Silent

Il est plus de trois heures du matin, et Luhan, une fois de plus ne se trouve pas dans notre lit. Je me retourne une nouvelles fois puis soupire, incapable de trouver le sommeil, je me décide à me lever.
J'attrape une clope, un briquet et vais me poser dans le canapé pour l'allumer.
Ma femme me manque.
Bordel, depuis que j'ai osé lui parler d'enfant, nous nous sommes éloignés. Et puis, il a quelques jours, j'ai finis par savoir pourquoi elle ne voulait pas en avoir. Le cartel qui en veut à Mariane, a tué son enfant.

Je ne comprends toujours pas comment un être humain peut le faire en étant conscient. Bien sûr, j'ai déjà buté une tonnes de gens, tellement que j'ai arrêté de compter après cinquante cibles. Le plus jeune d'entre eux avait à peine dix-huit ans, il avait violé une gamine, sinon, jamais je n'aurais pu l'abattre. Mais le gosse de Luhan n'avait que deux ans.

Deux ans. C'était encore un bébé, putain !

J'enrage et serre les poings, et tire avidement sur la cigarette coincée entre mes lèvres.

Il s'appelait Kelly. Un petit ange aux boucles brunes, comme celles de sa mère, et avec de grands yeux verts, comme ceux de son père. Zack. Un agent du commando, comme elle. C'est là-bas qu'ils se sont rencontrés.

L'autre soir, Luhan a finit par tout me raconter. Nous nous sommes retrouvés dans sa salle de torture, et pour une fois, elle n'a mit aucune musique. Elle s'est simplement effondrée sur le sol et a commencé à me narrer son histoire.

Zack était un entraîneur, et un tireur d'Elite, comme elle. C'est lui qui l'a formée au combat et qui l'accompagnait quand elle avait un contrat. C'est tout naturellement qu'ils se sont rapprochés. Une simple amitié au départ, ils étaient comme des frères d'armes, puis, un soir après un contrat particulièrement difficile, leur amitié a évolué. En une nuit, ils sont devenus le tout de l'autre.

J'allume une autre clope, continuant de me refaire le récit de ma femme dans mon crâne. Revoyant son visage inondé de larmes et ses doigts qui caressait son nouveau tatouage sur le poignet. Un K avec deux ailes d'Ange.

Zack était fou de Luhan, et la réciproque était vraie. Après un combat d'entraînement avec un jeune, qui a mit KO Zack, Luhan a menacé le mec. Lowyel. Elle lui a dit qu'elle savait que quelque chose clochait avec lui, et que, quand elle trouverait ce que c'était, elle le traquerai jusqu'en enfer s'il le fallait.

Elle avait raison.

Cinq ans plus tard, ils ont découvert que Lowyel faisait partie du Cartel de Don Profaci. Il avait infiltré le Commando pour le faire tomber.
Mariane était déjà infiltrée dans le Cartel et sa vie était en danger. Luhan a confié son bébé à Anna, une amie du Commando en qui elle avait toute confiance pour partir sauver Mariane d'une mort certaine.

Zack l'a accompagnée.

Je me lève du canapé et envoie valser la table basse en sentant la rage qui continue de monter en moi. Bien sûr, je suis heureux d'avoir Luhan pour moi. Mais, c'était son homme, le père de son enfant. J'en voudrai éternellement à tout ceux qui l'on privée des deux hommes de sa vie.

Quand ils ont finit par retrouvé Mariane, elle avait le dos en sang. Ils lui avait enfoncé des lames dans la peau, la scarifiant pour la torturer et récolter des informations. Jamais la gamine n'a dit un seul mot sur le Commando. Elle est restée fidèle. Ils l'on torturée sans fin, jusqu'à la laisser pour morte, pendue à des chaînes par les mains.

Entre la garde du Cartel et l'armée du Commando, la guerre a éclaté dans le manoir des Profaci. Luhan a vu mourir devant elle celui qu'elle aimait. Un à un, elle a tué tout ceux qui restait, jusqu'à ce que, le fils Profaci, arrive à s'enfuir.

Mariane et elle ont quittées le Commando le jour même. Elles se sont rendus chez Anna pour récupérer Kelly et s'enfuir le plus loin possible, afin que, jamais, Profaci ne les retrouve. Mais c'était trop tard.

Je m'effondre contre le mur et serre les dents en me remémorant l'instant où elle m'a annoncé, d'une voix tremblante et les yeux flamboyant de rage que, Profaci Junior avait tué Anna et Kelly. Avec du sang, il a peint ces mots sur le mur du salon : Je vous retrouverai.

Elles ont parcouru les États-Unis pendant plus de deux ans pour finir par atterrir à NewGath. C'est à ce moment là que Luhan a réussit à se reconstruire. Avec moi. Et voilà que leurs passés à toutes les deux les rattrapent.

Luhan aurait voulu remuer ciel et terre pour venger son petit garçon, mais elle ne pouvait pas abandonner Mariane pour mener à bien sa vengeance. J'ai appris qu'elle avait gardé un œil sur le cartel depuis, mais que, avec notre mariage, elle avait un peu négligée ses recherches, ce qui a a profité au cartel puisqu'ils ont réussit à retrouver la trace de Mariane. Luhan s'en veut énormément, je suis même sûr qu'elle n'a pas dit à la gamine qu'elle avait toujours veillée à ce que le cartel ne sache pas où elles se trouvaient.
Je voudrais tellement faire quelque chose, l'aider à se venger ou alors la garder auprès de moi, en sécurité. Mais je sais que ce n'est pas mon devoir. Je dois la laisser accomplir sa vendetta et serrer les dents en attendant.

Ce qui me met dans une tel rage que je n'arrive même plus à penser. Après avoir vu les images de la gamine après son sauvetage, après avoir vu ce que le Commando avait fait de ma femme, je sais que ces deux unités sont capables de tout. Je refuse qu'ils leurs arrivent quoique ce soit qui leurs rappellent ce par quoi elles sont passées.

- Bébé.

J'ouvre les yeux, ma femme se trouve a genoux devant moi, elle essuie doucement mes joues du bouts des doigts. Son regard est rempli d'amour mais aussi de tristesse et cela me serre le cœur.
Je la serre contre moi et respire son odeur dans ses cheveux. Luhan s'accroche à moi comme on s'accrocherait à une bouée de sauvetage. Comme si elle voulait rester à la surface alors qu'elle commence à sombrer dans les eaux sombres et terrifiantes d'une mer en furie.

- C'est le moment... murmure-t-elle.

Et je comprends.

Je sais qu'elle s'en va pour accomplir sa vengeance. Elle part avec Mariane à la recherche du Cartel et je vais devoir la laisser faire. Je hoche la tête sans un mot, et lui embrasse le sommet du crâne.

- Montres moi combien tu m'aimes... chuchote ma femme, les yeux embués de larmes.

Putain ! Elle a peur. Pas peur de ne pas réussir, pas peur de mourir, ça non. Elle a peur de me perdre. Je le sens à la façon qu'elle a de chercher mon regard, de s'accrocher à moi, de se coller contre mon corps. Alors, avec toute la douceur du monde et tout l'amour que je ressens pour elle, je l'embrasse. J'accapare ses lèvres, je joue avec, je l'embrasse comme si ma vie en dépendait, et c'est le cas. Je nous entraînes dans un baiser éternel, une valse lente et tortueuse qui nous avale tout entiers, qui déferle sur nous une salves de sentiments, de l'amour, de la peur, de la fierté... tout ce que je ressens, je le lui fais savoir à travers ce baiser.

Au bout d'un moment qui me semble à la fois interminable et beaucoup trop court, Luhan se relève et m'entraîne avec elle. Nous traversons notre salon et elle ouvre la porte d'entrée. Les dents serrées, j'esquisse un sourire et lui dit combien je l'aime à travers un long regard. Ses yeux à elle, papillonnent pour chasser les larmes qui s'y amoncellent et elle me tends le bras, sans réfléchir je le lui serre comme je l'ai vu faire dans certains films ds combat. Ma femme me sourit et me chuchote :

- Pour Mariane et moi, ça signifie qu'on se reverra.

Je laisse échapper un soupire et la regarde s'en aller d'un pas pressé. Elle regagne sa bécane et dans un rugissement de moteur, elle disparaît dans la nuit.

- Putain, t'as intérêt de revenir... murmuré-je.

Boooom  !!

Je n'ai pas pu résister à vous mettre un chapitre du point de vue de mon muet préféré, parce qu'il me manquait trop ! Et puis, vous comprendrez mon choix avec le chapitre suivant et c'était aussi un moyen de vous raconter l'histoire de Luhan.

J'espère que ça vous plaît !

La bise ❤️