• Part 1
« Mais qu'est-ce que tu fous ?! »
Iwaizumi l'arracha brutalement de sa rêverie. Il était apparu face à lui, de nulle part, la mine renfrognée, ses doigts s'étaient déjà renfermés sur son avant-bras pour l'emporter ailleurs sans chercher à en savoir plus. Les pensées encore brumeuses, Tooru se laissa traîné, abasourdi. Entre le feuillage sombre des arbres, il n'y avait plus rien, et sa douleur à la tête c'en était allée comme si elle n'avait jamais été là.
Est-ce qu'il avait halluciné ?
« C'est pas croyable, râlait son ami, je te laisse cinq minutes et t'arrives quand même à te perdre.
- Iwa-chan, souffla faiblement le châtain, tu ne vas pas me croire... »
Il réalisait l'ampleur de la petite aventure bizarre qu'il avait eue. La voix dans sa tête, la créature et le conducteur disparu. Oikawa remarqua l'allée à présent vide, le groupe de jeunes assemblés à l'entrée du camp, le bus était parti sans faire un bruit, ou s'était-il seulement évanoui dans la nature comme son chauffeur ?
Ses yeux noisette restèrent grands ouverts, toujours figés dans la surprise. Mais le garçon restait partagé entre le sentiment de crainte et de surexcitation : le paranormal existait bel et bien, comme il l'avait toujours pensé !
Chassant de côté son angoisse pour le moment, un sourire étira ses joues alors qu'il se dérobait de l'emprise du brun pour bondir sur ses pas.
« Bon sang, j'ai vu un truc génial, annonça-t-il tout d'un coup, insolite même ! Puis, y'avait le chauffeur aussi...
- Tu divagues encore et tu vas me révéler que c'est un reptilien ?
- Non ! Enfin, je n'sais pas, peut-être qui sait, mais regarde, attends, regarde ma montre. »
Le sollicité accorda à peine son attention à l'objet en question, poursuivant sa marche.
« Elle s'est arrêtée pile le moment où on est montés dans le bus ! Et— oh mon dieu. Iwa-chan, la tienne aussi ! »
Quand la main d'Oikawa saisit son poignet, il s'arrêta brusquement, les yeux levés au ciel.
« Et quoi, tu vas me sortir qu'on a traversé une autre dimension ? Que l'autocar était hanté ? Que les extraterrestres arrivent ou une autre connerie de ce genre ?! »
Son expression prenait un éclat un peu trop excité au gout d'Iwaizumi ; souvent ça n'annonçait rien de bon.
« Noooon, fit-il en s'amusant à longer la syllabe pour un effet de suspense, mais je crois fortement que ce camp d'été est étrange. »
Et il déclara comme ça, les bras fièrement ouverts :
« Iwa-chan, un cerf m'a parlé ! »
Des fois, Iwaizumi se demandait si la fois où Tooru était tombé d'un arbre à l'âge de huit ans avait éliminé le trois quart de ses neurones. Mais ensuite, il se rappelait qu'à six ans déjà, il guettait la sortie d'un Kyōkotsu* du puits de son jardin. Oikawa Tooru était né comme ça et Iwaizumi Hajime avait appris à vivre avec.
Ça ne méritait franchement aucune réponse, ni même une baffe, juste un très long soupir épuisé. Le brun secoua la tête et continua sa route vers la foule d'adolescents. Derrière lui, Tooru poursuivait son charabia avec passion, les bras traçant l'air pour illustrer chaque parole.
« Je te paris que c'était un cryptide*, j'en suis persuadé. Je crois que c'est le moment de ma vie, Iwa-chan, je vais enfin pouvoir vivre ma propre expérience paranormale ! Tu crois que je vais trouver un mystérieux journal dans notre cabine ? Ou alors, on va rencontrer l'esprit d'un ancien campeur... Il faudra absolument qu'on explore cet endroit à la recherche d'indices ! Oh et ne t'inquiète pas, bien sûr que j'ai pensé à m'équiper : j'ai ramené ma lampe torche, mon détecteur EMF, ma cam—
- Ecoutes, Marcelino, craqua-t-il enfin sous les nerfs, on ne va rien explorer du tout. Je suis pas Mulder et t'es pas Skully, d'accord ?! »
Quelques personnes leur jetèrent des regards confus lorsqu'ils arrivèrent près d'eux. Tout le monde se tenait à l'écart de l'autre : visiblement, Tooru et lui étaient les seuls à se connaître ici. Le silence malaisant du groupe de jeunes ne laissait entendre que les occasionnels bâillements de quelques-uns. La joie du châtain s'évanouit pour livrer sa place à ce même calme solennelle au côté d'Iwaizumi. Néanmoins, il s'entêta à ajouter dans un bougonnement un « C'est moi Mulder, d'abord. Skully, c'est celle qui croit pas aux aliens. » Un coup de coude dans les côtes le réduit au silence.
Quel rabat-joie, cet Iwaizumi. Mais il finira par lui prouver que des choses qui dépassaient la logique existaient. Tooru le pressentait que c'était là qu'il réussirait : Au Fly High Camp. L'enseigne en bois se dressait face à eux, en ruine et couverte de mousse. Deux jeunes adultes arrivaient au pas de course en dessous.
« Bonjour tout le monde et bienvenue au camp de vacances de Fly High ! »
La voix claironnante leva des têtes curieuses ainsi qu'une poignée de sourires. Tooru aussi ne put s'empêcher d'en esquisser un et de rajuster ses mèches sur son front pour se rendre plus présentable. La femme qui venait les recevoir resplendissait de bonheur. Et de charme aussi, pensa-t-il en savourant sa très grande silhouette élancée cadrée de sa longue chevelure crème. Ses pupilles pétillantes d'étoile se promenèrent sur leur assemblée, elle-même scintillait si tant dans cet endroit lugubre que ça en devenait presque déroutant. Au point qu'ils avaient presque oublié qu'elle était accompagnée d'un autre homme. Un simple blond, grand, loin de partager la même énergie. Tout ce qu'ils avaient en commun, c'était l'uniforme du camp : t-shirts marqués par l'insigne d'un corbeau, shorts et foulards au cou.
« J'espère que vous avez tous fait un très bon et merveilleux voyage, on est ravi de tous vous accueillir parmi nous. Et puis vous êtes si nombreux cette année, c'est un plaisir !
- Mais c'est qu'elle fait plaisir à voir aussi. » susurra un individu dans la foule, arrachant entre ricanements et claquements de langue agacé.
L'homme adulte décocha un regard noir qui figea les voix. Malgré tout, l'expression aimable de sa coéquipière ne flancha jamais. Les mains jointes sur sa poitrine, ses traits soviétiques restaient pliés sur un sourire éclatant.
« Je me présente, je serais votre monitrice en chef, Alisa, et voici mon adjoint, Akiteru !
- On sera en charge de votre séjour, poursuivit ce dernier, ainsi que de la majorité de vos activités en dehors des ateliers. Si vous avez des questions, on sera touj— »
Un drôle de bruit l'interrompit. Un sorte de sifflement étouffé suivit d'un grognement perça la foule. Il y'eut un « merde » et l'attention tomba sur le type dont la coupe capillaire défiait les lois de la physique. Il serrait son sac suspicieusement contre son torse, la sueur au front.
« Euh, c-c'est rien, rassura-t-il dans un rire gêné, j'ai juste la dalle (quand le bruit se reproduit, le noiraud racla sa gorge plus fort) Sinon, y'a bien un atelier de sciences, n'est-ce pas ?
- Y'a pas d'atelier de science.
- Quoi ?!
- Très bien, les campeurs ! reprit Alisa, on va très vite faire la visite du camp avant de rejoindre le directeur à la cafétéria. Restez bien attentifs, d'accord ~ ? »
Personne ne l'était. La majorité restait ailleurs, d'autres traînaient des pieds dans le rang à l'arrière en échangeant des paroles chuchotées. Alisa était en tête de la file : Marche droite, elle désignait les endroits, d'une main à gauche, à droite, récitant comme une automate les consignes assignées à chacun d'entre eux pendant que son groupe se prenait d'attention à d'autres détails, comme l'eau claire du lac au loin ou la large surface étendue d'herbes qui offrait un superbe terrain de jeux.
Quant à Oikawa, il suivait la visite à la lettre, car il était le seul à avoir capté l'écriteau sur la pelouse qui interdisait de creuser des trous ou de tracer des symboles sataniques. Iwaizumi haussa les épaules quand il le lui montra, expliquant qu'il s'agissait sûrement d'une petite blague du staff. Mais le châtain restait sur ses gardes, il contemplait les arbres qui formaient une muraille entre eux et l'horizon perdu, le Nullepart que dessinait le camp avec ses quelques vieilles bâtisses en bois abandonnées ici et là, puis une petite voix au fond de son crâne lui rappelait « Tu ne devrais pas être ici. »
Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Ils tracèrent le chemin entre deux colonnes parallèles de cabines, séparées par genre, six de chaque côté. Un autre écriteau introduisait les dortoirs, quelques règles gribouillées, cependant, les yeux de Tooru tombèrent sur une seule d'entre elles : « Ne pas caresser les Corbeaux : ils mordent. » Le « Woaah » d'illumination provenant du petit rouquin derrière lui fit soulever la tête vers les toits. Des corbeaux par trentaine surplombaient le sommet des chalets, rassemblés en une masse noire et sinistre dont seul les pupilles écarlate s'en détachaient. L'un d'entre eux croassa si fort qu'il arracha un bond surpris à Oikawa. Le rire amusé d'Alisa ne réussit pas à chasser sa frayeur.
« Ils vous saluent, tout simplement, expliqua-t-elle, nous vouons un profond respect à ces oiseaux dans notre camp et vous les croiserez à tous les coins, donc nous vous demanderons de bien les traiter.
- Mais vous n'avez surtout pas le droit de les nourrir, rappela Akiteru, les bras croisés.
- Et si on veut en adopter un ?! s'excita le même gamin rouquin de plus tôt.
- On ne peut pas posséder les Corbeaux, c'est eux qui nous possèdent. »
La voix de la femme parut tout d'un coup obscure.
« Ils sont chez eux ici ; le camp leur appartient, la forêt leur appartient, on leur appartient. Après tout, ici, nous ne sommes que les esclaves de la Nature. Et un jour, nous retournerons tous à elle et à la terre pour la nourrir. »
Alisa avait dévissé sa nuque vers eux. Le large sourire qu'elle plaquait encore au visage ne réchauffait plus du tout la poitrine d'Oikawa, il eut l'air factice. Ses paroles s'écoulaient comme le hurlement doux des vents froids dans un manoir perdu, elles cueillirent des frissons au jeune Tooru. Ainsi, il n'était plus le seul à l'écouter. Tous les campeurs s'interrogeaient du regard avec deux, trois rires nerveux qui tremblèrent la foule.
« Euuuh ok, fit un campeur, mais c'est normal qu'ils ont les yeux rouges ? Les corbeaux n'ont pas les yeux rouges, non ?
- C'est l'éveil du mangekyo sharingan ! déclara un étrange garçon aux mèches rouges, vous savez comme le familier d'Itachi, vous connaissez tous Naruto j'espère ?
- T'as déjà fumé l'herbe du coin ou quoi ?
- Bah tiens, s'adressa Iwaizumi à son ami, tu seras pas le seul timbré de l'équipe. »
Une moue boudeuse retroussa les lèvres à l'interpellé. Les mains sur les hanches, son expression prit bien vite un petit air supérieur.
« Tu peux te moquer comme tu veux, Iwa-chan, persifla-t-il, mais la cryptozoologie est bien plus sérieuse que ces divagations d'otaku. (Un rictus fier le décora tandis qu'il fermait les paupières pour détailler sa science) Et d'ailleurs, moi je sais qu'il peut s'agir d'un cousin éloigné aux corbeaux moqueurs* ou peut-être même qu'ils ont un lien avec les Tengu* et dans ce cas-là alors je— »
Avant même que cet imbécile commence à sortir ses manuels et déballer tout un cours improvisé sur ces bestioles, Iwaizumi rabattit son poing sur son crâne pour éteindre son exposé. L'effet fut immédiat et Alisa put reprendre son discours qu'elle semblait connaître par cœur sans jamais répondre à leur précédente question.
« Pas d'escapades nocturnes, d'échanges entre les cabines, de vacarme pendant la nuit, de night parties à l'improviste. Vous pourrez avoir quelque fois la sensation qu'on vous regarde, mais il s'agira simplement de votre imagination. Il n'y a pas de fantômes dans le camp donc évitez les cessions de Ouija ou autre. Gardez les rideaux fermés le soir et ne répondez pas si on toque à vos portes ; les animaux s'aventurent souvent dans les parages et nous ne sommes pas responsables si vous vous faites attaquer.
- Pardon ?! tiqua un jeune homme, c'est pas justement votre travail de garantir notre sécurité ?
- C'est vrai, ça ! renchérit un autre, j'ai pas envie de me faire bouffer les organes par un écureuil, moi !
- P-puis pourquoi vous dites autant de choses aussi étranges ? baragouina une timide blondinette. Elle tremblait et guettait les parages tel un petit animal effrayé. C'est comme si, justement...quelque chose allait nous arriver. Est-ce qu'on va –mourir ? »
Il y'eut des hoquets de peur, certains corps se raidirent, quelqu'un au contraire s'esclaffa, puis il y'eut ceux qui agitèrent la tête car ils trouvaient tout ça absurde. La monitrice resta dans sa candeur, penchant sa tête confuse sur le côté, puis son coéquipier se contenta d'hausser les épaules.
« Suivez les règles, avisa-t-il tranquillement, et rien de tout cela n'arrivera. »
Les campeurs s'échangèrent à nouveau les mêmes œillades hésitantes, mais personne n'osa ajouter quoi que ce soit.
« Interdiction d'allumer les lumières dépassé l'heure du couvre-feu, continua la russe.
- Même quand on veut aller aux toilettes ? demanda une fille.
- Il est préférable pour vous de ne pas quitter vos cabines à partir de l'extinction des feux, rétorqua le moniteur adjoint.
- Et rappelez-vous, les campeurs, chantonna Alisa, les index levés, le principal à apprendre dans un camp est l a s u r v i e ~ »
Peut-être qu'il était le seul à capter de funèbres sous-entendus, mais à cet instant-là, les poils du châtain s'hérissèrent jusqu'au dernier cheveu sur sa tête, suivi d'une bruyante déglutition. Sa main se jeta sur le bras de son meilleur ami, l'interrompant à moitié dans sa marche pour lui mimer des lèvres un « Je le savais, ce camp est bizarre ». Si son ami lui retourna par le regard un truc qui disait « T'es juste un idiot paranoïaque », il pouvait lire cette fois un certain doute étirer ses traits agacés.
L'eau claire du lac miroitait une limpidité à capturer l'attention de n'importe qui. Une forêt d'algue nageait au fond, aussi épaisse que la nature qui les entourait dans le camp, renfermant des ombres mystérieuses. Pourtant Oikawa voulut tellement plonger, oh comme il voulait s'y jeter et se laisser emporter, se faire engloutir par l'eau, s'enfoncer dans les algues, noyer ses poumons et—
Les doigts d'Oikawa s'immobilisèrent sur l'ourlet de son t-shirt l'instant où une vague d'exclamation secoua leur groupe. A quelques pas de la berge, l'animateur retenait par le col une des campeuses, ses orteils frôlant l'eau. Elle s'apprêtait à plonger tête la première dedans mais Akiteru avait été plus rapide.
« Vous avez le droit de vous baigner qu'entre dix heures et quatorze heures. Jamais avant, jamais après. Jamais. »
Le mot sévère glissa entre les dents serrées du blond tel une menace. La jeune fille avait l'air d'immerger d'un rêve, car elle s'échappa de l'emprise de l'homme de façon surprise, avant de s'éloigner de plusieurs pas du bord, les yeux grands d'effroi. Oikawa laissa retomber ses mains, oubliant ce qu'il s'apprêtait à faire plus tôt.
Les adolescents avaient à peine le temps d'ingurgiter les paroles du moniteur, qu'Alisa reprenait le relais sur un ton plus jovial.
« Vous aurez donc un coach pour vous superviser, comme pour chaque ateliers –et non, je m'excuse encore une fois Tetsurou, mais il n'y a pas d'ateliers de sciences. »
Son rire insouciant baissa la main du nommé. C'était le noiraud d'auparavant, avec ses cheveux bizarres et son sac suspect.
« N'approchez pas le lac de trop près en dehors des heures de baignade, évitez aussi de trop l'admirer, je sais bien qu'il est magnifique. Jouer de la musique est aussi formellement interdit dans ses parages.
- Pourquoi il y'a un bateau au milieu du lac ? »
Tooru venait tout juste de le remarquer aussi. Perdu au centre de la surface silencieuse de l'eau.
« Personne ne sait, il a toujours été là. On continue ? »
Les pas des campeurs s'activèrent ailleurs. Le bruit d'un petit clapotis arriva tout de même à l'oreille du jeune campeur. Du coin de l'œil, il crut apercevoir une forme serpenter entre les algues mais il n'en distingua pas plus, Iwaizumi l'avait déjà entraîné avec le reste du groupe.
Au réfectoire, ils s'étaient tous retrouvés alignés contre un mur, position raide et droite de soldat, comme à l'armée. Le directeur jouait les colonels stricts, même si son corps courbé ne devait pas dépasser le mètre cinquante, une taille bien loin d'être menaçante, mais ses yeux noirs enfoncés dans leurs orbites les fixaient tous avec sévérité. Oikawa avait l'impression de se faire éplucher sous son regard chaque fois qu'il passait près de lui, alors qu'il parcourait leur rang de long en large, les mains croisées derrière le dos.
Son pas s'arrêta enfin au centre. Il y'eut encore un blanc, puis sa bouche s'ouvrit :
« Je sais ce que vous espérez, je le vois dans vos petits yeux stupides de jeunes gamins. »
Les siens se plissèrent sous son froncement de sourcils, quand son doigt pointa tout à coup une direction :
« Et surtout toi, le petit rouquin, aboya-t-il, j'ignore pourquoi mais j'ai déjà une haine irrépressible contre toi ! »
Le dit gamin posé à la gauche d'Oikawa sursauta, mais il ne répondit rien et se contenta de trembler en avalant sa salive. Tooru eut presque pitié.
« Vous pensez que vous êtes tous ici pour bronzer au soleil et cramer des marshmallows autour d'un feu de camp peut-être ? poursuivit l'homme âgé en reprenant les cents pas, que vous allez vous la couler douce et barboter vos petits pieds crasseux dans le lac pendant deux bons mois tranquilles sans rien faire, n'est-ce pas ?
- Euuh, osa avec insolence l'un des garçons, c'est un peu le but d'un camp de vacances, non ?
- Et si ta toute nouvelle crête blonde était dans le but de t'attirer une stupide amourette d'été, Atsumu, tu peux aller te refaire coiffé chez les porcs épics. »
Les ricanements du groupe creusèrent une grimace frustrée au nommé. Mais il garda la tête haute, par défi contre le vieux, et il laissa même échapper un faux rire jaune pour prouver son insensibilité envers la remarque. Mais Tooru remarqua les membres d'Atsumu se tendre tandis que Sir Washijo Tanji s'avançait doucement vers lui.
« Je ne cautionne pas les interruptions, et encore moins les individus dans ton genre qui se croit tout permis. »
Face à lui, même si le directeur devait plier la nuque très haut pour affronter le délinquant, son aura entière lui faisait trembler les genoux. Puis comme Akiteru et Alisa, le timbre de sa voix prit cette direction sinistre qui inquiétait toujours le châtain.
« Fais très attention à ce que tu fais, Atsumu. Tu risquerais de ne pas faire long feu par ici. »
Ce dernier serra les lèvres l'instant de quelques secondes, puis un hoquet moqueur le quitta et il roula des épaules d'indignation.
« Je rêve, lâcha-t-il, on m'a envoyé en camp de redressement et j'étais pas au courant. Non mais vous vous entendez ? A croire que vous allez tous nous mener à la baguette en nous distribuant des punitions toutes les demi-heures. (Son air narquois retomba et il redevint sérieux) Mes parents n'ont pas signé pour ça.
- Moi, je ne punis pas, gamin, répondit Washijo dans le calme, mais la Nature, elle, ne pardonne pas. »
Si l'autre leva les yeux au ciel, loin de là affecté, Tooru sentit son angoisse revenir. Il ne comprenait pas d'où elle venait, il sentait simplement que ces paroles détonnaient quelque chose de plus...grave. Ou alors Iwaizumi avait raison et sa paranoïa lui jouait encore des tours.
Le directeur s'éloigna du garçon peroxydé. Son discours continuait de parcourir le rang autant que ses pupilles perçantes.
« Et retenez tous bien ça dans vos crânes ramollis : vous pouvez enfreindre les règles si ça vous chante, vous pouvez même essayer de quitter le camp. Personne ne vous surveille, et personne ne vous retiendra. »
Son corps s'immobilisa, et un sourire dangereux flotta sur ses lèvres.
« Du moins, presque. »
Tooru ignora ses battements de cœur. Il feignit l'innocence et plongea ses mains moites dans les poches de son bermuda quand Washijo posa son attention sur lui. Il ne fallait rien laisser transparaitre, on ne sait jamais.
La petite blondinette de leur groupe leva la main pour s'exprimer.
« C'est vrai qu'il y'a... d-des animaux sauvages qui peuvent pénétrer le camp ?
- Oui, répondit le vieux, ils sont partout et vous n'avez pas le droit de les attaquer, et certainement pas de les tuer. Et spécialement les Corbeaux.
- Même si c'est pour se défendre ? demanda quelqu'un.
- Oh, vous pourrez essayer. Mais si la nature a décidé de vous prendre, alors elle vous prendra quoi que vous essayiez de faire. Suivant ? »
Washijo donna la parole au noiraud nommé Tetsurou.
« Ok, merci. Alors voilà, commença-t-il avec des papiers qu'il venait de sortir, vous aviez noté dans votre prospectus qu'il y'aurait un atelier de sciences mais la monitrice a dit que—
- Suivant.
- On a le droit d'utiliser nos téléphones ? répliqua une brune.
- Non. Aucun appareil électronique n'est permis. De toute façon, il n'y a ni réseaux, ni wifi dans cette région. »
Quelqu'un éclata en sanglots, et Tooru voulut les rejoindre dans les larmes. A ses côtés, son meilleur ami avait dégainé son cellulaire pour vérifier lui-même les dires de l'homme : aucune barre n'était affichée. Les deux adolescents soupirèrent de désespoir.
« Et comment on fait si on veut contacter nos parents ?! paniqua un campeur.
- Il y'a un vieux téléphone fixe disponible dans mon bureau, ou vous pourrez toujours leur écrire des lettres.
- quinzième siècle, murmura Iwaizumi, nous voilà...
- MONSIEUR ! (tout le monde sursauta) Quel genre de programmes nous aurons ?! Est-ce qu'on pourra choisir les activités ?! Y'AURA-T-IL DES COMPETITIONS OU MEME DES MATCHS AVEC DES PRIX A GAGNER ?!!
- Oui, et la première commence justement maintenant, ironisa le directeur dans un semblant de colère, elle consiste à éviter d'hurler durant les deux mois à venir au camp. Tu crois que tu réussiras, Totsumu, ou je devrais t'enfermer dans la remise ?!
- NON MONS— j-je veux dire, non. Pardon, monsieur. »
Le gamin sur-enflammé se ratatina et les rires ne l'épargnèrent pas. Washijo Tanji revint au centre, là où il était encadré des deux côtés par les moniteurs. Il attendit quelques secondes que le calme revint avant de parler.
« Alisa vous révisera le programme avant que vous ne rejoignez vos cabines. Mais à présent; terminé les questions. Vous êtes censés découvrir par vous-même le camp et apprendre. La vie ici sera imprévisible, il faudra vous adapter, prier de ne pas vous faire bouffer, et suivre les règles si vous souhaitez que tout se déroule bien. »
L'écho de ses mots résonna contre les murs en bois, ils finissaient de s'insinuer à l'intérieur d'Oikawa Tooru, comme la voix dans la forêt sauf que celle-ci était clair, forte et sans grésillements. Un corbeau se posa à une des fenêtres, le châtain fixa ses pupilles rouges.
« Les curieux et les rebelles sont en bas de l'échelle alimentaire, ils sont imprudents et ils finissent par finir droit dans le piège de la faucheuse. »
Un autre corbeau rejoignit le bord, puis un autre, et encore. Et bientôt, plusieurs de ces terrifiants oiseaux envahirent les fenêtres pour les observer.
« Alors évitez de fourrer votre nez là où il ne faut pas. Il suffira d'un seul faux pas pour que vous tombiez, et il ne sera peut-être plus possible pour vous de vous relever. »
A ce moment, la boule au ventre, Oikawa détacha le regard des Corbeaux et il s'exclama :
« Mais monsieur, il y'a bien le staff qui est censé assurer nos arrières et empêcher que quelque chose de mal n'arrive, non ? »
Washijo Tanji sourit sous l'ombre d'un voile menaçant.
« Mon garçon, déclara-t-il, je crois que vous n'avez pas encore comprit que vous êtes tous là pour survivre. »
Soudain, tous les Corbeaux croassèrent en chœur.
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• Kyokotsu : Youkai du folklore japonais, il s'agit de l'esprit d'un homme mort dans un puits.
• Cryptide : Créature légendaire comme le Monstre du Loch Ness.
• Corbeaux Moqueurs : du folklore Cherokee, considérés comme des sorcières ou les anges de la mort.
• Tengu : Divinité du folklore japonais, considéré aussi comme un youkai. Créature à la forme de rapace, souvent dépeinte avec un bec.
Hello, c'est la première fois que je m'exprime au bas d'un chapitre sur Wattpad, et je sais plus ce que je voulais dire...hmmm.
Bon, je sais pas si l'idée de rajouter la terminologie de certains termes que risquent de balancer ce nerd d'Oikawa vous plait, mais j'imaginais que tout le monde ne comprendrait pas toujours de quoi il parle, donc voilà, si ça aide, faites-le moi savoir et je continuerais de le faire.
Sinon j'espère que le scénario vous plait, j'ai l'habitude d'écrire plus long mais je me suis dit qu'il valait mieux que je découpe cette fois-ci pour que ça soit plus...digérable ? facile ? ANYWAY, n'hésitez pas à me faire part de vos avis, ça fait toujours plaisir, et à bientôt ~
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