mais un mauvais pressentiment s'est emparé de moi depuis mon réveil.
Nous avons vécu tellement de chose en un an, nous sommes tomber amoureux, puis nous nous sommes déchirés pour mieux recommencer.
Son père l'avait expédié quelques années auparavant chez nous à cause de soucis dans sa propre ville qu'il ne pouvait régler et voilà qu'aujourd'hui, il y a à peine quelques minutes, il m'avait appelé pour me prévenir que les ennuis recommençaient.
A peine ai-je garé ma bécane que je me m'élance déjà dans la maison faiblement éclairée. Je le sens jusque dans mes entrailles que cette journée va finir mal.
Un cri retentit à l'intérieur de la bâtisse et c'est en jurant que j'y pénètre tout en récupérant l'arme à ma ceinture.
Elle est là, étendue sur le sofa et lui au-dessus d'elle. Mon sang ne fait qu'un tour et je le braque de mon arme. Ce que je n'avais pas prévus, c'est qu'il n'était pas seul. Je jure et me débat en force lorsqu'on m'attrape les deux bras pour me maîtriser et que ce connard d'ex-taulard me sourit.
- On à du public... parfait.
- Fils de pute ! Hurlé-je.
- Toi qui n'as jamais pu la baiser, tu vas me voir réaliser tout tes fantasmes... susurre l'ex de Julia en riant comme un dingue.
Je hurle comme un fou et me dégages je ne sais comment des mains fermes qui me retenait et fonce sur lui. Mon arme m'a été retiré mais je jure devant Dieu que je le tuerai de mes propres mains s'il s'avise de toucher à nouveau à Julia !
Je le frappe encore et encore avant que ses hommes ne me tabasse en retour. Soudain, une déflagration. Puis deux, et trois.
Son corps s'affaisse sur moi alors qu'un gargouillis s'échappe de ses lèvres et je lutte pour ne pas vomir.
Elle se tient devant moi, tenant fermement l'arme devant elle, les joues ruisselantes de larmes.
Presque aussitôt, je me relève et lui retire l'arme des mains et l'attire dans mes bras. Je ne peux m'empêcher de l'embrasser, la bouche, les joues, le nez, le front. Elle est vivante et manifestement choquée. Elle me repousse violemment et me hurle de partir.
- Bébé... Chut... ça va aller. Dis-je en la reprenant dans mes bras pour la bercer.
Je ne sais combien de temps s'écoule, mais je reste là à la rassurer alors que son corps est toujours agité de tremblement.
« Toi qui n'as jamais pu la baiser, tu vas me voir réaliser tout tes fantasmes... »
Cette putain de phrase ne cesse de tourner dans mon crâne. Encore et encore me rappelant que ce connard avait raison. Oui, non avions une relation platonique jusqu'à présent. A cause de lui.
- Il a voulu... il a voulu... sanglote Julia.
Elle ne termine pas sa phrase mais je sais pertinemment ce qu'il a voulu faire d'elle. Abusée d'elle encore. Ce fils de chien était sortit avec il y a de ça quelques années, il l'avait brisée en milles morceaux puis, enfin elle avait eu le courage de m'en parler et je l'avais encouragée et soutenue pour déposer plainte. Et voilà que des années plus tard, alors qu'elle ne s'était pas totalement reconstruite, il voulait lui faire revivre ce même cauchemar par ma faute.
- Je suis tellement désolé...
Sa main vient se poser sur la joue et en un instant, c'est elle qui me réconforte comme si nous avions échangés les rôles. Ses grands yeux d'où percent la peur se remplissent d'une douceur inexplicable en cet instant et prise d'une impulsion elle s'empare de mes lèvres.
Je sais que je devrais la repousser, elle est trop choquée mais ses baisers deviennent plus insistants, plus langoureux et pressants.
- Julia... tentai-je.
Je l'observe et découvre dans ses yeux une lueur d'amour que j'avais déjà aperçue auparavant dans ses prunelles mais bien plus encore : de l'envie.
Alors que je l'emmène dans la pièce adjacente, nous ne cessons de nous embrasser, de nous toucher.
Je la déshabille avec cérémonie et lentement, avec douceur et amour l'a délivre de ses souvenirs pour les remplacer par de biens plus beaux.
- Promets-moi que ça sera toujours toi et moi. Nous contre le reste du monde. Chuchote-t-elle alors que je la serre contre moi.
- Toi et moi.
Au même instant, une lumière bleue éclaira la pièce par delà la fenêtre alors qu'une sirène que je ne connaissait que trop bien retentissait dans l'air.
••••
Présent
Je lui ai fait une promesse ce jour là. Que j'ai à peine pu tenir plus de quelques minutes.
Endosser les meurtres des hommes gisants au sol était de loin la meilleure décision de ma vie. Jamais Julia n'aurait pu supporter la taule, ça l'aurait encore plus brisée. Mais j'ai faillit a ma promesse de ne jamais la laisser tomber.
Et voilà que je recommençai.
Cette fille blonde aux yeux bleus qui semblent innocents mais qui, je le sais, ont vu et vécu des choses beaucoup trop horribles beaucoup trop souvent m'ont bouleversé et happé dans leurs filets dès le premiers regards.
Mariane.
Je sais que Luhan et tout le reste du monde a raison : je dois faire un choix.
Mais comment choisir entre celle que j'ai toujours aimé et celle que je veux sauver ?
Comment choisir entre un amour de toujours et un autre qui vient seulement d'éclore ?
Mariane. Julia. Ma tête et mon cœur vont finir par exploser.
Personne n'a jamais su que Julia était la personne qui avait réellement pressé la détente cette nuit là, à part Silent. Lui seul comprends ce qui nous lie si ardemment.
Elle sait que je dépends d'elle autant qu'elle a besoin de moi mais il y'a une autre personne à prendre en compte dans l'équation à présent.
Bien sûr, nous avons déjà eu des partenaires, des relations plutôt régulières sans que jamais le doute ne se soit installé quant à notre destinée. Mais elle est différente, je le sais. Et Julia aussi.
Je souffle de frustration et tire avidement sur ma clope alors que je contemple via le miroir le patch qui orne à présent ma poitrine. J'ai l'impression d'un putain de déjà-vu.
Président.
Je ferme les yeux un bref instant et lorsque je les rouvres, j'ai fais mon choix.
Hello mes chats,
Je pense que beaucoup d'entre vous ont voulu me tuer pour la relation. Hugo-Julia mais comme je l'ai dit, ils ont une longue histoire.
Mais une récente tornade blonde a mit a mal leurs tumultueuse aventure...
Hugo n'est qu'au fond, qu'un mec qui croit fermement que c'est un putain de héros... il faudrait peut-être lui dire que ce n'est pas à lui d'endosser tout les malheurs du monde non ?
Qu'en pensez-vous ?
La bise ❤️
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