XXVII
- Tes pouvoirs sont peut-être la cause de la disparition de ton amie.
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- Mes pouvoirs ? Comment pourraient ils faire disparaitre Clémence ?
- De la même façon que l'élu d'il y a quelques siècles a fait réapparaître sa fille. Tes pouvoirs sont si puissants que lorsque tu as oublié l'existence de Clémence, elle a disparu dans le monde réel.
Yuna tira une chaise et s'y assit lourdement.
- Clémence n'est certainement pas la seule personne que j'ai oubliée. Tout les autres ont donc disparu également ?
- Impossible de savoir, soupira Clotilde en refermant le livre. Il faut que tu essaie un maximum de raviver tes souvenirs. Est ce que tu connaîtrais un moyen particulier ?
- Eh bien... Ma mère a toujours rempli beaucoup d'albums avec des photos de moi et de mes amis, ma famille... Je peux lui demander de m'en envoyer un ?
- Excellente idée. Tu feras ça demain. Il faut absolument que tu ménages tes souvenirs.
Une porte au fond de la pièce s'ouvrit soudainement, et un vieil homme dans un pyjama à carreaux apparut en plissant les yeux.
- Bon sang, mais qu'est-ce que vous faites tous ici à cette heure ?
Tous se retournèrent pour faire face au nouveau venu qui les observait, un poing sur la hanche. Telio, Jade et Hanae eurent subitement le même réflex, ils s'inclinèrent doucement, tandis que Yuna les regardait tour à tour, surprise.
Clotilde soupira et annonça :
- Relevez vous, enfin.
Tous obtempérèrent, et Yuna, toujours perdue, leva bêtement le doigt en l'air, comme une enfant de CP.
- Oui, Yuna ? Demanda Clotilde, amusée.
- Euh... Je dois être la seule dans ce bâtiment à ne pas le savoir, mais... Qui est-ce ?
- Tu n'y peux rien, Yuna, répondit l'inconnu. Mon nom est Éric. Je suis l'ancien directeur d'Howl's academy. Et entre autres, le mari de Clotilde ici présente.
Yuna le regarda encore fixement, puis ses yeux firent le chemin entre lui et Clotilde plusieurs fois, jusqu'à ce qu'elle réalise.
Elle prit une grande inspiration et s'inclina comme les autres avant elle.
- Bon sang, mais arrêtez de tous faire ça ! Je ne suis pas un roi, s'énerva Éric.
Yuna se redressa immédiatement et sourit. Cet homme simple lui plaisait.
Clotilde alla résumer la situation à Éric qui acquiesça, pensif. Puis il regarda sa montre et soupira.
- Il est deux heures du matin. On réfléchira à tout ça demain. C'est la Howl's party, ce soir, il me semble. Les jeunes, retournez donc vous amuser et laissez nous dormir !
Suite à cela, Jade salua les personnes présentes dans la pièce et s'en alla. Les trois autres firent de même, mais une fois sortis, Yuna annonça :
- Je vais aller me coucher. Je ne me sens pas d'attaque pour retourner m'amuser.
Telio et Hanae acquiescèrent.
- Je vais te raccompagner, proposa Telio.
- Laisse, j'y vais, répliqua Hanae en posant sa main sur son bras.
Il la dévisagea un instant, puis hocha la tête et s'en alla, après avoir souhaité une bonne nuit à Yuna.
- On y va ? Demanda Hanae en se tournant vers la jeune fille.
Yuna reprit sa marche en souriant, et commença brièvement à discuter avec cette amie qu'elle connaissait peu.
Elles arrivèrent vite devant la chambre de Yuna. Les deux jeunes filles entrèrent et allumèrent les spots au plafond pour obtenir un peu de lumière.
Pendant que Yuna alla rincer son visage et ses cheveux, que le vomi n'avait malheureusement pas épargnés, Hanae tira distraitement le rideau qui couvrait la baie vitrée. Les lumières de la fête battant son plein heurtèrent ses yeux sensibles et elle rabattit vite le pan de tissu pour observer la pièce.
Son regard se porta d'abord sur le côté de Juliette, propre et ordonné, pourtant rempli de petits objets à la fois mignons et simplistes.
Elle se surprit à allumer les différentes lumières et guirlandes colorées qui étaient accrochées aux murs et fut subjuguée par l'ambiance féérique qui se dégageait alors.
Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle se tourna vers l'autre partie de la chambre.
L'endroit était plus désordonné, et un peu plus sombre, une partie de la décoration étant de couleur noire. Hanae eut un sursaut en apercevant Bogi qui la regardait avec intérêt, puis elle éclata d'un rire clair, faisait sortir Yuna de la salle de bain.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Demanda-t-elle en se frottant le crâne avec une serviette.
- J'ai été surprise par euh... Ton... Lézard.
- C'est un gecko !
- Ah, pardon...
Yuna répondit par un sourire franc.
- Bon, je vais y aller... Commença Hanae.
- Aucun problème ! Amusez vous bien, répondit Yuna en refermant la porte derrière son amie.
Elle attendit quelques secondes, le front posé contre le battant de bois, et soupira.
Ses cheveux humides tombant sur ses épaules, elle laissa glisser ses mains jusqu'à hauteur de ses hanches, en même temps qu'une larme solitaire traçait son chemin sur sa joue rose. Elle se recula en reniflant et se jetta à plat ventre sur son lit, les yeux désormais rouges.
Des dizaines de souvenirs se pressaient dans sa tête, des instants de bonheur vécus avec sa meilleure amie. Elle pleurait désormais à chaudes larmes, faisait partir toute sa tristesse dans le tissu de son oreiller.
Après quelques minutes elle s'endormit, encore habillée, roulée en boule par dessus ses draps. La lumière était encore allumée et le robinet mal refermé projetait un son désagréable sur les murs de la salle de bain, mais rien ne pouvait troubler son repos mérité.
Un quart d'heure après, alors qu'elle était toujours endormie, plusieurs coups distincts se firent entendre à la porte. Elle se réveilla en sursaut et tenta d'arranger un peu son apparence pitoyable. Elle remercia le ciel de lui avoir donné de longs cils noirs, ce qui lui permettait de ne jamais mettre de mascara et de ne pas avoir de longues traces noires sur les joues au moment présent.
Elle changea rapidement son T-shirt sale pour un débardeur noir et alla ouvrir la porte.
Le rayon de lumière provenant de la chambre éclaira le visage d'Elyas qui lui sourit brièvement, le visage un peu inquiet en voyant son amie.
- Tu as pleuré ? Demanda-t-il.
Yuna fronça les sourcils avec une moue triste en tentant d'essuyer ses joues.
- Non !
- Tes yeux sont rouges, déclara-t-il en s'avançant.
- C'est faux !
Elyas soupira et referma la porte derrière lui. Il détailla l'adolescente de la tête au pieds et secoua la tête.
- Que s'est il passé ?
Yuna détourna le regard en triturant la couture de son pantalon. Son ami se recula pour s'adosser contre la porte et croisa les bras, signe qu'il attendait fermement une réponse. La jeune fille tenta un regard vers lui et fut surprise par la clarté de ses yeux qui la fixaient avec détermination. Elle s'assombrit et alla lentement s'asseoir sur son lit.
Elyas prit ce geste comme une sorte d'autorisation et alla s'asseoir à ses côtés, posant à nouveau sur elle son regard bleu glacier.
Yuna entrouvrit les lèvres et commença à lui conter les récents événements qui lui faisaient si mal au cœur. Elyas l'écoutait patiemment, l'encourageant à continuer lorsqu'elle s'arrêtait les larmes aux yeux.
À la fin de son récit, il prit délicatement les mains de son amie dans les siennes et lui promis de l'aider quoiqu'il arrive. Elle sourit pour le remercier et fit glisser sa tête sur son épaule. Se sentant en sécurité, elle s'endormit doucement.
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